✲ i need to let go (azranix)

Depuis sa sortie de l'hôpital, la vie de Phoenix ne rimait plus à rien. Quand il n'était pas à l'hôpital pour faire des examens de contrôle, à la MH, en cours ou chez lui pour régler la mafia -ouais avec tout ce qu'il lui était arrivé, il réussissait encore à mettre un plan en action pour massacrer des têtes-, il était dans des bars. Et ce soir il avait choisi le petit bar près de la plage, au moins si besoin, il pourrait toujours avoir l'opportunité de se noyer dans l'océan, mort tout à fait envieuse. La mort ne lui fait plus peur à présent, lui qui avait toujours trouvé le suicide comme un acte lâche, voilà que maintenant il trouvait cela héroïque, nul besoin de préciser que l'envie passe souvent dans son esprit, il souhaite juste rejoindre son fils. Assis au comptoir, il commande un deuxième whisky il ne boit que ça puisque cette boisson ambrée le stimule à chaque fois. Le brunet tourne la tête en direction de la personne qui vient de se poser à ses côtés. Hum, à croire que c'est fait exprès. « Azraël.. » dit-il d'un air absent. « Il y a pleins de places mais il faut que tu viennes poser tes fesses ici. » Ce soir, comme tous les soir depuis la perte de son fils, il n'était pas d'humeur.

T'avais vraiment le don de te mettre dans des sacrés pétrin parfois. Ouais. C'était le cas de le dire. Et plutôt qu'agir comme une adulte, plutôt que d'affronter le tout pour réussir à arranger les choses, toi tu venais dans le premier bar sur ton chemin avec pour optique de te bourrer la gueule. Autant en profiter puisque pour une fois, tu ne bossais pas. L'air absent, tu poussais les portes te faufilant entre les gens sans vraiment te préoccuper d'une quelconque politesse. Pour ce que t'en avais à foutre de toute façon. Et puis bien sûr, il était là. Phoenix. Entre tout tes soucis, fallait que tu tombes sur celui avec qui t'avais une relation plus que compliqué. Mais tu les aimais les problèmes pas vrai ? Ouais, sûrement. Dans le cas contraire, tu ne serais pas allé prendre place à côté de lui, tu l'aurais fui. Puis semblait qu'il te voulait pas tellement à ses côtés. Si c'est tellement déplaisant, tu peux bouger. Toi tu le ferais pas. Il s'accommodait de ta présence, ou il virait, c'était comme ça. M'sieur est encore d'une humeur de merde ? que tu balançais avant de commander un verre. Si seulement tu savais.

Phoenix a toujours eu une tête de déterré, mais depuis la perte de son fils c'est bien pire. Il est devenu un zombie sortis tout droit des entrailles de l'enfer. Il passe ses soirées dans les bars, au moins il se change les idées. Il en est à son deuxième verre, et pas le dernier. Il a enlevé son corset il y a quelques jours, mais se trimballe toujours avec son attelle à la jambe et sa béquille, c'est tout de suite moins glamour, mais il s'en fiche, draguer n'est même plus dans ses envies. Finalement voir une tête connue ne lui fait pas de mal, même si ses paroles montrent tout le contraire. « Nan, j'peux pas. » Ses fesses ne sont pas collées au tabouret, simplement bouger lui fait un mal de chien. Il hausse des épaules (lui arrachant une grimace de douleur), toujours avec cet air lointain « Ouais, faut croire. Et c'est pire depuis... » Il s'arrête net, ne voulant pas en dire plus, la douleur physique est présente, mais la douleur mentale est bien pire, les cicatrices ne se referment pas, et ce n'est pas là d'arriver avant de longues années, le Cartwith en a pleinement conscience.

