Looking for some rest : Maëlys

L’ambiance de la soirée devenait bien trop électrique entre Mairin, Solveig, Caesar et Amanda. Soit Noah restait et envenimait les choses, rentrait dans le tas sans réfléchir, soit il s’éclipsait pour reprendre ses esprits et revenir en meilleure forme. Alors, il décida de se rendre à l’étage, comme il connaissait les lieux après avoir déjà visité la chambre de Solveig. Il montait les escaliers prenant soin que personne ne le voit, et en avançant dans le couloir de l’étage se laissa complètement glisser dos au mur du fond, comme si toute la misère du monde s’enfonçait dans ses épaules. Il avait les genoux pliaient et plongeait son visage dans ses mains une fraction de seconde. Il redressa la tête et la penchait en arrière se cognant machinalement l’arrière du crâne au mur comme s’il suppliait que tout s’arrête, que toute cette infamie prenne fin, enfin, et qu’il puisse retrouver la paix qu’il convoitait. Il avait une envie terrible de fumer mais comme il était interdit de s’en griller une dans les locaux, il s’abstint un moment. Il attrapait son téléphone dans sa poche voulant envoyer un texto à … beh à personne. En fait il n’avait strictement personne à qui parler, ni personne avec qui il pourrait s’échapper de tout ça. Il laissa ses jambes retombées tout de leur long, si bien qu’il était assis contre le mur ses jambes étendues devant lui, son masque jeté à sa droite. Il desserra avec rage sa cravate et déboutonna le haut de sa chemise comme il avait l’impression de suffoquer. C’était vraiment une sale soirée pour Noah.  

Noah se laissait complètement accabler par une tristesse vorace qu’il n’avait pas osé ni réussi à exprimer jusque là. Il profitait du fait de se retrouver seul pour se laisser aller, ses yeux commençant même à s’humidifier tant il avait l’impression qu’on venait de lui arracher le cœur. Mairin lui avait fait un sale coup, encore un. Et même s’il ne tarderait pas à prendre sa vengeance, le fait est qu’il avait déçu et blessé Amanda, son ex désormais, et que ça il aurait du mal à se le pardonner. Il fallait bien un temps où il baissait les armes pour laisser son esprit se vider. Et tandis qu’il était assis là, dans la pénombre, son visage enfouit dans ses mains, il entendit des bruits de talon se rapprocher. Il releva la tête et sans qu’il ne pu avoir le temps de voir de qui il s’agissait, il reconnu la voix de Maëlys. Maëlys qui l’avait envoyé chier bien comme il faut à Salem, et même chaque fois qu’ils se croisaient. Elle était aussi coriace que belle, à tel point que Noah s’était juré depuis Halloween de ne plus chercher à lui parler, ou quoi que ce soit. Il la regardait dans les yeux, un air sombre sur son visage, sans sourire, et tentant de déguiser au mieux sa peine : « Non », répondit-il sèchement avant de reprendre ses esprits. Il ajouta aussi tôt : « Tu m’adresse la parole maintenant ? C’est nouveau ». Il replia ses jambes en tailleurs sans se lever, tandis que sa main tripotait machinalement son masque jeté par terre.

Contrairement à ses habitudes, Noah n’éprouvait pas du tout le besoin ni l’envie de vider sa rage et sa colère sur quelqu’un d’autre. En fait, il n’avait même pas envie de se battre ou de se prendre la tête, trop meurtri, trop profondément enfouis dans son marasme et sa torpeur. Il avait énormément de mal à saisir Maëlys parce qu’il sentait bien qu’il y avait une tension, quelque chose quand ils se regardaient. Pour autant, elle avait l’air totalement insensible à son charme. Et pour dire vrai, ça l’agaçait et le vexait qu’on lui tienne autant tête, qu’on feigne autant l’indifférence face à lui. Lorsqu’il lui lança son pic, la jeune fille s’excusa. Etrange, pensa Noah. Il haussa les épaules avant d’ajouter : « Tu veux dire toutes les dernières fois ? J’ai pas le souvenir d’avoir eu le droit à plus de cinq minutes de ton temps depuis qu’on s’est rencontré ». Se rendant compte de ce qu’il venait de dire – à savoir, lui faire comprendre que ça le faisait vraiment chier de ne pas la voir plus – il s’empressa de la boucler. A sa grande surprise, la jeune fille poursuivait avec un regard presque touchant. Noah évita de croiser ses yeux, fixant le sol, et finit par lui répondre : « Faut croire que j’ai un don pour faire ressortir le mauvais côté chez les gens et pour me faire détester ». Il ne voulait pas tellement faire la victime, c’était plus une manière pour lui de s’excuser en fait. Et en relevant la tête vers elle, la regardant cette fois, il finit par ajouter : « Et si on reprenait les choses convenablement depuis le début ? ». Noah se hissa à l’aide de ses mains, un peu maladroit tant il était ivre, et vint face à Maëlys en lui tendant la main : « Enchanté, je m’appelle Noah », dit-il en souriant légèrement.

