maxyna ◇ can't keep a bad girl down

J'avais passé toute la journée à glander et franchement, je commençais vraiment à m'ennuyer. Je décidais donc, aux alentours de dix-sept heures, de sortir faire un petit tour autour de Boston. J'allais être seule vu qu'il était un peu trop tard pour prévoir quoique ce soit mais ça ne me dérangeait pas tant que ça, c'était bien de se retrouver seule de temps en temps. Je me dirigeais donc vers le parking et démarrais le moteur de mon véhicule, direction le centre-ville. Un peu de shopping pour décompresser et s'occuper, c'était une bonne idée, non ? Une fois arrivée à destination, je me garais en vitesse le plus près possible et rentrais dans le premier magasin. Alors que je regardais un peu les rayons de vêtements, mon regard se posa sur une brunette, juste en face de moi. J'avais l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, j'avais même un petit doute sur son identité mais je n'étais pas du tout sûre de moi. Maxym à Harvard ? No way. Je l'aurais su plus tôt, non? C'était impossible. Et pourtant, cette fille lui ressemblait trait pour trait. Je décidais donc d'aller l'aborder, histoire d'être sûre. Je n'avais rien à perdre, et dans le pire des cas, je dirais que je me suis trompée de personne et je repartirais exactement comme j'étais venue. Maxym ?

Franchement, Maxym n'était pas d'humeur en ce moment. Demoiselle était tourmentée par son petit-ami qui jouait au fantôme depuis quelques temps, et la tristesse commençait doucement mais surement à être remplacée par de la rage. Personne ne se moquait de McAllister. Personne n'avait le droit de mettre de côté la belle brune, sans se risquer à des conséquences. Bref, en bonne fille qu'elle est, elle a décidé en cette fin d'aprem de se changer les idées en faisant un peu de shopping. Le nez dans la nouvelle collection donc, un cintre à la main, elle relève le regard quand on l’apostrophe. Maxym ? Par automatisme : « Ouais ? » Ouais, c'est moi. Et toi, t'es ? La légère grimace qui s'affiche sur le visage féminin trahit que ce n'est pas forcément une bonne surprise. « Qu'est-ce que tu fous là ? » J'veux dire, dans ce coin du continent. Ca fait une éternité que nos regards ne se sont pas croisés.

Elle me réponds d'abord par réflexe, sans même lever la tête. Son regard change très vite de voie et je vois bien qu'elle est surprise. Bingo, c'était elle. Aucun doute. Et puis de toute manière, elle n'avait ni jumelle, ni le visage commun alors c'était Maxym. Putain mais j'aurais pas pu la fermer et continuer mon shopping de mon côté ? Parce que ouais, je commençais un peu à regretter d'être allée l'aborder, c'était peut-être pas une si bonne idée que ça. J'avais aucune envie de lui parler mais je pouvais pas non plus partir en courant – quoique... l'idée est fortement tentante, mais non. J'étudie à Harvard. Et toi ? Question débile. T'es de passage à Boston ? Ta gueule, Alayna. N'empêche, elle n'avait pas changé. Elle était toujours la même, fidèle aux souvenirs que j'ai d'elle. De mauvais souvenirs qui me font la haïr. Non pas que je sois une peste mais j'apprécie peu être considérée comme un pion.

L'envie soudaine de retourner la tête dans ses vêtements. Fuir ce visage connu, qui se présente juste face à elle. Une inimitié qui date. Bien que, concrètement, moi, je n'ai rien contre elle. La demoiselle ne m'a rien fait, voyez. La gentillesse avait plutôt été faite dans le sens inverse. Ca ne vous étonne pas ? Je comprends. Si avec les années, Maxym tendait à se calmer et à s'éloigner du business de ses parents, il lui arrivait de croiser quelques preuves de ses méfaits passés. J'étudie à Harvard. Et toi ? La grimace persiste. T'es de passage à Boston ? Mauvaise pioche ma grande. J'suis pas que de passage. « Aussi. » Et parce que ce n'était pas clair : « J'étudie aussi à Harvard, j'suis en droit depuis.. des années en fait. » J'suis sûre que c'est toi qui est venue après, c'est toi qui empiète sur mon territoire. « Ca m'étonne qu'ils t'aient accepté. » Lâché, le regard qui se perd avec nonchalance sur la veste qu'elle allait acheter. J'peux juste pas m'en empêcher.

Toujours la même. Ce regard doux et mielleux qui recèle bien plus que de la gentillesse et de l'innocence. C'était un peu sa couverture. Cette même couverture par laquelle je m'étais laissée bernée, il y a quelques années de cela. En tout cas, elle avait l'air toute aussi surprise et confuse que moi. Je m'attendais pas à la voir ici et malheureusement pour moi, elle étudie bien à Harvard. J'essaye de ne rien laisser dépasser de mon visage. Aucune expression. J'étais juste là, en train de la fixer d'un regard sans vie, dénué de toute joie. J'ignorais ses pics et je levais les yeux au ciel face à sa remarque. Dédaigneuse, elle l'était toujours. Je suis contente de te revoir, dis-je en esquissant un faux sourire. J'avais juste envie de lui rendre tous ses coups, petit à petit. Alors je voulais qu'elle prenne confiance, qu'elle apprécie cette belle image que j'allais lui donner de moi : quelqu'un qui veut oublier le passé et repartir sur de bonnes bases. Le coup n'en sera que plus douloureux.

