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Springfield Massachussetts chainsaw
Cassidy & Clay / Décembre 2015« Elle? » Lorsqu'on m'a prévenu il y a quelques heures que j'allais devoir faire équipe avec un Lieutenant de la crim' pour les deux prochains jours, en mon fort intérieur j'espérais avoir la chance de tomber sur la plantureuse blonde dénommée Donahue. Ok, son nom n'était pas des plus élégants mais d'après son dossier, il s'avérait qu'elle était l'une des plus compétentes de sa division. Si tant est qu'elle n'ait pas bu la vieille bien évidemment. Mais étant moi-même un consommateur régulier, je n'étais pas le mieux placé pour la juger. J'avais donc sur cet ordre préparé mes affaires, le strict nécessaire, avant d'aller prendre connaissance du nom de ma binôme via mes e-mails. La surprise fut de taille lorsque je découvris le nom de Cassidy juxtaposé un mien, mon ex ayant plus rapidement grimpé les échelons que moi. Forcément je n'avais pas apprécié la blague de mon superviseur et m'étais aussitôt rendu dans son bureau histoire de mettre les choses au clair. " Voyez çà comme une façon de repartir à zéro avec elle " qu'il m'avait rétorqué avec un grand sourire. Il y a quelques temps, j'aurais certainement réagi de façon plus spontanée mais que voulez vous, avec l'âge je me suis assagi et les aléas, je préfère dorénavant les encaisser.
Alors après une journée bien remplie, je l’attends à la sortie, rongé par l'anxiété de devoir partager une voire deux journées en sa seule et unique compagnie. Nous nous rapprochons de la voiture sans plus s'adresser la parole, Cassidy se dirigeant d'emblée vers le coté passager de la bagnole pendant que je charge les sacs dans le coffre. Cependant, les paumes sur la carrosserie, il me vient l'idée insensée de laisser derrière nous sa valise. Idée tentante car j'entrevois déjà la jolie brune se mettre dans tous ses états à la fin de notre périple routier. J'empoigne son bagage mais, à l'instar de le déposer sur le trottoir, je l'ouvre et vais rapidement trouver son vanity que je glisse dans le mien ce qui fera tout aussi bien l'affaire. Chose faite, je retourne prendre place à ses cotés dans l'habitacle derrière le volant et tandis qu'elle se met en position de sécurité, tout est méticuleusement vérifié: Angles des rétro, ceinture,... Tiens encore un détail qui pourtant faire toute la différence, il n'y a plus qu'un quart du plein. « Pas besoin de GPS ou de carte, ça ira? Tu ne vas pas nous paumer dans le trou du cul du monde? » Pas vraiment surpris par son vocabulaire, je dénote quand même que ses yeux se sont enfin accrochés aux miens. Petite futée, si tu savais ce que je te réserve, tu le perdrais vite ton sourire d'effrontée... Au lieu de la recadrer, je reste donc muet. « On en a pour combien de temps jusque là-bas? Faudra passer par le commissariat prendre le dossier qu'ils ont sur place. » Brillante idée... A ma montre il est 18h46 et le calcul est très vite fait, alors cette fois-ci je ne peux pas m'empêcher de répliquer, notre véhicule quittant déjà le parking souterrain du QG. « Déjà on dit " Combien de temps il nous faudra pour y arriver ? ". Soit une heure et demie. Et de deux, si on doit vraiment y passer, vaudrait mieux, vue l'heure, que tu les appelles, histoire que l'astreinte soit prévenue. » Ce n'est pas à moi que le Lieutenant en jupons apprendra le métier. Après quelques minutes elle dépose son Glock dans la boite à gants, geste que j'interprète de deux façons différentes. Est-ce une pour se mettre à l'aise ou juste me rappeler de manière détournée qu'elle a de quoi me la faire fermer...
