I crashed my car ! ~ Hadès

I crashed my car !
Le choc fut brutal. Je n’ai rien vu venir, une ombre qui passa devant moi, rien d’autre. Pourtant. Quand je la percutai, je cru que ma vie allait se raccourcir un peu trop tôt.

Je sentis mon corps s’avancer, prêt à s’encastrer dans le volant, alors que la ceinture de sécurité me serra et retenu mon buste de s’avancer davantage au risque de taper ma tête sur un métal un peu trop dur pour sa survie. Un coussin blanc jaillit du volant et un autre de la boîte à gant. Mon front se retrouva plongé dans le blanc de tissu qui voulut sauver ma vie. J’entendu le craquement de la tôle et le froissement de celle-ci. Le bruit métallique du moteur qui se plie. La carrosserie toute entière qui en prend un coup. Le véhicule ne s’arrêta pas, pénétrant dans la seconde que je viens de percuter. Le parebrise se brisa en mille morceaux répandant son verre partout dans l’habitacle et venant m’érafler le corps non protégé. Je ne pus retenir un son de douleur s’échapper de mes lèvres. Ou de surprise. Je ne sais pas. Je ne comprends rien à la situation. Le véhicule s’arrête enfin. Je suis un peu sonné. Ma voiture ne doit plus être en état. Je relève la  tête et m’aperçois des nombreux dégâts visibles. Moi qui voulais juste rentrer, c’est foutu. Ma voiture est foutue.

Il me fallut une bonne minute avant d’avoir l’esprit serein. D’être certain que le véhicule ne bouge plus et que je ne risque pas un nouveau manège improvisé. Je me redresse, retire la ceinture, je croie qu’elle m’a brulé le torse, un petit picotement se fait sentir. Je pose mes mains sur l’airbag pour le décompresser et me laisser sortir de la voiture tant bien que mal. Mes yeux balayent la scène et je soupire. Ah ben voilà le résultat. Je regarde mes mains, écorchées de toute part, probablement les bris de verre. Je ne pense pas être blessé, par quel bonheur ? Aucune idée. Seul le résultat compte. Une voix m’interpelle et je relève la tête, plissant les yeux pour apercevoir avec plus de netteté le possesseur de cette voix féminine. « Je ne sais pas … » C’est tout ce qui me vient à cet instant. Sa caisse. Je m’en contre fiche. Mais la mienne alors ? Elle est détruite. Je suis quasiment certain que mon moteur ne voudra jamais fonctionner de nouveau après un tel choc. Et puis, comment ça vous auriez pu faire attention ? Je jette un regard beaucoup moins sympathique à la demoiselle tout en lui répondant. « Dis donc, la priorité à droite vous connaissez ? C’est peut-être vous qui aurait dû faire attention après tout. »  Non, mais oh ! Je ne me laisse pas faire ainsi ! « On va commencer par faire les papiers et on cherchera une solution après. » Je fais le tour des dégâts pour ouvrir la porte de ma voiture côté passager. L’avant est tellement défoncé qu’une fois que je touche la poignée de la porte celle-ci tombe lentement pour s’écraser contre le sol et laisser un bruit métallique se répandre dans les alentours. Génial … La boîte à gants est éventrée et les papiers nécessaires sur le sol. Je m’en empare et retourne vers la victime de ce soir. « On remplit ça ou on se prend la tête toute la nuit pour savoir qui est en tort ? » Je ne suis pas agréable. Là n’est pas mon but. Quand on me reproche quelque chose pour lequel je n’y suis pour rien, je deviens vite désagréable. Je la regarde, d’un regard impatient en montrant les papiers dans ma main droite.