Sauf que tu savais pas. Triste vie qu'était celle des non médium. Pourtant, ça aurait pu te filer un sacré coup de pouce pas mal de fois. Mais non, t'avais pas le troisième oeil ou un truc du genre alors forcément c'était pas super facile et ouais, tu ne pouvais pas te douter une seule seconde du pourquoi du comment Phoenix avait l'air aussi désagréable. Alors tu te plains pas que tu répliquais prenant le verre que le barman venait juste de poser devant toi. Ouais, t'avais bien besoin de ce verre. Et peut être même d'un deuxième. Puis probablement que tu ne cracherais pas sur le troisième. Bref, il parlait mais ne finissait pas sa phrase ce qui avait le don de t'intriguer. Tu portais le verre à tes lèvres te tournant légèrement vers le mather haussant les sourcils d'un air interrogatif. Depuis ? Bah ouais, fallait peut être qu'il pense à finir sa phrase pour le coup. T'aimais pas tellement être laissée en suspense comme ça. Ouais en fait t'aimais pas du tout pour le coup alors forcément que tu lui posais la question. Et il était assez bien placé pour savoir que tu lâchais pas vraiment le morceau dans ton genre.

Phoenix n'est pas du genre à se plaindre (sauf en ce moment et encore, il se plaint tout seul), c'est pourquoi quand Azraël lui fait une remarque il ne rétorque pas et se contente de regarder dans la vide. Il attrape son verre, et boit une gorgée, pour se réconforter. Le liquide coule dans sa gorge, il adore ressentir ça, même si en ce moment les sensations sont moins bonnes. Tout est moins bon depuis la perte de son fils.. Phoenix aurait mieux fait de se taire, mais c'était plus fort que lui, sans cesse il y pense, et sans cesse l'accident arrive jusqu'à ses lèvres. Il hausse des épaules, pour gagner du temps. Mais quel temps ? Au final il sera bien obligé de le dire. « Depuis que j'ai tué Liam. » Il n'a pas besoin de faire un dessin, ni besoin de peser ses mots en tentant de les faire passer comme une lettre à la poste. Il le dit tout simplement, comme il le ressent intérieurement. Bien sûr qu'il en souffre, rien que le dire l'oblige à ravaler un sanglot, mais son regard est vidé, et son visage est froid comme le marbre. Il ne pense même pas à la réaction que pourrait avoir la brunette, tout ce qui compte pour lui c'est la mort de son fils.

Quoi que parfois, faudrait vraiment que tu penses à éviter. Non mais parce que quand on disait que la curiosité était un vilain défaut, c'était bien vrai. Encore plus quand on recevait dans la tronche une réponse comme celle que Phoenix venait de t'envoyer. Tuer Liam. Liam.. C'était son fils non. Tu gardais le silence quelques instants attendant le moment où il te dirait que ce n'était qu'une blague de mauvais goût mais.. Non, ça ne venait pas. Et tu quittais ton tabouret posant ta main sur la sienne comme si ça pouvait lui donner un peu de réconfort. T'y croyais pas une seule seconde à ce qu'il venait de dire. Non. C'était probablement un accident ou quelque chose dans le même genre et il était juste emplit de culpabilité mais non, il n'avait pas tué son fils. Viens on va prendre l'air. C'était plus un ordre qu'autre chose mais il ne pouvait certainement pas rester là à ruminer en silence, c'était pas possible. J'suis peut être pas la meilleure compagnie au monde mais ça te ferais du bien.

Ce n'est pas le genre de nouvelle que l'on s'attend à avoir lorsque l'on est assis à un comptoir, verre à la main. Je n'aurais sûrement pas dû lui balancer ça comme ça. Mais en même temps ça n'a jamais été mon genre de préserver les gens. Est-ce que l'on me préserve moi ? Non. Azraël se lève de son tabouret et pose sa main sur la mienne, je jette un regard furtif à ce geste puis écoute ses paroles. Je hausse des épaules, je ne veux pas bouger j'ai trop mal d'une part, et d'autre part je n'en ai pas l'envie. Mais elle insiste et même si ses mots sont simples, ils me touchent. Je suis visiblement à fleur de peau ces temps ci. « Certes. » dis-je simplement. Je prends mon verre, et le termine d'un trait. J'attrape ensuite ma béquille, et m'y appuie pour descendre, grimaçant de douleur. Puis je suis la belle brune dans la nuit noire. Une fois dehors la bouffée d'air me fait du bien, je tente tant bien que mal d'attraper mon paquet de cigarette, j'en mets une à la bouche puis range mon paquet. « T'as du feu ? »

