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Congratulations, you're dead - Robin

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CONGRATULATIONS, YOU'RE DEAD !
Cette soirée d'Halloween avait pourtant bien commencé. Tu avais croisé du monde, tu avais même profité de boire un peu d'alcool en te goinfrant de biscuits. Jay, Kaylee... Megan. Finalement ta solitude n'avait pas été si forte ce soir-là. Et pourtant regarde toi, tu rentres chez toi en marchant comme si tu n'étais plus que l'ombre de toi-même, comme une coquille vide guidée seulement par des automatismes. Tout ça pour quoi ? Parce que tu l'as croisée, ou plutôt... parce qu'elle t'a sauté dessus, pour t'humilier encore une fois. Tu sens cette douleur ? C'est ta meilleure amie, celle qui ne te lâche pas depuis le début, depuis que pour la première fois... tu as été confronté aux autres. Ca fait mal hein ? Rappelle toi... Rappelle toi comme c'était bon cette sensation de chaleur quand elle t'avait dans ses bras, ses lèvres sur les tiennes... C'est agréable n'est-ce pas ? Et bien c'est fini Nate. C'est fini.

Elle t'a laissé puisque de toute façon... tu ne mérites pas quelqu'un comme elle. Tu n'es qu'une erreur, inintéressant au possible. Sans personnalité, transparent. Une erreur, Nate. Tu aurais du crever à la naissance et ne même pas goûter à la vie. Elle ne veut pas de toi, Robin comme cette planète, personne ne veut de toi. Ressens-tu l'hypocrisie de ceux qui t'entourent ? Ressens-tu ton hypocrisie ? Celle que tu leur as servi depuis toutes ces années en leur servant des : "tout va bien, je vous assure" ? Tes parents, de simples connaissances, et maintenant tes amis à Harvard, tu leur as menti. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien, inutile, incapable... Bon à rien. Vas y, marche, cours, essaye de fuir ta détresse, elle te rattrapera toujours. Ne vois-tu pas que tu tournes en rond Nate ? Tu ne fais que tourner en rond. Chaque échappatoire n'est qu'une duperie pour mieux t'achever, pour mieux te tuer.

Crois-tu sincèrement... que parce que tu vas te réfugier chez toi, dans ton appartement... tu vas pouvoir fuir ce que tu ressens ? Oooh... je sais que tu voudrais que j'arrête de marteler ton esprit, moi, ta conscience, celle qui te rappelle un peu plus tous les jours ce que tu essayes de fuir. Ne me fuis plus maintenant, écoute-moi, laisse-moi te bercer, te dire la vérité, te faire prendre conscience de la réalité. Je ris, je ris de toi. De ta maladresse, tu es tellement perturbé que tu n'arrives même plus à entrer la clé de ton appartement dans ta serrure. Allez, essaye encore, que je continue de m'amuser. Tu es tellement pitoyable... C'est bien pour ça que tu es seul. Seul, ça te fait peur non ? D'être seul ? Tu détestes ça hein ? Pourtant... la solitude est la seule qui te convienne. Embrasse-la, ou déteste-la. De toute façon tu n'as pas le choix. Personne ne veut vraiment de toi, Nate. Personne ne veut de quelqu'un qui n'est même pas foutu de savoir avoir une conversation normale.

C'est ça, assieds toi sur ton lit, sort ton téléphone pour voir qui t'écrit. Tu ne sais bien que ce ne sont que des hypocrites. Ce Jay... Tu ne le connais que depuis quelques heures, alors pourquoi est-ce que tu lui dis tout ça par SMS ? Oooh... parce que tu es au bout du rouleau, que tu voudrais le crier mais que tu n'y arrives pas ? Nate... Nate... Nate... C'est normal. Tu n'es qu'un lâche. Tu dis que tu te bats depuis toujours, mais que fais-tu concrètement ? Mmh ? Qu'as-tu vraiment fait dans ta vie pour arrêter d'être la victime des autres ? Tu as changé d'apparence ? Bravo, j'applaudis. Ta superficialité dépasse ton inutilité. Crois-tu sincèrement que c'est parce que tu changes physiquement que les autres vont changer envers toi ? Regarde où tu en es, tu pleures seul maintenant que Jay ne te répond plus. Tu pleures seul parce que tu n'es qu'un lâche qui ne fait rien pour changer. Une erreur... une erreur qui gêne tout le monde. Et surtout Robin.

Tu te lèves ? Et pour quoi faire ? Oh je vois... tu veux me faire taire. Tu veux faire taire la seule chose ici qui te ramène un temps soit peu à la réalité. Tu veux arrêter d'entendre la vérité. Tu veux arrêter de ressentir. Tu as peur Nate, ton ventre se tiraille, tu es effrayé. Ton souffle est court. Pourquoi tu as peur ? De finir seul ? Mais... bon sang Nate, tu l'es depuis le début. Ne t'en rends-tu pas compte ? Tu l'es depuis le début. Même tes gouvernantes ont pris la fuite dans ton jeune âge. Tu es un poison, ce n'est pas la vie qui l'est pour toi. C'est toi qui empoisonne tout ce que tu approches, tout ce que tu touches. Tu attrapes ces anxiolytiques en espérant sincèrement avoir un peu de paix. Et tu en prends... deux ? Et tu crois que ça va suffire ? Pauvre naïf. Cela ne fera que me ralentir. Mais la vérité finira toujours par te rattraper. Toujours.

