BANAËLLE ► you are my tuxedo and i'm your bow tie.

you are my tuxedo and i'm your bow tie.
░░░░░░░░ feat. Gwenaëlle Black-Hoover

Je n’étais pas dans mon assiette depuis quelques jours. En fait pour être honnête j’étais complètement blasé de ma vie actuelle. J’en avais marre de ne trouver personne ou de me sentir seule, alors j’étais allée voir une partie de moi. Gwen. Elle était celle qui arrivait à me rendre le sourire quand j’étais mal, et j’avais comme un besoin de la voir. J’arrivais devant son appartement sur Inman Square et je tapais à sa porte, après avoir pensée que peut-être j’allais la déranger et qu’elle ne voulait pas me voir. J’avais peur de ce qui pourrait se passer si je perdais encore une seule personne. C’était trop pour moi, trop dur. Quand je me décidais à faire de petits toques sur sa porte, je parlais en même temps. « Gweeeeeeeen, ouvre cette porte merdique sauf si tu es occupée. » J’avais dit sauf, parce que je voulais qu’elle comprenne que je lui donnais le choix. Même si quand quelque se trouve devant chez toi, tu vas pas le laisser sur le palier à ne rien faire, comme un petit caca tout court. Je m’adossais sur le mur en face de la porte, glissant jusqu’à m’asseoir sur le sol. Puis j’entendais des bruits de pas se diriger vers moi. La silhouette de Gwen se dessinait et je souriais malgré les deux larmes qui glissaient sur mes joues à cet instant. Dire que j’avais cru qu’elle ne voulait simplement pas m’ouvrir. « Gwen. »

Quelle semaine de merde. Entre les crises de manque, ma rupture avec Dixie qui quitte le pays, le fait que j'm'enferme au maximum pour ne pas subir la moindre tentation et que ça me rend finalement aussi timbrée que l'époque où j'étais en prison, je ne peux pas dire que je vais bien. Heureusement, j'ai un minimum de vie sociale dans mes cours et au salon, sinon, j'irai moi-même me faire interner. En plus de ça, Phoenix est partie quelques temps en Australie. J'ai l'impression que le monde entier m'abandonne quand j'ai le plus besoin de soutien. Putain. J'étais là, avachie sur mon canapé, enveloppée dans un jogging trop grand et un t-shirt trop déchiré, en léthargie mentale devant les émissions stupides qui passent sur MTV, une bière à la main et des restes de pizza froide sur la table basse et des tas de poubelles qui jonchaient le sol, non jetées par manque de motivation, quand j'entends des coups sur ma porte. Et une voix que j'connais plus que bien. Je me levais difficilement de mon siège, dégageant les détritus sur le passage avec mon pied et me traînais jusqu'à la lourde. En l'ouvrant, je ne vis personne à ma hauteur, mais en baissant le regard, je voyais Bane, dans un état visiblement aussi bon que le mien. Je lui tendais la main pour la relever puis, la serrais dans mes bras. Hey, pourquoi ces larmes sur tes joues ? Entre, et désolée pour le bordel, j'ai eu la flemme... Je relâchais mon étreinte pour la laisser passer dans l'entrée de l'appartement, refermant la porte derrière nous.

you are my tuxedo and i'm your bow tie.
░░░░░░░░ feat. Gwenaëlle Black-Hoover

Gwen était une amie en or. Elle était tout ce dont j’avais besoin en ce moment et j’espérais être là pour elle si un jour ça n’allait pas. En la voyant m’ouvrir et tendre sa main dans ma direction, je tendais la mienne pour qu’elle m’aide à me lever. Elle me prenait tout de suite dans ses bras avant de parler. Sa voix était reposante, vraiment. Elle m’invitait à rentrer et je ne me faisais pas prier pour exécuter ce petit pas qui me séparait de son appartement. En y entrant, je faisais le tour avec mon regard pour finalement venir me concentrer sur elle. J’essuyais les larmes sur mes joues, essayant d’avoir encore un minimum de crédibilité. J’aurais pu jouer la carte du joker, en lui disant que c’était pour qu’elle m’ouvre et qu’en fait je ne pleurais pas vraiment, mais ça aurait été lui mentir. Et je ne le voulais pas. « Je me sens tellement seul Gwen, j’ai l’impression que mon monde en entier s’écroule. Et je ne sais pas quoi faire… » Des larmes descendaient à nouveau automatiquement. Mais je ne leur laissais pas beaucoup de temps avant de les enlever d’une caresse assez douce. Je voulais passer du temps avec mon amie et venir chez elle m’avait semblé la meilleure chose à faire. « Tu as un très bel appartement hormis le désordre, mais ça… c’est chez tout le monde quand on ne s’attend pas à de la visite. Désolée de débarquer à l’improviste. » Je souriais dans le coin des lèvres comme un petit rictus pour montrer que ça ne me plaisait pas plus que ça de l’avoir dérangé. En allant vers elle, je la prenais de nouveau dans mes bras. Pour me calmer principalement, mais aussi pour penser à autre chose qu’à moi. Je la relâchais après quelques secondes et je m’éloignais de deux pas en arrière.

J'ai l'impression qu'actuellement, tout le monde va mal, que tous ces semblants d'équilibre qu'on peine à trouver se casse la gueule tour à tour, comme un château de carte devant un ventilateur posé à quelques centimètres de là. Que chacun consume sa peine comme il le peut. Moi, en ne faisant rien, mis à part voir quelques personnes. Les autres, qui viennent me voir, dans ce même désespoir qui me fait penser que je suis un chat noir, que j'enfonce les gens qui comptent pour moi dans ma propre descente aux enfers, sans le vouloir, en liant leur karma au mien. Même si c'est pas forcément vrai, ce sont mes pensées qui le dictent. J'ai les yeux écarlates et bouffis par tant de larmes secrètement versées dans de grands verres d'alcool, je dirais même de bouteilles, peu importe le nombre, les cadavres sont par terre et je ne les ai pas comptés. Je ferai presque peur à un mort, avec ma dégaine, pourtant, Halloween est finie depuis pas mal de temps déjà. T'es pas seule, j'suis là. Aussi caduque au bord du gouffre de l'écroulement de mon monde et du semblant d'équilibre que j'ai perdu...et si j'savais quoi faire pour remédier à tout ça, j'te donnerai la réponse, mais je cherche encore...et sur MTV, ils le disent pas... Je tentais tant bien que mal de marquer une touche d'humour dans ce désespoir commun qui nous tiraillait l'une et l'autre. La voir pleurer me faisait mal au coeur, ce pauvre coeur que je dois à nouveau réparer, une nouvelle fois brisé. C'est surtout une question que j'ai l'impression d'être au bout de ma vie et que le ménage n'est pas mon envie la plus forte en ce moment...et ça ne me dérange pas que tu sois venue à l'improviste, au contraire, ça m'fait plaisir. Un sourire venait fendre la dureté de mon visage, avant qu'elle ne vienne à nouveau dans mes bras. Je la serrais contre moi avant qu'elle ne relâche l'étreinte. Tu veux boire quelque chose ? J'ai...du vin, de la téquila, de l'eau, du Coca et euuuh...il doit me rester un fond de vodka et de gin quelque part. Ou j'peux faire du café ou du thé. J'savais même plus ce que j'avais à boire, mais je savais que j'avais d'autres trucs qui trainaient. J'ai toujours le bar plein, sauf si vraiment j'me suis baisée la gueule hier soir.