CAROLINE DMITRIEV ► kate bosworth

Il a pratiquement passé sa vie dans l'eau. Il aurait pu mourir noyé, se cogner contre un rocher, s’assommer avec sa planche ou même se faire bouffer par un requin. Ce dernier arrive plus souvent qu'on ne le pense, d'ailleurs. Mais non, sans doute la première fois de sa vie qu'il rentrait dans une voiture pour se rendre à la plage, il a fallu qu'une autre lui rentre dedans. J'avais grand mal à comprendre pourquoi il arrivait ce genre de choses à des personnes comme lui. Liam, le premier élève avec qui j'avais sympathisé, quand, perdue, j'avais emménagée à Cambridge à mes dix ans. Liam, le garçon qui avait osé me défendre devant ses amis qui me trouvaient bizarre. Liam, mon meilleur ami. Je ne pouvais plus attendre, il fallait que je sache et ses fichus médecins ne daignaient même pas prendre la peine de venir me voir pour me dire ce qu'il en ait. Je n'ose même pas imaginer qu'ils m’annoncent que c'en ait finit pour Liam. Je crois que je ne m'en remettrai jamais. Je m'effondrerai, là, par terre, et plus jamais je n'arriverais à me relever.
Me sortant ces pensées de la tête, Tom arriva enfin dans la salle d'attente. Je me relève, et, sans un mot il me prend dans ses bras. Il n'y avait même pas besoin d'ouvrir la bouche, on comprenait tous les deux la peur de l'autre. « Aucune nouvelle ? » me demanda-t-il enfin, après quelques minutes de silence. Je tourne la tête, une fois à gauche, une fois à droite. Nous nous assîmes tous les deux, attendant patiemment la venue d'un médecin. « J'en reviens toujours pas qu'il lui soit arrivé un truc pareil. Y a pourtant jamais d'accident, par ici, vu le nombre de bagnoles qui circulent. Comment ça se fait que, pile quand Liam décide de prendre la voiture, un abruti décide de lui foncer dedans, hein ? Le pire, c'est que la plupart du temps, ils s'en sortent sans dommages, ceux qui causent les accidents, et c'est ceux qui sont innocents qui prennent tout. Ça m'énerve de penser à ça. Parle-moi d'autre chose, Tom. Je sais pas moi, comment ça se passe avec Juliet ? Non, ne dis rien, si c'est pour m'annoncer une mauvaise nouvelle. Ça se passe mal entre vous depuis quelques temps, je l'ai remarqué. Je veux pas que vous vous sépariez. Pourquoi il nous arrive des trucs aussi merdiques à nous, hein ? » Tom, respectueux, me laissa parler pendant plusieurs minutes comme ça. J'avais dit tout cela sans même m'arrêter une seule fois. Il savait que quand j'angoissais, j'avais besoin de discuter de tout et de rien pour éviter de penser au pire, surtout. Cela marchait, jusqu'à ce qu'un médecin daigne enfin pointer le bout de son nez. Moi et Tom nous levâmes aussitôt, attendant un signe du professionnel censé nous annoncer le verdict. Il nous regarda tour à tour, avant de tourner la tête, de gauche à droite, comme je l'avais fait quelques minutes auparavant, mais pas du tout pour la même raison. « Je suis navré, nous avons fait ce qu'on a pu. » Il nous fixai d'un air désolé, sans même oser nous regarder dans les yeux. Et moi, je m'effondrai.