W/ MON HOMONYME ✗ Babe, i can feel your desire yet (A)

Après une longue journée de cours, il était environ 18h quand Noah entrait dans l’Eliot House. Sa période de probation allait bientôt s’achever et comme il était prévu qu’il vienne vivre dans sa confrérie et non plus à l’hôtel dès sa validation, il décida de venir visiter les chambres libres. Deux étaient assez intéressantes, l’une exposée ouest, l’autre exposée sud. Plutôt grande et il pouvait évidemment l’emménager à sa guise. Il se donnait encore quelques temps pour réfléchir. Même s’il était important pour le volet social de vivre avec ses confrères, le jeune homme était plutôt habitué à la solitude de sa suite d’hôtel. Et c’était une grande décision à prendre pour lui que de savoir s’il était prêt à côtoyer presque tous les jours le genre humain. Il finit par descendre les escaliers, un cahier et deux livres sous le bras lorsqu’arrivé en bas il sentit une personne le cogner de plein fouet et un grand bruit retentir. C’était une manie des filles d’Harvard de lui rentrer dedans ou quoi ? Il se figea net regardant les livres au sol et la fille qui se baissait pour les ramasser. L’aider ? Non, ce n’était franchement pas son genre. La jeune fille se redressa et lorsque Noah l’entendit dire bonjour et vit son visage, il eut un choc. Il était extrêmement physionomiste et se souvenait de chaque personne qu’il rencontrait. Il restait froid esquissant à peine un sourire, sa distance légendaire, tandis que d’une voix taciturne il vint dire à voix basse : « Noa. Difficile d’oublier ton prénom ». Evidemment, il faisait référence au fait qu’elle porte le même que lui. Et il ajouta : « Que fais-tu ici ? », légèrement intrigué.

Noah n’était pas particulièrement froid avec la jeune fille. En fait, il était froid et distant absolument tout le temps. Nonobstant quelques rares exceptions lorsque la personne face à lui lui inspirait confiance et respect. La situation était tout de même loquace puisque la dernière fois que les deux jeunes gens s’étaient vus s’était après une partie de jambes en l’air, très bonne à ne pas se mentir, et comme à l’accoutumée, Noah s’en était allé après l’acte, sans mot ni regard. Alors, il fut quelque peu surpris qu’elle ne le gifle pas sur place, appréciant sa maturité. Elle lui dit qu’elle était à la Eliot, et Noah la fixait des yeux complètement impassible, aucune émotion n’était capable de traverser son visage. Il n’esquissa aucun geste avant de lui répondre : « Une Eliot ? Vraiment ? ». Il regardait autour de lui avant de reporter son attention sur la jeune fille : « Je suppose qu’il ne me reste plus qu’à te souhaiter la bienvenue dans ma confrérie ». Ainsi Noah lui disait il qu’il faisait également parti de la maison.

Noah était observateur, c’est certain. Mais uniquement vis-à-vis de ce qui l’intéressait, c’est-à-dire, pas grand-chose. Aussi, il ne s’étonna même pas de la remarque de la jeune fille qui était là depuis un moment et qu’il n’avait jamais vue. Il se contenta d’hausser les épaules, comme s’il n’en avait rien à faire. Toujours cet air je m’en foutiste, presque une seconde nature, qu’il arborait en toute circonstance même dans les plus graves. Il s’apprêtait à partir lorsque la jeune fille l’interpella pour lui demander ce qu’il étudiait. Noah eut une fraction de seconde de pause, laissant place à un rire léger et amusé, le premier de la journée, avant de revenir vers elle, lentement et impérieux : « Tu veux vraiment savoir ce que j’étudie ? Ou ce n’est qu’une question protocolaire pour me faire comprendre sans avoir à me le dire, que tu as envie qu’on prenne un café ou … autre chose ? ». Voilà son arrogance regagnée, il arrivait au niveau de la jeune fille, en face à face, de tout son charisme robotique.

Noah s’arrêta net devant la jeune fille, la regardant clairement de haut, se voulant de toute manière imposant. Il n’avait pas honte d’agir comme s’il était le roi du monde, c’était dans sa nature. Il sourit en l’écoutant tenter vainement de renverser la vapeur et de faire passer Noah pour le coureur, celui qui avait envie de rester. Au cas où elle l’aurait oublié, il était sur le point de partir et n’avait aucunement l’intention de s’attarder. Mais c’était … mignon et amusant de la voir agir ainsi, un nouveau jeu, un nouveau joué, qui même s’il l’avait déjà connu, ne pouvait être que délectable pour la part sadique de la personnalité de Noah. Un rire narquois et amusé auquel il s’empressa d’ajouter : « Je m’apprêtais à partir quand tu m’as interpelé alors ne me prête pas des intentions qui ne sont pas les miennes ». Il insista du regard une bonne fraction de seconde avant de reculer d’un pas et d’effacer un petit peu son sourire, pour ne rien perdre de sa superbe prétention : « Alors, trouve quelque chose à faire de plus intéressant que de me faire parler de mes cours sinon je reprends mon chemin et te dit à la prochaine », lui dit-il en désignant la porte d’entrée d’un signe de tête.