VAUGHN AZHAR AL-NASSÂR ► harvey newton haydon

Un fardeau. Un boulet a trainé à sa cheville absolument toute sa vie. Ce n'est pas quelque qu’on arrive à cacher facilement. On ne peut pas l’éviter, le dissimuler, faire comme ci. On est normal. C’est faux. Faux, contraire à la nature. Vous êtes dotés d’un cerveau bien plus puissant que les autres et malheureusement, ou pas, cela fait de vous, des gens différents de la moitié de la population. Beaucoup se moquent de vous, de votre capacité à réfléchir autrement, rapidement, différemment. Vous êtes... Les aliens des cours de récré. Les cobayes débiles pour des expériences faites par des gens eux-mêmes atteints de cette particularité. Pourtant ils ne savent rien, ces gens, le monde. Ceux qui critiquent cette différence. Personne ne peut comprendre que c’est un fardeau dans une vie, cette vie d’un être humain comme toi, moi, vous.. Être surdoué, ce n'est pas ce qu’il y a de mieux pour réussir quand on est enfants, adolescents. Même adulte. Le poids d’un cerveau plus lourd, certainement. Tu n’as que très peu supporté ta différence pendant ton enfance. Tu n’as été diagnostiqué qu’à partir de tes dix ans de cette particularité rare qu’à l’époque tu aimerais te passer. Répondre à côté de la question. Non la réponse de la maitresse ne pouvait pas être si simple. Répondre mieux, toujours à chercher la complication où les autres, n’en trouvent pas. Ta scolarité.. Un fiasco monumental. Absences sur absences. Mépris de tes enseignants privés payés par la grosse richesse du paternel, avant qu’il ne comprenne que ton cerveau était différent. Comment supporter sans cesse les moqueries des gens de son âge tous aussi cons, les uns que les autres. Ignorants. De pauvres imbéciles. Ton père ne t’a jamais compris, le mal aise. Le peu de temps où cet homme d’affaite était présent à la maison, c’était pour te juger, prier le ciel pour demander pourquoi un fils comme toi. Le lycée a été plus simple pour ta part. Tu as compris que ça ne servait à rien de rejeter les choses, il fallait juste accepter d’être moins con que les trois quarts de la population cette Terre. Le gars qui n’a passablement pas vraiment d’histoire si ce n’est son gros porte monnaie de fils à papa. Aimé pour ton fric, c’est tout ce que tu étais. Le lingot d’or sur pied aux yeux des autres. Maintenant c’est une image de toi que tu acceptes totalement. Tu as commencé à cette époque-là, à développer cette sorte de bulle, de carapace. Le besoin maladif de contrôler tout ce qui t’entoure et qui touche à ta petite personne. D’avoir le dernier mot sur les faits et gestes des autres. De garder les choses que pour toi. On t’a tant pris à vouloir te changer en mec normal. À toi de prendre les parts des autres. Puiser dans leur esprit même. Tirer les cordes du jeu dans l’ombre. Tu es mystérieux, surement. Honnêtement, il faut l’avouer. Tu es cette personne faux cul. Cette personne capable de sourire et pleurer sur commande pour simplement manipuler ton interlocuteur. Rares sont les personnes capables de recevoir la sympathie de ta part. Pourtant tu n’es pas méchant, tu restes respectable envers les personnes qui respectent. Guerre menée contre les intolérants, les fermés d’esprits. Fermé, presque sadique, franchement. Le monde est révoltant, le monde est moche, tu le sais et tu t’en fiches un peu. A ce jour tu ne ressens te ressent pas en insécurité. Ta vie est tranquille. Le monde est moche, il faut savoir le maîtriser pour y vivre. Tu es sentimental, pourtant bien caché. Triplés par rapport à tout. Tu vis les choses bien plus profondément que qui ce soit sur cette Terre. Et pourtant, tu ne montres rien. Un volcan prêt à exploser enfermé dans un corps. Erreur de la nature ou alors...Spécimen exceptionnel. Tu n’as jamais pleuré la mort de ta mère. Sa disparition suspecte, appelée suicide par les médias. Non pas que tu n’aimais pas cette femme, admirable. Une Écossaise, yeux bleus, taille fine. Élégance même. Tu admires son courage de s’être mariée à cet Émirati misogyne, bourré de pouvoir et de préjugés dû à sa religion et son éducation. Tu ne serais pas étonné de savoir qu’il l’a fait tuer. Une tromperie, un regard mal placé. Un refus. Une fierté touchée qui en vient à user de son pouvoir pour rayer cette tache noire sur son tableau. La famille. Compliquée. Le cadet, ton grand frère ayant fait ses preuves, c’est sur toi que repose maintenant le poids de l’entreprise familiale. Tu n’es pas prêt, loin de là. Un gamin, véritable enfant. Tu voudrais passer ta vie à t’amuser, puiser dans tes ressources de conneries. Continuer de faire chier ton monde. De lancer des regards noirs à tes ennemis. Tu ne veux pas te mêler du grand monde où se trouve ton père. Il t’a envoyé à Harvard. Obligé, contraint. Il avait réglé toutes les modalités pour t'y inscrire, ton père. Dossier, le cout des études. Tu ne peux pas t’opposer à lui. Il est le pouvoir, la force. Et c'était simplement trop tard, an en arrière. L’image des Al-Nassâr. Ton pays te manque. Rien n’est pareil. Tu n’aimes pas l’Amérique. Tu l’as déteste. Elle t’emmerde. Les gros, les grosses. Ces gens trop peu élégants qui vivent en face de toi. Laissant ta vue baisser d’un dixième à chaque instant passé à les regarder. Tu n’aimes pas l’Amérique et tu es pourtant contraint d’y être. Un défi pour toi même finalement. Quelque chose qui te pousse dans tes tranchées. Dans les côtés sombres de ton esprit de joueur. Une sorte d’envie de faire fierté à ton père, une fois. Tu as longtemps refusé d’entrer à Harvard. Prétextant le fait d’avoir ton pied à terre à Oxford, tes amis, tes emmerdes à régler. Deux mille quatorze, l’année de changement, tu ne pouvais pas refuser. Tes frères ont été placés là bas. Tu es à Harvard pour rendre ton père fier, surtout pour y rejoindre tes frères. Former la famille éparpillée que vous avez toujours été. Ils sont bien la seule raison pour laquelle tu as cédé. Entrer en architecture, relations internationales. Reprendre la place de ton père.