Help me please. PV.

Bon sang ! Il allait y perdre la raison si ça continuait ! Paris faisait les cent pas dans le minuscule salon de son studio. Autour de lui, comme à son habitude, le bordel régnait en maitre. Il faut dire qu’entre les jouets, les lits de camps et autres joyeusetés, il n’y avait presque plus de place pour bouger un orteil. Pourtant, tout se passait bien jusqu’à aujourd’hui. Matthew était arrivé furibond du collège, un oeil tuméfié et s’était réfugié dans la seule chambre de l’appartement. Aaron lui, comme d’habitude, s’était muré derrière son mutisme tandis que sa sœur jumelle, elle, s’était enfermée en pleurant dans la salle de bain. Kaleigh, elle, ne voulait pas lâcher sa jambe comme si elle craignait qu’il l’abandonne à son tour et si ce n’était pas fini, Ashlynn avait de la fièvre. Il allait péter un câble si personne ne venait à son secours. Heureusement, l’une de ses meilleures amies –pédiatre ; avait accepté de venir en catastrophe. D’ailleurs, c’était elle qui sonnait à la porte. « Merci d’être venu ! J’en peux plus, je vais finir par en prendre un pour taper sur l’autre » marmonna-t-il même s’ils savaient tous les deux que cela n’arriverait pas. Ancien enfant battu, Paris avait une sainte horreur de la violence envers les enfants. « Je sais pas ce qui se passe et je peux pas tout gérer. Ashlynn me fait de la fièvre, Matthew s’est visiblement battu et pour une raison obscure, j’ai Danika dans la salle de bain qui pleure depuis une heure. Je sais pas quoi faire… » lui expliqua-t-il brièvement la situation en haussant les épaules. De temps en temps, il se disait qu’il fallait une mère à ses gosses mais il n’était pas magicien. « Tu veux bien ausculter Ash’ s’il te plait ? »

Help me please

Une énième journée de travail qui n'en finissait pas, j'avais hâte de rentrer à la maison car entendre des enfants pleurer à longueur de temps peut être éreintant et fatiguant même quand on aime son métier. Seulement voilà à la fin de mon service, je vins recevoir un appel de Paris, mon autre meilleur ami après Zed évidemment qui m'appelle à la rescousse car il ne s'en sort pas avec les petits. Je ne peux pas le laisser dans la mouise alors après m'être changée en civil et retirer ma blouse, je me dépêche afin de lui venir en aide. Une fois devant chez lui, je le vois qui m'ouvre complètement dépassé par la situation. En effet, il y a sa jeune soeur enfermée dans la salle de bain, son frère revenu de l'école avec un oeil tuméfié, l'autre qui continue son mutisme et la petite dernière qui lui fait de la fièvre. Je me dis que je dois examiner la petite de 4 mois dans un premier temps tout en le rassurant et le poussant à faire sortir de la chambre le plus grand des enfants afin que je checke son oeil voir s'il n'y a rien de grave là dessous. Je vins donc le saluer en lui répondant.

Oui je vois ça que tu as l'air complètement dépassé. Vas y passe moi Ashlynn, je vais regarder ce qu'elle a mais c'est peut être tout simplement ses dents qui pousse, ce qui serait logique à son âge. Je vins le rassurer, tout en venant allonger la petite sur le canapé. En attendant que je regarde Ashlynn, va tenter de faire sortir Matthew de la chambre que je vois son oeil. Et pour Danika, elle doit seulement avoir besoin d'être rassurée un peu. Je vins continuer de le rassurer un peu d'une vois douce et paisible tout en regardant Ashlynn qui commençait à se calmer avec mon massage au ventre, même si ce n'est que temporaire. Tout va bien aller d'accord Paris, je suis là, je partirais pas tant que tout sera pas revenu à la normale d'accord ?

Il savait qu'il pouvait compter sur moi depuis le jour où il était venu aux urgences avec les enfants, j'ai tout de suite vu une personne au grand coeur pour s'occuper tout seul de ses frères et soeurs. Je l'admire rien que pour cela et c'est pourquoi je suis rapidement devenue sa confidente puis sa meilleure amie. Et puis j'ai de l'expérience en tant que maman après tout, autant aider mes amis non ? Je vins attendre sa réponse, lui adressant un petit sourire et me concentrant un peu sur la petite, même si je savais le diagnostic pour l'avoir vécu avec Millie au même âge qu'Ashlynn.

