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CONGRATULATIONS, YOU'RE DEAD !
Cette soirée d'Halloween avait pourtant bien commencé. Tu avais croisé du monde, tu avais même profité de boire un peu d'alcool en te goinfrant de biscuits. Jay, Kaylee... Megan. Finalement ta solitude n'avait pas été si forte ce soir-là. Et pourtant regarde toi, tu rentres chez toi en marchant comme si tu n'étais plus que l'ombre de toi-même, comme une coquille vide guidée seulement par des automatismes. Tout ça pour quoi ? Parce que tu l'as croisée, ou plutôt... parce qu'elle t'a sauté dessus, pour t'humilier encore une fois. Tu sens cette douleur ? C'est ta meilleure amie, celle qui ne te lâche pas depuis le début, depuis que pour la première fois... tu as été confronté aux autres. Ca fait mal hein ? Rappelle toi... Rappelle toi comme c'était bon cette sensation de chaleur quand elle t'avait dans ses bras, ses lèvres sur les tiennes... C'est agréable n'est-ce pas ? Et bien c'est fini Nate. C'est fini.
Elle t'a laissé puisque de toute façon... tu ne mérites pas quelqu'un comme elle. Tu n'es qu'une erreur, inintéressant au possible. Sans personnalité, transparent. Une erreur, Nate. Tu aurais du crever à la naissance et ne même pas goûter à la vie. Elle ne veut pas de toi, Robin comme cette planète, personne ne veut de toi. Ressens-tu l'hypocrisie de ceux qui t'entourent ? Ressens-tu ton hypocrisie ? Celle que tu leur as servi depuis toutes ces années en leur servant des : "tout va bien, je vous assure" ? Tes parents, de simples connaissances, et maintenant tes amis à Harvard, tu leur as menti. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien, inutile, incapable... Bon à rien. Vas y, marche, cours, essaye de fuir ta détresse, elle te rattrapera toujours. Ne vois-tu pas que tu tournes en rond Nate ? Tu ne fais que tourner en rond. Chaque échappatoire n'est qu'une duperie pour mieux t'achever, pour mieux te tuer.
Crois-tu sincèrement... que parce que tu vas te réfugier chez toi, dans ton appartement... tu vas pouvoir fuir ce que tu ressens ? Oooh... je sais que tu voudrais que j'arrête de marteler ton esprit, moi, ta conscience, celle qui te rappelle un peu plus tous les jours ce que tu essayes de fuir. Ne me fuis plus maintenant, écoute-moi, laisse-moi te bercer, te dire la vérité, te faire prendre conscience de la réalité. Je ris, je ris de toi. De ta maladresse, tu es tellement perturbé que tu n'arrives même plus à entrer la clé de ton appartement dans ta serrure. Allez, essaye encore, que je continue de m'amuser. Tu es tellement pitoyable... C'est bien pour ça que tu es seul. Seul, ça te fait peur non ? D'être seul ? Tu détestes ça hein ? Pourtant... la solitude est la seule qui te convienne. Embrasse-la, ou déteste-la. De toute façon tu n'as pas le choix. Personne ne veut vraiment de toi, Nate. Personne ne veut de quelqu'un qui n'est même pas foutu de savoir avoir une conversation normale.
C'est ça, assieds toi sur ton lit, sort ton téléphone pour voir qui t'écrit. Tu ne sais bien que ce ne sont que des hypocrites. Ce Jay... Tu ne le connais que depuis quelques heures, alors pourquoi est-ce que tu lui dis tout ça par SMS ? Oooh... parce que tu es au bout du rouleau, que tu voudrais le crier mais que tu n'y arrives pas ? Nate... Nate... Nate... C'est normal. Tu n'es qu'un lâche. Tu dis que tu te bats depuis toujours, mais que fais-tu concrètement ? Mmh ? Qu'as-tu vraiment fait dans ta vie pour arrêter d'être la victime des autres ? Tu as changé d'apparence ? Bravo, j'applaudis. Ta superficialité dépasse ton inutilité. Crois-tu sincèrement que c'est parce que tu changes physiquement que les autres vont changer envers toi ? Regarde où tu en es, tu pleures seul maintenant que Jay ne te répond plus. Tu pleures seul parce que tu n'es qu'un lâche qui ne fait rien pour changer. Une erreur... une erreur qui gêne tout le monde. Et surtout Robin.