Tu te sens sales hein ? Tu as envie de te débarrasser des souvenirs de cette soirée, alors tu avales rapidement tes deux pilules en espérant qu'elles agissent vite. C'est fou... je me demande comment tu peux encore arriver à espérer quoi que ce soit, même de minime quand on contemple le désastre de ta vie. Je me demande même... Comment tu as fait pour réussir à arriver jusqu'ici, à continuer de pourrir la vie des gens autour par ta présence. Oh ? Que fais-tu ? Une douche ? C'est ça... lave toi, essaye de gommer ce maquillage d'Halloween pour laisser tes traits tirés refaire surface. Cela ne me donnera qu'une possibilité de plus de te faire voir ce que tu es réellement. Une erreur. Laisse l'eau couler sur toi, dans quelques minutes je serai forcée de me taire pour redevenir un peu de brouillard dans ton esprit. Mais je reviendrai, plus fort encore, comme un torrent qu'on aurait empêcher de déferler. Et tu le sais... Oui, tu le sais. Je disparais lentement, je te laisse à ton silence, à ta solitude, à cette fausse sensation d'apaisement...

... Et le vide vint. Sa conscience finit enfin par se taire sous l'effet de la dose excessive d'anxiolytiques qu'il avait prise. Il était toujours sous la douche, parfaitement immobile, les yeux fermés, laissant l'eau chaude couler sur sa tête sans plus réellement sentir quoi que ce soit. Il avait anesthésié son organisme, pour s'empêcher de ressentir quoi que ce soit hormis cette torpeur artificielle qui venait le bercer. Ses mains vinrent passer sur son visage pour enlever les restes de cette soirée déguisée, il regarda la peinture et le faux sang couler dans le bac de douche, l'air vide. Aussi vide que son crâne en cet instant. Tout semblait couler au ralenti autour, chacun de ses gestes lui semblait lointain, tout comme le bruit de l'eau qui continuait de se déverser sur lui. Il resta comme ça, encore de longues minutes avant de couper l'eau et de sortir. Le blond se sécha mollement, il était vide de tout. Absolument... vide de tout. Il vint se poster devant son miroir.

Il se fixa, d'un air parfaitement neutre. Ses cernes, ses yeux rouges, sa fatigue... sa tristesse sur ses épaules voutées. Il faisait peur à voir, il ne se supportait plus. Depuis longtemps. Sa conscience s'était juste chargée de le lui rappeler. Elle continuait de crier à l'arrière de son crâne. Elle allait sûrement se réveiller à nouveau dans peu de temps, elle ne restait jamais longtemps silencieuse. Même quand on l'entravait, elle trouvait toujours le moyen de venir murmurer des vérités à son oreille, murmures acerbes, un vrai supplice. Nate baissa simplement les yeux, toujours enroulé dans sa serviette avant d'attraper un jogging et un t-shirt qu'il enfila sans conviction. Il retourna dans l'unique pièce de son logement et s'arrêta en plein milieu. Il ne savait pas trop quoi faire en fait, il était perdu, et les médocs n'arrangeaient en rien son état.

Un automatisme le guida aux pieds de son lit, il se laissa tomber les fesses sur le sol, les genoux repliés, ses avants-bras posés sur ceux-ci. Et il resta comme ça, à fixer le vide. Un zombie, un véritable... zombie. Voilà ce qu'il était. Les larmes s'étaient remises à couler sur ses joues, mais plus aucun sanglot ne s'échappait de sa gorge. Il se crispait juste un peu de temps en temps quand sa lucidité refaisait surface pour lui murmurer quelques mots doux. C'était ironique bien sûr, c'était loin d'être doux. Et au fur et à mesure, ses poings finirent par se serrer, ses jambes par se replier un peu plus, son dos par se courber. Pourquoi ça ne s'arrêtait pas... pourquoi toujours... ces pensées... pourquoi... du silence... il voulait du silence, du vide, de la paix... De la paix...

Non tu n'aurais pas la paix, pas tant que tu ne m'écouteras pas. Tu n'es qu'une erreur. Je te le dis et te le répète. Tu crois pouvoir me gommer mais je suis là pour te le rappeler. Pour te rappeler l'évidence. Tes médicaments ne peuvent plus m'entraver, ils peuvent juste t'empêcher de ressentir. Tu sais ce qu'il te reste à faire, tu sais ce que l'on fait avec les erreurs, n'est-ce pas ? Oui, tu as très bien compris Nate, inutile de te crisper, tu as très bien compris. On les corrige. Parce qu'elles n'apportent rien. On les gomme, on les efface comme un trait de crayon malvenu, comme... un coup de stylo-plume dont on ne veut pas. Tu es cette rature sur un tableau, invisible et pourtant dérangeante. Tu es le rouage fêlé et inutile d'une machine bien huilée, tu es l'ulcère de la société.

