WAITING FOR A RIDE, AT NIGHT THE CITY GROWS の SEPTEMBRE

Le ciel s'assombrissait déjà et la jeune femme pressait le pas, c'était bien la période de l'année qu'elle craignait le plus. Elle allait en cours, il faisait encore nuit, en rentrant pas un brin de soleil non plus. Et pourtant, elle trouvait ça finalement assez réconfortant, ça sentait bon les soirées tv emmitouflée dans une couverture polaire, dans son appartement vide sans personne – ouais de suite ça fait moins envie. Elle s'amusait à faire balancer son sac sur son bras tout en rejoignant l'abri-bus où elle s'assit sagement sur le banc en attendant la navette pour rejoindre l'autre bout du campus, non loin de l'appartement qu'elle partageait avec d'autres étudiants. Pianotant sur son téléphone pour noyer l'ennui, elle relevait de temps en temps la tête pour surveiller les allers et venus des passants, s'attardant finalement sur une passante si inconnue. Visiblement, Septembre ne l'avait pas repérée et Shae en profita pour se lever, plaquant ses mains contre les yeux de la blonde. « BOUH ! » Elle la relâcha en riant. « Faut que je tombe sur toi par hasard pour te voir Carpenter, tu me fuis ou quoi ? » Elle lui fit un petit sourire taquin avant de rapidement rentrer ses mains dans ses poches pour les réchauffer, jetant toujours un coup d'oeil furtif dans la rue pour surveiller l'arrivée du bus.

L’hiver a ce cote chaleureux que j’aime beaucoup. Je suis née en hiver, et j’ai en partie grandi dans un pays qui était en grande partie plongée dans l’hiver. C’est peut-être pour cela que j’aimais autant cette période. De plus, avec les journées qui se raccourcissaient, il n’y avait plus d’excuses pour rester chez soi le soir devant la télévision avec un bon chocolat chaud. C’était parfait. Les températures commençaient à chuter drastiquement, et on ne pouvait plus sortir sans écharpes ou chapeaux. Je venais de finir mon dernier cours de la journée, et comme tous les autres jours, il faisait déjà nuit quand je sortais de l’auditorium. Absolument pas déprimant, j’allais en cours, il faisait nuit, je rentrais chez moi, il faisait nuit. Ecouteur dans les oreilles, je marchais pour rejoindre l’arrêt du bus pour me rendre chez moi. Je venais d’emménager dans une colocation avec Palmyr, une autre Quincy, et j’avais encore du mal à me dire. Absorbée par ma musique, je sursautais en entendant un bouh. Je me retournais pour voir Shae. « Surtout ne me donne pas une crise cardiaque. » Dis-je en rigolant. « Que veux-tu, j’ai un emploi du temps de ministre. Faut prendre rendez-vous. » Le pire dans cette blague, c’est qu’elle était vraie. Je n’avais pas de temps, avec l’approche des examens de fins de sessions, j’étais à bout avec les révisions, et en même, je continuais de prendre des photos. En gros, impossible pour moi de trouver beaucoup de temps.

La blonde observait la vapeur qui émanait de la bouche de la jeune femme tandis qu'elle parlait, resserrant ses bras autour d'elle-même pour se réchauffer un peu, dansant d'un pied à l'autre dans le même but. « Non mais je rêve ! Il va falloir que je passe par le secrétariat de madame Carpenter pour pouvoir la voir ? On marche sur la tête ! » protesta-t-elle avec un faux air offensé, donnant une petite tape sur le bras de la Quincy avant de lui sourire, un peu moins agressive. Shae repéra le bus au bout de l'allée et elle reporta son attention sur Septembre une petite idée en tête. « Tu as quelque chose de prévu ce soir ? Puisque je t'ai sous la main, on pourrait aller manger un bout en ville ou bien on commande quelque chose et on mange chez moi ou chez toi ? » Elle rit doucement tandis que le bus ralentissait pour s'arrêter à leur hauteur. « Alors ? Enfin si ton emploi du temps de ministre te le permet ! » A vrai dire, elle avait elle-même du mal à trouver un moment à accorder à ses amis et puis mine de rien son engueulade avec Victoria l'avait un peu secouée, elle préféré donc faire profil bas en ce moment. Mais quitte à avoir Septembre sous la main, elle ne serait pas contre une soirée entre filles.

J’observai Shae qui semblait avoir froid. Je ne dirais pas le contraire, qu’il ne faisait pas un peu frisquet en ce début de soirée. Personnellement, je trouvais cela agréable, normale, et je n’avais pas besoin de me réchauffer beaucoup. Seulement, tout le monde ne venait pas comme toi, d’un pays nordique, où il faisait froid plus de la moitié de l’année. Je rigolais au commentaire de mon amie. « Non, ça va. J’ai pas encore de secrétariat. Faudra juste que tu passes par ma boîte mail. » En vérité, avec l’approche des examens, j’avais beaucoup de travail, en plus du boulot que j’avais pour les cours. Ma vie sociale en prenait un grand énorme. Je m’étais promise de ne plus abandonner mes amis en cette nouvelle année, mais je faillis deja à cette promesse. J’allais devoir me rattraper, et je crois que Shae ne me laissait pas le choix quant à passer la soirée avec elle. Le bus arrivait. Ce n’était pas le mien, et donc je devrais faire un choix rapide. « On peut aller manger un bout en ville. Je viens d’emménager et c’est encore un plus le bordel dans ma chambre. » Puis, je ne voulais surtout pas paraître trop envahissante envers Palmyr, déjà que j’avais mes trois animaux, si en je ramenais une amie la première semaine, je me disais que c’était peut-être trop. De plus, je n’avais pas été mangé en ville depuis un moment. En hiver, je préférai rester chez moi, sous ma couverture avec une bonne soupe chaude.

