Ses poings qui saignaient et l'adrénaline qui n'en finit pas de monter. Le souffle coupé, elle s'éloigna, la peur ne semblant pas l'arrêter. Elle était prête à tout, juste pour sa dose, pour de la mauvaise came. Le teint pâle, la lèvre inférieur fendue, elle court, pensant pouvoir échapper à ce qu'elle venait de faire. Il l'avait cherché bordel ! Il l'avait lâchement intimidée, coincé contre un mur, sa main intrusive touchant ce corps qui ne lui appartenait plus vraiment. Elle l'avait repoussait, avait planté ce couteau qu'elle ne lâchait jamais dans son cou et couru, encore et encore. Ses pieds fatigués, meurtris, elle s'arrêta un instant, reprenant doucement son souffle. Les regards des passants, inquiets, méprisants, scrutateurs et gênants. Pris d'un haut le cœur, elle cru presque qu'elle allait rendre le fond de son estomac sur le sol mais non. Juste le souffle coupé. Une main se posa sur son épaule et elle hurla, la repoussa et se remit en route. Elle n'avait besoin de l'aide de personne, n'avait besoin de personne. Tout le monde lui voulait du mal et lui cherchait des problèmes. Un gémissement plaintif se fit un chemin entre ses lèvres rougies par la violence. Mairin s'engouffra dans une rue, plus déserte. Un bar, de la musique. Elle scruta un instant les lieux. Tout ça lui semblait un peu irréel. Elle ne savait pas où aller. Son appartement devait être déjà saccagé par les gens qui voulaient l'attraper, elle n'avait nul part où aller. Reniflant peu élégamment, elle pesa le pour et le contre, une main dans ses cheveux emmêlés ; Elle finit par avancer et y entrer. Les lieux étaient comblés de monde. Mairin fut un instant secoué par toute cette folie passagère. Elle lança un regard au serveur et lui commanda son alcool le plus fort, il l'observa, lui aussi, curieux. Elle voulait le remballer sèchement. Elle saisit violemment le verre qu'il lui tendit et le vida, laissant l'alcool lui brûler la gorge, la douleur s'imprégnait d'elle. Soupirant, elle s'éloigna et finit par se diriger vers les toilettes. Une jeune fille était déjà là, face au miroir crade des chiottes. Mairin l'ignora alors qu'elle sortait son nouveau trésor de la poche arrière de son short. Une pilule et elle inspira, rejetant la tête en arrière attendant simplement que ça fasse effet et qu'elle s'oublie.
Elia est mort... Elia est mort... Cette information tourne en boucle dans mon cerveau, comme un hit des vacances que l'on entend toutes les heures et que l'on fini par détester à trop l'entendre, mais quand même à fredonner parce qu'on le connait par coeur à faire de l'écouter sans le vouloir. Sauf que là, c'est différent, c'est quelque chose d'horrible... Une information que je désirerais oublier, que j'aimerais ne jamais avoir entendu, comprise même... Une information qui n'aurait jamais du être... Sans moi, elle ne l'aurait pas été... Il ne serait pas mort... Sans moi, Elia serait vivant... Vivant comme je suis sensé l'être... Sauf que je n'arrive plus à l'être, je suis comme une âme damnée, errant sans but... Une seule phrase tournant dans ma tête... Elia est mort... Pas même un j'ai faim, j'ai envie de dormir... Non rien de cela... Je mange parce qu'on m'y force, parce qu'on me laisse pas tranquille... Sauf que je n'ai pas faim, je n'ai plus faim... Je veux juste oublier cette phrase, cette réalité... Cette réalité qui fait que j'ai les sangs de mon propre frère sur les mains... Cette réalité qui me consume petit à petit... J'aurais préféré être morte à sa place, ou avec lui, c'est au choix... Mais il ne pouvait pas me laisser comme ça, pas alors que cette sortie, c'était ma faute... Il ne pouvait pas être mort ! Je refusais cela... Pourtant, c'était bien son corps que l'on avait enterré ce matin... Son corps qui maintenant était six pieds sous terre à cause de moi... J'aimerais le rejoindre... Sauf que ma lâcheté m'empêche de franchir ce cap, de prendre ce stupide couteau que je fixe et de me trancher les veines. Les larmes ont d'ailleurs cessées de couler sur mes joues, parce qu'elles ont été trop nombreuses et parce qu'après un moment pleurer devient... illusoire ?
