JASPEANDRA → there's a storm you're starting now.

dix-neuf heures. L'heure fatidique, celle où j'allais voir Jasper, où j'allais savoir de quoi il me parlait. Bon, la vérité c'est que je savais très bien de quoi il parlait, je savais que j'avais fais une énorme erreur en embrassant Jude et quelle chance, Jude a trouvé le moyen de se venger en parlant de ça au principal concerné, j'ai nommé Jasper. On s'était donné rendez-vous dans le quartier historique, parce que je le trouvais très beau et que j'espérais que le charme de l'endroit calme un peu les pulsions de colère de l'Ellington. J'attendais devant un salon pour chien, plus ou moins à l'entrée du quartier. Il avait un rendez-vous et il devait me rejoindre, et c'est ainsi que je le vois au loin. Ouais, rien qu'à sa démarche, la suite me fait horriblement peur. J'ose quand même m'approcher et essayer un baiser. J'ose, sachant pertinemment que ça va rater.

Il esquive. Sans un mot. Laisse les lèvres féminines se perdre dans le vent, tandis que les siennes s'écartent dans un sourire acerbe. « Un salon pour chien. C'est dingue comme t'arrive à attirer les trucs les plus merdiques même dans des endroits magnifiques. » Ouais, t'as ce don magnifique de tout faire foirer Leandra. Et j'suis énervé, déçu, triste, dépité, j'ai mal à en crever mais j'le cache merveilleusement sous un amas dégueulasse de colère. « T'as embrassé Jude, vrai ou faux ? » Ouais, j'suis clair comme gars. J'pensais pas avoir à sortir cette phrase. Enfin.. j'aurais dû m'en douter, n'est-ce pas ? Mais je pose quand même. Pour le plaisir de répandre ma douleur. Pour que Ellington, oui toi l'amoureux, tu l'entendes de sa voix. Que tu percutes que t'es un con. Et vu comme mes billes s'amusent à transpercer les tiennes, Leandra, j'doute que t'ai envie de me mentir. Quoique, tu peux toujours essayer. Mais Jude et moi, on est plutôt réglo quand il s'agit de balancer des vérités qui blessent.  

J'attends, j'attends que ses lèvres se reculent, qu'il m'évite pour comprendre. Comprendre que ça va pas, que rien ne va actuellement et qu'il n'a même voulu me donner des pistes pour savoir, bien que je le sache déjà. « Un salon pour chien. C'est dingue comme t'arrive à attirer les trucs les plus merdiques même dans des endroits magnifiques. » fronce les sourcils, ne comprends pas. Je peux savoir pourquoi cette méchanceté gratuite ? Il fallait un point de rendez-vous, c'est tout. "Attends tu pense vraiment que c'est comme ça avec ce genre de remarque complètement dé-.." qu'il me coupe, monte d'un cran, faire taire la femme que je suis. « T'as embrassé Jude, vrai ou faux ? » allez prends ça et débrouille toi. On t'offre une bombe, une belle, là, dans le creux de tes mains. Déclenche là, t'a pas d'autre solution à ta portée non plus. " C'est même pas une question c'que tu m'demande là Jasper." elle a vite compris qu'on ne ment pas à un regard tel que celui-ci. Un regard qui connait déjà la réponse, qui transforme une affirmation en un semblant de question, qui te fait croire que tu as le choix, que tu peux répondre, alors que non. "Oui j'l'ai fais mais c'était rien. " va le convaincre lui, déjà dans le doute depuis trop longtemps par rapport à nous.

"Attends tu pense vraiment que c'est comme ça avec ce genre de remarque complètement dé-.." J'écoute pas, j'm'en fous. Tu peux sortir tous les arguments que tu veux, toutes les défenses, tu sais déjà que t'as perdu. Que j'ai l'avantage. Que tu me l'as donné, ça et l'arme pour tout casser dans notre faible bulle. J'vais la péter, tu m'as donné l'aiguille et tu pousses ma main. J'peux dire ce que je veux, t'auras jamais de quoi équilibrer la balance. " C'est même pas une question c'que tu m'demande là Jasper." Ca vaut confirmation, déjà. Tu l'sais Jasper, mais ça fait mal quand même. T'as beau être blindé contre les conneries de Leandra, ses hésitations, ses choix qui te délaissent, elle arrive toujours à trouver un moyen de parvenir au cœur pour en griffer chaque recoin encore indemne. De l'eau enserre sa gorge, rendant la respiration difficile.  "Oui j'l'ai fais mais c'était rien. " Sursaut d'orgueil, ses lèvres tracent un sourire rapide. « Ok. » C'est pas ok, du tout. Mais ok, j'admets. J'enregistre l'info. J'la digère pas, mais je l'intègre. Laisse quelques secondes, juste pour entendre la relation se briser. « Tu me prends pour un con Leandra ? » Même pas énervé. Il se demande vraiment si elle remet en cause son intelligence. « T'embrasses ton ex dont t'es toujours amoureuse, alors qu'on vient tout juste de se foutre ensemble. T'embrasses ton ex dont tu considères quasi le fils comme le tien. Tu crois que je vais gober tes conneries de « c'était rien » ? C'est TOUT SAUF RIEN. » Ca peut pas être rien. Y a aucun scénario où t'as rien ressentis en l'embrassant. Passe sa main sur ses lèvres, prend une inspiration, lui qui fonctionne en apnée. « Tu crois que je suis quoi, Jude numéro 2 ? Que j'vais te laisser recommencer ton aller-retour entre les deux sans rien dire ? » Secoue la tête.« C'est juste encore et toujours la même chose.. Mais t'as raison de me prendre pour un con, parce que je le suis. J'suis vraiment trop con d'avoir cru que t'étais capable de me choisir et de t'y tenir. » Rire jaune, rire de celui qui se rend compte de l'erreur. Qu'il fallait pas la choisir elle, qu'il fallait pas lui faire confiance. Qu'il fallait pas l'aimer.

