Mishanna - This is halloween

This is Halloween

OKSANNA & MISHA

Halloween, je l'attendais depuis un bon moment. J'ai jamais vraiment eu l'occasion de fêter Halloween comme il se doit. Mes parents ont toujours dit que c'était une stupide fête commerciale américaine, qu'il ne faut pas se moquer de la mort, qu'on est pas des sauvages et que ça ne se fait pas d'aller toquer chez les voisins pour des bonbons. Pas très funs mes parents, faut le dire. Mais depuis que je suis gamine, j'adore me déguiser, me prendre pour quelqu'un ou quelque chose que je ne suis pas. Je sais pas, c'est drôle. Alors depuis que je suis venue vivre aux Etats-Unis, c'est-à-dire depuis avril dernier, j'attends qu'une chose. Qu'Halloween arrive afin que je puisse me déguiser et faire la folle dans les rues avec mes amis. Et Halloween est arrivé plus vite que je ne l'aurait cru. Tellement vite qu'en fin de compte, j'ai eu un peu de mal à me trouver un déguisement. Avec tous les derniers événements dans ma vie dernièrement, j'avoue que j'ai complètement oublié de réfléchir à ce petit détail, ça m'est un peu sorti de la tête. Alors j'ai déchiré quelques vêtements, j'ai ébourriffé les cheveux, j'ai dessiné des cernes, des plaies un peu partout et mit du faux sang là où je le jugeais nécéssaire. En quoi suis-je déguisée ? Je sais pas trop. Un genre de zombie, guerrière, rescapée. Je suppose que j'ai fait un mélange entre Lara Croft et The Walking Dead. Bref, au final c'est pas bien grave car tant qu'on est un peu moche et qu'on a du sang partout, ça passe. Le but du jeu c'est de faire peur hein ? Pas de recréer un look complet. D'autant plus que je fais pas partie de ces filles qui s'amuse à paraître hyper sexy pour Halloween, genre chatte ou sorcière belle gosse. Je trouve ça un peu con, je vois pas l'intérêt. Du coup, une fois satisfaite du résultat, je suis partie avec tout le monde jusqu'à Salem afin de faire la fête. Je suis tranquille cachée dans un coin sombre en train d'essayer de faire peur aux passants quand je reçois un sms. Je jette un coup d'oeil à mon portable et je vois qu'il s'agit de Misha. Misha qui me donne rendez-vous au lac. Il n'a pas besoin de me demander une seconde fois pour que je le rejoigne et je me dirige immédiatement en direction du fameux lac. Une fois arrivée sur place, j'entends quelqu'un qui crie et je reconnais rapidement sa voix. C'est quoi ce délire ? C'est une blague ? Puis je le vois en train de gigotter dans l'eau et disparaître, comme si il y avait un truc qui le tirait vers le fond. Mais qu'est-ce qu'il est allé faire là dedans ? Il fait pas assez chaud pour un bain de minuit, et maintenant le voilà qui se fait bouffer par je ne sais quelle bestiole. M'enfin, j'ai pas le temps de m'énerver, faut que j'aille l'aider. Alors je plonge à mon tour dans le lac, sans même prendre le temps d'enlever mes chaussures. Si Misha est en train de se noyer, c'est pas le moment de me la jouer coquette. Tant pis pour mon déguisement. « J'ARRIVE MISHA ! » je crie, histoire qu'il se dise pas "ok tant pis je meurs comme ça c'est fait". Histoire qu'il reste en vie encore dix secondes le temps que j'arrive à sa hauteur. Une fois que c'est le cas, je plonge sous l'eau et essaye de l'attraper. J'espère que je vais pas toucher des algues ou je sais pas quoi car c'est trop dégoûtant ça. Je finis par toucher son bras et je le remonte comme je peux à la surface. Heureusement que j'ai fait sauvetage au lycée. « Ca va ? C'est quoi ce truc ? » je lui demande, pas encore bien rassurée car maintenant faut qu'on se sorte tous les deux du lac, sans se faire bouffer par le monstre qui l'a attaqué.

