TAYLOR VICTORIA MILTON ► Kristin Kreuk

Bonjour, je m’appelle Taylor. Mais tout le monde m’appelle Tay, depuis toujours. « Tay, va jouer avec ta sœur »  « Tay, c’est du rouge à lèvres avec lequel je te vois sortir ? » « Tay, le nouveau il est beau à mourir, tu devrais le prendre comme nouvel petit ami ! » « Tay, il a trop neigé la nuit dernière, les bus sont bloqués. Tu vas rester à la maison et t’occuper de ta sœur aujourd’hui. »  Je suis née et j’ai grandi à Anchorage en Alaska. Cela a beau être la plus grande ville d’Alaska, ce n’en est pas moins un trou perdu duquel on a vite fait le tour. Tout le monde se connaît, les commérages sont une pratique très répandue et le monde extérieur est tellement loin de notre portée qu’il nous paraît inexistant. Mais pour moi, il ne faisait aucun doute que j’allais m’en échapper le plus vite possible et ne jamais y revenir. Le seul avantage d’avoir grandi en Alaska c’est que j’ai développé une résistance au froid incroyable. Personne n’en revient quand je sors de chez moi en petite veste par 0°. Cela me fait bien rire.

Ma famille, les « célèbres » Milton, est une famille influente en Alaska. Mon père est le plus brillant avocat d’Anchorage et dirige son propre cabinet, ma mère se dit être une responsable de comité et une bienfaitrice mais ce n’est en fait qu’une simple femme trophée qui s’occupe en faisant du caritatif. J’ai un oncle, maire de la ville, qui cherche à élargir sa carrière politique, une cousine qui présente le JT sur la principale chaîne nationale et de nombreux autres proches qui mènent des carrières exemplaires et font briller le nom des Milton. Mais tout cela ne transparaît qu’en Alaska, ce nom ne dit rien à personne à l’extérieur de notre petite bulle et, pourtant, nous sommes toujours « en représentation » quoi que nous fassions. Il ne faut jamais agir de façon à salir le nom des Milton, ce serait une honte ! En cela, j’ai beaucoup dénoté dans cette famille de culs serrés qui ont peur de sortir de leur petite nation. J’ai toujours été une casse-cou rebelle qui n’a pas peur de dire tout haut ce qu’elle pense et de réclamer ce qui lui ait « dû », genre petite princesse narcissique. Ma petite sœur, de 4 ans ma cadette, est tout le contraire de moi. Petite blonde aux grands yeux bleus, douce et éclatante comme la neige, elle ne fait jamais de vague et fera toujours plaisir aux membres de ma famille. Du moins, j’en suis persuadée.

Ce que je veux et ce à quoi j’aspire depuis toujours, c’est parcourir le monde. N’ayant pas langue dans la poche, je n’ai pas mon pareil pour mettre le doigt là où ça fait mal et mettre au jour toutes les vérités, même les plus inavouables. Vous comprenez maintenant pourquoi j’exaspère toute ma famille. J’ai toujours été attirée par le journalisme. Mais pas celui que fait ma cousine, gentille et proprette présentatrice de journal télévisé bien planquée derrière son plateau. Non moi ce que je veux c’est être reporter. Aller en zone de guerre, montrer aux gens la vérité qui dérange, celle qui fait peur et nous fait frissonner. J’aime beaucoup la politique. C’est un monde d’apparences et de bien-pensants qui cache de la corruption et des scandales, typiquement le genre de vérité que je souhaite faire éclater. Voilà pourquoi j’ai décidé d’étudier le journalisme et la politique à Harvard et je ne reculerai devant rien pour atteindre mon but.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette attitude de petite peste capricieuse et manipulatrice qui me caractérise. J’ai toujours fait partie des hautes sphères de mon monde. L’énervante et parfaite pom-pom girl qui sort avec les plus beau garçons de l’école, qui a été élue reine de promo, qui traîne toujours avec sa bande de copines bruyantes et vicieuses, qui met tous les profs dans sa poche et qui a fait le discours de major de promo à la remise des diplômes, c’était moi. Un vrai cliché sur pattes mais cela ne me dérangeait pas, je jouais mon rôle à la perfection. Mon cœur, froid et dur comme la pierre, n’a jamais été brisé et je n’ai jamais connu le grand amour, seulement des flirts de passage. Mon plus grand bonheur a été quand j’ai reçu ma lettre d’acceptation à Harvard. Enfin, j’allais sortir de mon trou et me confronter au monde, ma nouvelle cour de récré dont je n’étais pas encore la reine et dont j’allais apprendre les codes. Je savais que cela n’allait pas être simple mais j’étais excitée à l’idée d’atterrir dans ce tout nouvel environnement.