Peut-être les deux jeunes gens allaient-ils enfin arriver à un terrain d’entente ? Peut-être, oui. Dans le fond, Noah aimait bien Maëlys. D’abord, parce qu’elle était vraiment jolie, tout à fait son type de femme, et quel garçon n’aurait pas craqué devant ses grands yeux ? Ensuite, parce que malgré ses airs de jeune fille douce et un peu fragile, elle cachait une force brutale. C’était quand même l’une des rares à l’avoir déjà clairement envoyé chier et à lui avoir montré que non, le jeune d’Aremberg n’était pas toujours le centre du monde malgré ses tentatives d’enfant gâté. Rien que pour ça, elle méritait son respect. Et, pour tout dire, il n’avait pas envie d’en rester là, il voulait que leur relation évolue, même en simple amitié, qu’importe. Dans tous les cas, il n’avait pas envie de ne pas lui parler : « Je sais que je t’ai super mal parlé la première fois qu’on s’est rencontré, mais c’est bon non ? Tu m’as assez puni. Puis, tu ne peux pas dire que je n’ai pas fait un millier d’efforts pour revenir vers toi ! ». C’était bien qu’ils finissent enfin par discuter du fond du problème, au moins, une fois l’abcès crevé, ils pourront passer à autre chose. La jeune fille finit par se rapprocher de Noah qui se sentit … tout à coup gêné. Une telle proximité, une telle douceur c’était … étrange. Ça le mettait quelque peu mal à l’aise. Il releva les yeux vers Maëlys pour la regarder : « Si tu me dis que t’es capable de m’apprécier malgré ce que je suis, alors je veux bien ne pas changer ». Voilà, c’était dit. Il venait de lui avouer subtilement qu’elle lui avait tapé dans l’œil, et haussant légèrement les épaules, il se mit de nouveau à fixer le sol avant de reprendre ses esprits et de se redresser. La jeune fille lui serra la main, il y avait une petite tension, c’était indéniable. Noah s’empressa de la lâcher avant d’ajouter souriant à peine plus : « Maëlys, j’aime beaucoup ce prénom ». Il lui faisait désormais face, la dévisageant une courte fraction de seconde, avant de détourner le visage : « Je suis trop ivre pour te proposer un dernier verre mais, ça te dit de t’asseoir là dans le noir et d’écouter un peu de musique avec moi ? », et il s’empressa d’ajouter pour ne pas la brusquer : « A moins que tu sois fatiguée et pressée d’aller te coucher, je ne t’en voudrais pas ».

« Je trouve ça étonnant qu’on ne se batte pas pour toi. Enfin … j’ai pas envie de faire le lover ou de te sortir des phrases préfabriquées mais, je trouve ça étonnant. Je te trouve vraiment belle en fait », Noah haussa les épaules avec une certaine pudeur, légèrement gêné par ces révélations.  Il se rendait tout à coup compte qu’il ne connaissait rien d’elle, s’il faut elle avait un petit ami, ou une histoire compliquée, enfin n’importe quoi ? Peu importe. Le jeune homme n’osait pas se montrer intrusif, tout ce qu’il voulait pour le moment, c’était profité de cette détente, enterrer la hache de guerre, et pourquoi ne pas réapprendre à se connaitre avec moins de virulence.

Lorsque les présentations furent terminées, Noah et Maëlys, sans se concerter, se retrouvaient à se regarder dans les yeux. C’était agréable et intriguant. Il y avait toujours cette légère tension, quelque chose d’assez indescriptible en fait qui laissait entrevoir l’idée que leur relation n’allait pas en rester là. Du moins, qu’il était quasi impossible qu’ils arrêtent de se parler. Le jeune homme fut content de voir Maëlys s’asseoir à ses côtés et pris lui-même place prés d’elle. Il ne savait pas tellement ce qu’il était entrain de faire, s’asseoir dans le noir pour écouter de la musique, c’est étrange non ? Mais au moins, ils pouvaient en silence se faire découvrir l’un l’autre les choses qu’ils aimaient et apprendre à se connaitre avec plus de simplicité. Noah sortit son téléphone de sa poche ainsi que ses écouteurs. Il en tendit un à Maëlys : « Tiens », avec un léger sourire, évitant de trop croiser son regard tant il se sentait légèrement déconcerté et gêné. Il mit cette musique avant de s’appuyer complètement contre le mur derrière lui, la tête légèrement penchée en arrière. Après quelques secondes, il tourna les yeux vers Maëlys qu’il dévisageait une fois encore, elle était mignonne présentement. Et d’un geste à la fois maladroit et assuré, même si c’est paradoxal, il passa son bras autour du coup de la jeune fille de manière à la rapprocher de lui, sans rien dire, les yeux désormais fermés.

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