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CODES © LITTLE WOLF.

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OKSANNA & MISHA

Sur une échelle de un à dix, mon inquiétude doit être au plus haut niveau. Comment ne pas être mort de trouille en même temps ? Je viens de voir Misha appeler à l'aide parce qu'un truc l'aspire vers le fond de l'eau alors non je suis pas du tout à l'aise. Je le suis d'autant moins que j'ai plongé à son secours, pensant qu'avec mes petits bras je pourrais battre Nessie ou je sais pas quel autre montre. Je ne pouvais clairement pas rester les bras croisés sur la rive à attendre qu'il se débrouille tout seul, mais maintenant que je suis moi aussi impliquée, je me dis que j'ai même pas de plan de génie pour nous sortir de là. Alors tout ce que j'attends, c'est qu'il me dise au moins qu'il va bien, qu'il est pas blessé, n'importe quoi en fait. Je serais plus en capacité de réfléchir une fois que je serais sûre que la moitié de son corps n'a pas été arrachée. Je lui demande alors si ça va et accessoirement s'il a une idée de ce qui se passe. Ca aiderait, c'est sûr. Il commence alors à me répondre, il me parle d'un "on", merci pour la précision. On peut être un poisson comme un montre comme une algue. Mais il ne finit pas sa phrase car il disparaît à nouveau dans les vagues. «MAIS BORDEL C'EST QUOI CA ?! » je crie, franchement énervée à l'idée que ma première tentative de rescousse n'ait pas marché bien longtemps. Puis je sais pas, je commence à hurler en gigotant dans tous les sens. J'ai la trouille, je déteste être dans l'eau sans avoir pieds, sans savoir ce qu'il y a autour de moi. Là je me sens très vulnérable et impuissante et je sens que je vais pas tarder à pleurer si ça continue. C'est les nerfs, ça me rend dingue. Pour finir je plonge après Misha, je regarde les yeux fermés histoire de pas voir si le montre est vraiment moche et je commence à frapper dans le vide. Ou dans l'eau plutôt. Je fais de grands gestes, espérant à la fois effrayer ce qui pourrait retenir Misha sous l'eau, et espérant aussi attraper le bras de ce dernier afin de le ramener vers moi. Et si j'arrive à l'atteindre, ce coup ci je le lâche pas. Tant pis, on se fera manger tous les deux. Il est hors de question que je sorte de ce foutu lac sans lui. Espérons juste que je le trouve avant de me noyer parce que là j'aurais vraiment les boules je pense. Je me vois déjà au paradis en train de râler sur Misha car il a mit les pieds dans un lac en plein milieu de la nuit le soir d'Halloween et râler sur moi parce que j'ai oublié de remonter à la surface pour reprendre ma respiration. Plus débile comme mort on trouve pas.