Tu te lèves ? Et pour quoi faire ? Oh je vois... tu veux me faire taire. Tu veux faire taire la seule chose ici qui te ramène un temps soit peu à la réalité. Tu veux arrêter d'entendre la vérité. Tu veux arrêter de ressentir. Tu as peur Nate, ton ventre se tiraille, tu es effrayé. Ton souffle est court. Pourquoi tu as peur ? De finir seul ? Mais... bon sang Nate, tu l'es depuis le début. Ne t'en rends-tu pas compte ? Tu l'es depuis le début. Même tes gouvernantes ont pris la fuite dans ton jeune âge. Tu es un poison, ce n'est pas la vie qui l'est pour toi. C'est toi qui empoisonne tout ce que tu approches, tout ce que tu touches. Tu attrapes ces anxiolytiques en espérant sincèrement avoir un peu de paix. Et tu en prends... deux ? Et tu crois que ça va suffire ? Pauvre naïf. Cela ne fera que me ralentir. Mais la vérité finira toujours par te rattraper. Toujours.
Tu te sens sales hein ? Tu as envie de te débarrasser des souvenirs de cette soirée, alors tu avales rapidement tes deux pilules en espérant qu'elles agissent vite. C'est fou... je me demande comment tu peux encore arriver à espérer quoi que ce soit, même de minime quand on contemple le désastre de ta vie. Je me demande même... Comment tu as fait pour réussir à arriver jusqu'ici, à continuer de pourrir la vie des gens autour par ta présence. Oh ? Que fais-tu ? Une douche ? C'est ça... lave toi, essaye de gommer ce maquillage d'Halloween pour laisser tes traits tirés refaire surface. Cela ne me donnera qu'une possibilité de plus de te faire voir ce que tu es réellement. Une erreur. Laisse l'eau couler sur toi, dans quelques minutes je serai forcée de me taire pour redevenir un peu de brouillard dans ton esprit. Mais je reviendrai, plus fort encore, comme un torrent qu'on aurait empêcher de déferler. Et tu le sais... Oui, tu le sais. Je disparais lentement, je te laisse à ton silence, à ta solitude, à cette fausse sensation d'apaisement...
... Et le vide vint. Sa conscience finit enfin par se taire sous l'effet de la dose excessive d'anxiolytiques qu'il avait prise. Il était toujours sous la douche, parfaitement immobile, les yeux fermés, laissant l'eau chaude couler sur sa tête sans plus réellement sentir quoi que ce soit. Il avait anesthésié son organisme, pour s'empêcher de ressentir quoi que ce soit hormis cette torpeur artificielle qui venait le bercer. Ses mains vinrent passer sur son visage pour enlever les restes de cette soirée déguisée, il regarda la peinture et le faux sang couler dans le bac de douche, l'air vide. Aussi vide que son crâne en cet instant. Tout semblait couler au ralenti autour, chacun de ses gestes lui semblait lointain, tout comme le bruit de l'eau qui continuait de se déverser sur lui. Il resta comme ça, encore de longues minutes avant de couper l'eau et de sortir. Le blond se sécha mollement, il était vide de tout. Absolument... vide de tout. Il vint se poster devant son miroir.
Il se fixa, d'un air parfaitement neutre. Ses cernes, ses yeux rouges, sa fatigue... sa tristesse sur ses épaules voutées. Il faisait peur à voir, il ne se supportait plus. Depuis longtemps. Sa conscience s'était juste chargée de le lui rappeler. Elle continuait de crier à l'arrière de son crâne. Elle allait sûrement se réveiller à nouveau dans peu de temps, elle ne restait jamais longtemps silencieuse. Même quand on l'entravait, elle trouvait toujours le moyen de venir murmurer des vérités à son oreille, murmures acerbes, un vrai supplice. Nate baissa simplement les yeux, toujours enroulé dans sa serviette avant d'attraper un jogging et un t-shirt qu'il enfila sans conviction. Il retourna dans l'unique pièce de son logement et s'arrêta en plein milieu. Il ne savait pas trop quoi faire en fait, il était perdu, et les médocs n'arrangeaient en rien son état.
Un automatisme le guida aux pieds de son lit, il se laissa tomber les fesses sur le sol, les genoux repliés, ses avants-bras posés sur ceux-ci. Et il resta comme ça, à fixer le vide. Un zombie, un véritable... zombie. Voilà ce qu'il était. Les larmes s'étaient remises à couler sur ses joues, mais plus aucun sanglot ne s'échappait de sa gorge. Il se crispait juste un peu de temps en temps quand sa lucidité refaisait surface pour lui murmurer quelques mots doux. C'était ironique bien sûr, c'était loin d'être doux. Et au fur et à mesure, ses poings finirent par se serrer, ses jambes par se replier un peu plus, son dos par se courber. Pourquoi ça ne s'arrêtait pas... pourquoi toujours... ces pensées... pourquoi... du silence... il voulait du silence, du vide, de la paix... De la paix...
