Jefferson P. McFaul ► Rob Pattinson

Beaucoup se plaise à croire que la personne que l’on est devenue, qui nous sommes, cet être humain avec ses bons et ses mauvais côtés, est le fruit de nos actes et de nos choix… Mais beaucoup se trompe. Car en réalité, c’est un savant mélange de circonstances qui fait de nous ce que l'on est. La plupart des bonnes personnes le sont parce qu’elles ont grandi dans l’amour d’un foyer stable et qu’elles retransmettent ainsi l’amour qu’on leur a transmis. Les personnes mauvaises le sont généralement parce qu’elles sont paumées, qu’elles ont manqué de repère à un moment ou un autre… Le monde n’est pas juste noir ou blanc. Et il y a une part de chance et de malchance indéniable dans nos vies à tous…

Jefferson a eu la chance de naitre dans une famille aisée. Il est venu au monde par une belle journée d’hiver. Le couple McFaul, alors jeune et insouciant, fut ravi de tenir un adorable petit garçon dans leur bras. Mais rapidement, ce fut les bras de sa gouvernante que le nourrisson retrouva. En effet, M et Mme MacFaul étaient de jeunes entrepreneurs ambitieux et ils passèrent plus de temps à ériger leur boîte florissante et prometteuse qu’à éduquer leur fils.

Le petit garçon ne manqua de rien néanmoins, matériellement parlant. L’industrie parentale marchait bien et la famille avait largement les moyens de céder à tous les caprices de l’enfant. Ses parents cherchaient probablement par là à compenser leur absence et leur manque d’affection par des cadeaux. Cela n’a probablement pas aidé Jefferson, faisant de lui un jeune homme trop gâté : impatient, impulsif, exigeant et capricieux.

Jefferson grandit sans repère, sans limite. A l’adolescence et à cause de mauvaises fréquentations du lycée, le jeune homme commença à fumer et à boire. Rapidement, il se mit à consommer d’autres produits : de la drogue dite « douce » au début il passa vite au niveau supérieur avec les drogues « dures ». Ses parents trop absents, ne remarquèrent rien de sa descente au enfer. La seule personne qui comptait vraiment pour Jeff c’était Nora. Nora, sa meilleure amie, sa lumière au bout du tunnel. D’un sourire, d’un regard, elle faisait s'accélérer les battements du cœur du jeune homme, elle le faisait se sentir vivant. Evidement, son affection dépassait la simple amitié, Jeff était fou d’elle. Ils partageaient tout ensemble, la drogue inclue…

Peut être que dans une autre vie, dans une optique où les parents de Jeff auraient été des gens présents et aimants, des parents responsables, qui auraient empêcher leur fils de sombrer ainsi, et dans une optique où Nora n’aurait pas été une enfant placée, jonglant de famille d’accueil en famille d’accueil, peut être qu’alors les deux jeunes gens auraient pu vivre une belle histoire d’amour ensemble. Peut être même qui sait, se marier et avoir des enfants… Mais rien de tout cela ne se produisit.

Les deux amis étaient aussi paumés l’un que l’autre et un jour l’accident arriva. Lors d’une séance de shoot particulièrement dosée avec plusieurs amis, ils perdirent connaissance. Lorsque Jeff rouvrit les yeux, s’exclamant combien le trip avait été puissant, il n’entendit aucune réponse de la part de Nora. Se levant, une étrange boule au ventre, pressentant soudain que quelqu’un chose n’allait pas, il découvrit le corps inanimé de son amie allongée par terre, noyée dans un flot de vomis, deux personnes penchées au dessus d’elle, tentant vainement de la faire reprendre conscience. L’un de ses amis posa alors son index et son majeur sur le cou de Nora avant de relever la tête vers lui, secouant la tête pour signifier qu’il ne sentait plus le battement régulier du sang… Plus de pouls… L’air devint soudain étouffant, les poumons de Jeff refusèrent obstinément de se remplir, aucun mot ne sortit de sa bouche, le choc était juste trop grand. Ce ne fut que lorsqu’il se retrouva dans le bruit et l’agitation de la rue, entrainé hors de l’atmosphère glauque de l’appartement par ses amis, que sa respiration sembla reprendre. « Il faut attendre les secours, qu’est-ce que vous faites ? » s’exclama-t-il alors, semblant brusquement revenir à lui, reprendre conscience de ce qui se passait. « Elle est raide Jeff. Il faut qu’on bouge de là avant qu’ils arrivent sinon on risque d’avoir des ennuis… »lui avait-on répondu. Et le groupe de dispersa.

Après cela rien ne fut plus jamais comme avant. Jeff quitta l’Angleterre pour les Etats-Unis, ses parents ayant insisté pour qu’il poursuive ses études. A Harvard, Jefferson plongea encore plus dans la drogue, devenant un dealeur de choix pour ses fournisseurs, les soirées étudiantes étant un excellent moyen d’écouler la marchandise. Surnommé le marchand de sable, il vous vendra du rêve sous toutes les formes : herbe, poudre, cachets, beuh, crack, ectasy, amphet… Depuis la mort de Nora, Jefferson est devenu quelqu’un de sombre, de renfermé, alternant les phases de grande euphorie et de profonde dépression, mais il a toujours refusé de voir quelqu’un pour se faire aider, se réfugiant dans le monde de la drogue et du trafic…