Allez, ne lutte pas, écoute moi. Oui, c'est bien ça, lève toi, lentement. Dirige toi vers ce tiroir où tu ranges ce qui te sers à faire la cuisine. Prends-le, bien en main ce couteau. Contemple-le si tu veux, bientôt il viendra embrasser ta chair pour te faire disparaître, te gommer, t'annihiler, te supprimer. Tu retournes t'asseoir au même endroit que tout à l'heure ? Pourquoi ? Serais-tu effrayé ? Non... tu ne peux plus l'être, tu ne ressens plus rien sous l'effet de tes pilules miracles. Qu'est-ce que tu attends Nate ? Qu'est-ce que tu as à perdre ? Rien du tout, et en plus, tu rendras un fier service aux autres. N'écoute que moi, laisse-toi guider. Comme ça, oui, de cette façon. Approche la lame lentement, mais sûrement. Laisse-la se poser, si bien affutée sur ton bras. Laisse-la remonter tout du long. Tu fais ça si bien... Tu vois ? Ce n'était pourtant pas si compliqué. Est-ce que tu sens ? Tu sens le métal froid ? Cette douleur cuisante ? C'est agréable n'est-ce pas ?

Regarde ce sang s'échapper à bon rythme, regarde le couler un peu. Serait-ce un sourire que je vois sur ton visage ? Bientôt ce sera fini Nate. Bientôt tu ne seras plus. Bientôt tu ne souffriras plus. Tu n'auras plus à subir l'erreur que tu es. Tu n'auras plus à faire subir ta présence aux autres. Bientôt tout ira mieux. Ferme les yeux, laisse toi porter, ferme les yeux... Doucement, endors toi. Quitte la réalité, goûte cet aperçu de la quiétude que tu vas trouver quand tout sera fini. Le sommeil t'emporte, je vais me taire à présent, je vais disparaître quelques instants et te laisser savourer cet instant. Je vais te laisser sentir la vie qui s'échappe de toi tout doucement. Apaisé... je disparais.

Et le bond s'endormi tout simplement. La lame tachée de rouge quitta sa main pour tomber sur le sol dans un bruit métallique caractéristique. Son sommeil était sans rêve pour une fois. Ce n'était que du noir, du noir et du silence. C'est fou les petits miracles que peuvent faire des anxiolytiques... C'est fou ce que ça pouvait faire du bien. Et le sang gouttait, toujours, de son bras au sol, ses jambes tendues devant lui, ses membres supérieurs nonchalamment déposé de par et d'autres de son tronc posé sur le bord de son lit. Sa tête avait basculé en même temps que le silence était venu. Il ne savait pas trop combien de temps pouvait bien s'écouler pendant qu'il était comme ça. Il ne se rendait plus compte de grand chose. La seule certitude qu'il avait, c'est que lorsqu'il rouvrit les yeux, il mit un certain temps avant de comprendre où il était, et pourquoi il avait la sensation de baigner dans quelque chose de chaud et de visqueux.

Ses yeux balayèrent d'abord un peu la pièce, remettant peu à peu des images de sa soirées sous sa boite crânienne. Et il baissa les yeux. Il observa son jogging à présent imbibé de sang, la flaque sombre sur le sol, et son bras entaillé. S'il avait pu, il aurait paniqué. Mais sa tête tournait trop, le sang qu'il avait perdu l'empêchait d'avoir les idées claires en plus des médicaments qui venaient l'assommer un peu plus. Il fronça les sourcils et se redressa un peu, les cases se remettaient peu à peu. Tout reprenait sa place, et il ferma les yeux en laissant des larmes couler sur ses joues. Il... ne voulait pas mourir, pas comme ça. Il se rendait compte de l'ampleur de sa connerie, alors, il souffla un peu, plusieurs fois pour essayer de retrouver un peu ses esprits et il tenta de se lever, en vain. En vain...

Je vois que tu es revenu à toi. Qu'est-ce que tu fais ? Tu essayes de te lever ? Pauvre Nate... C'est trop tard. Tout ce que tu vas gagner c'est te faire saigner plus vite, plus fort pour attirer la mort vers toi encore plus vite. Oh ? Tu retentes ? Mmmh... il faut croire que tu as plus de ressource que ce que l'on peut croire. Qu'est-ce que tu cherches à faire avec ce torchon ? Un garrot ? Bonne idée. Mais tu vas continuer de saigner, ce n'est pas un vulgaire bout de tissu qui va pouvoir te sauver. Pourquoi est-ce que tu refuses l'évidence Nate ? Pourquoi est-ce que tu cherches encore une fois à te battre alors que... ta place n'est pas ici ? Pourquoi ? Tu étais finalement sur la bonne voie et tu fais marche arrière. Tu peux serrer ce torchon autant que tu veux autour de ton bras... sois réaliste. Ça ne changera rien.

Tu peux t'agripper autant que tu veux aux meubles de ta petite cuisine pour réussir à te mettre debout... ça ne changera rien. Regarde, ton bandage de fortune est déjà presque noir tant tu te vides un peu plus à chaque mouvement. Es-tu stupide ? Tu cherches à marcher vers la porte de ton studio, ramassant ton smartphone au passage... mais pour quoi faire ? Oh... je vois... Trouver de l'aide. Mais qui voudrait t'aider, Nate ? Qui ? Tu peux me le dire ? Personne. Parce que personne ne veut de toi, parce que tu n'as dit à personne que tu allais mal. Parce que tu n'es qu'un idiot. C'est ça, ouvre ta porte. Regarde, tu n'as même pas la force de parler ! Tu ne peux même plus demander de l'aide. Cesse d'essayer de l'articuler ça ne sert à rien... Tu es ridicule ! Tu titubes, laissant des traces de sang sur les murs auxquels tu t'appuies. Regarde ! Tu manques même la marche et fini par dévaler les escaliers. Et personne ne t'entends, personne ne te voit. Parce que tu es invisible, tu es insignifiant et inutile.

