cheers | CHARLEN

Tu te préparais pour l'ouverture, en compagnie de ton bon pote qui tenait le bar depuis quelques années déjà. Tu ne le connaissais pas depuis si longtemps, mais ça avait cliqué tout de suite en fréquentant les lieux, à peu près depuis ton arrivée à Boston. T'aimais traîner à peu près aux mêmes endroits chaque fois que tu voulais prendre une bière ou impressionner quelqu'un par les délicieux cocktails et vins offerts ici. Maintenant, tu travailles ici. Parce que tu veux acquérir de l'expérience, même si tu en as déjà un peu à ton compte, afin de pouvoir ouvrir ton propre bar, du genre burlesque, et pour tous les goûts. Tu as l'argent, l'endroit parfait, les papiers, il ne te manque que l'expérience. Tu essuies déjà quelques verres qui avaient été laissés dans la mêlée la veille, puis que les poses là où ils doivent être. Tu te tapes la discute avec ton collègue et ami pendant quelques minutes, jusqu'à l'ouverture, ce qui n'a rien de mal. Tu aimes l'ambiance et tu aimes travailler ici. Après une bonne heure de travail, tu vois apparaître une tête blonde, grande silhouette, cheveux coupe carrée, apparaître dans l'embrasure de la porte d'entrée. Tu souris immédiatement, en rigolant à l'approche de la demoiselle. Tiens, tiens... Mais qui voilà! C'est Charlie. Tu la connaissais pas depuis bien longtemps, mais elle était vraiment sympathique. Tu l'aimes bien. Qu'est-ce que je te prépare aujourd'hui? Ma spécialité du jour? Tu essayes tous les jours de préparer un nouveau cocktail, pour améliorer et développer tes aptitudes en la matière. Ce n'est pas toujours très bon, franchement... Et elle les testait tous, ou presque. Si elle les vomissait pas déjà rien qu'en les sentant.

J'avais passé ma mâtiné à l'hôpital, à courir d'un patient à un autre, puis quand j'en avais enfin terminé avec ce boulot je m'étais accordée une petite heure pour manger avant de passer l'après-midi à servir des cafés au starbucks du campus. C'est épuisée que j'étais rentrée chez moi vers 18 heure, un sac mc donald chargée de mal-bouffe à la main, histoire de me remonter le morale et contrer la fatigue. J'avais tracé directement dans ma chambre, évitant mes nombreux colocataires pour manger mes frites et mon mc chicken en juive. Après avoir bien mangé et terminé mon coca light (oui, je prend light, je fais gaffe à ma ligne.), je me laissais tomber sur mon lit, m'endormant en quelques minutes. C'est vers vingt-deux heure que je rouvris les yeux, un peu agacée en réalisant que j'avais dormis pendant si longtemps. J'attrapais mon portable, observant mon fils d'actualité facebook, soupirant en constatant que tout le monde était de sortie et s'éclatait sans moi. « ça y est, j'suis une grand-mère » constatais-je avec effroi dans un murmure. Avec la reprise des cours, mon stage à l'hôpital, ma rupture avec Kol, j'avais bien du mal à trouver le courage de sortir, et je commençais à jouer les mamies : couchée à dix-neuf heure après un bon repas. Agacée et surtout effrayée par cette idée, je m'empressais de me tirer de mon lit pour fouiller dans mon placard et me changer. Puis j'attrapais mon sac à main avant de sortir prendre l'air : direction le Drink, pour boire un coup et embêter Warren.
Je me garais devant le bar avant d'y entrer. Dès que j'eus poussé la porte mon regard se posa sur Warren qui se tenait de l'autre coté du bar. Je le rejoignis sans plus attendre, m'installant sur un tabouret avant de pousser les miettes qu'il y avait sur le bar pour m'y appuyer. « Prépare moi ce que tu veux, surprend moi. » dis-je, lui faisant un clin d’œil avant de pouffer de rire. Je m'attendais honnêtement au pire. Il m'avait déjà fait goûter des trucs tout simplement immondes, qui m'avaient rendu malade après deux gorgées. Et pourtant je continuais de venir et je le laissais me servir ce qu'il voulait, lui faisant une confiance aveugle alors qu'il semblait être capable de me faire boire tout et n'importe quoi.