Non tu n'aurais pas la paix, pas tant que tu ne m'écouteras pas. Tu n'es qu'une erreur. Je te le dis et te le répète. Tu crois pouvoir me gommer mais je suis là pour te le rappeler. Pour te rappeler l'évidence. Tes médicaments ne peuvent plus m'entraver, ils peuvent juste t'empêcher de ressentir. Tu sais ce qu'il te reste à faire, tu sais ce que l'on fait avec les erreurs, n'est-ce pas ? Oui, tu as très bien compris Nate, inutile de te crisper, tu as très bien compris. On les corrige. Parce qu'elles n'apportent rien. On les gomme, on les efface comme un trait de crayon malvenu, comme... un coup de stylo-plume dont on ne veut pas. Tu es cette rature sur un tableau, invisible et pourtant dérangeante. Tu es le rouage fêlé et inutile d'une machine bien huilée, tu es l'ulcère de la société.
Allez, ne lutte pas, écoute moi. Oui, c'est bien ça, lève toi, lentement. Dirige toi vers ce tiroir où tu ranges ce qui te sers à faire la cuisine. Prends-le, bien en main ce couteau. Contemple-le si tu veux, bientôt il viendra embrasser ta chair pour te faire disparaître, te gommer, t'annihiler, te supprimer. Tu retournes t'asseoir au même endroit que tout à l'heure ? Pourquoi ? Serais-tu effrayé ? Non... tu ne peux plus l'être, tu ne ressens plus rien sous l'effet de tes pilules miracles. Qu'est-ce que tu attends Nate ? Qu'est-ce que tu as à perdre ? Rien du tout, et en plus, tu rendras un fier service aux autres. N'écoute que moi, laisse-toi guider. Comme ça, oui, de cette façon. Approche la lame lentement, mais sûrement. Laisse-la se poser, si bien affutée sur ton bras. Laisse-la remonter tout du long. Tu fais ça si bien... Tu vois ? Ce n'était pourtant pas si compliqué. Est-ce que tu sens ? Tu sens le métal froid ? Cette douleur cuisante ? C'est agréable n'est-ce pas ?
Regarde ce sang s'échapper à bon rythme, regarde le couler un peu. Serait-ce un sourire que je vois sur ton visage ? Bientôt ce sera fini Nate. Bientôt tu ne seras plus. Bientôt tu ne souffriras plus. Tu n'auras plus à subir l'erreur que tu es. Tu n'auras plus à faire subir ta présence aux autres. Bientôt tout ira mieux. Ferme les yeux, laisse toi porter, ferme les yeux... Doucement, endors toi. Quitte la réalité, goûte cet aperçu de la quiétude que tu vas trouver quand tout sera fini. Le sommeil t'emporte, je vais me taire à présent, je vais disparaître quelques instants et te laisser savourer cet instant. Je vais te laisser sentir la vie qui s'échappe de toi tout doucement. Apaisé... je disparais.
Et le bond s'endormi tout simplement. La lame tachée de rouge quitta sa main pour tomber sur le sol dans un bruit métallique caractéristique. Son sommeil était sans rêve pour une fois. Ce n'était que du noir, du noir et du silence. C'est fou les petits miracles que peuvent faire des anxiolytiques... C'est fou ce que ça pouvait faire du bien. Et le sang gouttait, toujours, de son bras au sol, ses jambes tendues devant lui, ses membres supérieurs nonchalamment déposé de par et d'autres de son tronc posé sur le bord de son lit. Sa tête avait basculé en même temps que le silence était venu. Il ne savait pas trop combien de temps pouvait bien s'écouler pendant qu'il était comme ça. Il ne se rendait plus compte de grand chose. La seule certitude qu'il avait, c'est que lorsqu'il rouvrit les yeux, il mit un certain temps avant de comprendre où il était, et pourquoi il avait la sensation de baigner dans quelque chose de chaud et de visqueux.
Ses yeux balayèrent d'abord un peu la pièce, remettant peu à peu des images de sa soirées sous sa boite crânienne. Et il baissa les yeux. Il observa son jogging à présent imbibé de sang, la flaque sombre sur le sol, et son bras entaillé. S'il avait pu, il aurait paniqué. Mais sa tête tournait trop, le sang qu'il avait perdu l'empêchait d'avoir les idées claires en plus des médicaments qui venaient l'assommer un peu plus. Il fronça les sourcils et se redressa un peu, les cases se remettaient peu à peu. Tout reprenait sa place, et il ferma les yeux en laissant des larmes couler sur ses joues. Il... ne voulait pas mourir, pas comme ça. Il se rendait compte de l'ampleur de sa connerie, alors, il souffla un peu, plusieurs fois pour essayer de retrouver un peu ses esprits et il tenta de se lever, en vain. En vain...