I crashed my car !
En plus d’avoir causé l’accident, démoli ma caisse et fait en sorte que ma soirée se termine mal, il fallait que la nana soit désagréable. Non, mais ça va quoi ! Qu’elle assume et qu’elle évite de m’en mettre plein la gueule, merci, je n’y suis pour rien moi. Je roule pépère et voilà le résultat. Je ne dis rien, prenant sur moi et n’ayant aucune envie de me battre avec quelqu’un à une heure aussi tardive. Oaky, c’est bon, rage donc toute seule, j’ai d’autres chats à fouetter. Et c’est ainsi que je pars chercher ces fameux papiers qu’il nous faut remplir maintenant. Après les dégâts … Je soupire. Je n’avais pas besoin de ça, je suis certain que ma voiture est irréparable au vu du désastre au premier coup d’œil. Je reviens donc vers la cause du problème du soir avec les papiers. Les posant sur le capot de ma voiture encore emboutie dans la sienne. Enfin sur le capot, à un endroit qui ne semble pas trop atteint par le choc, miracle ? Pendant qu’elle prend un stylo dans son sac à main, j’ai toujours été choqué de voir tout ce que les filles peuvent ranger dans ce fameux sac … Mieux qu’une magicienne avec leur petit sac. « On remplit les papiers, on s’arrange après » Dis-je tout bas, comme si le silence de la nuit m’impressionnait. Non, juste la fatigue et la déception de voir la situation à laquelle je suis confronté. « Okay, je vais remplir ça. » Lui répondis-je en attrapant le stylo qu’elle me tend et en la voyant s’éloigner légèrement pour appeler la dépanneuse. Je prends une minute pour tout lire et compléter la partie dessin, comme ça, c’est fait. Moi et mon talent de dessinateur … Deux carrés, des roues, un carré emboité dans l’autre et puis voilà. Je l’entends râler alors derrière moi. Personne ne répond. Là, par contre, on est mal. Comment ça se fait que personne ne réponde ? Je soupire et arrête d’écrire soudainement. « Ouais, j’ai une solution. » Mais comment dire, un peu difficile à gérer. Je plie les papiers, le stylo posé dessus pour continuer de les remplir juste après avant de me retourner vers la jeune femme. Cette situation a l’air de l’emmerder autant que moi, voire davantage. « J’ai fait le croquis d’illustration, on peut bouger les voitures. Prenez juste quelques photos des voitures et après déplacez votre voiture côté trottoir, je pense qu’elle roule encore, on sera moins exposés à un quelconque risque. » Ce serait con de se faire faucher maintenant. Et j’ajoute doucement. « Et après, faudra déplacer la mienne à la force de nos bras. » La partie moins drôle. Non, finalement, rien de tout ça, n’est marrant. Attendant qu’elle prenne les photos, j’entreprends de remplir les papiers où doivent figurer les informations me concernant.

I crashed my car !
Je laisse la jeune femme prendre les photos de l’accident pendant que je finis de remplir les papiers, nom, prénom, date de naissance, date du permis de conduire, et bla bla par ci, et bla bla par là. Qui est le con qui a inventé ce type de constat ? Il ne s’est jamais dit que lors d’un accident on a autre chose à foutre que remplir des papiers ? Sérieusement ?  Parce que, j’aurai bien voulu faire autre chose moi à ce moment précis. Genre, rentrer chez moi, prendre une douche, me foutre dans mon lit, mais non, rien de tout ça. Foutu accident. Foutue heure tardive. Foutue nuit. Foutue vie. Je suis tellement fatigué que rien ne me va ce soir ! C’est la merde totale ! C’est quand la jeune femme termina de prendre les photos que je sors de mes pensées et finit rapidement de remplir ma partie des papiers. C’est mal écrit. Je ne voie pas grand-chose. Mais pour le coup. Je m’en contre fiche ! Relevant la tête vers elle, j’acquiesce sans un mot, me retirant de ma table du soir, alias le capot de la voiture emboité dans l’autre et la regarde mettre en route le moteur. Tout a l’air de fonctionner chez elle, bonne nouvelle, on aura moins d’efforts à fournir. Je plie les papiers en deux et les fourre dans la poche de mon jean avec le stylo, me préparant psychologiquement à l’étape suivante en soupirant profondément … Aucune envie ce soir !

Elle revient ensuite vers moi pour la seconde voiture. Ah oui, elle a raison. « Oui, vous allez diriger, et moi je vais pousser. » C’est plutôt logique quand on compare nos deux silhouettes, nos deux corpulences. Disons, que mes muscles sont légèrement plus visibles que les siens, rien de bien flagrant … Ah la fatigue je vous dis ! Je mets les clés sur le contact, tente de démarrer, rien ne vient. Je soupire. Une nouvelle fois. Bon, je mets le contact sans le moteur, afin de débloquer simplement le volant et permettre ainsi à la jeune femme de prendre les commandes. Et dire que jusque-là je voulais que personne ne touche à ma voiture. Voilà le résultat. « Allez-y » Lui dis-je doucement en la laissant prendre position dans le siège conducteur pendant que je me prépare à pousser le cul de la voiture. J’attends un moment avant d’apercevoir un geste qui attire mon attention, comme un signal de départ. Les pieds dans le sol, les épaules parallèles à la carrosserie je pousse, doucement la voiture commence à se mouvoir et je souffle comme je le peux. Je continue à pousser, voyant le véhicule se diriger avec plus ou moins de facilité vers le trottoir. Oh bordel ce que c’est dur ! Je pousse encore, cette fois plus fort et voit que la voiture a pris de l’élan, me permettant de  galvaniser mes forces. Je ne sais pas combien de temps il nous a fallu, mais à la fin, je peux le dire, nous avons réussi. Une fois le véhicule stoppé, je m’assois par terre, appuyant mon dos contre la carrosserie de ma voiture, non touchée par l’accident, et reprend ma respiration. « Beau travail d’équipe … » Tentais-je entre deux fortes respirations.