Je sursaute alors en entendant la voix d'autre Quincy dans le couloir... Je ne peux plus rester ici... Trop de rire, trop d'éclat de joie, de manifestation de bonheur... Je fuis alors, sur un coup de tête sans même savoir où aller... Je fuis pour oublier et je me retrouve là.. Dans ce bard sans trop savoir comment... Ce bar pas accueillant, ce bar aux allures malsaines... J'ai franchis la porte... Parce que même si je fuyais les éclats de rire, je ne voulais pas rester seule, alors je suis rentrée dans ce bar de débauchés. M'installant à une table et commandant mon premier verre d'alcool, qui fut rapidement suivit d'un autre et ainsi de suite... Parce qu'en réalité, ça me soulageais... Mais ce n'était pas suffisant... L'alcool embrumait mes sens, mais pas ma conscience... pas encore... Alors j'ai continue à boire un moment... Avant de me sentir mal et de me lever d'un coup pour aller aux toilettes, titubant un peu pour m'y rendre.
Alors j'y suis et devant la cuvette je tombe à genou pour vomir mes tripes, ou plutôt simplement le trop plein d'alcool. Je vomis mes consommations de la soirée ainsi que le reste de mon repas pas encore totalement digéré... Je frotte ensuite mes lèvres, d'un revers de manche et je reste collé à cette cuvette un moment, malgré l'odeur dégueulasse de celle-ci... Je déteste ça... Je me relève tant bien que mal pour finalement marché jusqu'à l'évier, pour me regarder dans le miroir. Je me fixe un moment avant de glisser mes doigts sous l'eau tandis qu'une autre fille rentre. Je la suis du regard dans le miroir avant de la voir prendre un cachet. Je reste silencieuse, mais continue de la regarder... Intriguée... Je finis néanmoins par décrocher mon regard de son reflet et passer mon visage sous l'eau pour essayer de me rafraîchir un peu les idées... Tout en cherchant à continuer de fuir... mais l'alcool seul ne semblait pas être une solution... ça me donnait juste l'impression d'être encore plus une déterrée qu'autre chose... Je pose mes mains de chaque côté de l'évier, m'appuyant sur celui-ci en le fixant, comme si la putain de solution à mon problème allait sortir de celui-ci... Qui sait, après la lampe et le haricot magique ça allait peut-être être l'évier magique non ?
Dangereuse enfant perdue, Echo avait fuie. Encore. Toujours. Elle avait ce don, si particulier, de se retrouver dans les situations les plus embarrassantes, dangereuses ou ridicules sans vraiment le chercher. Sauf que cette fois-ci, elle avait fouillé la merde ... Pour une stupide dose. Junkie, qu'elle murmura alors que son reflet lui semblait pâle, sans intérêt. Sa main blessée trembla alors qu'elle l'ouvrait et la fermait, essayant de la dégourdir. L'odeur de ces chiottes lui donna la nausée ou plutôt l'accentua. Soirée de merde, monde de merde, humanité de merde et elle aurait pu continuer comme ça longtemps, sans se lasser. Il y avait tant à dire sur son prochain et toute la connerie qu'il contenait ... Elle était un bel exemple, d'ailleurs. Allégorie de la débauche et la riot-girl dans toute sa splendeur ... Elle serra les dents, l'image du sang qui coulait et le cri de douleur qu'avait poussé son bourreau flagellant son esprit. Elle ricana, se trouvant tellement pathétique. Pourquoi devait-elle se foutre autant dans la merde ? Il était temps d'oublier, de s'oublier, d'exalter, de jouir ... Et tout ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin aux effets de "la drogue de l'amour", l'ecstasy. Echo posa une première pilule toute ronde sur sa langue avide avant de fermer les yeux, prête à sentir sa peau se hérisser et son coeur s'emballer. Ses yeux bleus finirent par refaire surfaces, se tournant vers la jeune blonde près d'elle. Celle-ci n'avait pas l'air au mieux de sa forme ... Mais qui pouvait bien l'être pour réussir à se retrouver dans un bar miteux tel que celui-ci ? Echo hésita, la conscience se noyant peu à peu dans l'extase. L'auto-destruction et son envie d'y emporter les autres refit surface. Elle piocha un autre rond blanc de son sachet, et se dirigea vers l'inconnue. Hey, tiens prends ça, ça va te détendre. Sans chercher vraiment à comprendre, elle posa la drogue près du lavabo avant qu'un sourire ne vienne étirer ses lèvres rougies C'est l'pied, tu vas voir. Elle rangea son bordel dans la poche arrière de son short avant de se diriger vers la sortie. Poussant la porte d'une main, elle s'immobilisa un instant, la tête à demi tournée vers la blonde, la musique de la salle assombrie filtrant par l'embrasure Si t'as b'soin de compagnie ou juste de t'éclater, j'suis pas loin. Et sur ces mots, elle sortit des toilettes avant de se diriger finalement vers le bar. Le serveur lui jeta un autre regard mais n'insista pas comme il l'avait fait quelques minutes auparavant. La substance commençant lentement à faire effet, Echo sentit ses jambes êtres prises de tremblements incessants, sa peau se couvrir de chair de poule. Plaquant brusquement sa main sur le bar, elle cria au serveur de lui apporter quelques shots de vodka ... Se perdre encore et encore, sans jamais s'arrêter aussi perchée qu'une pute camée.