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OKSANNA & MISHA

Et maintenant quoi ? Maintenant on meurt tous les deux, comme dans un film bien pourris. Je vois déjà les titres dans les journaux. Deux jeunes ont trouvé la mort le soir d'Halloween. Les circonstances de leur mort restent encore inconnues. Le lac hanté de Salem. On dit qu'on les entend encore crier lors des nuits sans lune. Bon au moins on sera devenu des légendes. Ca nous ressemble plutôt bien ça. Je nous voyais faire tellement de choses au cours de notre vie, de belles et grandes choses, que le seul truc qui puisse me réconforter serait de me dire que notre mort restera dans les mémoires. Pourquoi est-ce que je baisse les bras aussi rapidement ? Pourquoi est-ce que je tire autant de conclusions sur ce qui est en train de nous arriver ? Car je ne suis pas connue pour être quelqu'un de très très optimiste. Mon passé m'a prouvé que j'abandonne assez vite quand j'ai des soucis. Quand ça s'est compliqué avec Misha, j'ai pris la fuite, je suis sortie avec son frère et je n'ai pas cherché à l'arrêté lorsqu'il a décidé de partir. L'eau est froide, il fait noir, je suis fatiguée, personne n'est encore venu nous secourir, je me dis que c'est foutu. C'est nul, je suis pas fière de moi mais je vois pas ce que je pourrais faire d'autre. A part effrayer la chose qui est vraisemblablement en train de manger Misha à quelques mètres sous la surface de l'eau. Et c'est juste au moment où je commence à sentir mes muscles m'envoyer promener que je sens que quelque chose m'agrippe contre lui. J'ouvre grand les yeux, surprise et je tombe nez à nez avec Misha. Ouf, c'est pas un montre vert bien dégueulasse. Me voilà soulagée. D'autant plus soulagée qu'il a l'air en plutôt bonne santé. A tel point qu'il en vient à me faire une petite blague. Une Pamela parfaite ? Il est sérieux là ? Genre on a pas quelque chose de plus urgent à faire que des compliments. Je sais pas moi, maintenant qu'il est là on pourrait en profiter pour prendre la fuite. J'ai envie de lui dire de se dépêcher mais l'air qu'il a sur le visage m'indique qu'on a aucune raison de partir. Je comprends pas vraiment là alors je hausse les sourcils, attendant une explication. Et là il me dit qu'il est désolé, qu'il voulait m'embêter. « Pardon ? » je lui demande, pas encore tout à fait sûre de savoir ce que cela signifie. Puis je comprends. Il m'a fait une blague. Ce salaud m'a laissé croire qu'il était en train de se noyer, de se faire attaquer. Il m'a laissé croire qu'il allait mourir, juste parce qu'il avait envie de se marrer. J'y crois pas. « Tu te fous de moi Misha ?! » je lance, sentant la colère monter. « Bien sûr que tu te fous de moi ! C'est tellement drôle de me faire croire que t'es en train de mourir. » je lâche alors que je commence à nager vers le rivage. Génial, je suis crevée, trempée, j'ai ruiné mon déguisement, tout ça parce que j'ai un copain aussi mature qu'un gamin de cinq ans. Si je pensais que quelqu'un n'oserait pas jouer avec la mort comme ça, c'était Misha. Mais je dois m'être trompée. Je pensais qu'il comprendrait mieux que n'importe qui que c'est mal. Il a perdu un frère, il fait que ça fait mal. Et il sait que moi aussi j'ai perdu son frère et pas que. Si je m'écoutais, je l'aurais déjà noyé mais je pense que ce serait un peu trop facile pour lui. Je suis sacrément en colère et il va le sentir passer.