Ok, qu'il lance. Et je sens dans l'air l'énervement et l'agacement qu'il a. Je peux presque le toucher, et je sais que ça va faire mal. Je sais la suite, je la connais que trop bien. Alors je me prépare, je sors les boucliers pour en avoir le moins mal possible, et j'attends que la tempête se déchaîne. « T'embrasses ton ex dont t'es toujours amoureuse, alors qu'on vient tout juste de se foutre ensemble. T'embrasses ton ex dont tu considères quasi le fils comme le tien. Tu crois que je vais gober tes conneries de « c'était rien » ? C'est TOUT SAUF RIEN. » Non, c'était pas rien. C'était un baiser, juste un baiser. « Tu crois que je suis quoi, Jude numéro 2 ? Que j'vais te laisser recommencer ton aller-retour entre les deux sans rien dire ? C'est juste encore et toujours la même chose.. Mais t'as raison de me prendre pour un con, parce que je le suis. J'suis vraiment trop con d'avoir cru que t'étais capable de me choisir et de t'y tenir. » et il rit. Pas ce rire sincère, non, ce serait trop beau. Le premier reflex c'est d'aller contre lui, de ne pas hurler, ne pas entrer dans la tempête, juste essayer de délimiter les dégâts, voir jusqu'où ça va. Alors je passe mes bras autour de lui, l'encercle et serre. Serre contre moi. "J'suis désolée." seule réponse acceptable. Seule réponse à dire. Inutile, mais présente quand même. "C'est rien, rien par rapport à nous, rien par rapport à tout ce qu'on a déjà vécu et tout ce dont par quoi on est passé." et de son index, trace doucement un signe dans son dos, allez dis moi que tu comprends. "Rien par rapport à nous Jasper." juste un baiser. Un baiser. La seule et unique erreur que j'ai faite, c'est un baiser.

Elle se met à l'abri. J'suis pas sûr que se mettre à l'abri juste contre la source de la tumulte, ça soit le meilleur plan Leandra. C'est le problème quand l'origine du mal est aussi la meilleure manière de le combattre. Mais ça suffira pas cette fois, jolie demoiselle. A lui faire oublier qu'il a le cœur déchiré, que la déception se bataille avec la colère pour savoir qui est la plus importante dans son pauvre esprit. "J'suis désolée." Il a envie de la repousser, mais c'est la tristesse qui est grande gagnante, finalement. Et cette traitre ne lui donne pas la violence comme arme. « Je sais. » C'est ça le pire, je sais. Alors ces mots n'ont aucune incidence. "C'est rien, rien par rapport à nous, rien par rapport à tout ce qu'on a déjà vécu et tout ce dont par quoi on est passé." Le corps se crispe, depuis le dos. J'veux pas sentir ce que tu traces. Je sais déjà ce que t'y mets, à peine t'as commencé à appuyer. "Rien par rapport à nous Jasper." Stoique, neutre, de ceux qui ont déjà renoncé. « Jude ne sera jamais rien. C'est Jude, c'est... ça peut pas être rien. » N'importe qui, parce que tu veux te venger de ma distance, ça aurait pu être pardonné. « Si t'as pas encore conscience que t'arrives pas à vivre loin de lui.. » Soupire. « T'as rien ressentis, tu vas me dire ? Que ca sera pas bizarre la prochaine fois que vous vous verrez ? » Parce que ça arrivera, évidemment. « On venait de se foutre en couple bordel, Leandra. » Qu'il siffle, à voix basse. Comment t'as pu nous faire ça ?