Je vois que tu es revenu à toi. Qu'est-ce que tu fais ? Tu essayes de te lever ? Pauvre Nate... C'est trop tard. Tout ce que tu vas gagner c'est te faire saigner plus vite, plus fort pour attirer la mort vers toi encore plus vite. Oh ? Tu retentes ? Mmmh... il faut croire que tu as plus de ressource que ce que l'on peut croire. Qu'est-ce que tu cherches à faire avec ce torchon ? Un garrot ? Bonne idée. Mais tu vas continuer de saigner, ce n'est pas un vulgaire bout de tissu qui va pouvoir te sauver. Pourquoi est-ce que tu refuses l'évidence Nate ? Pourquoi est-ce que tu cherches encore une fois à te battre alors que... ta place n'est pas ici ? Pourquoi ? Tu étais finalement sur la bonne voie et tu fais marche arrière. Tu peux serrer ce torchon autant que tu veux autour de ton bras... sois réaliste. Ça ne changera rien.
Tu peux t'agripper autant que tu veux aux meubles de ta petite cuisine pour réussir à te mettre debout... ça ne changera rien. Regarde, ton bandage de fortune est déjà presque noir tant tu te vides un peu plus à chaque mouvement. Es-tu stupide ? Tu cherches à marcher vers la porte de ton studio, ramassant ton smartphone au passage... mais pour quoi faire ? Oh... je vois... Trouver de l'aide. Mais qui voudrait t'aider, Nate ? Qui ? Tu peux me le dire ? Personne. Parce que personne ne veut de toi, parce que tu n'as dit à personne que tu allais mal. Parce que tu n'es qu'un idiot. C'est ça, ouvre ta porte. Regarde, tu n'as même pas la force de parler ! Tu ne peux même plus demander de l'aide. Cesse d'essayer de l'articuler ça ne sert à rien... Tu es ridicule ! Tu titubes, laissant des traces de sang sur les murs auxquels tu t'appuies. Regarde ! Tu manques même la marche et fini par dévaler les escaliers. Et personne ne t'entends, personne ne te voit. Parce que tu es invisible, tu es insignifiant et inutile.
Tu te relèves encore une fois tant bien que mal. J'admire presque la bêtise de tes gestes, à ce niveau là, ça en devient presque un talent. Et tu recommences à marcher en haletant, grimaçant. Tu cherches une pharmacie de garde c'est ça ? Ha ha... mon pauvre Nate, toi et moi on sait que c'est trop loin pour que tu puisses y arriver dans ton état. Tu vas mourir, pieds nus, ensanglanté, sur un trottoir, sous les yeux des quelques passants. Et demain matin on retrouvera ton corps refroidi, inerte, ridicule encore une fois. Même dans la mort tu n'es pas foutu d'être digne.
Ta vue se brouille Nate, tu ne vois presque plus rien. La lumière extérieure n'est plus qu'un halo flou, tout comme les ombres qui deviennent des taches. Et tu essayes encore de crier à l'aide. Regarde ces passants qui fuient en te voyant. Tu vois ? Tu leur fais peur. Personne ne veut t'aider. Personne. Tu ne sais même plus où tu marches, tu as peut-être parcouru quoi... 5 mètres depuis que tu es sorti de ta résidence ? Et tu es déjà épuisé. Où est-ce que tu vas Nate ? Tu n'en sais rien ? C'est normal puisque tout devient noir. Et pourtant, tout ce que tu vois maintenant, c'est cette lumière aveuglante, la lumière de ces phares et ce bruit de klaxon. Des pneus qui crissent. Et le choc. Tu as le souffle coupé, tes yeux aveuglés s'écarquillent, et tu tombes. Tu heurtes le sol. La seule chose que tu sens, c'est ton crâne qui vient s'exploser sur le sol avant de rouler sur quelques mètres, inerte.
Et tout disparait. Je disparais. Tu vois ? Je te l'avais dit. Ca ne servait à rien de lutter. A rien du tout... L'inconscience le saisit, l'empoigna dans ses ténèbres, le berça lentement. Autour de lui, des cris avaient retentis, une petite foule s'était attroupée pendant qu'on appelait les secours. L'automobiliste était en larmes, horrifiée tout comme les quelques passants qui avaient été témoins de la scène. Tout était allé si vite... Un sirène finit par retentir, la police avait fini par arriver pour éloigner les civils. Et le corps inerte de Nate fut placé sur une civière. Tout le monde s'agitait autour de lui qui était si calme. Son pouls ralentissant lentement tandis qu'on essayait de le faire revenir à lui. L'ambulance démarra en trombe. On lutta pour finalement réussir à lui faire retrouver un rythme cardiaque stable.