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OKSANNA & MISHA

• J’ai abusé, je le sais que j’ai abusé, et je sais surtout qu’à partir de maintenant, je vais le regretter. J’aurais très bien pu lui faire croire l’espace d’une seconde, et une fois qu’elle aurait mis ces pieds dans l’eau, lui dire que ce n’était pas vrai, que j’voulais juste nager avec elle. Nager avec elle en pleine nuit, ouais c’est ça. Après tout, on est des aventuriers non ? On a passé notre enfance à explorer des endroits plus grands et plus perdus les uns que les autres non ? Le grenier, le fond du jardin, la forêt vachement flippante de la ville, bref, on devrait pas avoir peur d’être ici, c’est qu’Halloween après tout, les morts ne vont pas revenir, les morts ne vont pas nous sauter dessus, nous attraper les jambes et nous tirer vers le bas, nous noyer, nous tuer et laisser ensuite nos corps remonter à la surface, laissant les gens hurler en les découvrant demain matin, comme le début d’un film d’horreur. Sauf que non, j’étais conscient d’avoir abusé, mais j’étais tellement lancé dans le truc qu’en réalité j’ai trouvé ça drôle. Rigoler de la mort, quel drôle de plaisanterie quand on connait mon passé, son passé. Pendant longtemps, j’me suis pensé invincible, j’me suis pensé rejeté de la mort, avec pour seul but de pousser mes limites au maximum, histoire de voir combien de temps mon corps pourrait tenir, mais, j’me suis vite rendu compte que ma vie n’était pas celle-là, que ma vie n’était pas faite pour être comme ça, que je valais mieux, que je pouvais faire mieux, et, Oksanna a été en quelque sorte cet élément déclencheur, cette bouée de sauvetage. Alors, quand je lui fais comprendre que ce n’était pas vrai, sa tête change, d’un coup, j’arrive à lire dans son regard qu’elle a envie de m’étrangler, de ces propres mains, que de ces belles mains douces, c’est elle, qui va appuyer ma tête sous l’eau jusqu’au moment où je n’aurais plus d’air, ou mon corps lâchera… Et là, elle me demande si j’me fou d’elle, que je dois obligatoirement me foutre d’elle, et elle commence à partir vers la terre ferme. Je sais que j’aurais dû la laisser seule, j’aurais dû lui laisser le temps de se calmer pour ensuite aller la voir, qu’essayer d’arranger ma connerie maintenant n’était vraiment pas le bon moment, car elle était énervée, et une Oksanna énervé, vaux mieux pas la faire chier. « Mais attends ! » Et, à mon tour, je nagea vers le rivage, pour me mettre à gueuler, histoire qu’elle puisse bien l’entendre. « Je suis désolé ! Okay ? Je suis désolé, j’ai merdé, j’suis une bite, excuse-moi ! » Les excuses, c’est pas quelque chose que je fais souvent, du moins, avec Oksanna, je les autorises parceque c’est elle, mais, mon caractère de russe borné et impulsif me pousse à les éviter. Et son caractère de russe bornée à elle, va la pousser à m’envoyer chier. •

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OKSANNA & MISHA

On connait tous une personne dans notre entourage, cette personne avec qui on a tout sauf envie de s'embrouiller. La personne qu'on sait qu'il ne faut pas chercher, qu'il faut pas se chier avec. Celle qui va prendre tout de travers et qui en plus de cela va vous en vouloir pendant le reste de votre vie pour cette petite -ou grosse- erreur que vous avez pu faire dans un instant de folie ou de connerie. Celle qui va vous faire sentir comme si vous n'étiez qu'un moins que rien qui ne mérite pas qu'on lui accorde la moindre attention parce que vous lui avez fait du mal. Cette personne, c'est moi. Je suis quelqu'un de particulièrement fidèle et loyale alors quand on me fait un sale coup, c'est pire qu'un coup de couteau dans le dos. Dans le cas présent, Misha n'a pas fait quelque chose d'impardonnable mais quand même. Je suis sacrément énervée. Pourquoi est-ce qu'il me fait une telle frayeur alors que moi je me permettrais jamais de lui faire vivre ça ? D'accord, peut-être une petite blague de deux minutes mais là on a largement dépassé cette limite. Là il m'a fait plonger dans un lac gelé en fin de mois d'octobre, pensant qu'il était en train de se noyer. C'est quand même un peu tordu comme blague j'ai envie de dire. Je l'aime Misha, et quand je vois comment il vient de se comporter envers moi, j'ai l'impression qu'il ne s'en rend pas bien compte. On va sûrement me trouver rabat joie pour lui en vouloir pour une simple blague mais quand on sait pas quoi lui et moi sommes passés, on ne peut que comprendre. Cela n'aurait pas été la première fois que sa vie était en danger. D'autant plus que je ne vois plus ma vie sans lui, c'est juste pas possible. On est peut-être pas ensemble depuis longtemps mais il a toujours été là, dans mon coeur, dans un coin de ma tête alors je refuse de le voir disparaître de la surface de la terre. Je suis donc en train de nager vers le rivage, déterminée de lui en vouloir encore un peu histoire qu'il comprenne la leçon, quand je l'entends qui crie derrière moi. Il s'insulte de bite, et il me faut toutes mes forces pour ne pas sourire voire rire. Je peux pas me moquer de lui là, je perdrais ma crédibilité. Alors je garde les sourcils froncés et la bouge pincée en sortant de l'eau. « Ca tu l'as dit oui. » je réponds. Je ne crie pas, je sais pas s'il l'a entendu mais c'est pas grave, c'était surtout une remarque à moi même je suppose. Puis je me retourne et lui lance à mon tour : « Tu sais quoi ? J'espère que le karma te rattrapera et que tu attraperas une putain de pneumonie. » Oh oui. Je le vois déjà cloué au lit, presque mourant, et moi qui viens le voir pour lui rappeler comment il a attrapé ça. Parce qu'il faut dire ce qui est, j'ai pas vraiment chaud avec toutes les fringues mouillées sur moi là. Bien évidemment je ne pourrais plus lui en vouloir à ce moment là puisque j'aurais trop pitié de le voir malade, puis parce que je l'aime cet imbécile.

