B. Snoopy-Lou O'Niels → Julie Ordon

On m'a toujours dit que j'avais dans le regard quelque chose de ma mère, je ne pourrais pas vous en dire plus je ne l'ai jamais connue. C'était une droguée, qui aurait pu avoir la belle vie, tout ce qu'elle voulait, elle en avait les moyens, mais a préféré s'injecter de l'héroïne dans le bras. Quand elle est tombée enceinte de moi, il était clair qu'elle ne pouvait pas me garder, elle m'a alors confiée à un couple d'amis gay. Quelques semaines plus tard elle est morte, toute cette histoire c'est Tod et Marcus qui me l'ont raconté lorsque je fus en âge de l'entendre. J'ai alors grandie dans cette famille, avoir deux pères c'est vrai que ce n'est pas facile tous les jours, mais je suis fière d'eux, ils suportent les remarques, ils encaissent les insultes. Je me suis battue une fois à cause de ça, j'avais huit ans, un garçon de ma classe avait trouvé malin de me dire que je n'avais pas de parents, que j'étais une gosse abandonnée, c'est vrai quand on est enfant on pense qu'avoir des parents c'est avoir un père et une mère, j'étais différente, je n'ai pas supportée sa réflexion, un coup de pied bien placé le petit était à terre. Résultat des courses une bonne leçon de la part de la maîtresse et privée de récréation pendant toute la journée. Quand on est gosse c'est un peu la pire chose qui puisse nous arriver d'être privée de récré, mais bon je n'avais pas le choix, c'était comme ça, puis je l'avais sans doute un peu cherché après tout.
Enfin, ceci étant dit, je ne suporte pas la drogue, vous comprenez pourquoi, je ne veux pas subir le même sort que ma mère, je ne veux pas perdre mon entourage comme je l'ai perdue elle. Depuis que je suis ados, mon père Marcus, un grand styliste, me prend avec lui dans tous ses déplacements à l'étranger, il m'a toujours dit que voyager formait une certaine maturité. J'étais constamment en déplacement avec lui, nous voyons un peu moins Tod qui, en tant que reporter de guerre, n'était pas souvent à la maison. J'ai alors pris le goût du voyage de l'aventure, à mes 19ans je suis partie en Europe, voir du pays, j'y suis restée pendant deux ans, j'y ai vu les plus belles choses, des images gravées dans ma mémoire à tout jamais. Le soleil qui se couche derrière le champ de mars, les gondoles vénitienneq, l'architecture gaudienne de Barcelone, les rues pavées d'Amsterdam et toutes ces petites choses qui font de ces villes de pures merveilles. Vous l'avez compris si je suis en design de mode ce n'est pas pour rien, mis à part cette envie de créer des robes, j'ai eu la chance d'avoir été présentée, de connaître le milieu. Certains d'entre vous appelle ça du piston, moi j'appelle ça la chance, diriez-vous toujours que c'est du piston si vous étiez à ma place ? Cracheriez-vous dessus en disant que certain non pas cette chance là ? Mes parents ne m'ont pas appelée Mère Thérésa, j'en suis désolée.