Tu te relèves encore une fois tant bien que mal. J'admire presque la bêtise de tes gestes, à ce niveau là, ça en devient presque un talent. Et tu recommences à marcher en haletant, grimaçant. Tu cherches une pharmacie de garde c'est ça ? Ha ha... mon pauvre Nate, toi et moi on sait que c'est trop loin pour que tu puisses y arriver dans ton état. Tu vas mourir, pieds nus, ensanglanté, sur un trottoir, sous les yeux des quelques passants. Et demain matin on retrouvera ton corps refroidi, inerte, ridicule encore une fois. Même dans la mort tu n'es pas foutu d'être digne.

Ta vue se brouille Nate, tu ne vois presque plus rien. La lumière extérieure n'est plus qu'un halo flou, tout comme les ombres qui deviennent des taches. Et tu essayes encore de crier à l'aide. Regarde ces passants qui fuient en te voyant. Tu vois ? Tu leur fais peur. Personne ne veut t'aider. Personne. Tu ne sais même plus où tu marches, tu as peut-être parcouru quoi... 5 mètres depuis que tu es sorti de ta résidence ? Et tu es déjà épuisé. Où est-ce que tu vas Nate ? Tu n'en sais rien ? C'est normal puisque tout devient noir. Et pourtant, tout ce que tu vois maintenant, c'est cette lumière aveuglante, la lumière de ces phares et ce bruit de klaxon. Des pneus qui crissent. Et le choc. Tu as le souffle coupé, tes yeux aveuglés s'écarquillent, et tu tombes. Tu heurtes le sol. La seule chose que tu sens, c'est ton crâne qui vient s'exploser sur le sol avant de rouler sur quelques mètres, inerte.

Et tout disparait. Je disparais. Tu vois ? Je te l'avais dit. Ca ne servait à rien de lutter. A rien du tout... L'inconscience le saisit, l'empoigna dans ses ténèbres, le berça lentement. Autour de lui, des cris avaient retentis, une petite foule s'était attroupée pendant qu'on appelait les secours. L'automobiliste était en larmes, horrifiée tout comme les quelques passants qui avaient été témoins de la scène. Tout était allé si vite... Un sirène finit par retentir, la police avait fini par arriver pour éloigner les civils. Et le corps inerte de Nate fut placé sur une civière. Tout le monde s'agitait autour de lui qui était si calme. Son pouls ralentissant lentement tandis qu'on essayait de le faire revenir à lui. L'ambulance démarra en trombe. On lutta pour finalement réussir à lui faire retrouver un rythme cardiaque stable.

On l'opéra, histoire de lui remettre en place sa fracture ouverte au bras, lui recoudre la lèvre et l'arcade sourcilière. On répara aussi ses cotes du mieux possibles, brisées et déplacées avec le choc. Son bras fut recousu et soigné. Et il fut amené dans une chambre, endormi, sous respirateur. Complètement inconscient. La chambre se vida peu à peu des infirmiers et infirmières, et la solitude vint se mêler au repos du blond qui semblait si loin à cet instant... Paisible.