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OKSANNA & MISHA

• J’me souviens du premier jour où j’ai rencontré Oksanna, ce premier jour qui avait eu pour but de changer ma vie, toute ma vie. Elle était petite, aussi petite que moi à l’époque à vrai dire, nous étions encore que des enfants, des enfants un peu trop timides, au début. Assise sur une chaise face à moi, elle balançait ces pieds dans le vide et elle lâcha un « salut ». Rien de plus, rien de moins. Elle attendait son père, tout comme moi j’attendais le mien. Une espèce de réunion rapide ou je ne sais plus trop quoi, vous savez, ça remonte à loin, à très loin même, j’me souviens juste de cette petite blonde avec ces joues roses, qui balançait ces pieds dans le vide attendant le retour de son père. Et, en repensant à ce moment, j’me rends compte qu’on a passé notre vie à attendre, notre vie à attendre quelque chose, à attendre quelqu’un, et ça, jusqu’au moment où cette personne pointe le bout de son nez, jusqu’au moment où vous pouvez enfin réellement vivre comme vous l’avez toujours voulu, que cette personne puisse avoir le don d’effacer tous vos problèmes quand elle est à vos côtés. Mais par moment, je pète des câbles, par moment, l’enfant qui était autrefois assis sur cette chaise, ce petit garçon refait surface, et l’envie de faire des conneries plus grosses que lui, lui passe par la tête. Et, c’est un peu ce qu’il s’est passé ce soir, c’est même exactement ça, une connerie, une mauvaise blague, une blague qui va surement donner envie à Oksanna de m’éclater la gueule, qui va lui donner envie de me noyer de ces propres mains, de fabriquer un vrai monstre et de me balancer à la flotte, et cette fois ci, elle ne viendrait pas me sauver, cette fois ci, elle regarderait cette scène se dérouler devant ces yeux, elle attendrait, une fois de plus, que tout ça soit terminé pour pouvoir rentrer. Je l’entends baragouiner je ne sais quoi suite à mes excuses, mais, j’vais pas lui demander de répéter car elle va se retourner et me jeter des cailloux. C’est à la fois stressant de la voir comme ça, mais c’est aussi assez excitant, ça montre qu’elle a du caractère, et qu’elle a elle aussi, ce côté j’ai envie de te dévisser la tête. Et là, d’un coup, elle se retourne et elle me souhaite une pneumonie, pas une petite pneumonie, non, une putain de pneumonie. Sur le coup, j’ai envie d’éclater de rire, mais j’me retiens, parceque ça pourrait encore plus l’énerver. « Han tu sais qu’une pneumonie ça peut tuer ? Tu serais pas bien en vrai si ça arriverait, parceque ça s’trouve y’a une sorcière qui t’as entendu là, et elle va réalité ton souhait ! » Ouais, on est à Salem, et toute cette colère en elle peut se transformer énergie pour une sorcière ou j’sais pas, un truc du genre, et pour le coup, j’vais faire gaffe histoire de pas choper une pneumonie. « Ah et aussi… Regarde dans le sac au pied de l’arbre à ta gauche… Y’a des rechanges hein… » Bah oui, j’comptais pas passer la soirée complètement mouillé, j’avais emmené de quoi me changer, et pour le coup, des rechanges pour Oksanna aussi. J’suis peut-être le mec le plus con de la terre, mais j’essaie quand même de prendre soins d’elle, même après ce genre de conneries. •