Mon regard rivé sur le fond de l'évier, je le fixe, essayant de retrouver une certaine contenance si je puis dire alors que je cherche juste à fuir, encore et toujours. Je cherche à oublier tout ça, oublier la mort de mon frère, l'accident, tout... Sauf que je n'y arrive pas... C'est navrant... J'aurais aimé perdre la mémoire sur ça... Oublier l'accident oublier tout... Sauf que non, le choc que j'avais eu à la tête n'avait en rien influé sur ma mémoire, ainsi je revoyais encore les phares de ce camion qui nous à foncé dessus... Je ferme les yeux, comme pour chercher à éviter de me remémorer ça, sauf que non, ça ne change rien. C'est même pire. Mon coeur semble battre plus fort sous le coup de stress que je viens d'avoir à me repenser à ça. Preuve de mon masochisme en quelque sorte. Mes doigts sur l'évier son crispés, la jointure de ceux-ci blanchi à cause de la force que je mets à serrer celui-ci. Je sursaute quand j'entends alors la voix de la jeune femme. Je l'avais occulté. pour moi, j'étais seule dans cette pièce à nouveau. Je regarde un instant ce qu'elle vient de poser sur l'évier pour moi avant de relever la tête dans le but de l'interpellé pour demander ce que c'était... En vain. Je ne vois plus que la porte battante marquant le départ de celle-ci. Je reste alors un moment silencieuse, à regarder le comprimé, en me demandant bien ce que cela pouvait être... Mes doigts finissent par se poser dessus et je le saisis pour le porter à mes lèvres. Quoi que ça puisse être, ça ne sera jamais pire que la réalité et si cela me tue... Tant mieux j'ai envie de dire. Je laisse le comprimer fondre dans ma bouche, cherchant à comprendre ce que cela pourrait être. Le goût ne m'est pas familier. Je reste face à ce miroir un instant, cherchant à comprendre à savoir de quoi il s'agissait. On m'avait toujours dit de ne pas toucher à ce genre de trucs, parce que oui, j'avais fini par comprendre qu'il s'agissait de drogue... Il ne fallait pas être con pour le savoir... Mais bon, de toute façon, je n'avais plus rien à perdre. Je n'avais plus mon frère, je n'avais plus Nate et mon année était fichue... Puis personne ne me comprenait, personne n'était apte à réalisé à quel point j'étais fautive dans cet accident comme il le qualifiait tous...
Je finis par sortir des toilettes, les pupilles dilatés, je m'approche du bar, pour venir rejoindre la fille, parce que je ne me voyais pas rejoindre quelqu'un d'autre. Puis surtout, je ne réfléchissais plus. Prenant place à côté d'elle dans un geste lent et mal-assuré, je m'accoude au bar, recommandant un verre de bière. Parce qu'au final, je restais une petite joueuse à ce niveau-là et malgré mes vingt ans, je n'avais pas goûté beaucoup d'alcool. Puis même si j'ai rejoins la fille, je ne lui adresse pas un mot autre qu'un "merci.". Un merci pour le comprimé, puis je ne savais pas trop quoi dire...
