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- Cela faisait à peine quelques semaines que ce qu’il me restait de famille, à savoir Stella ma sœur et mon père, avaient déménagés dans les environs de Los Angeles, conformément au souhait qu’avait toujours émit feu ma mère. Il avait donc acheté une petite baraque en bordure de Vénice Beach. Je n’avais pu aller leur rendre visite avant les vacances et maintenant que je m’y trouvais, je comprenais pourquoi ma mère avait tant rêvé de venir habiter ici. Tout n’était que calme et sérénité, au petit matin nous avions droit plus majestueux levés de soleil que j’avais pu voir et le soir n’en parlons pas. J’étais sous le charme. J’étais arrivée quelques jours plutôt et avais déjà participé à quelques soirées sur la plage, m’imbibant de liqueur et d’autres choses plus ou moins prohibées.
Ce jour-là, lorsque j’ouvris les yeux sur le plafond blanc de ma chambre, je ne pus retenir un grommèlement désagréable à cause de ma gueule de bois. Je restais quelques instants à zyeuter mon plafond de mon regard azur, attendant le moment le plus opportun pour me lever. Je détournais la tête légèrement sur ma droite et regarda l’heure qu’il était. J’avais dormi une bonne partie de la matinée, certainement au grand dam de mon père qui ne savait toujours pas comment agir avec moi depuis quelques années. Prenant mon courage à deux mains je me levais enfin, non s’en lâcher un nouveau râle, consternée par mon état. « Décidément, chassez le naturel et il revient au galop ! » pensais-je en prenant mon visage dans mes mains. Mes longs cheveux bleus me tombèrent devant les yeux. Relevant le visage vers la porte fenêtre qui donnait sur la terrasse de bois, je vis les magnifiques vagues qui agitait le pacifique. D’ailleurs, j’avais toujours trouvé que donner le nom de « pacifique » à un océan relevait de la bêtise, mais bon. Enfin, je me levais, simplement habillée d’un boxer noir et d’un débardeur miteux. Je me fichais bien de comment je pouvais paraitre au réveil puisque personne ne partageait mon lit en ce moment. Cette pensée me fit sourire. M’approchant de la fenêtre, j’attrapais une cigarette et mon briquet, l’allumant le petit bâton de poison, je sortis sur la terrasse pour profiter quelques instants de l’air iodé. Je tirais une bouffée cancérigène, l’avalais puis l’exhalais. M’appuyant sur la rambarde de bois foncé, je plongeais mon regard sur l’horizon. Ma mère me manquait. Malgré tout ce que j’avais pu lui faire subir, je l’avais aimé de toute ma chair et de tout mon cœur, après tout c’était le moins que je pouvais faire pour la remercier du combat qu’elle avait dû mener pour nous avoir moi et ma sœur. J’inhalais une nouvelle bouffée et mon cœur se serra dans sa prison osseuse. Ma mère n’était la seule… Ethan me manquait aussi. Nous nous étions certes amusés à nous détruire mutuellement mais à travers tous le mal qu’on se faisait, il existait un amour comme il en existe dans les comptes de fée mais en plus sadique et plus crade. J’exhalais. Si j’avais su pleurer encore, j’aurais certainement lâché une petite larme, au lieu de quoi je repris une inhalation toxique pour la recracher quelques secondes plus tard. Mes yeux s’attardèrent alors sur le petit bâtonnet blanc et pleine d’un sentiment que je ne me connaissais pas, je l’écrasais sur le sol avec véhémence. Reposant mes mains sur la rambarde et observais les gens qui courraient, faisaient bronzette ou riaient sur la plage. La contemplation dura quelques minutes et bien vite je m’en détournais pour regagner ma chambre. Celle-ci était assez spacieuse, le mur en tête de mon lit à baldaquin était tapissé dans le un style proche assez proche du baroque et était de couleur sombre, à savoir chocolat noir. Le reste de la pièce était dans les tons blancs cassés. De long voilage sombre ornementait mon lit et un joli sofa accompagné de ses fauteuils trônait dans un angle de la pièce, près de la porte fenêtre. De l’autre côté, se trouvait mon dressing et ma salle d’eau personnelle. Sans attendre je me dirigeais vers cette dernière, en prenant le soin de contourner mon lit et m’y toiletta. Cela prit un petit moment et simplement vêtue d’un maillot de bain noir stylisé vintage, j’attrapais dans mon dressing une petite robe de dentelle blanche. Remmenant ma tignasse bleue en une queue de cheval haute et pied nue, je sortis enfin de ma chambre. C’est alors que mon père me héla de sa voix si suave.