On l'opéra, histoire de lui remettre en place sa fracture ouverte au bras, lui recoudre la lèvre et l'arcade sourcilière. On répara aussi ses cotes du mieux possibles, brisées et déplacées avec le choc. Son bras fut recousu et soigné. Et il fut amené dans une chambre, endormi, sous respirateur. Complètement inconscient. La chambre se vida peu à peu des infirmiers et infirmières, et la solitude vint se mêler au repos du blond qui semblait si loin à cet instant... Paisible.
Elle t'a laissé puisque de toute façon... tu ne mérites pas quelqu'un comme elle. Tu n'es qu'une erreur, inintéressant au possible. Sans personnalité, transparent. Une erreur, Nate. Tu aurais du crever à la naissance et ne même pas goûter à la vie. Elle ne veut pas de toi, Robin comme cette planète, personne ne veut de toi. Ressens-tu l'hypocrisie de ceux qui t'entourent ? Ressens-tu ton hypocrisie ? Celle que tu leur as servi depuis toutes ces années en leur servant des : "tout va bien, je vous assure" ? Tes parents, de simples connaissances, et maintenant tes amis à Harvard, tu leur as menti. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien, inutile, incapable... Bon à rien. Vas y, marche, cours, essaye de fuir ta détresse, elle te rattrapera toujours. Ne vois-tu pas que tu tournes en rond Nate ? Tu ne fais que tourner en rond. Chaque échappatoire n'est qu'une duperie pour mieux t'achever, pour mieux te tuer.
Crois-tu sincèrement... que parce que tu vas te réfugier chez toi, dans ton appartement... tu vas pouvoir fuir ce que tu ressens ? Oooh... je sais que tu voudrais que j'arrête de marteler ton esprit, moi, ta conscience, celle qui te rappelle un peu plus tous les jours ce que tu essayes de fuir. Ne me fuis plus maintenant, écoute-moi, laisse-moi te bercer, te dire la vérité, te faire prendre conscience de la réalité. Je ris, je ris de toi. De ta maladresse, tu es tellement perturbé que tu n'arrives même plus à entrer la clé de ton appartement dans ta serrure. Allez, essaye encore, que je continue de m'amuser. Tu es tellement pitoyable... C'est bien pour ça que tu es seul. Seul, ça te fait peur non ? D'être seul ? Tu détestes ça hein ? Pourtant... la solitude est la seule qui te convienne. Embrasse-la, ou déteste-la. De toute façon tu n'as pas le choix. Personne ne veut vraiment de toi, Nate. Personne ne veut de quelqu'un qui n'est même pas foutu de savoir avoir une conversation normale.
C'est ça, assieds toi sur ton lit, sort ton téléphone pour voir qui t'écrit. Tu ne sais bien que ce ne sont que des hypocrites. Ce Jay... Tu ne le connais que depuis quelques heures, alors pourquoi est-ce que tu lui dis tout ça par SMS ? Oooh... parce que tu es au bout du rouleau, que tu voudrais le crier mais que tu n'y arrives pas ? Nate... Nate... Nate... C'est normal. Tu n'es qu'un lâche. Tu dis que tu te bats depuis toujours, mais que fais-tu concrètement ? Mmh ? Qu'as-tu vraiment fait dans ta vie pour arrêter d'être la victime des autres ? Tu as changé d'apparence ? Bravo, j'applaudis. Ta superficialité dépasse ton inutilité. Crois-tu sincèrement que c'est parce que tu changes physiquement que les autres vont changer envers toi ? Regarde où tu en es, tu pleures seul maintenant que Jay ne te répond plus. Tu pleures seul parce que tu n'es qu'un lâche qui ne fait rien pour changer. Une erreur... une erreur qui gêne tout le monde. Et surtout Robin.
Tu te lèves ? Et pour quoi faire ? Oh je vois... tu veux me faire taire. Tu veux faire taire la seule chose ici qui te ramène un temps soit peu à la réalité. Tu veux arrêter d'entendre la vérité. Tu veux arrêter de ressentir. Tu as peur Nate, ton ventre se tiraille, tu es effrayé. Ton souffle est court. Pourquoi tu as peur ? De finir seul ? Mais... bon sang Nate, tu l'es depuis le début. Ne t'en rends-tu pas compte ? Tu l'es depuis le début. Même tes gouvernantes ont pris la fuite dans ton jeune âge. Tu es un poison, ce n'est pas la vie qui l'est pour toi. C'est toi qui empoisonne tout ce que tu approches, tout ce que tu touches. Tu attrapes ces anxiolytiques en espérant sincèrement avoir un peu de paix. Et tu en prends... deux ? Et tu crois que ça va suffire ? Pauvre naïf. Cela ne fera que me ralentir. Mais la vérité finira toujours par te rattraper. Toujours.