Quitter New-York a cet avantage d'éloigner Maxym des spectres de ses anciens méfaits. Elle ne risque pas de croiser des clients de ses parents, des gens qu'elle a du berner pour leur compte. Pour le sien, au fonds, puisque demoiselle compte bien reprendre le cabinet McAllister. Pour en faire autre-chose, surement, mais ça ils ne le savent pas. Ils l'apprendront quand il sera trop tard. Pour arriver à son but, elle a du juste.. se plier à ce qu'on attendait d'elle. Obéir. Et, je l'avoue, elle l'a fait avec un certain plaisir. Aucun sentiment parasite de compassion. Pas même maintenant qu'elle se retrouve face à la brune. Qui visiblement, ne lui en veut même pas. Alors que Maxym continue, gratuitement. Je suis contente de te revoir Hausse un sourcil étonné. J'aurai pensé à plus d'aigreur dans ta voix, ma chère Alayna. « Oh, vraiment ? » Après tout, certains sont d'une particulière bonne nature, ils acceptent tout. « Tu ne m'en veux plus ? » T'es trop aimable ma chère, ça m'fait douter.  

Elle a l'air de douter mais je ne me laisse pas intimider aussi vite. Après tout, c'est une réaction humaine de douter, de se méfier, n'est-ce pas ? Le tout, c'est de répondre avec tact et intelligence. Ne rien montrer à part ce visage niais et bienveillant. Duper. Essayer de faire croire qu'on ne veut que du bien et qu'on a tout oublié du passé. Ouais, absolument. Tout le monde fait des erreurs, non ? Je pense que t'as droit à une seconde chance. Une seconde chance ? Jamais. Pas pour toi. Pas après ce que tu m'as fais, non. Un sourire qui pique sur les lèvres. On repart à zéro ? Dis oui et je te promets que je ferais de ta vie un enfer, Maxym Scarlett McAllister.

Ouais, absolument. Tout le monde fait des erreurs, non ? Je pense que t'as droit à une seconde chance. Serre les dents, grimaçant légèrement. Le problème dans tout ça, c'est que j'estime pas avoir fait une erreur. J'veux dire, on m'a donné une mission et je l'ai rempli. Certes, j'aurai pu m'excuser par la suite, mais les McAllister ont vraiment du mal avec ce genre de choses. « Je.. » Là, c'est peut-être le moment de ne pas sortir tout ce que tu penses. « J'espère que tu t'attends pas à des excuses. » Qu'on soit clair. Ca serait dommage de te décevoir une seconde fois. On repart à zéro ? Hausse les épaules, lui tendant la main comme preuve de son engagement. « On repart à zéro. » Rien ne dit que je serais plus douce. « C'est bien que t'arrives à faire la part des choses. » Ca me surprend tant de maturité.
 

J'étais sûre qu'en ce moment, elle devait être en train de se dire qu'elle n'a rien fait de mal, qu'elle n'a fait aucune erreur. C'était bien son genre. Elle n'était pas le type de fille qui avoue et qui s'excuse, elle, elle était plutôt du genre à se voiler la face. La voir s'excuser, ça relevait de l'impossible. Je décidais de passer outre sa petite remarque. Qu'est-ce que je disais ? Je m'y attendais, rien de bien surprenant. Je serrais la main qu'elle me tendait avec un sourire amer. Une ambiance un peu trop hypocrite et fausse à mon goût. Ça se sentait. J'ai changé. Je ne suis plus l'ancienne Alayna, dis-je en haussant les épaules. Notre amitié mérite bien un nouveau départ, non ? C'est mignon, cette naïveté. La même que j'ai eue à son égard, il y a quelques années de cela. Chacun son tour, comme on dit.

J'ai changé. Je ne suis plus l'ancienne Alayna. Hausse un sourcil, la jauge de ses prunelles. Qu'en est-il de la réalité, là-dedans ? Maxym a du mal à faire la part des choses, surtout parce qu'elle ne connait pas vraiment la demoiselle. Leur relation a toujours été faussée, et aujourd'hui la dunster le paye. Elle ne voit pas de façon distincte que la brune ment. Si elle se méfie naturellement, lui tend tout de même la main. « Et je ne suis plus l'ancienne Maxym. » Certains traits restent, mais je ne fais plus tellement dans la manipulation pour le compte des patriarches. Notre amitié mérite bien un nouveau départ, non ? Après tout, il existe des âmes pures. Vraiment pures. Limite stupide de naïveté. « Tu sais très bien que ce n'était pas contre toi.. mes parents avaient besoin que je sache des choses, et.. enfin tu sais comment ça marche, les affaires. » Pas de place pour la candeur des sentiments. Se mord l'intérieur de la joue, puis esquisse un léger sourire. « Mais c'était facile, je t'aimais bien. » Quand même.