Shae siffla entre ses dents, simulant l'admiration. « Mince alors tu te gères toute seule ! Bon je ferai un effort à l'avenir, je manquais un peu de Septembre, c'est mal de pas donner de nouvelles, je viendrais les chercher maintenant ! » Elle lui proposait donc ensuite de prolonger leurs retrouvailles en mangeant ensemble. Le bus arrivait et la jeune femme acceptait donc d'aller manger quelque part en ville, le bus qui s'arrêtait devant elles les emmènerait sûrement dans un coin sympa. « Marché conclu ! Allons-y alors ! » Elle entraîna la blonde dans le bus, s'installant au fond de celui-ci, à cette heure-ci, il y avait relativement peu de monde et le froid en décourageait certain de sortir le soir. Autant dire qu'une fois en ville, Shae retrouva avec plaisir l'ambiance chaleureuse encouragée par les lumières des restaurants dans les rues, même si le monde ne se bousculait pas, elle aimait être entourée ainsi. Elles marchaient à la recherche d'un restaurant, choix qu'elle laissait volontiers à la Quincy. « Alors, comment s'est passé la rentrée ? Dure j'imagine vu que tu ne me voyais plus mais encore ? »

Je n’avais pas vraiment un emploi du temps de premier ministre, je passais tout simplement beaucoup de temps à étudier. J’avais énormément de lacunes dans mes cours après mon année sabbatique, et ainsi je les rattrapais en passant mon temps à étudier, à apprendre des formules de maths et d’économies, des chiffres d’affaires, des lois de finances, que des trucs qui ne me disaient rien. Je me rendais compte que je devais souvent faire deux fois plus de travail que certains de mes camarades de classe, mais je ne m’annonçai pas encore vaincu. Les premiers examens arrivaient bientôt, et j’allais montrer que j’avais ma place dans ce programme. Toute fois ce soir, ça serait un peu de décompression et passer du temps avec Shae. Avant mon départ, on se connaissait un peu, aimant passer du temps ensemble. J’espérais qu’avec mon retour, nous puissions mieux apprendre à nous connaître. C’était quelque chose d’important. Nous montions dans le bus et prirent place au fond du bus. Il n’y avait pas beaucoup de monde, et surement que les restaurants de la ville seraient calme aussi. « Plutôt bien en fait! Même si c’est dure parfois. Et oui, tu sais, t’es l’existence de ma vie. Et toi, alors tout se passe bien? Toujours cabot? »

Shae se savait changée depuis l'année précédente, les événements qui s'étaient enchaînés depuis janvier l'avaient changée, elle le sentait, elle le savait. Il y avait eu cette histoire avec Alaska l'hiver dernier, son départ en mai qui l'avait touchée plus qu'elle ne l'aurait pensé, il y avait eu Adam auquel elle s'était attachée malgré elle, son départ, encore une fois, elle s'était sentie lésée. Puis son engueulade avec Victoria à la rentrée, son été de camée, elle n'était pas grandement heureuse. Alors elle comptait sur de nouvelles rencontres ou plutôt apprendre à mieux connaître ceux qui avaient croisé sa route à l'instar de Septembre. Étrangement, elle aspirait au calme, elle voulait se savoir appréciée alors que pendant des années elle s'était évertuée à devenir l'insupportable fille qu'elle pouvait être. « Je savais bien que tu ne pouvais pas te passer de moi. » dit-elle avec un sourire complice. « Non, j'ai quitté la Cabot à la rentrée pour rejoindre les Eliots. Quant aux cours, je me débrouille comme toujours, je devrais réussir à avoir mon semestre sans grands soucis. » Elle sourit s'arrêtant devant un restaurant quelconque. « On va ici ? »

Je me posais souvent la question ce que les gens diraient sur moi, si ils savaient ce que j’avais fais l’année dernière. Est-ce qu’ils me jugeraient d’avoir été si faible de devoir me faire interner? Est-ce qu’ils me repousseraient car j’étais une cause perdue pour eux? Pour cette raison, je me faisais discrète. Je n’avais pas envie que les gens parlent derrière mon dos, me critiquent sur mes choix. Toutes personnes qui me connaissaient savaient pourquoi j’avais fait ce choix, pourquoi j’avais du faire ce que j’ai fais. Toute fois, nous ne sommes jamais à l’abris des rumeurs que des personnes viles répandaient. J’acceptais qui j’étais, et je savais que pas tout le monde ne m’aimait, c’était leur droits. Je ne cautionnais tout simplement pas les ragots pour decréditer et discriminer autrui. Toues ses raisons faisaient que je restais dans mon coin, ne sortant que rarement. Je ne pouvais pas dire non à Shae. Je devais faire un effort d’aller vers les gens, c’était ce que mon psychologue m’avait dit, m’ouvrir vers les autres, et oser aller vers eux. J’aimais passer du temps avec elle, alors pourquoi dire non? Nous nous asseyons au fond du bus. Shae t’avoua qu’elle avait quitté la Cabot pour rejoindre les Eliots. « D’accord. Tant que tu t’y sens bien chez les Eliots, c’est le plus importants. » Quelques minutes plus tard, nous descendions du bus pour trouver un restaurant qui semblait sympa. « Yup, tant qu’y a des options végétariennes. Ça me va. » Je devais être trop chiante pour aller manger avec.