 Il sait que je suis désolée, il le sait. Il l'a vu, dans mes yeux, dès l'instant où tout s'est enflammé. « Jude ne sera jamais rien. C'est Jude, c'est... ça peut pas être rien. » Je le sais aussi. Jude, ça reste Jude. Ma plus longue relation, et Jasper le sait aussi. Non, ce n'est pas rien, mais ça reste rassurant à entendre. « Si t'as pas encore conscience que t'arrives pas à vivre loin de lui.. T'as rien ressentis, tu vas me dire ? Que ca sera pas bizarre la prochaine fois que vous vous verrez ? » Je secouais la tête, "Non, ça sera pas bizarre.." il le sait, que c'était un baiser. Il m'a repoussé, même. Il sait que c'était une erreur, on le sait tous en fait. « On venait de se foutre en couple bordel, Leandra. » Je soupire, recule la tête et le regarde, "c'est loin de toi que j'arrive pas à vivre d'accord ?" baisse la tête un instant, se reprends, "On venait de se foutre en couple et t'était déjà parti Jasper." t'a pas le droit de me reprocher ça alors que t'es pas là la plupart du temps. "J'ai juste.. eu du mal avec ton départ c'est tout, et puis j'm'y suis faite, ça va c'est bon maintenant." Je suis rodée, habituée à ce que tu sois loin de moi presque constamment. Il n'y a plus personne chez qui je vais le soir pour dormir, personne à voir quand je fais un cauchemar, personne pour m'aider à réviser, à calmer mes craintes, j'ai juste un téléphone. Un écran qui te relie à moi, et je préfère bien mieux tes bras.

"Non, ça sera pas bizarre.." Et Jasper n'y croit pas. Pas une seule seconde. Il croit rien des conneries qu'elle raconte. Oh, il ne doute pas qu'elle se soit auto-persuadée que ce n'était rien, que tout est clair entre eux deux, mais c'est la seule convaincue. On le sait tous, que c'était quelque-chose, que vos lèvres se rappellent indéfiniment. « T'y crois vraiment aux conneries que tu racontes ? » Le souffle court, les nerfs qui s'amusent à s'échauffer, le cerveau qui essaye de contenir tout ça. « Si là, y a Salomée qui revient demain et que je l'embrasse. Ca va, ça passe ? Tu le prends bien, tu te poses pas de question. » Hausse les épaules, son fiel qui n'a pas finit de se déverser. L'index qui vise la coupable, la réplique qui siffle entre les dents : « Et me fout pas ça sur le dos. » Jasper est absent, méchant Jasper, ça mérite d'aller se consoler dans les bras de Jude, c'est certain. « Je fais ce que je peux pour revenir. Tu savais très bien que ça serait comme ça. Alors me dit pas que c'est de ma faute si t'as été voir Jude. » Piétine sur place, se découvrant sanguin. « Faut que je fasse gaffe si on s'engueule aussi ? Parce que bon, si t'es pas contente tu vas peut-être trouver ça légitime d'aller te le taper. » Au point où on en est.

« T'y crois vraiment aux conneries que tu racontes ?  Si là, y a Salomée qui revient demain et que je l'embrasse. Ca va, ça passe ? Tu le prends bien, tu te poses pas de question. » Non, ça passe pas. Bien sur que non, ça ne passe pas. « Et me fout pas ça sur le dos. » Je ne met rien sur ton dos, tout est de ma faute et je le reconnais entièrement, je m'en suis même excusée. J'essaie juste d'expliquer la chose. « Je fais ce que je peux pour revenir. Tu savais très bien que ça serait comme ça. Alors me dit pas que c'est de ma faute si t'as été voir Jude. Faut que je fasse gaffe si on s'engueule aussi ? Parce que bon, si t'es pas contente tu vas peut-être trouver ça légitime d'aller te le taper. » fronce les sourcils, la touche au cœur. Le poing se resserre et frappe le torse masculin : "J'te permet pas !" je pensais qu'on se connaissait, que tu savais que ce n'est pas le genre de chose que je fais. "Non, j'irais pas le voir non !" ça m'énerve, ça m'agace. J'en reviens pas. "Comment tu peux me dire ça ?" comment tu peux oser croire ces mots qui sortent de ta bouche ?

"J'te permet pas !" Un rire, un espèce de rire qui sort d'on ne sait où. Je m'en fous tellement que tu me permettes pas. Et ce coup, là, ça me fait pas grand chose tellement c'est déjà douloureux là-dessous. Mais ça me rassure que ça te choque, que tu te sentes insultée. Peut-être qu'après tout, c'est une idée qui ne t'a même pas traversé l'esprit. Peut-être que je me trompe. "Non, j'irais pas le voir non ! Comment tu peux me dire ça ?" Comment, vraiment ? « Comment ? PARCE QUE TU L'AS EMBRASSE. » Qu'il hache, à quelques centimètres des traits féminins. Parce que t'as fais ça. Et que tu vois pas le mal, que tu comprends pas que je remette tout en question. Que tu comprends pas que c'est déjà dépasser la limite fixée quand t'es avec quelqu'un.