lost & found (Azhar)

Noël est arrivé, place à la patinoire et au marché de Noël. Impossible de ne pas y faire un arrêt et découvrir ces chalets spécialement installés pour la période. Je viens tous les ans ici, plusieurs fois dans le mois, j'aime l'ambiance. Noël est ma période préférée de l'année. Je marche entre les chalets, m'arrêtant de temps en temps devant certains avant de reprendre ma route. Je redresse mon visage, observant les passants défiler sous mes yeux jusqu'à ce que mon regard se fige sur un visage bien particulier. Est-ce que je suis en train d'halluciner? Je me recule aussitôt afin d'être caché par un des petits chalets et je vois Azhar passer dans l'allée à côté. Ça fait un moment que je ne l'avais pas vu, plus depuis le subterfuge découvert. Je fronce les sourcils et tourne les talons pour l'échapper. Mais je ne sais pas comment il s'est débrouillé, voilà qu'il se tient devant moi, j'étais prête à lui rentrer dedans Merde Dis-je, prise par surprise en faisant un pas en arrière.

(Invité)

Les mains au font des poches, tissus au fond de ton jean. Un long manteau qui te recouvre le corps, qui te tient chaud. Ce manteau-là qui vaut surement tout aussi cher que la voiture de cette femme qui vient de t’effleurer le bras sans même chercher à t’éviter parmi la foule. Tu n’as pas l’habitude de trainer dans ce genre d’endroit. Tu l’as toujours évité. Le marché. Les gens, tous ces gens habillés en h&m, vulgaire. De pauvres innocents pas au courant de porter des vêtements achetés pour quelques sous en pensant avoir la classe. Ces gens te dégoutent, tous. Pourtant tu viens là. L’odeur des marrons grillés t’a attiré. Entrainé dans cette ambiance de noël. Des fêtes. Les cadeaux en masse. Les petites peluches qui t’observent depuis les chalets, qui n’attendant qu’a se faire acheter par un p’tit gosse qui passe, par la. Tu avances, les mains, au fond des poches. Au chaud, ton visage dissimulé sous ton écharpe monté au-dessus de ta bouche. Le froid. L’orient te manque. Dubaï t’a toujours manqué de toutes manière. Tu te stop, net. Manquant de foncer dans cette petite silhouette qui s’est dressée devant toi. Quelques instants figés, les yeux bleus. Tes yeux diamants qui défigurent la jeune femme qui jure devant toi. Quoi ? Tu lèves les yeux aux ciels. Comprenant que c’est tout sauf un joyeux cadeau que le cher père barbu t’a offert à cet instant présent. Tu ne dis rien. Tu détournes le regard, cherchant à la pousser, pour passer. Dégager d’ici. Vite. Éviter de recroiser le regard de cette fille. Margaux. Joyeux noël.

Si je m'attendais à ça?! Je suis tout aussi surprise que lui de le croiser là. J'essaye d'éviter sa route, mais c'est devant lui que je me retrouve. Vraiment pas forte pour éviter les gens il faut croire. Je ne peux pas m'empêcher de sortir un juron lorsque je me retrouve coincée. Je croise son regard et ce n'est pas bon pour moi. Je sens ces choses étranges chez moi et je n'aie pas ça. Cet homme est une pure comédie, il s'est joué de moi, il est ma première et dernière déception amoureuse. Loin des yeux, loin du cœur, ça a été difficile pour moi de me remettre de ce premier amour. Eurk si seulement je ne l'avais pas recroisé, je pensais ne jamais le revoir et j'en étais satisfaite jusqu'à maintenant. Joyeux Noël dit-il en passant à côté de moi, je grimace. Qu'est-ce que tu fais là? Demandais-je en me tournant vers lui sans répondre à mon tour à son joyeux Noël?

(Invité)