Tu te sens sales hein ? Tu as envie de te débarrasser des souvenirs de cette soirée, alors tu avales rapidement tes deux pilules en espérant qu'elles agissent vite. C'est fou... je me demande comment tu peux encore arriver à espérer quoi que ce soit, même de minime quand on contemple le désastre de ta vie. Je me demande même... Comment tu as fait pour réussir à arriver jusqu'ici, à continuer de pourrir la vie des gens autour par ta présence. Oh ? Que fais-tu ? Une douche ? C'est ça... lave toi, essaye de gommer ce maquillage d'Halloween pour laisser tes traits tirés refaire surface. Cela ne me donnera qu'une possibilité de plus de te faire voir ce que tu es réellement. Une erreur. Laisse l'eau couler sur toi, dans quelques minutes je serai forcée de me taire pour redevenir un peu de brouillard dans ton esprit. Mais je reviendrai, plus fort encore, comme un torrent qu'on aurait empêcher de déferler. Et tu le sais... Oui, tu le sais. Je disparais lentement, je te laisse à ton silence, à ta solitude, à cette fausse sensation d'apaisement...
... Et le vide vint. Sa conscience finit enfin par se taire sous l'effet de la dose excessive d'anxiolytiques qu'il avait prise. Il était toujours sous la douche, parfaitement immobile, les yeux fermés, laissant l'eau chaude couler sur sa tête sans plus réellement sentir quoi que ce soit. Il avait anesthésié son organisme, pour s'empêcher de ressentir quoi que ce soit hormis cette torpeur artificielle qui venait le bercer. Ses mains vinrent passer sur son visage pour enlever les restes de cette soirée déguisée, il regarda la peinture et le faux sang couler dans le bac de douche, l'air vide. Aussi vide que son crâne en cet instant. Tout semblait couler au ralenti autour, chacun de ses gestes lui semblait lointain, tout comme le bruit de l'eau qui continuait de se déverser sur lui. Il resta comme ça, encore de longues minutes avant de couper l'eau et de sortir. Le blond se sécha mollement, il était vide de tout. Absolument... vide de tout. Il vint se poster devant son miroir.
Il se fixa, d'un air parfaitement neutre. Ses cernes, ses yeux rouges, sa fatigue... sa tristesse sur ses épaules voutées. Il faisait peur à voir, il ne se supportait plus. Depuis longtemps. Sa conscience s'était juste chargée de le lui rappeler. Elle continuait de crier à l'arrière de son crâne. Elle allait sûrement se réveiller à nouveau dans peu de temps, elle ne restait jamais longtemps silencieuse. Même quand on l'entravait, elle trouvait toujours le moyen de venir murmurer des vérités à son oreille, murmures acerbes, un vrai supplice. Nate baissa simplement les yeux, toujours enroulé dans sa serviette avant d'attraper un jogging et un t-shirt qu'il enfila sans conviction. Il retourna dans l'unique pièce de son logement et s'arrêta en plein milieu. Il ne savait pas trop quoi faire en fait, il était perdu, et les médocs n'arrangeaient en rien son état.
Un automatisme le guida aux pieds de son lit, il se laissa tomber les fesses sur le sol, les genoux repliés, ses avants-bras posés sur ceux-ci. Et il resta comme ça, à fixer le vide. Un zombie, un véritable... zombie. Voilà ce qu'il était. Les larmes s'étaient remises à couler sur ses joues, mais plus aucun sanglot ne s'échappait de sa gorge. Il se crispait juste un peu de temps en temps quand sa lucidité refaisait surface pour lui murmurer quelques mots doux. C'était ironique bien sûr, c'était loin d'être doux. Et au fur et à mesure, ses poings finirent par se serrer, ses jambes par se replier un peu plus, son dos par se courber. Pourquoi ça ne s'arrêtait pas... pourquoi toujours... ces pensées... pourquoi... du silence... il voulait du silence, du vide, de la paix... De la paix...
Non tu n'aurais pas la paix, pas tant que tu ne m'écouteras pas. Tu n'es qu'une erreur. Je te le dis et te le répète. Tu crois pouvoir me gommer mais je suis là pour te le rappeler. Pour te rappeler l'évidence. Tes médicaments ne peuvent plus m'entraver, ils peuvent juste t'empêcher de ressentir. Tu sais ce qu'il te reste à faire, tu sais ce que l'on fait avec les erreurs, n'est-ce pas ? Oui, tu as très bien compris Nate, inutile de te crisper, tu as très bien compris. On les corrige. Parce qu'elles n'apportent rien. On les gomme, on les efface comme un trait de crayon malvenu, comme... un coup de stylo-plume dont on ne veut pas. Tu es cette rature sur un tableau, invisible et pourtant dérangeante. Tu es le rouage fêlé et inutile d'une machine bien huilée, tu es l'ulcère de la société.