Paris était au bord de la crise de nerf à cause de ses frères et sœurs. Il ne gérait rien et il avait beau élever la voix, rien n’y changeait. Heureusement sa meilleure amie venait d’arriver à la rescousse pour prendre les choses en main.  « Tu me sauves ! Si tu as besoin d’un service, sache que je serais ton homme qu’importe ce que tu me demanderas » lui dit-il en déposant un baiser sur sa joue pour mieux lui confier la petite. Paris se dirigea alors vers la seule chambre de l’appartement pour aller discuter avec Matthew. La conversation au début calme partie totalement en vrille quand le Dunster apprit que son frère s’était battu parce qu’on avait racketté les jumeaux. Il avait l’impression de nager en plein délire.  « Matthew, tu t’assois et tu attends que Leanne ait terminé avec ta sœur ! »grogna l’aîné de la tribu. Paris était en colère non pas envers son frère puisqu’il n’avait fait que défendre les petits mais bien vis-à-vis de lui-même. Il n’avait absolument rien vu et d’après les dires de son frère, cela datait de plusieurs mois. Maintenant il comprenait mieux pourquoi le pot à insultes n’avait de cesse de se vider. Danika volait pour pouvoir éviter les ennuis.

 « Danika, je te jure que je vais enfoncer cette porte si tu ne l’ouvres pas… Allez ma choupette, Matt m’a tout dit. Je ne suis pas en colère contre toi… Allez, sors de là » la supplia-t-il. Kaleigh qui ne s’était pas faite encore remarquer vint se scotcher à sa jambe gauche.  « Princesse, c’est pas le moment, je te jure, je m’occupe de toi après mais là, je dois aider ta sœur » lui expliqua-t-il. En parlant de sœur, Danika venait d’ouvrir la porte pour mieux s’élancer en larme dans ses bras.  « Tout va bien ! Arrête de pleurer, tu sais que je résiste jamais quand une femme pleure » tenta-t-il de la faire sourire. Paris revint dans le salon, Kaleigh suspendue à sa jambe, Danika dans les bras.

 « Dis-moi qu’Ash’ n’a rien sinon je me fais interner chez les fous » plaisanta l’étudiant en astrophysique. Pourtant, malgré le ton léger de sa voix, son regard était empreint d’inquiétude. Nul doute à avoir : Paris couvait cette tribu comme un père et non comme un frère.  « Allez, ce soir, c’est pizza pour tout le monde. Tu restes manger Leanne d’accord ? Je t’ai fait venir après ton boulot, la moindre des choses serait que je te remplisse l’estomac » lui dit-il avec un pauvre sourire. Le jeune homme se laissa choir dans un fauteuil, les deux sœurs sur ses genoux.  « Les jumeaux se font racketter ! J’y crois pas. C’était sous mes yeux et je n’ai rien vu… Comment tu fais pour Millie ? Je veux dire pour gérer tes études, l’hôpital et tout le reste ? »

Help me please

Paris m'avait appelé à la rescousse comme souvent depuis qu'on se connaissait mais je ne pouvais rarement dire non car je sais ce que c'est que d'élever un enfant toute seule, j'ai Millie. Sauf que lui n'en a pas un seul à gérer mais quatre en même temps et quand ils s'y mettent tous, cela devient vite la panique comme ce soir. C'est donc après une journée de boulot bien remplie et après avoir envoyé un sms à ma meilleure amie pour qu'elle aille chercher Millie à la crèche ou qu'elle prévienne Aaron si elle ne peut pas aller la chercher. Enfin pour l'heure ma priorité est de ramener le calme chez mon meilleur ami Paris. Et en effet, en arrivant chez lui, je constate que c'est le chaos total entre le bébé de 4 mois qui ne fait que pleurer sans doute à cause de ses dents, un des jumeaux enfermés dans la chambre car il s'est battu, une des filles enfermée dans la salle de bain pour une raison encore inconnue, Paris ne sait plus où donner de la tête. Il n'y en a que deux qui ne lui pose pas trop de problèmes, le deuxième jumeau et la deuxième petite soeur qui sont là ne sachant pas trop quoi faire. Alors que je venais de lui prendre des bras la petite Ashlynn afin qu'il s'occupe de Matt et Danika, je le vis revenir quelques minutes plus tard avec Danika dans ses bras et l'autre suspendue à sa jambe, ce qui me fit sourire. Alors je vins lui répondre, ne pouvant me retenir de rire en voyant la scène.

Et bien on dirait qu'elle ne voulait seulement qu'un câlin cette petite mais je crois que l'autre en veut un aussi du coup. Parfait pour Matt, j'irais le voir après. Et rassure toi pour Ash', elle fait juste ses dents, Millie était pareil à son âge. Il faudrait juste que tu ailles à la pharmacie lui chercher de quoi la soulager, j'ai tenté le massage sur le ventre et cela a l'air de marcher plutôt bien mais un médicament la soulagera mieux.