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OKSANNA & MISHA

Depuis toujours j'arrive à voir en Misha ce que d'autres ne peuvent pas. Même enfants j'avais l'impression de mieux le connaître que quiconque, ou plutôt de le connaître d'une façon que seule moi pouvais comprendre. Je voyais en lui bien plus qu'un gamin turbulent toujours dans les pattes de son frère. Bien plus qu'un fils de politicien. Quand je le regardais, je voyais un héro qui demandait qu'à faire ses preuves, un aventurier qui n'attendait que de découvrir le monde. Aujourd'hui cela n'a pas tellement changé. La preuve, il est resté un grand gamin à la recherche d'une nouvelle blague à faire à ceux qui l'entourent. Pour le coup, j'admets que c'est pas un trait de caractère qui me plaît, là tout de suite alors que je sors de l'eau après avoir pensé qu'il se noyait. J'ai envie de l'étrangler, mais je sais qu'au final je peux pas m'arrêter de l'aimer. C'est ça qui fait qui je suis. Si il y a bien une personne sur terre qui ne perdra jamais espoir pour Misha c'est bien moi. Alors que tout le monde pourrait baisser les bras, lui en vouloir à mort pour je ne sais quoi et lui tourner le dos, moi je serais toujours là. En râlant certes, en lui reprochant ses erreurs pourquoi pas, mais je bougerais pas. Car même aujourd'hui je peux voir toutes ses qualités, toutes ces choses qui font que je l'aime. Je le connais par coeur, tout comme il me connaît par coeur. Et il n'est pas stupide Misha. Il doit bien se douter que malgré toutes ses excuses et malgré tout mon amour je resterais en colère juste assez longtemps pour qu'il passe un mauvais moment moment à son tour. Il sait que même si je l'aime, je pourrais pas m'empêcher de lui donner une leçon. Je dois certainement paraître folle pour vouloir me venger d'une blague de mon propre copain mais qui s'y frotte s'y pique. Je vois pas pourquoi il serait le seul à pouvoir faire une mauvaise blague et s'en tirer comme si de rien n'était. Moi aussi j'ai envie de m'amuser un peu, de me foutre de lui et de ressortir cette histoire dans un an ou même dix, quand on aura des gamins ou des amis qui viendront manger. "Ah, je vous ai pas raconté la fois où Misha m'a fait croire qu'il se faisait attaquer par un montre dans un lac ?!" Je m'y vois déjà. Alors une fois hors de l'eau, à l'abris d'un éventuel vrai monstre marin, je lui fais face les bras croisés sur ma poitrine. « Qu'est-ce qui te dit que c'est pas moi la sorcière ici ? » je lui lance en plissant les yeux, comme si j'allais moi-même le transformer en crapaud, ou en n'importe quelle bestiole qui pourrait plus parler. Puis comme pour se rattraper, Misha en vient à citer comme par magie un sac de vêtements de rechange. Donc il avait tout prémédité. On aurait put se dire qu'il avait fait ça dans un coup de folie mais non. Quel salle gosse ! « C'est bien je vois que tu pense à tout. » je dis en farfouillant dans le sac. En effet, il y avait bien tout. Mais bon j'ai quand même fichu mon déguisement en l'air avec tout ça. « Tu sais quoi ? Pour la peine je devrais te les confisquer. » je dis amusée. Et l'obliger à finir sa soirée mouillé de la tête aux pieds.

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