Tu ne veux pas la voir. Elle, ses yeux bleus qui te font chavirer. Son visage si gracieux que t’admirais comme un vrai con quelques années en avant. Elle t’a obsédée pendant de longs jours, des mois. Elle était à toi, une sorte d’amourette de lycée maintenant à tes yeux. Rien de plus, rien de moins. T’es surement pas au courant de l’impact qu’elle peut avoir sur toi encore. Ou du moins, tu ne veux pas l’avouer. Ne pas la voir, toutes ses années. Tu ne l’as pas oublié. Pas elle. On ne l’oublie pas. Ses jolies jambes le long de ta taille. Vos bouches entremêlées pour ces baisés fougueux dont vous aviez le secret. Vos regards pendant ses cours de maths qui te faisaient dormir, qui t’ennuyaient. Elle était le rayon de soleil de ta vie. La honte de se l’avouer. La honte de s’en rappeler. Tu ne veux pas la voir. Tu ne veux pas te rappeler toutes ces conneries. Savoir que tu es tombé amoureux d’elle sur un simple pari entre potes. Pari que tu aurais dû éviter de lancer, d’accepter. Tu passes à côté d’elle, tentant de l’éviter, d’esquiver ce qui doit arriver. Des explications. Eh merde. Tu t’arrêtes, tu te retournes de nouveau vers elle. Un soupire le long de tes lèvres, petite fumée légère de ton souffle chaud en contact du froid. Tu t’approches d’elle, la démarche sure, comme à ton habitude. Son poignet que tu agrippes méchamment en serrant sans même t’en rendre compte pour la tirer avec toi, de force à travers la foule. Un endroit, calme. Loin des autres. Derrière un des chalets, un peu plus en retrait histoire de ne pas gêner, surtout d’éviter les regards un peu trop vicieux de ces Américains curieux. Mais je te retourne la question. Qu’est ce que fait la p’tite française en Amérique dans un marché de noël ? Tu la fixes, fermement. Sans dévier du regard. Sans rire, rien. Tu es à l’université ici. La réponse de sa présence ici semble logique. Pourquoi elle à Cambridge ? A Boston ? Pour les universités. Elle ne viendrait pas ici par plaisir. Pas à noël. Tu l’as relâche. Ton emprise puissante sur son poignet s’achève à ce moment-là.

A nouveau face à face, j'aurais préféré continuer mon chemin sans me retourner, mais je viens à lui poser une question, je ne cherchais pas à le retenir. Non, les crétins comme ça, il vaut mieux les avoir loin de soi. J'aurais tellement voulu me venger à cette époque-ci, mais j'avais préféré disparaître tout simplement. Quelle humiliation. Je ne me ferais pas avoir une seconde fois. Mais qu'est-ce qu'il fait-là au juste? Il revient vers moi, s'empare de mon poignet pour me tirer loin de la foule Aïe lâche moi espèce d'imbécile! Toujours le mot gentil. Il me retourne ma propre question, j'ai pourtant demandé en première, non? Il relâche la pression autour de mon poignet, je grimace en me frottant celui-ci Idiot Soufflai-je une nouvelle fois, doucement. Je suis à Harvard, moi!! Répliquai-je ensuite en affrontant enfin son regard, mauvaise idée peut-être.

(Invité)

Violent. Inconscient de la force que tu exerces sur le petit poignet fragile de cette fille-là. De Margaux qui bien sûr pourra dire tout ce qu’elle veut, à tes yeux, elle restera toujours ce petit oiseau fragile à protéger des dangers du monde. Bien qu’il n’y est que toi qui es le droit de te montrer violent avec elle. Toutes les femmes te servent de jouer à en croire ton comportement. Tu as le droit de faire ce que tu veux avec elle, mais personne n’a le droit de toucher ces filles que tu as rentrées dans ta vie. Dans ton cercle très select. Derrière le chalet, ton regard pointé dans le sien. Un brin méchant. Provocateur. Sûr de toi, comme tu as l’habitude de faire. Je suis à Harvard, moi!! Tu ricanes. Tu marres même. Voyant son regard qui te défit. La petite Française qui essaye de jouer sur ce terrain-là. Tu te contrôles, essayant de garder ton calme. Tu passes, la main, dans tes cheveux. Un nouveau soupire qui traverse tes lèvres. Cabot ou eliot ? Les deux te vont très bien chérie. Tu extirpes un paquet de clopes de ta poche, tu en prends une lui proposant le paquet au passage. C’est une sorte de coup du destin de se retrouver dans la même université ? J’pensais lui avoir demandé de ne pas ramener les choses inutiles de mon passé. Tu veux la taquiner. En réalité, elle est loin d’être inutile.

Quel abrutit. Je ne peux rien faire et le laisse me traîner derrière un de ces chalets, à l'abri des regards. Il me fait mal et fini enfin par relâcher cette emprise qu'il a sur moi. Je grogne en me frottant le poignet, qu'est-ce que j'attends pour lui en coller une? Je fais un pas vers lui, prête à lever ma main, mais c'est mon regard qui affronte le sien. Je tente de l'impressionner d'un seul regard? Sûrement, mais ça n'a pas l'effet escompté. Je suis à Harvard et alors, il me demande ce que je fiche ici, je lui réponds et il en rit. C'est vraiment un crétin ce type et dire que j'étais tombée amoureuse de lui, j'étais vraiment stupide. Je fronce les sourcils, suis-je si prévisible? Cabot.. Dis-je dans un nouveau grognement pour répondre à ses suppositions Ne m'appelle pas chérie Mon regard affronte à nouveau le sien, un regard noir, menaçant, voulant lui montrer que sa présence n'est pas la bienvenue. Il m tend le paquet de clopes, sale gamine, tu tapes dedans afin de faire voler le paquet jusqu'au sol Tu ne pouvais pas rester chez toi au lieu de venir faire chier jusqu'ici? Mauvaise, comme toujours. C'est bien plus un automatisme de défense, car au fond, l'histoire est différente.

(Invité)

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