Les minutes s'écoulent et nous sommes maintenant à la sortie de Cambridge sur la nationale desservie par de nombreuses stations qui font aussi office de boutiques. Il est évident qu'avec le peu de carburant nous restant, nous atteindrons de justesse notre but alors d'un geste franc j'enclenche le clignotant et prends la bretelle de sortie. La berline ralentit progressivement pour finalement s'arrêter aux cotés des pompes. Et là, mauvais, l'observant via le rétro centrale, je lui propose un sourire en coin « T'as faim? » Je sais. Si nous nous arrêtons toutes les dix minutes, on y sera jamais. Mais pour l'heure je dois assouvir certains besoins outre le fait de devoir faire le plein.
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Cassidy & Clay / Décembre 2015T'es sérieux là? Tu t'arrêtes à la sortie de Cambridge pour satisfaire ton estomac? Sa réponse ne s'est faite attendre, Cassidy toujours aussi méprisante, chose peu surprenante. Le temps n'a donc pas arrangé son caractère. Pire que cela même, je dirais qu'elle a bien trop gagné en assurance, ce qui ferait d'elle une redoutable adversaire si tant est qu'elle soit toujours du même service. Les choses s'enveniment petit à petit même si je ne fais, à vrai dire, pas grand chose pour y remédier. A croire que moi non plus je n'ai pas assez gagné en maturité. Alors me répétant inlassablement comme un leitmotiv les dernières paroles de mon supérieur concernant cette brillante idée de nous faire coopérer, mon sourire s'accroche au sien qui se veut légèrement taquin. Ou alors tu avais envie de m'inviter à manger un bout? Oh là. Tu te méprends sur mes intentions très chère, et gravement même. Alors avec ce même air ahuri qu'elle détestait autrefois me voir singer lorsque l'envie me prenait de vouloir la ridiculiser, je tiens à lui faire part de ma réticence à ce sujet « Tu déconnes... J'aurais peur que tu ne te fasses des idées. » Ma main vient aussitôt s'apposer sur ma ceinture de sécurité tandis que je continue magistralement à lui démontrer l'étendue de ma logique « Parce que vous les femmes... on sait... Ça commence par un diner, après la baise, le mariage, puis les gosses... » A peine ai-je fini d'accentuer ma phrase sur le dernier mot que je me m'auto-félicite secrètement d'avoir mis un terme à cette histoire. Mais en vérité, je n'ai seulement que participé à sa chute et donné une raison valable à O'Connor pour me foutre hors de son pieu. T'emballes pas, c'était une connerie. Pause pipi j'imagine? Et l'aiguille de la jauge essence n'est pas bien loin de la panne sèche. Elle a décidément les yeux partout, même là où on ne s'y attendrait pas. J'avoue lui accorder un peu de mon estime lorsqu'elle émet cette théorie mais ce sentiment s'étiole très vite au détriment d'un autre.
Débouclant ma ceinture je lui prête un regard empreint d'amertume et quitte l'habitacle avant de contourner le véhicule. La main posée sur la trappe, j'ouvre à coup de clefs l'accès au réservoir et non mécontent de l'idée qui germe subtilement dans mon esprit depuis qu'elle a osé me braver, je la regarde s'éloigner lentement et patienter. Les secondes s'égrainent, des minutes mêmes, et finalement c'est le déclic du pistolet qui regagne mon attention. Une fois la trappe refermée, je vais nonchalamment dans la même direction qu'elle, la dépasse même avant de ralentir, toujours dans ce même but: l'oppresser, qu'elle en vienne à regretter ce "séjour", que plus jamais ne lui vienne l'envie de me parler pour que je puisse terminer ce trajet dans le silence le plus complet. « Et correction... J'vais pisser » Difficile de croire qu'elle commande à plusieurs sous-officiers... Je reprends à vive allure vers les portes vitrées de la station, parodiant à faible voix son « pause pipi » qui me fait bien marrer, avant de me retourner, jonglant avec le trousseau de clefs. « Tu les vois? » C'est un rappel, souviens-toi, c'est moi qui mène la danse ce soir. D'un geste habile, elles disparaissent dans ma paume juste avant de m'engouffrer à l'intérieur.