© Babao
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Il était partit et les larmes étaient venues, toutes seules, comme à l'habitude, malgré l'alcool, malgré le quelque derniers effet de la pillule d'ecsta que j'avais prise quelques heures plus tôt. Je m'étais mise à chialer comme une gamine qui vient de perdre son chien... Mais là, c'est pire que de perdre son animal préféré... Nate, il n'était en rien comparable à un chien... Même l'attachement n'est pas le même, je ne sais même pas pourquoi je compare à cela, pourquoi j'ai cette image de petite fille qui perd son chien. Je n'ai même jamais eu de chien... Alors, je ne peux pas comprendre ce que j'aurais ressentis en perdant mon fidèle ami à quatre patte... Mais là... A le voir partir, me tourner ainsi le dos sans un dernier mot, sans une dernière parole... Je ne peux juste pas... J'aurais aimé le retenir... Comme se fameux jours en juin dernier quand il a franchit cette porte... J'aurais aimé saisir sa blouse, lui dire de rester et de ne pas tenir compte de mes paroles, que je suis juste une conne, une fille complètement paumée sans son petit frère, une fille qui a peur de la réalité, de la mort de son frère, causée par elle... Mais encore une fois, je n'ai rien fait, je n'ai pas bougée, je suis restée immobile comme une putain de statue, parce que je me persuade que c'est mieux comme ça, qu'il est préférable que tout s'arrête, qu'il me déteste, m'oublie, me haï, me maudis, et que sais-je d'autre. Parce que c'est préférable pour lui que je ne sois plus dans sa vie. Alors, il part, me tournant le dos définitivement. Mais je l'aime... Sauf que je ne peux pas lui dire. Lui dire maintenant serait inutile à cause de l'alcool qui embrume encore mes sens et qui nous détruit l'un comme l'autre. Je suis la raison de son mal-être, de sa souffrance, mais je ne veux pas le reconnaître, je ne veux pas ouvrir les yeux et réaliser qu'en réalité, je fais ce dont j'ai le plus peur... Je le détruis, je le tue à petit feu... Comment est-ce que tout se serait passé si je ne l'avais pas repoussé ce jour-là ? On ne connaîtra jamais la réponse... Jamais parce que l'on ne fait pas marche arrière, on est obligé de tirer son bagage, son vécu, parce que personne ne le fera à notre place et surtout, parce qu'on ne peut pas l'oublier comme ça... Et pourtant, oublier serait tellement mieux, pour lui comme pour moi... Alors je pleure, je pleure pour tout cela, même si à cet instant précis rien n'est bien compréhensif pour mon cerveau. Mais sous alcool, c'est jean-qui-rit-jean-qui-pleure. C'est comme ça.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé entre son départ et l'arrivée de Eun Ae, je n'ai pas cette notion, était-ce cinq minutes ? Dix minutes ? Une demi-heure ? Ou bien plus encore ? Une chose est certaine, elle m'a retrouvé dans un état pitoyable, complètement ravagée par l'alcool et le départ de Nate, à l'endroit même où il m'avait laissé et traitée de Pute. Je crois que j'avais arrêter de pleurer avant son arrivée, je n'en suis pas sûre, je n'ai pas de souvenir bien consistant de ce moment-là, mais je sais qu'elle a été là pour moi, qu'elle m'a consoler, rassurer peut-être même avant de me tirer de force, avant de me forcer à me lever pour aller voir celui qui venait de me tourner le dos... On a marché... Il nous a fallut beaucoup de temps pour arriver sur Cambridges à nouveau... Le temps pour moi de dessaouler un peu dans le car, de dormir aussi probablement, parce que j'avais encore une fois versée trop de larmes... Mais à l'arrivée, je n'étais pas bien... J'avais l'estomac retournée, comme après chaque soirée trop arrosée... Sauf que là, l'effet de l'alcool était encore là, j'avais trop bu et pas assez dormi encore... Alors une fois le car arrêté, on est descendu, j'ai prit la main de Eun dans la mienne, parce que j'avais peur... J'avais envie de faire demi-tour, lui dire de laisser tomber, mais la situation était trop grave... Elle l'avait bien comprit et moi... J'avais encore du mal à le réaliser... Mais j'allais me heurter à la réalité assez rapidement...

On est arrivée en bas de son immeuble, les traces de sang sur le sol et le mur ne nous ont pas réellement inquiété... On est a Halloween, alors cela doit être du faux-sang, ou bien même simplement de la peinture... Puis on était loin de s'imaginer ce qu'il s'était passé... A mille lieux même... Alors on marche, lentement, parce que je veux éviter de me retrouver face à lui, mais Eun me force, elle me tire, me fait comprendre que là, j'ai réellement merdé... Mais elle ne sait pas... Elle ne sait pas ce que je ressens, elle ne comprendra jamais... Non, jamais ! Elle n'est pas comme moi, elle n'a pas vécu la même chose, elle n'a pas tué son frère... A cet instant précis, je sens bien qu'il a un putain de mur ou bien un énorme fossé entre nous... Parce qu'un mur, on peut toujours l'abattre, mais un fossé, un puit sans fond, on ne peut pas le combler. On ne comblera jamais cette différence entre elle et moi...

Mais alors, je lâche sa main, la porte ouverte, des traces de sang encore et la je frémis d'horreur, d'effroi, de tout ce que vous voulez, je tiens pas des mieux sur mes jambes, je titube sous la peur qui me glace le sang, mais aussi le reste de ma soirée trop arrosée et je cale sur le sang au pied du lit de mon ex et le couteau te cuisine. Je mets ma main devant ma bouche, une envie de vomir bien trop présente alors je sors, rapidement hors de son appartement et je vomis mes tripes dans ce couloir, souillant le carrelage de celui-ci comme s'il s'agissait du vieux bitume dans une ruelle. Je vomis mes tripes et je prends conscience, je réalise ce que j'ai fais... Mais je reste là, la main posée sur ce mur alors que je continue de vomir du liquide, le reste d'alcool mélangé à l'acidité de mon estomac. Un goût âpre en bouche, je finis par me redresser... Je ne pleures pas... J'ai déjà trop pleurer, je n'ai plus de larmes à verser pour cette nuit... Je suis juste... Complètement au fond du gouffre, pleurer ne servirait plus à rien maintenant... Il faut que je le retrouve, que je vois qu'il va bien, que c'est juste une putain de mauvaise blague qu'il me fait pour me faire comprendre que je le tue à petit feu... Sauf que tout ce que je vois, c'est cette traînée de sang sur le sol... Alors je la suis, comme le petit poucet avait suivi les cailloux blancs pour retrouver son chemin... Sauf qu'ici, je ne le retrouverais jamais, je ne retrouverais jamais réellement mon chemin comme lui... Cailloux ensanglantés qui ne conduisent à rien de bon...

