ZIZICOPTERE ₪ ADELAIDE

Être marié à Diamantika impliquait plein de choses. Déjà, elle était une Bleeker, ce qui signifiait qu’elle avait à présent un nom de famille qui tenait dans le petit encadré de la boîte aux lettres. Bien sûr, elle ne mettait pas son nom dans l’encadré, puisque leur histoire était secrète. Aussi, être mariés signifiait avoir des devoirs conjugaux. Et par devoirs conjugaux, j’entends bien sûr reproduction bestiale, friction de deux corps humides de transpiration dans une symphonie de soupirs. Et Cody tenait à ce que ce devoir soit rempli tous les jours et, pour le moment, il faut dire qu’ils tenaient bien le rythme les jeunes époux. A part ce soir. Ouais, c’était une honte. Ils ne s’étaient pas vus de la journée et là, Diamantika semblait décidée à filtrer les appels de Bleeker puisqu’elle n’y répondait pas. Occupée, elle ? NOOOON. Par quoi serait-elle occupée, si ce n’est que par combler de bonheur l’homme qu’elle aime ? Ni une ni deux, Cody se déshabilla et enfila un long imperméable, prêt à lui faire en bonne surprise. Il allait se la jouer inspecteur Gadget qui veut faire tester son nouveau matériel. Donc il traversa la ville pour s’égarer jusqu’au pas de la porte de Diamantika. Il était assez tard, presque minuit, quand Cody arriva. Il toqua à la porte. Un coup. Puis deux coups. Puis de nouveau un coup. Puis deux. Oui, ils avaient un code, faut pas croire, de vrais agents secrets de l'amour. Et là, quand la porte s’ouvrit, Cody ouvrit également grand son imper sous lequel il était nu comme un ver, en s’écriant ; « Helloooooooo j’ai un nouveau gadget à faire tester. » Sauf que … Ce n’était pas Dia.

Mais c’est quoi ce beaaaans là ? Heureusement, Cody referma son imperméable aussi vite qu’il se rendit compte qu’il faisait le zizicoptère devant Adelaide, la coloc et bff de Diamantika. Bleeker avait beau ne pas être à sa première séance de nudisme, il y avait une limite à la connerie. En plus, Ade ne portait pas spécialement le Winthrop dans son cœur car il en avait fait voir des vertes et des pas mûres (voire des carrément périmées) à l’Eliot. « Mais c’est pas une éclipse solaire, c’est que Codynosaure ! » Jusqu’à présent, ça ne rendait pas aveugle. Oui, Cody, blessé dans son égo, eut besoin de justifier qu’il avait un beau zizi. Narmol. Tous les hommes le feraient. Il croisait les bras sur son ventre, tenant fermement les pans de son trench fermé sur son corps, pour ne pas dévoiler davantage sa nudité devant Miss Johnson. Elle lui demanda ce qu’il foutait là, et là il comprit enfin qu’il devait bidonner une excuse pour ne pas qu’Ade se doute de quelque chose. « Je … Suppose que je ne suis pas à l’appartement de Lisa … » Ce fut le premier prénom qui lui vint à l’esprit. « C’est ta voisine peut-être ? Toutes ces portes se ressemblent tellement, oh mon dieuuuu. » fit-il en passant une main sur le visage, espérant que ses talents de comédien lui sauvent la mise.

Ahahalalalalaa, si Adelaide et Prude se terminent de la même manière, ce n’était pas dû qu’au hasard. Il suffisait qu’elle voit une kékette pour crier tout de suite au scandale, à l’apocalypse lunaire et solaire, à l’alignement des astres et au désastre. Ceci dit, ils auraient pu ne pas épiloguer là-dessus, mais dès que ça critiquait la taille de la machine, forcément, ça devenait vite une affaire d’Etat pour le Canadien. « Je pense que tu as la myopie des coincées. Tu vois, ta vision floute systématiquement les endroits avec un certain relief. » Genre le sommet Codynosaure sur la chaîne de l’Himalaya Bleekerienne passait irrémédiablement en mode crypté. Seule explication plausible, si vous voulez mon avis d’experte. Bref, histoire qu’Ade ne vienne pas penser que Cody fait le zizicoptère à toutes les portes ou – pire – qu’il le fasse à la porte de Diamantika dans l’espoir qu’elle ouvre ou – pire pire – qu’il fréquente de nouveau Diamantika et que ce soit une forme de parade nuptiale, il trouva un mytho, comme quoi il s’était trompé de porte en allant voir la voisine. Une Lisa. Il se disait que des Lisa, il y en avait plein sur ILH, alors il pouvait très bien y en avoir plein dans le voisinage des filles. Et Adelaide sembla tout gober comme un crapaud gobe des mouches. « Ouais, enfin tu sais, ce qu’apprécie ou n’apprécie pas Dia, c’est un peu le cadet de mes soucis quoi. C’est pas comme si j’étais marié avec elle, tu vois. » Ou peut-être bien que si. « Et même, j’espère bien que ça l’enquiquine qu’il y ait un truc entre moi et Laura. » Ouaip, il avait déjà oublié que le prénom qu’il avait dit était Lisa. Osef, Ade n’a pas le souci du détail, sinon elle aurait assorti son peignoir à ses chaussettes doigts de pieds.

