bad girls always gone bad.
« Heureusement qu'je suis pas dans ton esprit, j'ai peur de ce que j'pourrais y trouver là d'dans. » Tu disais toute enjouée, tes doigts lâchement recroquevillés en un poing qui venait tapoter contre la caboche d'Asia pour appuyer ta pensée. Tu n'étais pas méchante, c'était juste un fait : Asia, elle était folle, bien plus timbrée que tu pouvais l'être. Ça ne se voyait pas toujours, trait de caractère caché derrière son visage d'ange et ses paroles moralisatrices envers toi, mais il ne fallait pas s'y tromper. Elle était aussi franche que tu t'accordais à l'être, ce qui parfois pouvait créer des étincelles entre vous, et elle était toujours ouverte pour partir à l'aventure, quoi qu'elle puisse en dire à trois heures du matin. Elle adorait ça, tu le savais, elle avait juste l'esprit légèrement... biaisé à ce moment-là.
« Mais je sais bieeeen plus de choses que tu n'le penses. » Tu mi-chuchotais d'une manière pas vraiment discrète, la suivant en tenant aussi fermement que tu le pouvais ton amie. Oui, tu pouvais lire ses pensées, enfin, tu croyais. T'espérais reconnaître assez bien ce qu'elle était capable de te répondre durant telle ou telle situation, ce qu'elle serait capable de faire si tu le lui demandais. Comme le fait qu'elle te kiffait tellement qu'elle ne pourrait jamais te laisser moisir toute seule dans une ruelle à des heures pas possibles du matin. Enfin, encore une fois, t'espérais. Tu la voyais juste mal te laisser tomber et te laisser te débrouiller toute seule, malgré tes suppliques incessantes, sachant que tu étais sûrement bourrée et que tu rentrais à pied. Au final, tout pouvait arriver durant ce genre de chose, il suffisait d'une mauvaise rencontre pour que la soirée finisse mal pour toi – et t'étais pas sûre qu'Asia soit encore capable de prendre ce genre de risque avec l'irresponsable que tu étais.
« Gâches pas mon image avec ton vomi ! Tu grognais, avant de lever tes yeux vers elle, comme si tu venais de trouver la réponse de la vie.
Asia, faut qu'j'me trouve un Jack avec qui baiser passionnément dans une vieille voiture. » Voilà le genre de pensées qui te venaient à l'esprit lors de ce genre de soirée – pour tout avouer, c'était pas joli. Tu l'entendais se moquer d'une vision de toi te cassant la gueule, et tu lâchais un rire, passant un bras autour de son cou.
« Mh c'est vrai, tu me trouves belle ? » Tu demandais avec un grand sourire version Chat du Cheshire Tim Burton style, approchant ton visage du sien, un sourcil s'arquant suggestivement. Ouais, t'étais pas compliquée comme fille, tu préférais garder la meilleure partie de ses phrases, celles qui n'étaient pas faites pour te blesser.
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Perdue, c'est le mot. Vous êtes perdues. Tu as l'habitude d'être paumée dans le sens où tu as hérité d'un esprit ô combien compliqué et que la vie s'est toujours fait un malin plaisir de te mettre des bâtons dans les roues. Tu t'es souvent perdue dans les tréfonds de la douleur, de la dépression, de l'enfer même pourrais tu dire. Tu as visité les pires sensations qui puissent exister. Etre alcoolique ne t'as pas non plus aidé à t'en sortir. Les pires mois de ta vie, la plus grosse connerie que tu aies pu faire mais tu ne pourras pas nier que ça t'a appris une bonne leçon. On ne résolve pas un problème, en ajoutant une emmerde de plus dans l'équation. Malheureusement pour toi et surtout les autres, tu ne peux dire que tu ne retombera jamais dans ce cercle vicieux qu'est la boisson. Cette maladie c'est un combat à vie et quand on a que la vingtaine, il y a encore un long chemin à parcourir avant de rendre son dernier souffle. Cela dit, tu ne pourrais dire si tu ressortiras vivante de cette expédition nocturne parce que voilà Zeke t'a encore entraîné dans une de ces folles soirées. Ce n'est pas que ça te dérange, loin de là. Etre sobre ne signifie nullement que tu ne peux pas t'amuser comme il se doit. Sauf que Zeke elle est pire que toi. Oui oui plus folle que ta propre personne, ça existe. Elle t'a entraîné dans un nombre incalculable de bars de Boston et vous avez fini par atterrir dans un club miteux au sud de la ville parce que mademoiselle a voulu suivre de séduisants inconnus qui se sont fait un plaisir de lui servir un nombre incalculable de verres. Du coup il est plus de trois heures du matin, et tu te retrouves sur le trottoir - pas pour te vendre hein - avec une Zeke est complètement torchée. Tu n'as aucune idée d'où vous êtes, la batterie de ton portable est à plat et il est hors de question que tu fasses de l'auto stop si c'est pour tomber sur des pervers psychopathes. Malgré ta vie loin d'être parfaite, tu es peu désireuse qu'elle se finisse ce soir." C'est la dernière fois que je te suis dans tes escapades nocturnes. Tu entends ? " Mademoiselle chancelle et n'arrive pas à garder l'équilibre plus de dix minutes mais le pire c'est son sourire malin sur le bord des lèvres. Ce sourire tu ne le connais que trop bien. Elle n'en a que faire des conséquences. C'est tout.