Parce qu'il y a ses lumières rouges et bleus, cet amas de gens sur mon chemin... Une ambulance ? La police ? Je marche en titubant, complètement paumée, plus que d'habitude, je ne sais même pas si Eun me suit... J'accélère le rythme, je suis à la limite de courir, sauf que je me heurte aux gens, et la ton prénom franchit mes lèvres dans un cri de désespère et les gens s'écartent, pour me laisser passer, parce que je suis la pauvre fille qui connait le gars étendue sur la civière... Il est là... Complètement inconscient et je m'écroule, tombant à genoux. C'était la pire chose qu'il pouvait me faire et il n'avait pas hésité à la faire... Je frisonne, de peur, de froid, à cause de cette solitude, cette noirceur qui tend à reprendre sa place autour de moi. Je suis une meurtrière... Il y a d'abord eu Elia et maintenant lui... J'aurais du l'oublier, tourner la page et ne plus retourner vers lui... Même complètement shooter ou imbibée d'alcool... J'aurais du le haïr, le pousser à me détester et ne plus rien attendre de moi... Mais là, je m'étais heurté à un mur, un mur infranchissable... Plus rien ne serait comme avant...

...

Je ne sais pas comment j'ai atterrit sur cette chaise devant cette porte d'hopital, je fixe la lumière au dessus de cette dite porte, celle qui indique qu'il y a une opération en cours. Je suis complètement paumée... Je me souviens juste de la voix de quelqu'un qui me disait de venir, ses mains posées sur mes épaules... J'étais en état de choc et il semblerait que petit à petit, je recouvre mes esprits... Qui était là femme ? Etait-ce Eun? Etait-ce une policière ? Une passante ? Je ne saurais pas le dire... Je me souviens juste qu'elle m'a dit de me relever et j'ai obéi, comme un vulgaire automate sans plus aucun sentiment, j'ai juste fait ce que l'on me disait... Rien de plus rien de moins... Et maintenant, je me retrouve ici, sur cette chaise, à fixer cet écriteaux avec un gobelet en plastique remplie d'eau entre les doigts. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, ni même si Eun est rentrée chez elle ou si elle est à côté de moi... Je ne ressens pas sa présence, je suis seule... Seule avec ma noirceur, avec le malheur que j'apporte aux gens que j'aime. Et je fixe cette lumière, espérant, attendant qu'elle s'éteigne pour voir le chirurgien franchit cette fichue porte et me dire qu'il est hors de danger, qu'il va s'en sortir... Mais c'est des espoirs vains... Je l'ai tué, comme j'ai tué mon frère avant lui. Je suis un monstre...

Puis, la lumière s'éteint et mes muscles guidés par cet espoir vain se tendent et je bouge, je me redresse et marche vers la porte. Elle s'ouvre d'abord sur une infirmière, puis c'est le chirurgien qui la franchit et je lui saute dessus, ou presque, parce que j'ai peur, peur de  ce qu'il pourrait me dire, j'ai encore cette impression de nausée, cette envie de vomir, mais je n'ai plus rien dans l'estomac à régurgité... Non, il est complètement vide maintenant. Et alors la voix de l'homme retentit, calme et posée, peut-être même un peu désolé pour moi de me voir dans cet état... Mais il doit avoir l'habitude de ce retrouver face à des personnes qui vivent ça...

"Son état est stable actuellement nous verrons dans les jours qui viennent s'il se réveille."

S'il se réveille... Il est dans le coma ? Je le regarde, le suppliant de me dire que c'était pas vrai qu'il était conscient, qu'il n'allait pas me laisser, pas faire comme mon frère et partir, mourir par ma faute... Un sanglot franchit alors mes lèvres, mais aucunes larmes ne coulent de mes joues. Je suis rendu au point d'être incapable de pleurer maintenant. Ma tristesse est trop grande, ma peine, ma haine, ma douleur, mon mal-être... Tout est trop grand et je suis submergée par tout cela. Je crois que le médecin rajoute encore quelque chose, comme quoi je devrais aussi me reposer, qu'il va être mit dans une chambre... Sauf que je refuse de le laisser, je refuse de partir sans le voir, même s'il est dans le coma, même si cette image me fera encore bien plus de mal... J'ai besoin de le voir... Alors, j'attends son transfert dans sa chambre... Dans un calme mortuaire encore une fois. Je ne parle toujours pas... Pour quoi dire de toute façon ? La vérité ? Que c'est ma faute s'il est là ? Tout le monde le sait sûrement déjà... Si pour mon frère on essayait de me faire croire que ce n'était pas ma faute, que c'était juste une accident, ici... Ce n'était pas possible... C'était moi et moi seule qui l'avait poussée jusque là... Alors, je marches, jusqu'à la chambre qu'on lui a attribuée et je tire une chaise à coté de son lit, glissant ma main dans la sienne pour la serre doucement... J'ai envie de lui dire à quel point je suis désolée, à quel point je m'en veux... Mais je ne peux pas... Comment le pourras-je ? Il ne me pardonnerait jamais cela... Et là, des sanglots franchissent encore mes lèvres alors que mes yeux trop secs me brûlent. J'aimerais pleurer, verser des larmes, montrer à tous à quel point je regrettes... Mais j'en suis incapable, mon corps me trahis alors que je suis au plus mal... Nate... Je suis tellement désolée... Je m'en veux tellement...Tu sais... Je me souviens de ce que tu m'as dit quand j'ai décidé de rompre... Tu m'as dit que ce n'était jamais fini... J'ai cru en ses paroles, j'y ai cru et quelque part, j'ai espéré que ça soit le cas... Mais là... Je suis obligée de me rendre à l'évidence... C'est réellement fini après ce que je viens de te faire... Je suis désolée... Je ne voulais pas ça... Je ne voulais pas te conduire ici aussi... Je voulais... Juste te protéger... Nate... Je t'aime... Je t'aime alors ne me laisse pas s'il te plait...

