SETH R. EASTWOOD ► rami malek

Les pyramides, je ne les ai pas vu uniquement sur les livres d'histoire. Je les ai touché, je les ai visité, elles étaient en quelque sorte mon refuge. Je suis né dans le berceau de l'humanité. L'Égypte. Un pays merveilleux malheureusement gâché par quelques noms instaurant la terreur. Je suis le fruit d'un mariage mixte, une Cléopâtre & non pas un César mais un bel Indiana Jones. Mon père travaille pour l'ambassade des États Unis en Égypte et ma mère est une féministe engagée. Ce qui n'a jamais été sans danger, encore aujourd'hui. Je n'ai pas forcément envie de vous dérouler toute ma vie. Pour moi, elle n'est qu'ennuis perpétuels. Je suis un jeune homme monotone, rien de plus. J'ai toujours essayé de sortir de ce cercle vicieux au prix de ma santé physique et mentale. Je suis auto-centré. Je sens que je ne tourne pas rond, je me sens piégé depuis toujours dans ma propre tête. Être en prison dans son corps, dans son enveloppe, il n'y a rien de pire. Je suis un enfant moderne et triste. La jeunesse n'a plus aucun goût, on suit tous le même chemin, la même routine. Au fur et à mesure des années et de ma perte d'innocence, le monde m'est apparu encore plus sombre et inutile. Je suis devenu un observateur, un type en retrait sans intérêt. Quelqu'un que l'on ne remarque pas. Sûrement parce que je le veux bien. Je ne suis pas à l'aise avec la société, je suis né dans la mauvaise époque. Je hais la technologie pourtant il n'y a que là-dedans que je me sens à l'aise. N'est-ce pas paradoxal ? Je suis un paradoxe. Mes pensées s'entrechoquent dans ma tête et la nuit, je ne dors pas. J'ai besoin de médicaments pour me plonger dans un sommeil artificiel sinon j'aurais probablement déjà commis des meurtres à la pelle. Ne fuyez pas déjà. C'est bien ce que je veux montrer, rien de plus. Je ne livre mes plaintes qu'à moi même en général. Est-ce sûrement à cause de cela que je rumine à une vitesse dangereuse. À chaque fois que mon réveil sonne, je sais que je vais devoir lutter contre moi-même pendant une longue journée. C'est désespérant mais avec le temps on s'y fait. On essaie de se trouver des occupations pour aveugler ce tournis interminable qui donne la nausée.

On pourrait croire que je suis insipide, que je n'ai rien fait de ma vie à part frôler les murs. Pourtant, j'ai voyagé au quatre coin du Moyen Orient, en Europe Occidentale, tout cela avant de choisir les États Unis pour leur soit disant culture cosmopolite et leur technologie de pointe. Je regrette parfois mon pays si simple à côté de la jungle américaine. Gamin, j'ai longtemps été le souffre-douleur trop fort en classe. J'ai subi de nombreux coups bas et j'ai même cru un instant que je méritais cet acharnement. Au point où je me sens actuellement toujours inférieur au reste de la population. Et ce malgré mon QI avoisinant les 193 points. De nos jours, je me demande vraiment ce qu'il vaut mieux. Avoir un circuit neuronal surpuissant ou bien un cercle social hallucinant ? Conneries. Aucun des deux n'assurera une vie parfaite. La perfection, voilà une belle supercherie qui pourri l'Homme. Je me demande quel est l'abruti qui a crée le culte de la perfection.  Je pense que vous l'aurez compris, je suis un être misérable qui tente de s'affranchir des contraintes de la société à chaque levé et couché de soleil. Je n'ai pas été violé, abusé, victime d'une grande catastrophe. Je suis un enfant du vingtième siècle bloqué dans le vingt et unième.