The Corpse Bride - SIXT Boost yourself

The corpse bride  

Sixtine & Clay / Octobre 2015

Bien plus tard dans la soirée, alors qu'au loin les échos des rires effrénés et des clameurs terrifiées s'élevaient en un chaos désordonné, certains préféraient aller vagabonder à la recherche de terreurs nocturnes en solitaire. Un petit plaisir malsain que je partageais moi aussi, venu au beau milieu de ce cimetière pour en ressentir le léger frisson. Alors toujours affublé du même costume volé des heures plus tôt à une grenouille de bénitier, je voguais entre les tombes à la recherche d'une vérité lorsqu'elle se dévoila enfin: une apparition fantomatique dans un drapé nacré, gracile et flottant entre les racines entrelacées. Belle mais terrifiante vision au milieu du léger brouillard nappant les pieds des stèles dressées. Et même si je ne croyais guère plus aux spectres qu'aux comptes de fées, mes doigts se resserrèrent pourtant nerveusement sur l'ouvrage biblique tenu dans ma paume, comptant les perles du chapelet tenu dans l'autre à mesure que mes pas me rapprochaient du mausolée que cette silhouette semblait observer.

Mais voilà, quel ne fut pas mon soulagement une fois arrivé à sa hauteur, me trouvant de surcroit bien con. Ce n'était qu'une jeune femme, très belle certes, mais de chair et de sang dans une robe d'un blanc immaculé. Alors prenant mon rôle de prêtre très au sérieux, la croix du chapelet pendante à l’extrémité de mes doigts, je vins l'interpeler: " Excusez-moi mais, ceux-ci n'acceptent plus les visites à domicile depuis longtemps. " Mes yeux roulèrent sur les noms gravés de part et d'autre du caveau avant de rajouter d'un air las, complètement hilare intérieurement " Ah les Rose. Je les ai connus vous savez. Des gens biens. Vous êtes une amie de la famille peut-être? "
 

J'avais envie de changement. La forêt, ça m'énervait et puis j'avais fait le tour. Une nuit blanche à faire ce qu'on veut... c'est long quand même. Je me dirige, alors, vers le cimetière pour explorer un peu autre chose et avoir d'autres frayeurs. Bien que je ne crois pas trop aux esprits... il faut dire que je n'en ai jamais rencontré. Encore heureux, d'un côté, cela doit faire vraiment peur. De toute façon, ne dit-on pas que l'on a toujours peur de l'inconnu ? Quoi qu'il en soit, je me trouve rapidement au cimetière et je marche un peu entre les tombes. J'aime bien regarder les dates, cela indique un bout d'histoire. Soudain, je m'arrête pile sur une tombe familiale, les Rose. J'observe les photos et je m'imagine la vie qu'ils ont bien pu avoir. Je ne les connais pas, simplement la curiosité. Une silhouette s'approche de moi, doucement... s'il veut me faire peur, c'est réussi. Quand celle-ci vient à me parler. Une voix d'homme assez douce, cela me soulage un peu et redirige mon regard vers la tombe. Décidément, cette famille m'intrigue un peu. Un sourire naît sur mes lèvres après sa réflexion. En êtes-vous sûr ? Moi qui pensais être bien accueillie. Je fais style de faire la moue quand je détourne le regard pour le regarder. Déguisé en prêtre, cet homme m'inspire confiance. Ce qui es très très rare chez moi vu ma méfiance. Je ne les connais pas et je ne saurais pas vous dire pourquoi je me suis arrêtée ici.

The corpse bride  

Sixtine & Clay / Octobre 2015

«  je ne les connais pas et je ne saurais pas vous dire pourquoi je me suis arrêtée ici » . Je prêtai une oreille attentive à son explication et portai la main sur mon cœur en guise de bénédiction. "  Nul besoin d’excuse pour se repentir. Quoique la maison du Seigneur aurait été bien plus accueillante "  * Même si ce sont de gros rats question chauffage…* Je scrutais alors les alentours, l’enchevêtrement de buissons et de ronciers qui drappaient la clôture du cimetière. De part et d’autre, les arbres évoquaient des créatures fantastiques et difformes, monstres de foire tout droit sortis des plus noirs cauchemars. Une froide volute de brume nous enveloppait à présent, ce qui me fit dresser les poils des pattes… Brillante idée que ne rien porter sous la soutane. Le calme de la jeune femme, voilà ce qui me parut encore plus étrange.  Alors que certains étudiants s’empressaient de fêter bruyamment autour d’un foyer sauvage leur fructueuse expédition, embrasant les cieux de couleurs pastelles, elle, faisait preuve d'une douceur anormale. Je levai les yeux et, une fois de plus, fut frappé par une étrange impression. Aussi bien pouvait-elle être une vision, un spectre de Salem et toutes ses élucubrations le fruit de ma passion pour le rhum. Mais non, je n’avais bu qu’avec modération, ce qui ne me ressemblait pas vraiment et d’ailleurs il me faudrait corriger le tir dans l’heure. Comment prétendre avoir profité de cette sortie sans avoir bu plus que de raison ? Impensable. Alors lui tendant la main, l’autre toujours épinglée à ma prétendue bible, je me présentai " Père Cooper. Et vous êtes…  " avant de contourner la tombe et de m'assoir, hissé sur la stèle gravée. Mes doigts glissèrent alors sur la reliure et l'ouvris pour dévoiler dans les pages éventrées une petite fiole à demi-pleine que je lui tendis volontiers.  " Ce n'est pas le sang du Christ mais je suis partageur. "