-Jez’ que veux-tu pour déjeuner ?
-R-J papa, si tu veux me donner un surnom, c’est R-J. Et je n’ai pas faim merci quand même.
Il se rembrunit et me laisse tranquille. Il n’aimait pas que je le reprenne mais je n’aimais pas qu’il m’appelle par mon seul nom « féminin » : Jezabel. Je traversais le grand salon, avant je ramassais un verre de jus d’orange qui m’attendais sagement sur le rebord du comptoir de la cuisine, et allais m’affaler sur le grand canapé de cuir noir. Je restais là, sage comme une image à avaler à grande lamper le liquide orangé. Posant le verre vide sur la table basse, je m’attendais à me faire remonter les bretelles par mon père ou ma petite sœur qui souffrait de l’impression d’autodestruction que je donnais. Mais l’orage ne vint pas, assis tous deux autour du comptoir ils semblaient bien accaparés par leurs assiettes. Me levant d’un bond, je ramenais mon verre à l’évier où je l’abandonnais à son sors et chipai un fruit dans la corbeille destinée à ceux-ci. Tout en y mordant à pleine dent, je gagnais la grande baie vitrée qui donnait sur la plage. Ne leur décochant ni mot, ni sourire, pas même un regard, je m’engouffrais sur la terrasse et dévalais les quelques marches qui séparaient le sable de la plateforme de bois. Le sable fin sous mes pieds me détendit et c’est un pas, plus guilleret que je m’avançais vers l’eau tumultueuse. Sur la plage il y avait foule et c’est par inadvertance que je shootais un mur des contreforts d’un château de sable. Me rendant soudain compte de mon erreur, je m’immobilisais, me statufiais, puis les larmes d’une fillette m’alarma. En baissant les yeux, je la vis, toute tremblante et secouée des soubresauts de ses larmes. Me reculant avec, cette fois, plus de précautions je m’approchais d’elle et posais ma main sur son épaule en m’excusant et en lui promettant de l’aider à construire un autre château, plus beau et plus grand, comme l’aurait fait un père ou un grand frère maladroit. La petit fille, pas bien âgée, accepta béate et lorsque nous nous mîmes à l’œuvre, je vis arrivé un jeune homme aux yeux bleus, un seau d’eau salé à la main. Il me disait vaguement quelque chose, comme si je l’avais déjà croisé ailleurs qu’ici, sur cette magnifique plage de sable fin. Me relevant comme si j’étais un ressors et lui décochais mon plus grand sourire amical malgré mon humeur morose de ce jour.
-Salut, désolée, j’aidais ta … euh … je lui reconstruisais son château que j’ai shooté sans faire exprès.
Mes grands yeux bleus perçant, le fixèrent quelques instants avant de sourire à la fillette qui ne devait pas être plus âgée que de deux ans et demi environ. Sans lui laisser le temps de répondre, j’entendis une voix de mec crier mon nom, non loin de là. Me retournant, je vis que c’était les garçons avec qui j’avais passé la soirée qui m’appelaient pour aller jouer au volley avec eux. Faisant face au beau rouquin, parce que je le trouvais réellement mignon, je lui décochais un sourire de camaraderie comme si je le connaissais depuis une éternité et m’excusais de nouveau avant de rejoindre mes amis. Jetant un coup d’œil dans leur direction, je décochais un petit sourire en coin et, après avoir retiré ma jolie robe de dentelle et n’étant plus couverte que par mon petit maillot noir, je rejoignis une des équipes. Le visage et l’expression du jeune homme restait cependant dans ma tête. Pourquoi me disait-il quelque chose ? L’avais croisé au détour d’une soirée, surement trop arrosée pour que je m’en souvienne ? Etait-il à Harvard ? Je n’en sais trop rien. Jetant de nouveau un regard vers le couple, je ratais une balle ce qui me valut une tape dans l’épaule qui dérapa en pugila amical entre mon nouvel ami et moi. Nous ressemblions de loin à deux gamins s’amusant et cette idée me rasséréna.
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