Allez, ne lutte pas, écoute moi. Oui, c'est bien ça, lève toi, lentement. Dirige toi vers ce tiroir où tu ranges ce qui te sers à faire la cuisine. Prends-le, bien en main ce couteau. Contemple-le si tu veux, bientôt il viendra embrasser ta chair pour te faire disparaître, te gommer, t'annihiler, te supprimer. Tu retournes t'asseoir au même endroit que tout à l'heure ? Pourquoi ? Serais-tu effrayé ? Non... tu ne peux plus l'être, tu ne ressens plus rien sous l'effet de tes pilules miracles. Qu'est-ce que tu attends Nate ? Qu'est-ce que tu as à perdre ? Rien du tout, et en plus, tu rendras un fier service aux autres. N'écoute que moi, laisse-toi guider. Comme ça, oui, de cette façon. Approche la lame lentement, mais sûrement. Laisse-la se poser, si bien affutée sur ton bras. Laisse-la remonter tout du long. Tu fais ça si bien... Tu vois ? Ce n'était pourtant pas si compliqué. Est-ce que tu sens ? Tu sens le métal froid ? Cette douleur cuisante ? C'est agréable n'est-ce pas ?
Regarde ce sang s'échapper à bon rythme, regarde le couler un peu. Serait-ce un sourire que je vois sur ton visage ? Bientôt ce sera fini Nate. Bientôt tu ne seras plus. Bientôt tu ne souffriras plus. Tu n'auras plus à subir l'erreur que tu es. Tu n'auras plus à faire subir ta présence aux autres. Bientôt tout ira mieux. Ferme les yeux, laisse toi porter, ferme les yeux... Doucement, endors toi. Quitte la réalité, goûte cet aperçu de la quiétude que tu vas trouver quand tout sera fini. Le sommeil t'emporte, je vais me taire à présent, je vais disparaître quelques instants et te laisser savourer cet instant. Je vais te laisser sentir la vie qui s'échappe de toi tout doucement. Apaisé... je disparais.
Et le bond s'endormi tout simplement. La lame tachée de rouge quitta sa main pour tomber sur le sol dans un bruit métallique caractéristique. Son sommeil était sans rêve pour une fois. Ce n'était que du noir, du noir et du silence. C'est fou les petits miracles que peuvent faire des anxiolytiques... C'est fou ce que ça pouvait faire du bien. Et le sang gouttait, toujours, de son bras au sol, ses jambes tendues devant lui, ses membres supérieurs nonchalamment déposé de par et d'autres de son tronc posé sur le bord de son lit. Sa tête avait basculé en même temps que le silence était venu. Il ne savait pas trop combien de temps pouvait bien s'écouler pendant qu'il était comme ça. Il ne se rendait plus compte de grand chose. La seule certitude qu'il avait, c'est que lorsqu'il rouvrit les yeux, il mit un certain temps avant de comprendre où il était, et pourquoi il avait la sensation de baigner dans quelque chose de chaud et de visqueux.
Ses yeux balayèrent d'abord un peu la pièce, remettant peu à peu des images de sa soirées sous sa boite crânienne. Et il baissa les yeux. Il observa son jogging à présent imbibé de sang, la flaque sombre sur le sol, et son bras entaillé. S'il avait pu, il aurait paniqué. Mais sa tête tournait trop, le sang qu'il avait perdu l'empêchait d'avoir les idées claires en plus des médicaments qui venaient l'assommer un peu plus. Il fronça les sourcils et se redressa un peu, les cases se remettaient peu à peu. Tout reprenait sa place, et il ferma les yeux en laissant des larmes couler sur ses joues. Il... ne voulait pas mourir, pas comme ça. Il se rendait compte de l'ampleur de sa connerie, alors, il souffla un peu, plusieurs fois pour essayer de retrouver un peu ses esprits et il tenta de se lever, en vain. En vain...
Je vois que tu es revenu à toi. Qu'est-ce que tu fais ? Tu essayes de te lever ? Pauvre Nate... C'est trop tard. Tout ce que tu vas gagner c'est te faire saigner plus vite, plus fort pour attirer la mort vers toi encore plus vite. Oh ? Tu retentes ? Mmmh... il faut croire que tu as plus de ressource que ce que l'on peut croire. Qu'est-ce que tu cherches à faire avec ce torchon ? Un garrot ? Bonne idée. Mais tu vas continuer de saigner, ce n'est pas un vulgaire bout de tissu qui va pouvoir te sauver. Pourquoi est-ce que tu refuses l'évidence Nate ? Pourquoi est-ce que tu cherches encore une fois à te battre alors que... ta place n'est pas ici ? Pourquoi ? Tu étais finalement sur la bonne voie et tu fais marche arrière. Tu peux serrer ce torchon autant que tu veux autour de ton bras... sois réaliste. Ça ne changera rien.