Non mais elle continuait EN PLUS à critiquer le mont de Vénus ? La Tour Eiffel ? L’Obélisque ? La tour de Pise (chacun ses défauts) ? Adelaide voulait la moooooort apparemment. Il fallait qu’elle fasse gaffe, parce que vue la taille du mastodonte, il pourrait presque s’en servir comme matraque et la flageller avec. Mais sachant que ça remonterait systématiquement jusqu’à Dia et ne sachant pas si elle prendrait mal le fait que son mari bifle sa meilleure amie (même en l’ayant parfaitement mérité) il contenait ses pulsions violentes et se contentait de grimacer. « Oui. Mais je ne te remontrerais pas la chose par peur que tu commences à y prendre goût. » On y prenait vite goût au Codynosaure. M’enfin, Adelaide n’avait pas à se sentir concernée. « Au contraire, tu la verrais deux fois moins si elle était mariée à moi puisque je n’aime pas la partager. » Il répéta dans sa tête ce qu’il venait de dire, avant de corriger ; « Puisque je n’aimais pas la partager, je parle à l’imparfait de l’impératif puisque c’est du passé. Totalement du passé. Et du passé révolu, d’où l’utilisation de l’imparfait. » Bonjour, je m’appelle Bleeker et je fais un cours de conjugaison à la meilleure amie de ma femme. Puis apparemment, il s’était gourré de prénom et donc, accompagné d’une grimace, il ronchonna ; « C’est parce que ce sont des jumelles. Voilà, je me tape des jumelles. T’es contente ? ça m’énerve de devoir débattre de ma vie sexuelle avec toi. » Et avant même qu’il n’ait eu le temps de se défendre, le voilà tiré dans l’appartement d’Adelaide, là où elle l’asséna de questions au sujet de son ex. Euuuuh. Fouine3000 celle-là. « Certainement pas. J’ai assez donné. Bon mais puisque je suis là, j’aimerais bien récupérer les chemises qu’elle m’a piqué du temps où on était ensemble, heureux et qu’on couchait 5,5 fois par semaine. » Ne me demandez pas à quoi correspond la demi-fois. SVP.

Le plus surprenant était que Cody simulait nullement le dégoût qu’il ressentait à l’idée d’être marié à Diamantika. Sérieux quoi, comme si l’imaginer comme sa femme ne l’attirait guère. Peut-être devrait-il songer à consulter un psychologue ? Ou un étudiant en psychologie, parce qu’une séance de thérapie, ça coûte cher. Quoique, maintenant qu’il était marié à Diamantika, il n’avait plus trop de soucis financiers à se faire. « T’as l’imagination débordante, ma pauvre fille. » soupira-t-il en roulant des yeux, exactement comme ce smiley Elle lui reprocha de trop se justifier, mais il n’en avait que faire ; il jugeait que sa leçon de conjugaison légitimait chacune de ses excuses, à présent. Une fois dans l’appartement, Cody sentit un léger malaise ; déjà, il se trouvait nu sous son imperméable dans la même pièce qu’une femme que Dia. Ensuite, Dia n’était visiblement pas là. Enfin, Adelaide continua l’interrogatoire en posant spécifiquement le genre de question que Bleeker aurait aimé évité, à savoir ’est-ce que vous vous voyez en cacheeeetteeeee ?’. Or, Cody n’était pas un Pretty Little Liars. Pretty, c’est clair. Little ? OH NON. Et Liars, nop. « Nan, j’ai jamais eu de panne, moi. Mais alors elle … Du coup, je devais me fin… Pourquoi je te raconte ça ? » Ouais, on change de chaîne hop hop hop atterrissons sur planète Suicide, bien que Cody n’ait pas capté une seconde que la Cabot évoquait une tentative de suicide ; « J’ai une tête à te mentir quand je te dis que je ne suis pas avec Dia ? Come oooon, j’ai même pas réussi à ne pas spoiler la fin de Bambi à ma fille ! » fit-il en haussant la voix, montrant qu’il était un minimum sérieux. « Puis j’en sais rien, appelle-la, envoie-lui un texto, poke-la sur Facebook ! Elle finira bien par te répondre et vous pourrez aller faire du shopping et vous teindre les cheveux en rose toutes les deux comme au bon vieux temps. » lâcha-t-il finalement, cinquante nuances de sarcasme dans la voix.