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You never had it so good. | LOUISE DS

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PV Louise Da Silva
Pas la peine de se poser trop de questions. A vrai dire, ne s'en poser aucunes était peut-être la meilleure des solutions. Passer sous silence la possibilité qu'on l'on houspille, qu'on profite de ses sorties pour lui nuire, sa conscience déjà torturée n'avait pas non plus besoin de voir des ennemis partout. Et en refermant la porte de la chambre, le brun musela sa paranoïa, comme tous les soirs maintenant, et s'éloigna en rentrant la tête dans les épaules. Ses chaussures produisaient un seul léger bruissement, lorsqu'il traversait les étendues d'herbe, humide depuis que la nuit était tombée - en même temps que la température. Pour éviter d'accentuer son sentiment d'insécurité, Elliott refusa de regarder sa montre ; tout n'était qu'une question de self-control. S'il refusait les règles bêtes du jeu de « tout le monde rêve de te baiser », si comme depuis les quatre dernières années il ne s'abandonnait pas – complètement vous me direz – à la peur que quelqu'un lui nuise volontairement, le brun était persuadé que la nuit serait douce et agréable. Le Summer Camp avait beau le détendre, le mettre dans l'optique d'un été agréable à passer, agrémenté de journées de soleil et de pluie, de rencontres, de retrouvailles... Il restait ce petit con paumé qui, persuadé que sa méfiance finirait par vaincre les "méchants", ne sortait pourtant qu'une fois la nuit installée, et suffisamment noire pour qu'on ne le reconnaisse pas au premier coup d’œil. Et pourtant, il n'y en avait pas des tonnes comme lui. Sa silhouette fine et svelte se dessinait parfaitement, faute à ses vêtements prêts du corps, et ses manches remontées laissaient entrevoir ses tatouages, l'encre sous sa peau. En passant à côté des chalets, il entendait disputes, bavardages, la vie en bref, l'existence des étudiants qui côtoyaient la plus grande université au monde et qui, l'espace d'un été, profitaient au maximum du relâchement de pression. Et Elliott, sans comprendre tout le tragique de sa situation, était encore là. Pourtant Harvard n'était pas la meilleure université en matière de mode et d'art, mais lorsqu'on a pour porte-monnaie celui de son père, on finit par apprendre à se plier à pas mal d'exigences. Les cours étaient bons, la réputation aussi. Tout ce que le brun espérait, c'est qu'il arrive quand même à foutre le camp un de ces jours. Même après 4 ans passés ici, il ne s'était jamais vraiment habitué à sa vie à l'université.

Entre filles et tableaux, entre vêtements et fêtes, tout se mélangeait dans son esprit, et le laissait profondément perplexe quant à sa propre condition. Heureusement l'ivresse de l'alcool avait tendance à effacer tous ces joyeux sentiments, songea-t-il avec un petit sourire en sortant son paquet de cigarettes. Empruntant à pied le chemin pour rejoindre le village, il voyait déjà devant lui la route toute tracée, presque balisée par des lumières imaginaires, qui le conduirait tout droit au bar. Néanmoins, un arrêt s'imposa, dans l'obscurité d'un arbre, le temps qu'il coince sa cigarette entre ses lèvres et que, munit de son briquet, il l'allume. Ses yeux bleus fixèrent avec curiosité, sinon fascination, la petite flamme qui dansait et léchait le papier de la clope, agitée par la très légère brise. Des bruits de pas mirent fin à sa contemplation, lui qui aurait été capable de mettre le doigt dans la flamme comme pour s'assurer qu'on disait bien vrai, et que c'était bien chaud. Qu'on ne lui mentait pas encore une fois. Le jeune homme se redressa de toute sa hauteur et, cigarette allumée entre ses lèvres, il observa les alentours, à la recherche de l'auteur du bruit. Ses épaules s'étaient tendues sensiblement, contracté et à l'affût, prêt à défendre sa liberté, sa fuite, si chères à son cœur, et si essentielles pour que sa vie lui paraisse... vivable. Ses pupilles noires se posèrent sur une silhouette féminine, un peu plus loin, et dans le contrejour de la Lune, il admira la découpe subtile des cheveux, des épaules, jusqu'au soulignement incertain d'une taille. En piétinant nerveusement le sol, Elliott tira sur sa cigarette, réveillant les braises et la fumée, de manière à s'intoxiquer au moins une fois avant qu'on ne vienne le déranger. Rentrer la tête dans les épaules, s'armer de son regard le plus froid possible, et attendre calmement que l'ombre plus loin finisse son chemin vers lui, ou alors ne l'oublie, de manière à ce qu'il puisse continuer sa nuit en bon animal nocturne.
(Invité)