Tu peux t'agripper autant que tu veux aux meubles de ta petite cuisine pour réussir à te mettre debout... ça ne changera rien. Regarde, ton bandage de fortune est déjà presque noir tant tu te vides un peu plus à chaque mouvement. Es-tu stupide ? Tu cherches à marcher vers la porte de ton studio, ramassant ton smartphone au passage... mais pour quoi faire ? Oh... je vois... Trouver de l'aide. Mais qui voudrait t'aider, Nate ? Qui ? Tu peux me le dire ? Personne. Parce que personne ne veut de toi, parce que tu n'as dit à personne que tu allais mal. Parce que tu n'es qu'un idiot. C'est ça, ouvre ta porte. Regarde, tu n'as même pas la force de parler ! Tu ne peux même plus demander de l'aide. Cesse d'essayer de l'articuler ça ne sert à rien... Tu es ridicule ! Tu titubes, laissant des traces de sang sur les murs auxquels tu t'appuies. Regarde ! Tu manques même la marche et fini par dévaler les escaliers. Et personne ne t'entends, personne ne te voit. Parce que tu es invisible, tu es insignifiant et inutile.
Tu te relèves encore une fois tant bien que mal. J'admire presque la bêtise de tes gestes, à ce niveau là, ça en devient presque un talent. Et tu recommences à marcher en haletant, grimaçant. Tu cherches une pharmacie de garde c'est ça ? Ha ha... mon pauvre Nate, toi et moi on sait que c'est trop loin pour que tu puisses y arriver dans ton état. Tu vas mourir, pieds nus, ensanglanté, sur un trottoir, sous les yeux des quelques passants. Et demain matin on retrouvera ton corps refroidi, inerte, ridicule encore une fois. Même dans la mort tu n'es pas foutu d'être digne.
Ta vue se brouille Nate, tu ne vois presque plus rien. La lumière extérieure n'est plus qu'un halo flou, tout comme les ombres qui deviennent des taches. Et tu essayes encore de crier à l'aide. Regarde ces passants qui fuient en te voyant. Tu vois ? Tu leur fais peur. Personne ne veut t'aider. Personne. Tu ne sais même plus où tu marches, tu as peut-être parcouru quoi... 5 mètres depuis que tu es sorti de ta résidence ? Et tu es déjà épuisé. Où est-ce que tu vas Nate ? Tu n'en sais rien ? C'est normal puisque tout devient noir. Et pourtant, tout ce que tu vois maintenant, c'est cette lumière aveuglante, la lumière de ces phares et ce bruit de klaxon. Des pneus qui crissent. Et le choc. Tu as le souffle coupé, tes yeux aveuglés s'écarquillent, et tu tombes. Tu heurtes le sol. La seule chose que tu sens, c'est ton crâne qui vient s'exploser sur le sol avant de rouler sur quelques mètres, inerte.
Et tout disparait. Je disparais. Tu vois ? Je te l'avais dit. Ca ne servait à rien de lutter. A rien du tout... L'inconscience le saisit, l'empoigna dans ses ténèbres, le berça lentement. Autour de lui, des cris avaient retentis, une petite foule s'était attroupée pendant qu'on appelait les secours. L'automobiliste était en larmes, horrifiée tout comme les quelques passants qui avaient été témoins de la scène. Tout était allé si vite... Un sirène finit par retentir, la police avait fini par arriver pour éloigner les civils. Et le corps inerte de Nate fut placé sur une civière. Tout le monde s'agitait autour de lui qui était si calme. Son pouls ralentissant lentement tandis qu'on essayait de le faire revenir à lui. L'ambulance démarra en trombe. On lutta pour finalement réussir à lui faire retrouver un rythme cardiaque stable.
On l'opéra, histoire de lui remettre en place sa fracture ouverte au bras, lui recoudre la lèvre et l'arcade sourcilière. On répara aussi ses cotes du mieux possibles, brisées et déplacées avec le choc. Son bras fut recousu et soigné. Et il fut amené dans une chambre, endormi, sous respirateur. Complètement inconscient. La chambre se vida peu à peu des infirmiers et infirmières, et la solitude vint se mêler au repos du blond qui semblait si loin à cet instant... Paisible.
© Babao
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