À voir sa binette, ta soirée s'annonçait maintenant superbe. Rien ne pourrait te mettre sur les nerfs, sinon que le désastre que t'apprêtais encore à causer avec tes mélanges étrangement dégoûtant pour créer de nouveaux cocktails. Quand t'ouvrirais ton bar, soit tu prendrais des cours spécifiques avant, soit t'engagerais tout simplement des barman et barmaid spécialisées dans le domaine. Ouais, voilà une bonne idée à prendre en note. « Prépare moi ce que tu veux, surprend moi. » Tu éclates d'un rire franc, secouant la tête de gauche à droite et sortant le nécessaire pour lui préparer ta dernière découverte. Tout en versant ici et là le contenu habilement dans le contenant, tu te concentres au mieux, espérant ne manquer aucun détail de la recette. Le pire, dans tout ça? C'est que tu suivais une recette à la lettre, une recette d'expert, et tu trouvais toujours le moyen de foirer le goût et l'aspect. Mais... j'te surprend toujours, pas vrai? Si tu ne pouvais avouer que tes cocktails soient fichtrement dégoûtant, c'est surtout plus par orgueil qu'autre chose. Tu sais que tu n'étais pas très doué encore, et que chaque fois qu'elle goûtait à tes trucs, ça mettait sa vie en danger, mais... tu ne pouvais l'assumer. Tu lui souris en coin, mettant de côté ta préparation pour tendre deux bières aux nouveaux arrivants qui ne demandaient que ça, puis tu reviens vers la succulente Charlie. Prête?, demandes-tu tout en lui servant ta préparation fraîchement terminée dans une jolie coupe à cocktail. Tu me diras ce que t'en penses? Espérant que ce soit bon... Pour dire vrai, toi-même tu n'oserais pas goûter à tes propres trucs tellement tu ne te faisais pas confiance à ce niveau là.. Oups!

Je hochais simplement la tête. Ça oui, il me surprenait toujours et ceux même quand il se contentait de me servir une bière. Avec lui je ne savais jamais à quoi m'attendre. Encore quand c'était l'un de ses collègues qui me servait, là je savais que j'allais avoir une boisson correcte et qui restait dans la liste des cocktail basique, que je connaissais déjà. Par contre quand c'était Warren qui me servait : je pouvais être certaine qu'il allait inventer quelques chose, ou tenter une recette connue sans grand succès. Bon je ne dis pas qu'il était un désastre ambulant en matière de cocktail. Non, il lui arrivait de me faire des boissons délicieuses ! Mais il fallait bien avoué que c'était plus souvent mauvaise que ça n'était bon... Il sortit deux bières, qui n'étaient malheureusement pas pour moi, avant de verser le contenu du shakeur dans un verre à cocktail. J’observais la couleur rosé du liquide, lançant un dernier coup d’œil en direction des bières avant d'attraper le verre qui m'était destiné. Ça avait un peu la couleur d'un sex on the beach avec trop de jus de cranberry. Je reniflais un peu la boisson. Mise à par une légère odeur sucrée et fruité, ça n'avait pas l'air mal du tout. Je trempais donc sans crainte mes lèvres dedans pour en boire une gorgée avant de grimacer en reposant le verre sur le bar. « C'est quoi ? » demandais-je en me raclant la gorge. « C'est super fort et amère... Alors que c'était beau et que ça sentais bon le fruit. » râlais-je en attrapant une cacahuète pour faire passer ce goût affreux. « Tu l'as fais avec l'eau des wc ? » lâchais-je plus pour le taquiner qu'autre chose.

