Elle venait de tout détruire. La nausée l'avait prise à la gorge alors qu'un grand froid avait envahit son corps. Perdue dans les méandres de ses pensées, tiraillée par la souffrance d'un mal qui se répercutait sur elle, elle attendit patiemment que la tempête passe. Mais rien. Rien ne se passa vraiment. Elle avait vu Nirvana, l'avait saluée, avait presque tenté de boire pour s'oublier jusqu'à ce qu'elle décide de tenter quelque chose. Ses pas furent rapides, les rues étaient totalement désertes mais elle espérait pouvoir la rattraper, arriver à se faire pardonner. Pourquoi ? Comment ? Le remord était le pire des connards. Il aimait s'approprier totalement son esprit, simplement pour la pointer du doigt assez souvent pour que ça en devienne insupportable. Toute essoufflée, elle aperçut enfin la silhouette de la jeune Quincy. Ne voulant pas la brusquer, elle courut jusqu'à elle et la héla « Hey ! Hum … Tu veux pas … Tu peux pas partir comme ça ! » Ca sonna comme un ordre mais elle se rattrapa bien vite, radoucissant sa voix « Désolée je … J'ai bu et j'suis pas dans mon état normale. Juste hum … Il ya quoi entre ce mec et toi ? A moins que ce soit la rouquin qui t'intéresses » acheva-t-elle, feignant de ne rien savoir à l'histoire. Le cœur battant à tout rompre, elle se devait de tout réparer. D'au moins le tenter puis elle retournerait à la fête et oublierait dans les bras de quelqu'un dont le nom lui échapperait, l'alcool coulerait partout sur son corps comme dans ses veines et peut-être que le poids de ses actes lui semblerait moins lourds à porter. Elle prit le poignet de la jeune blonde et lui offrit un sourire hésitant « Tu peux me parler, tu sais. Enfin … On ne se connaît pas et j'ai tâchée ta robe mais … Je pense pas que tu doives rester seule … Tu me permets de t'accompagner un moment ? »
Je venais de quitter précipitamment la Cabot House, les yeux emplis de larmes, les joues noircies par un mascara bon marché et le corps tremblant sous tant de décharge émotionnelle. La scène qui s’était offerte à moi m’avait totalement fait sombrer, d’un coup, d’un seul. C’était un choc gigantesque qui s’était opéré en moi, un vrai traumatisme. Le mot était fort mais c’était exactement ce que je ressentais à ce moment-là. Ma respiration était entrecoupée par de grands sanglots qui ne voulaient pas s’arrêter et une boule s’était formée au fond de ma gorge, ce qui ne facilitait en rien ma ventilation… Je me dirigeais le plus vite possible vers la Quincy House, là, je retrouverai mon lit où je pouvais m’endormir et ne plus penser à rien. Noah m’avait complètement déçue, déchirée et attristée. Il ne pouvait rien faire d’autre qui puisse me rendre aussi peinée que cela… En plus, je n’arrêtais pas de penser à la promesse que nous nous étions faites lors de notre rencontre. Celle où nous nous étions engagés à ne faire aucun mal ni à l’un, ni à l’autre. Peut-être que j’avais trop rêvée, notre relation, je l’avais certainement trop idéalisée et maintenant que ce genre de chose se passait, je ne savais plus comment agir, ni comment penser. Le bruit de mes talons résonnait entre les grands immeubles qui délimitaient les ruelles et j’essayais tant bien que mal de tenir ma longue robe qui avait tendance à trainer de temps à autres au sol.
Soudain, j’entendis une voix féminine, pas du tout nouvelle. C’était Mairin, la fille que j’avais rencontré juste avant que la scène se produise. Elle me dit que je ne pouvais pas partir comme ça… Mais qui était-elle pour me dire ce que je devais faire ? Je n’avais pas du tout la tête à parler, ni à exprimer mes sentiments… J’étais totalement fermée et la jeune femme Puis je me retournai vers elle, le visage complètement défiguré, je devais être sale à voir, puis dans tous les cas, je me fichais de mon apparence, tout ce qui m’importait dans les secondes à venir, était de rentrer au plus vite, prendre des somnifère et quitter ce monde de débauches et de tristesse me consumant petit à petit. Puis c’était dans ce genre de moment que tous mes vieux souvenirs les plus noirs refaisaient surface, se mêlant à mes émotions et augmentant encore plus l’angoisse qui m’avait prise d’assaut. Mairin me demanda ce qu’il y avait entre Noah et moi… Que devais-je répondre ? Une histoire à la Roméo & Juliette ? Vivons cachés, vivons heureux ? J’eus un léger rire jaune, bas, presque inaudible, j’essuyai mes yeux à l’aide de la paume de ma main et la regardant dans les yeux, lui répondis : « Noah et moi sommes ensemble… On est censé être un couple… » J’avais mal quand je disais ça, mon cœur se serrai et mes mains en tremblaient presque. C’était dur pour moi de sortir les mots, dur de les réaliser… Surtout. « J’en ai rien à foutre de cette fille… Franchement… » J’en perdais ma politesse, c’était mauvais signe. « Tout ce que j’aimerai savoir c’est pourquoi il a fait ça… » J’avais du mal à parler, les mots s’alignaient difficilement mais je me concentrais pour pouvoir répondre à Mairin. Finalement, elle me dit que je pouvais lui parler et me proposa de m’accompagner un moment. Pour dire vrai, je n’avais aucune envie que quelqu’un vienne avec moi… C’était bien trop compliqué et je voulais simplement être seule… « J’aimerai rentrer seule… » Lui dis-je entre deux sanglots. « On peut parler un peu… si tu veux… »
Je regardais Mairin dans les yeux, repassant en boucle dans ma tête les images de la soirée et mis de nouveau à pleurer comme une vraie madeleine. Je m’approchai de la jeune femme, complètement vidée de toute force et laissai tomber mon front contre son épaule. « Pourquoi ça fait mal comme ça ? Ca fait à peine un mois qu’on est ensemble… » Dis-je, la voix tremblante, les mains derrière le dos de mon interlocutrice…