Après avoir été voir Matt et son oeil au beurre noir puis lui avoir donné un peu de glace pour que son oeil désenfle, Paris fit savoir à toute la fratrie et moi aussi que ce soir c'était de la pizza pour tout le monde. Après tout, le calme semblait être revenu dans la maison et puis je n'avais pas encore mangé. Millie devait déjà dormir soit chez son père ou à l'appart, tout était en ordre de mon côté. Alors je vins lui répondre, en m'asseyant à table.

Et bien comment refuser une proposition d'une part de pizza, j'accepte volontiers. Paris, tu peux pas tout voir, tu as tes soucis d'étudiant aussi et puis ce n'est pas ta faute si Matt ne t'a rien dit non plus ? Mais l'école ne t'a rien dit à ce sujet ? Oh je n'ai pas de mérite, Millie est fille unique et a de nouveau son père dans sa vie puis j'ai de super amis aussi sur qui compter donc cela aide. Sache que je serais toujours là en cas de besoin.

Je vins lui adresser un sourire, attendant sa réponse et je ne m'attendais pas à ce qu'il compare mon histoire personnelle à la sienne. Nos deux histoires étaient différentes et puis j'avais de nouveau le père de ma fille dans ma vie pour m'aider si besoin avec la petite, tandis que Paris n'avait que lui et ses rares amis comme moi pour s'appuyer. Toutefois cela me touchait qu'il vint complimenter ma façon de gérer mes études, mon boulot et ma fille.

Il devait avoir l’air malin avec Kaleigh accrochée à sa jambe et Danika qui reniflait dans ses bras. Le pire, c’est qu’ils se ressemblaient tellement bien qu’ils soient tous issus de pères différents. Il faut croire que leur mère avait fait quelque chose de bien au moins une fois dans sa vie. Toutefois, la ressemblance la plus marquante restait celle entre Matthew et lui. Issus du même père et de la même mère, ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau -avec dix ans d’écart tout de même. Tous étaient aussi blonds que lui, et tous avaient les yeux bleus. Pour une personne étrangère à la tribu, Paris pouvait aisément passer pour leur père biologique. Si seulement. Cela résoudrait pas mal de ses problèmes à commencer par leur garde.  « Kaleigh est la plus fragile de tous. C’est encore le bébé de la famille, pas vrai bout de chou ? »dit-il à la gamine âgée de sept ans. Ashlynn était concrètement le bébé mais Kal’ était d’une nature tellement timide et fragile qu’il ne pouvait s’empêcher de la couver un peu plus.  « D’accord, je passerai à la pharmacie dès demain matin » lui assura Paris.

Le jeune homme n’était pas franchement un adepte de la médecine traditionnelle, lui préférant les remèdes à base de plante mais il était hors de question qu’il prenne le moindre risque avec la santé des enfants malgré ses connaissances poussées dans le domaine. De tout de manière, la plupart des remèdes étaient souvent peu recommandés pour les nourrissons. Paris était tout de même secoué d’apprendre que les jumeaux étaient victimes de racket. Il n’avait absolument rien vu et la culpabilité le rongeait.  « Je sais bien mais j’ai juré de les protéger… L’école ne m’a pas prévenu… En fait, ils ne sont pas au courant de notre situation. Si cela leur venait aux oreilles, ils placeront les petits dans des foyers et je refuse qu’ils soient séparés ou même dans des familles d’accueil ! Ils n’ont pas à payer la connerie de leurs parents »grommela-t-il. C’était bien là tout le nœud du problème : la précarité de leur famille et le secret de leur situation.  « Je pense que Matt a voulu m’enlever un souci des épaules mais je n’ai pas envie qu’il se mette à jouer des poings. Il n’est qu’un gosse ! » soupira le Dunster.

La situation semblait être insoluble.  « Je suis content pour Millie et toi… Je veux dire que son père soit revenu dans votre vie. Cela se passe bien avec lui ? » lui demanda-t-il car cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas pu jouer ensemble.  « Les gosses, vous pouvez aller jouer dans la chambre ? On a besoin de parler entre adultes » s’exclama-t-il soudainement. Il eut des râles de contestations mais tous obéir.  « J’ai décidé de me battre pour devenir leur tuteur légal ! J’ai beau retourner la situation dans tous les sens, je me suis jamais senti comme leur frère mais plus comme leur père. Eux, c’est pareil. Ils n’ont connu que moi… je veux obtenir leur garde. Je sais que ça ne sera pas facile, que je pars avec un dossier compliqué mais je voulais que tu saches dans quoi je m’embarquais. Tu es un véritable exemple pour moi. Tu es une mère formidable ! »