Je me sentais tout fier d'avoir enfin pu préparer un cocktail qui SEMBLAIT avoir de l'allure. Rien qu'en le regardant, posant paisiblement dans la petite coupe à cocktails, sur le comptoir du bar, sa belle couleur rosée, je me convainquais mentalement que ça ne pouvait simplement pas avoir mauvais goût. Impossible d'empoisonner involontairement ma belle Charlie d'amour qui se sacrifiait chaque fois - bien qu'à contre-coeur, pour goûter mes préparations. Une fois sur 100, ça avait bon goût. J'étais persuadé qu'il s'agissait du bon mix, que c'était LA fois sur cent, et pas l'une des 99 autres. « C'est quoi ? » À la voir déposer rapidement son verre sur le comptoir, avec un air de dégoût, avec une grimace que l'on fait lorsqu'on goûte à des bonbons trop sûrs... Je sais que j'ai failli, encore une fois. Je maugrées entre mes dents, mécontent de moi. Rooooh!! C'est tout ce que je trouve à dire. « C'est super fort et amère... Alors que c'était beau et que ça sentais bon le fruit. » Presque trop habitué, je lui sors un verre vide, le remplissant d'eau avec le puissant jet, puis je lui tends. Je fais, moi aussi, la grimace de dégoût en y goûtant à mon tour. C'est dégoûtant. Ouais.. c'est vrai que c'est horrible, et pourtant.. ça a l'air si bon à première vue. Soupirant, je nous rempli une bière à tous les deux. J'ai presque terminé mon quart, j'attends simplement que l'autre mec arrive pour mon remplacer, même si ce soir, c'est pas très occupé de toute manière, il n'y a pas de quoi se presser. « Tu l'as fais avec l'eau des wc ? Je lui tires vilainement la langue, feignant de bouder. C'est ça, c'est ça... Moque toi ENCORE de moi. Tu ferais mieux, tu crois? À vrai dire, je suis sûr que oui, elle ferait mieux que moi. 100 fois mieux. Mais mon orgueil de mâle ne veut pas se l'avouer, eheh.. Je devrais essayer d'arrêter de te prendre comme cobaye. Un jour, tu vas tomber raide morte sur mon comptoir et je vais me retrouver en taule pour empoisonnement. Encore une fois, je soupire en m'accoudant sur le comptoir. Je plante mes yeux dans les siens. Sinon, jolie demoiselle. Comment va la vie? Qu'est-ce que tu me racontes de nouveau, ce soir?

« bla »

Je reposais mon verre l'air dégoûtée et Warren s'empressa de me servir un verre d'eau. J'en pris quelques gorgées toute en observant le jeune homme goûter à se création. Il fit à son tour une grimace, reposant le verre l'air contrarié. « C'est dégoûtant. » déclara t-il. Je me contentais de hocher lentement la tête, avant de faire glisser le verre d'eau à moitié vide vers lui pour qu'il puisse boire à son tour. Puis ce fut plus fort que moi, je finis par lui lancer un petit pique. Je n'allais pas laisser passer l'occasion voyons ! Il prit aussitôt un air boudeur avant de me tirer la langue, me demandant si je pouvais faire mieux que lui. « Oui, je ferais mille fois mieux. » Lâchais-je immédiatement. Trop sûr de moi ? Ouais peut-être bien. Mais bon j'étais une scientifique, une matheuse, étudiante en médecine. Je savais aussi bien manier le scalpel que doser des médicaments. Et faire des cocktails n'était autre que de la chimie n'est ce pas ? Tout était dans le dosage. Donc ça devait être dans mes cordes ! « Du moment que tu mets que de l'alcool et du jus de fruit, je ne devrais pas mourir.... A moins que tu me découvres une allergie au jus de goyave ! » Plaisantais-je en attrapant la bière qu'il venait de me servir pour en prendre une gorgée. Mon dieu que c'était bon ! « Cette bière est super bonne, c'est toi qui l'a faite ? » Demandais-je sur le ton de la plaisanterie. Sarcasme level 100. « Ma vie va bien. J'ai largué Kol et même avec une dizaine de colocataire... je me sens un peu seule. Sinon tout va bien. Et toi ? » Répondis-je enfin, lui retournant la question.