Transportée, elle attendit. Enchaînant les shots d'alcool aux goûts divers, Echo fermait les yeux, de temps à autres, laissant sa tête s'embarquer dans la musique, tournant et tournant la tête, la bouche pleine d'un goût brûlant. Avalant son dernier verre, elle le posa sur le bar, sous le regard intrigué mais presque blasé du serveur. Elle ne devait pas être la première âme paumée qu'il voyait. Fixant le bar, elle semblait fasciner par l'usure du bois, les traces de verres, ses doigts meurtris d'avoir trop frappés. Putain que ça l'emmerdait tout ça … Se fourrer dans des histoires dignes des films les plus pourris de l'histoire du cinéma, elle était réellement poursuivi par la poisse. Ou juste débile. Tournant et retournant son index sur le rebord du shot, elle voulut redemandant une tournée avant qu'un « Merci » presque timide vienne l'interrompre. Ses yeux s'ouvrirent un peu plus et elle détourna la tête, découvrant la jeune blonde des toilettes. Elle resta silencieuse un moment. Pourquoi la remercier ? Elle n'avait rien fait. Elle n'était qu'une lâche. Merci de l'emmener dans un monde de merde ? Quoi que … Vu son état de tout à l'heure, elle n'avait pas l'air déjà bien en forme. La scrutant de haut en bas, sans aucun mépris , juste pour le plaisir d'observer, elle finit par esquisser un sourire « Y a pas d'quoi ! » dit-elle finalement. Elle reprit avec toujours plus d'entrain « Je m'appelle Echo et je présume que tu oublieras ce nom assez vite et que tu me prendras pour un rêve demain » Elle observa l'inconnue commander une bière puis se décida à prendre la même chose. Du moment que c'était de l'alcool, peu lui importait. Trempant ses lèvres dans son verre, elle reprit son état silencieux. Toujours un peu silencieuse quand elle sentait l'adrénaline lentement monter. Et le LSD n'y était pas pour grand chose pour l'instant … Posant son verre, elle finit par tourner son regard vers la jeune fille près d'elle, ne sachant pas si elle devait se montrer curieuse, ce qu'elle était rarement, sur la tristesse qu'elle avait vu briller dans ses yeux quelques minutes auparavant ou simplement lui faire la conversation. Détournant finalement les yeux, elle reprit « Tu sentiras les effets dans une trentaine de minutes. J'en prends quand je vais bien , quand je vais mal, quand je m'ennuie, quand je baise, quand … j'en ai envie. Faut pas avoir peur. » Elle lui glissa un regard en coin, son sourire malicieux reprenant place sur ses lèvres « T'en as déjà pris ? De la drogue ? Ou je suis ton initiatrice officielle ? » Croisant les jambes, bien assise sur son tabouret, elle glissa son doigt dans un des shots, recueillant la liqueur qu'il y restait avant de sucer son index, peu consciente de son geste indécent et appelant à la débauche. Relâchant son doigt, elle scruta la jeune femme avant d'hausser un sourcil « Est-ce que tu veux te sentir bien ? Aller mieux ? Ou au contraire, t'as envie de t'enfoncer ? C'est ça la question qu'on se pose tous les jours. Se sortir la tête de l'eau quitte à avoir peur de respirer et de se prendre d'autres coups ou … continuer de se prendre des coups un peu plus douloureux et toujours s'enfoncer en s’anesthésiant le cerveau pour être un peu plus lâche ? » Elle perdit lentement son sourire, son regard s'assombrissant un instant, des souvenirs bien douloureux refaisant peu à peu surfaces.
Le verre de bière arrive devant moi et mes mains se posent tout naturellement autour, épousant la forme de celui-ci pour tenter de le tenir comme on le ferait avec une tasse de chocolat chaud en hiver, sauf que ce n'est ni du chocolat chaud, ni même la période hivernale. On est en juin, alors non, il ne fait pas froid, on a pas besoin de boire quelque chose de chaud, même si on dit souvent que l'alcool réchauffe, ça endors juste les sens, comme cela le fait avec moi depuis que je suis là. Je fixe mon verre, alors que la fille parle à côté de moi, mon merci lui ayant signalé ma présence à ses côtés. Je ne relève d'abord pas la tête, continuant de fixer mon verre et les toutes fines bulles qui remonte du fond de celui-ci. Je suis comme hypnotisée par cela. Mais c'est de courte durée car la fille à côté de moi se présente, alors je me redresse un peu, pour la regarder, lui adresser également un sourire alors qu'elle me dit que je ne me souviendrais probablement pas d'elle. On verra. On n'est pas encore demain, alors on ne peut pas être sur de ça. Mais en même temps, c'est elle l'experte, alors elle doit le savoir mieux que moi... Je n'ai pas l'habitude de tout cela, je ne suis pas comme Elia qui sortait souvent avec ses potes, moi, j'étais jusque là la petite fille sage, celle qui obéissait à son père, qui ne pensait qu'à ses études et à son copain... J'étais trop sage et maintenant, je pars en vrille.