Et même si t'étais nulle pour réconforter les gens, même si tu méritais probablement l'award de la pire compagnie au monde, tu pouvais au moins l'écouter ou rien que lui tenir compagnie. En fait, t'étais même pas certaine de ce que tu devais faire dans ce genre de moment mais, tu pouvais essayer. Ouais, tu savais que t'étais pas vraiment le genre de nana compatissante et que t'étais une adepte de "chacun sa merde" mais.. Tu l'aimais bien Nix, même si la plupart du temps tu lui laissais croire le contraire. Après tout, t'étais comme ça. Un mystère à toi toute seule, peut être un peu trop bipolaire. Ouais, t'étais juste étrange avec les gens, t'y pouvais rien. T'étais pas habituée à la communauté et tout ce qui allait avec. Bref, tu te proposais comme tu pouvais allant donc à l'extérieur et fronçant les sourcils en le voyant autant galérer. M'ouais, t'avais raté beaucoup d'épisode mine de rien. Fallait croire qu'à force de te préoccuper sur toi, tout le reste t'échappais. Sortant ton briquet de ta poche, tu allumais sa cigarette avant d'en sortir une pour toi et de l'allumer à ton tour. Qu'est ce que tu veux faire ce soir ? C'est toi qui décide. Tu pouvais au moins faire ça.

Je demande du feu à Azraël et elle m'allume ma cigarette. Puis je plonge mon regard dans le siens. Pour elle, ça doit faire bizarre de me voir dans cet état sachant très bien que ce n'est pas mon genre de baisser les bras au premier coup dur, mais je ne peux pas faire autrement, et je n'ai aucun échappatoire. Ma cigarette m'aide un peu, rien n'a voir avec un bon joint mais on fait avec... La brunette me demande ce que je veux faire. Je hausse des épaules assez perplexe, n'en savant rien en fait. « J'sais pas, juste me changer les idées. » J'aurais très bien pu lui dire passer la nuit avec moi mais elle aurait refusé. Et puis j'ai déjà brisé Scarlett, sa soeur adoptive, je ne veux pas la briser elle, je pourrais éveiller les courroux de leur frère. Cela m'étonne d'ailleurs de ne pas avoir eu affaire à lui. « Je peux appeler mon chauffeur et ils nous emmènent où l'on veut. » Je n'utilise plus ma voiture, avec ma jambe c'est compliqué de conduire. Et puis c'est la classe d'avoir un chauffeur je vous le dis.

Disons que c'était le minimum en fait. Et comme t'étais pas douée pour aider les gens, tu faisais ce que tu pouvais pour trouver des solutions. Comme maintenant, en lui laissant le choix de décider de la tournure de la soirée. A vrai dire, c'était plus ou moins la seule chose que tu pouvais offrir. Et puis il te disait qu'il voulait simplement s'changer les idées. Ouais, bah tu l'avais bien compris, l'problème c'est que toi, tu ne savais pas quoi lui proposer. Te mordant la lèvre inférieure tu le laissais reprendre la parole laissant un moment de blanc par la suite pour fumer tranquillement ta cigarette. Appel le alors. Mais pour aller où ? C'était une très bonne question. T'en savais juste rien. Quand j'vais pas bien, j'danse. Ou j'joue de la musique. C'est mon seul moyen. Tu dois bien avoir un truc non ? Tout le monde avait quelque chose pour s'évader, il pouvait pas dire le contraire. Parce que si même toi tu réussissais à avoir quelque chose, c'était pas possible que ça ne soit pas son cas. J'suis à ton service pour ce soir, profite en ça n'arrive pas souvent. Voir même jamais, il était un peu comme un privilégié pour la peine.