Mattheo ‡ Bad Habit

Les soirées s'enchaînent, les mêmes sensations dévastatrices de ma clope au bec continuent encore et encore, l'alcool coulant dans mes veines m'apportant un instant sécurité et chaleur, je me sens bien, fort et indépendant devant en réalité tant de dépendance en ces substances qui m'aident à tenir le coup ces derniers temps. Aujourd'hui ne déroge pas à la règle, les verres se sont ajoutaient les uns après les autres, laissant peu de place à quelques pas de danse bien millimétré de collé serré avec de parfaites inconnus, encore plus amochées que moi. Las devant tant de facilité à emballer la première venue, qui me dévorait des yeux, je quitte la salle pour rejoindre l'air frais qui me frappe le visage d'une claque bien placée qui résonne encore dans ma tête, allumant comme un robot et pour instinct de survie une cigarette, que je porte à ma bouche pour tirer une taffe et laisser la fumée envahir mes narines et embuer mon esprit encore un peu plus. Lorsque la voix d'une jeune femme se fit entendre à mes côtés, Zoia, j'esquisse un sourire à la voir, l'invitant encore à venir auprès de moi, à croire que c'est notre façon de se rencontrer, pas très glamour. On se nique les poumons pour oublier ... Et toi la soirée n'était pas assez intense que tu préfères prendre l'air ? Oui pour oublier que la vie est bien trop compliquée, qu'entre noir et blanc il n'y a qu'un pas, entre vivant et mort que quelques secondes d'inattention, que tout peut basculer d'une seconde à l'autre et qu'il faut donc profiter de chaque instant.

Mon problème ? Non je n'avais pas de problèmes, du moins je ne supportais pas qu'on le dise de cette façon, d'une manière si réelle, si franco .... J'ai pas de problèmes ... Juste plus je comprends ma vie et plus j'aime l'alcool et les femmes ! Oui pour le moins c"'était clair, mais l'alcool dans les veines étaient là et comme on dit, une fois un peu éméché les vérités sortaient beaucoup plus facilement, comme si tous les tabous ou encore toutes les limites qu'on se fixait pouvaient voler en éclat. Zoïa s'installait finalement à côté de moi, je la regardais faire avant qu'elle ne me pouffe plein de fumée dans la tronche, tirant à mon tour sur ma cigarette. Parce que tu sais danser ... j'demande à voir, j'timagine plutôt avec un balais dans le cul ... Oui je la défis, après tout je ne sais même pas ce que je dis, demain je ne m'en souviendrais surement pas, mais je laisse échapper un rire amusé, oui elle faisait l'offusquée, alors que nos corps étaient presque à se frôler, la froideur et la chaleur se mélangeant tranquillement. Soif ? Je sortais alors ma flasque de mon manteau, un peu de whisky, je n'avais que ça faudrait faire avec. Tiens ... mais boit pas tout ! Quoi que y avait peut être pas que du whisky, peu importe ça devait surement faire du bien ...

Je n'étais pas devenu totalement idiot faut dire, et puis peut être parce que ma tête était bien remplie à l'avance -modestie on- ... Ce que j'aimais dans cette situation, dans cette femme, c'était son côté à s'en foutre de tout, comme si elle prenait la vie à la légère, qu'elle ne se prenait la tête pour rien et laisser les mots sortir comme sur un coup de vent, un coup de folie, peu importe les répercussions parce qu'après tout elle se sentait tout simplement vivante ! J'pourrais pas te convenir alors si tu aimes les femmes ... pas que je sois pas prêt pour la chirurgie mais j'aurais peur d'abîmer mon corps parfait ! Cela serait parfaitement bête, certaine serait déçue. Puis elle évoque la danse, dont elle doit être une déesse, même si je ne crois que ce que je vois, je n'aurais peut être pas du en dire autant car une fois qu'elle eut bu un coup de whisky au passage, elle finit par se lever pour danser la salsa autour de moi, ses hanches se dandinent avec classe et assurance, et j'ai l'impression de servir de pot de fleur qui est raide comme un clou. Je la regarde de la tête au pied, ses quelques pas font leurs effets y a pas à dire, qu'elle en devient désirante, l'alcool ne fait pas bon ménage à croire. Moi aussi je peux te faire la parade nuptiale à ma façon hein ... Avec beaucoup moins de classe et de sensualité, je me mettais à faire la vague avec mes bras en parfait benet de la danse, ridicule mais l'intention était là, puis je mouvais mes hanches presque à la façon de JM Généreux, presque j'ai dis !

Je ne sais pas si continuer à boire, fumer, faire la fête et encore plus me retrouver finalement souvent en compagnie de Zoïa était une bonne idée, mais peu importe après tout, le feeling semblait passer lorsque l'alcool parcourait notre corps ardent, et que la fumée venait carboniser nos poumons. Le temps semblait comme arrêtait, nous étions là tous les deux l'un avec l'autre, sans se soucier de ce qui allait pouvoir se passer, de ce qui pourrait être interprété, répété, nous étions juste nous même, pleinement vivant. Me rapprochant d'elle pour que finalement nous ne fassions qu'un même si mes mouvements trahissaient le port de ses bras, de sa tête et la perfection de ses gestes. Son souffle dans ma nuque, les mots s'enchaînent alors que la danse s'est interrompu un instant, je me retourne, alors que nos visages se trouvent bien trop proches ... nos lèvres se frôlent presque durant quelques secondes. Et te perspectives du soirée ? Femme ou hommes ? Non pas que je ne partage pas, mais je n'étais pas clean dans ma tête, et ce n'était réellement pas mon habitude de sauter direct sur la proie, autant faire languir un peu ... mais aussi être fixé !

Les pas se sont arrêtés nous laissant l'un et l'autre collé presque l'un à l'autre, nos regards se consument entre son regard de braise et mon regard froid. Elle m'attire dans son monde totalement opposé au mien, comme si les anges et les démons, le feu et la glace pouvaient ce soir s'enlacer laissant apparaître artifice et étincelles. Les mots qu'elle prononce me font un instant me sentir vivant, comme si la perspective de continuer ma soirée en sa compagnie, en présence de cette femme si atypique mais si envoûtante par son regard et ses écorchures perceptibles me faisaient vivre à m'en époumoner encore un peu lorsque je tirais sur ma cigarette une dernière fois avant que le feu incandescent ne s'éteigne. Levant ma main pour venir caresser le flanc de sa joue un instant, mes yeux ancrés dans les siens, nos corps trop proches pour être raisonnables quelques secondes de plus. Au contact de sa peau, une décharge me parcours, reflet de cette tension qui existe et comme pour me prévenir de ne pas franchir cette ligne sinon rie ne serait comme avant.