"Moi, c'est Robin." Répondis-je alors tout simplement, m'attendant un peu à une réplique habituel, le célèbre Batman qu'on me sort souvent depuis que je suis toute petite... Non, vraiment avec mes prénom j'ai pas été gâtée... Déjà combien de fois on ne m'a pas prit pour un mec, surtout c'est deux dernières années, en amphi, il est difficile de retenir le sexe de tout les élèves, surtout quand certain comme moi on des prénoms mixtes plus souvent user pour le sexe opposés... Alors, j'avais limite l'habitude de répondre à l’interpellation Monsieur Chemtov. Pour mon frère, ça aurait été limite l'inverse... Elia... C'est un prénom qui fait plus féminin, le a étant associé à cela... Limite Elio, ça serait mieux passé, mais ça aurait surtout tout de suite fait plus italien ou bien est-ce espagnol ? Bref... Laissons tomber cela. Je souris à Echo, c'est un prénom étrange. Un prénom qui semble pas terminé, mais en même temps, c'est peut-être un simple surnom ? Je la regarde toujours en me poser cette question.
Elle m'explique alors comment tout ça va se passer et je me contente d'hocher de la tête, pour lui faire comprendre que je comprends et que je l'écoute, un peu comme on fait en classe quand le prof parle en nous regardant mais que l'on est pas autorisé à parlé, il nous demande d'un regard si on comprend alors on lui donne cette réponse discrète. Ici, je n'ai pas besoin d'être discrète, mais juste prononcer un oui alors qu'elle parle toujours, je n'en ai pas envie. Je me contente donc de l'écouter et puis sa question tombe. Je détourne un peu la tête. "Première fois." Murmurais-je alors comme un aveu avant de finalement rajouter. "J'aurais pas du accepter comme ça je suppose... Mais... On va dire que j'avais besoin de ça ?" J'essaie de me donner un peu bonne conscience, trouver une excuse au fait que j'ai accepté trop facilement et il est vrai que j'en avait besoin, que je dois fuir. Elle reprend alors la parole et je l'écoute, fixant à nouveau mon verre de bière. Une fois qu'elle a fini de parler, je ne dis rien, pendant de longue minutes, puis, je porte enfin mon verre à mes lèvres pour boire une gorgée. Une fois que je le recule, que j'entame le mouvement pour le déposer à nouveau sur le bar, je prends la parole, d'une voix basse, agissant comme s'il s'agissait d'une confession, parce qu'au final, peut-être que c'en était une ? Je ne sais pas trop, mais j'avais bien plus envie de parler avec cette fille qu'avec le psy qu'on m'avait collé dans les pattes suite à l'accident parce que je pourrais être traumatisé par celui-ci... Non, je n'avais pas peur des voitures, j'avais juste une culpabilité énorme face à cet accident que j'estimais être ma faute... Mais ça, le psy ne semblait pas s'y être intéressé. Tant mieux pour moi, j'étais tranquille, j'allais pas devoir me taper des séances tout les deux jours ou presque. Feindre d'aller mieux, d'aller bien... C'était tout ce que je devais faire au final, même si c'était loin d'être le cas, je n'assistais même plus à mes cours, ou plutôt, j'avais abandonné l'idée de passer mes examens. "Je veux juste... Oublier... Fuir la réalité, même si ce n'est que temporaire... Je ne veux plus me souvenir de tout ça... C'est un moyen d'aller mieux... Même si je sais que la drogue c'est une merde, que ça peut pourrir une vie... Mais si ça me permet de ne plus faire semblant d'aller bien pendant un temps, ne plus mentir être juste... Heureuse ? Un moment. C'est idyllique comme souhait... Je sais bien... Chaque chose à des conséquences... Chaque choix peut changer... Ou détruire une vie... Mais j'en ai besoin je crois... Mais à ce niveau-ci... Je ne sais pas si c'est de l'auto-destruction ou un moyen de survie précaire..." Je laisse mon index glisser sur le côté du verre, pour le mouillé et ensuite commencer à dessiner sur le bar un dessins sans queue ni tête comme ce que je suis entrain de dire. J'ai l'impression de m'être perdue dans mes propres paroles, de ne pas avoir été claire...