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CONGRATULATIONS, YOU'RE DEAD !
C'est agréable ce silence, cette inconscience. Tu ne trouve pas Nate ? ne voudrais-tu par que cela dure plus longtemps ? Regarde, cette chambre vide. Ce calme est salvateur après le tumulte de ta vie. Tu as enfin arrêté de plonger dans le bruit pour rester dans le noir, dans le calme. Ton visage est si paisible à présent. Tu sais... tu as de la chance au final. Ils ont quand même réussi à te sauver, à me contredire, à te maintenir en vie même si tu ne peux pas m'entendre à présent, parce que tu es loin, parce que je suis loin, moi... ta conscience. Oui, tu as beaucoup de chance. J'espère... que tu sauras la saisir.

Car elle est là. Robin. Celle qui t'a d'abord sauvé pour t'enfoncer, te faire couler, te pousser faire le point de non retour qui t'a poussé à te tailler les veines. Cette qui t'a fait sombrer dans la folie. Celle que tu aimes tellement que tu préfères souffrir plutôt que de l'oublier totalement. Celle que tu as essayé de haïr en vain parce que moi, ta conscience, je t'ai fait une piqûre de rappel sur ce que tu ressens vraiment pour elle quand elle t'a baisé au milieu de ce couloir désert. Tu te souviens de cette sensation ? Tu ne voudrais pas la retrouver ? Et dire que tu ne te rends même pas compte de tout ce que je fais passer dans ton crâne à cet instant précis.

Mais oui, elle est là, elle est toujours là. Robin te tient la main Nate. Elle te regarde en souffrance, elle réalise qu'elle t'a poussé à bout. Que comptes-tu faire quand tu te seras réveillé ? Est-ce que tu vas continuer à être faible ? A te laisser marcher sur les pieds ? A la laisser baiser ouvertement n'importe qui sans scrupules ? Sans se demander une seconde ce que ça te fait... Dis moi Nate, que tu ne vas pas te laisser faire, que tu vas te réveiller, et te battre. Que malgré ces sentiments, tu vas réaliser que tu es en train de gâcher ta vie en l'attendant.

Tu sais pertinemment qu'elle ne reviendra plus. Même si elle est là aujourd'hui, sans que tu puisses le savoir... elle ne reviendra plus. Elle se moque de toi Nate, elle se moque de toi. Tu le sais. Elle te court après quand elle est bourrée, te repousse ensuite, couche ouvertement, même avec toi juste pour t'humilier. Qu'est-ce que tu attends pour le voir ? Pour le comprendre ? Pour comprendre qu'il n'est plus l'heure d'être gentil et adorable mais pour mettre en avant l'autre côté de ta personnalité. Celui que tu n'assumes pas et que tu caches parce que tu le hais.

Continue de dormir... laisse mes paroles couler, laisse la caresser et serrer ta main. Repose toi pour sortir grandi de cette expérience, pour mieux faire face. Tu ne seras certainement plus le même Nate. Frôler la mort peut changer quelqu'un. Et ce n'est pas Robin qui allait pouvoir dire le contraire. N'est-ce pas ? Je viendrai toquer à ta porte quand tu seras capable de m'entendre, je viendrai te faire prendre conscience de tout ça, de tout ce que tu rates, de tout ce que tu pourrais vivre.

© Babao
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Congratulations, you're dead
Mes doigts glissent lentement et doucement dans sa main. Je le touche, avec précaution, comme si le moindre geste trop brusque allait le détruire, allait le briser, le faire disparaître. Je serre doucement cette main que je n'ai plus tenue depuis des mains, cette main que j'ai aimé tenir, serrer, sentir sur moi... Cette main qui avait également tenu ce couteau à défaut de la mienne... Cette même main que j'aimerais ne plus jamais lâcher... Je la serre, doucement, même si ce geste ce veux désespéré, même si j'aimerais la serrer fermement, comme si ma vie en dépendant... Non, pas comme ci... Car elle en dépend réellement... même si je le nie, même si je refuse de l'admettre sans drogue et sans alcool... Les faits sont là, les sentiments aussi... Je l'aime encore... Tout le monde le sait... Ou presque... Mais lui ne le croit plus... parce que c'est ce que je voulais, parce que je ne voulais plus le blesser, je voulais le protéger de moi... Le sauver... Comme je n'avais pas pu sauver Elia...

Mes lèvres s'écartent alors que je cherches à retenir le bruit de mes sanglots. Les larmes refusent toujours de couler, j'ai la gorge nouée, séche également... J'ai cette impression de ne plus avoir bu depuis longtemps, que ma dernière gorgée de n'importe quel liquide remonte à des jours et des jours, alors qu'il y a encore un peu plus de deux heures, je faisais encore la fête, je buvais comme un trou, comme la pauvre paumée que je suis... Je suis tellement désolée Nate... Mon regard reste rivé sur lui, alors que je reste silencieuse, qu'aucun autre son ne sort de mes lèvres hormis ses sanglots retenus et le son de ma respiration... Je ne parle pas... Je reste immobile, à le regarder... Il semble si paisible... Si calme...

