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Je me sentais coupable d’avoir insinué à Paris que ma frustration était à l’origine d’un autre homme, et je ne voulais pas qu’il pense que je cherchais à me défouler sur lui à défaut de pouvoir le faire sur Gabin. Je grimaçais légèrement et avouait un peu honteuse : « Ce n’est pas ça, c’est juste…disons que… » Je soufflais désespérément et concédait alors à vider mon sac : « En fait, oui, il s’agit de mon petit-ami mais…les choses sont légèrement compliquées en ce moment. Il passe une période difficile et…il a besoin d’être seul. Sauf que moi » moi, j’ai envie d’être là pour lui. Ou alors j’ai envie que les choses soient suffisamment claire entre nous pour que je puisse savoir à quoi m’en tenir. Voulait-il de moi dans sa vie pour traverser ses problèmes de santé, ou cherchait-il à me mettre à l’écart pour me signifier qu’il n’avait finalement pas besoin de se compliquer la vie avec moi ?! Moi-même, j’étais perdue avec mes propres indécisions : j’avais eu un moment d’égarement avec un ami à moi, Bonaventure, qui lui me traitait toujours avec la plus grande des attentions, et avais préféré mettre de la distance entre Bona’ et moi pour éviter de rendre les choses compliquées (et pourtant, quelque chose me dit qu’avec Bonaventure, je me serais peut-être sentie bien plus aimée en ce moment). Alors si je devais en plus ajouter à cela, les indécisions de mon petit-ami « Tu sais quoi, laisse tomber. Oublies. Ce n’est pas important. » Je regardais Paris en souriant timidement et préférait m’intéresser aux petits anges qui envahissait la vie de cet homme qui se trouvait en face de moi, ici et maintenant. Gabin me mettait de côté, et cela me faisait du mal, mais j’avais au moins la possibilité de penser à autre chose. Et Paris avait au moins l’avantage de me changer les idées, de m’égayer un peu. De me mettre en colère aussi, c’est vrai, mais…son petit jeu de séduction sur cette histoire d’appel qu’il avait soi-disant eu envie de me passer – même si elle n’était pas vraie – avait eu raison de moi et m’avait fait sourire.
Paris semblait rassurer à l’idée que je ne révèle rien de son petit secret, et je comprenais qu’il le soit. Si j’avais eu à avouer une histoire pareille à une étrangère, j’aurais sans doute moi-même très soulagée de savoir que je pouvais lui faire confiance. Je posais alors ma main sur son avant-bras, et infligeaient une timide caresser par-dessus le manteau de Paris avant de lui répondre avec sérieux : « Tu peux vraiment me faire confiance. Et pour cause, je réitère mes propos, ceux d’il y a une semaine, avant que je ne sache tout ça : Si tu as besoin d’aide, je suis là… Non pas que je pense que tu ne peux pas t’en sortir tout seul, hein ?! Mais disons que : avoir un soutien supplémentaire pour quoique ce soit, c’est toujours ça de pris !» Je réalisais alors que je n’avais pas retiré ma main de son avant-bras tout en disant tout cela, et je ne savais pas vraiment si il fallait que je la retire ou non. J’étais en plein dans ce questionnement infime et ridicule quand je vis Paris se pencher vers moi pour déposer un baiser sur ma joue. La fraicheur du temps m’avait refroidie les joues, mais les lèvres de Paris sur ma peau venaient d’embraser cette dernière. Instinctivement, ma main s’était légèrement crispée sur l’avant-bras de Paris, agrippant son manteau comme pour le garder en place là où il se trouvait. Le garder non loin de moi ? Ou le garder à bonne distance ? Je penchais bien plus pour la première mais n’allait pas oser l’avouer pour autant. Je baissais la tête, et cachait mon rougissement tout en faisant une remarque à ce petite surnom qu’il m’affublait pour la deuxième fois en 5 minutes.
« Jaloux ? Ton "petit ange blond" ? Et quel surnom tu as pu donner aux autres femmes ? "Grande flamme rousse ?", "Belle beauté brune ?" » Je n’étais pas en train de lui faire une crise de jalousie en disant cela. Enfin, si …un peu. Mais je savais que je n’en avais pas le droit. Et maintenant que je le savais célibataire, et non père de famille, je comprenais qu’il puisse avoir envie de profiter de sa vie. Il avait le droit d’aimer les femmes, et de sortir avec qui bon lui semble…bien que sortir avec une femme chaque soir n’avait rien de très reluisant, c’était SA vie et il en faisait ce qu’il voulait. La seule chose que je ne voulais pas, c’était finir comme toutes ces femmes.
J’avoue j’appréciais la beauté de Paris, j’aimais son imposante carrure – si j’osais, je me serais même imaginée dans ses bras, dans ses draps, en total sécurité – j’aimais ses yeux à la fois narquois et charmeur, son allure à la fois douce et dure, et son comportement à la fois tendre et sauvage. D’habitude, j’aurais céder facilement à la moindre avance, mais…il aurait fallu que je sois célibataire, sûre de moi, et pas instable ! Et en ce moment rien n’était équilibré chez moi. C’est vrai quoi, entre un petit-ami distant, un conflit émotionnel que je vivais entre l’idée de laisser une chance à Gabin, et celle de me laisser avec Bonaventure qui lui s’était montré bien plus affectueux ; et maintenant Paris, qui s’ajoutait au tableau et venait mettre à mal toutes mes pseudo-certitudes….y’a de quoi avoir la tête qui tourne. Alors certes, Paris me faisait de l’effet, sinon je ne serais pas là à rougir lorsqu’il me touche, où me mettre hors de moi lorsqu’il est rustre, mais…je ne peux pas craquer. Je ne veux pas être une de ces conquête d’un soir, qu’il oubliera dans les bras d’une autre…et si y’a pas bien une chose dont je suis sûre, c’est de ne pas être une fille extraordinaire et inoubliable…
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