Je ferme les yeux et baisse la tête... Il est comme mort à cet instant... Et c'est ma faute... Ma culpabilité montre le bout de son nez encore... Plus violente, plus virulente que jamais... Elle m'accable encore plus... Car tout cela, cet instant précis, c'est entièrement ma faute... Sans moi, il ne se serait pas fait renverser, il n'aurait pas user de ce couteau contre lui et surtout, il n'aurait jamais autant souffert. Il n'aurait pas pleuré encore et encore par ma faute... Je suis un monstre... Un monstre d'hypocrisie et de vice...

Mes doigts se resserre encore un peu plus sur sa main, il serait réveillé, il me ferait sûrement une remarque comme quoi je lui serre la main trop fort... Mais là, il ne saurait pas... Il ne saurait pas à cause de moi... Je l'ai mit inconscient... A petit feu je l'ai tué... Je me suis acharnée sur lui sans même le voir, sans prendre garde à cela alors que tout ce que je voulais, c'était empêcher ça... Je ne voulais pas le voir dans ce lit, dans ces draps trop blanc, trop immaculé... Je voulais le voir, sourire, heureux... Sans moi... Je voulais qu'il m'oublie, qu'il vive ce que moi, je ne pourrais jamais vivre à cause de ce que j'ai fait... A cause de cette culpabilité qui me ronge un peu plus chaque jour... Culpabilité qui vient de trouver une nouvelle source, une nouvelle façon de me faire tomber, de me faire plier sous elle. Je suis misérable et méprisable... J'ai tué mon frère et presque tué mon premier amour... Je suis un monstre...

Les yeux à nouveau ouvert maintenant, ma seconde main glisse sur son bandage, celui qui recouvre son entaille, marquant la preuve de son geste fou, la preuve de sa tentative désespérée... Doucement, mes doigts caresses cette partie de son corps, mon regard le détaillant alors que mes dents malmènent nerveusement l'intérieur de ma joue pour ne plus laisser entendre de sanglot. Je suis lâche... Bien trop lâche pour tenter de faire la même chose... Pourtant, dieu seul sait que j'y ai pensé... Plus d'une fois... Combien de fois j'ai pas réfléchis, cherché un moyen d'en finir, de tout préparer et finalement, resté là à ne rien faire... Je suis une faible... Celle de la pire espèce... Car je détruis tout, tout en étant incapable d'arrêter se supplice... De mettre un terme à ma vie... Je suis désespérée... Mais incapable de franchir le pas...

Un frisson remonte alors le long de mon dos et je me courbe comme si j'étais soudainement prise de douleur ou d'une quelconque souffrance physique... mais je plie juste sous ma faiblesse, ma naïveté et ma culpabilité. Je me replie sur moi-même lâchant son bras, mais gardant toujours sa main dans la mienne. Je ne veux plus la lâcher, plus pour le moment. Je veux m'y accrocher, comme un naufragé s'agripperait à sa bouée de sauvetage. Je ne veux plus jamais le lâcher... Pourtant... Pourtant je sais déjà que je devrais le faire pour de bon... Parce que tout sera réellement différent maintenant... Parce que tout est pire à cause de moi, à cause de ce que je lui ai fait faire... Je ne pourrais plus jamais le regarder en face... La marque qu'il gardera sur le bras, sera là pour me rappeler encore et encore ce que je suis, pour me rappeler ma culpabilité que j'essaie de fuir encore et encore avec l'alcool et la drogue...

Mes lèvres s'écartent alors à nouveau, pour laisser sortir un cri... un cri silencieux, un cri perdu... je suis perdue... parce que je l'ai perdu... Plus jamais... Plus jamais ça ne pourra redevenir comme avant... Car même si je fuyais, même si je me tenais loin de lui, je pouvais encore l'aimer, je pouvais encore me dire qu'il allait bien, qu'il s'en sortait... Mais maintenant... Comment pourrais-je faire ça ? Comment pourrais-je me persuader toute seule ainsi ? Comment ? Je ne peux même plus l'aimer... Cela m'est interdit maintenant... Parce que je le tuerais pour de bon... Je dois partir, m'éloigner encore plus de plus, pour toujours... Ne plus jamais être là, ne plus lui adresser un regard... Ne plus le regarder... Je n'en suis plus digne... Parce que j'ai fait ça... Parce que même si je n'étais pas là, j'ai cette impression que c'était moi qui tenait le couteau... Ou pire qui l'a poussé sous cette voiture... C'est ma faute... Tout le monde le sait, le saura, le comprendra... Je suis l'unique responsable de son geste...Et cela me tue... Même si contrairement à lui, je suis bien incapable de franchir le pas, de chercher à mettre fin à mes jours... Je suis une lâche... Il doit le savoir maintenant... Non, il ne doit pas savoir que ça... Il va devoir faire plein de choix... Mais surtout, il va devoir me chasser... Pour de bon... Parce que je suis nocive... Aussi bien pour lui que pour moi...  Pourtant... je m'agrippe... Encore et toujours à sa main... Je ne veux pas le lâcher... pas maintenant... J'en suis incapable... Je ne veux pas... je ne veux pas le perdre pour de bon... je veux rester à ses côtés... Etre là... Sauf que ça le tue...

Une larme se met alors à coulé sur ma joue, suivi d'une autre... Ma détresse est grande, tout comme ma tristesse... Je suis à bout...

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