NORAH ৩ It'll all get better in time

Une glace. Il me fallait une glace de toute urgence. L’an passé, j’aurais sûrement appelé Jackie pour qu’elle m’accompagne et qu’elle le raconte sa vie afin de me changer les idées, mais Jackie n’était plus là. Elle était partie vivre son rêve à Disneyland avec Mickey. Enfin, le mec qui se trouve sous le costume, pas le vrai Mickey. Bref, je me retrouvais donc toute seule pour ce genre d’envie. Et même si cela pouvait sembler ridicule, je n’avais aucun problème avec le fait d’être vu toute seule dans un bar à glace. Les gens pouvaient bien dire ce qu’ils voulaient, en ce moment je n’en avais rien à faire. Je m’étais mis le monde à dos de toute façon, à partir sans rien dire. C’est vrai, ç’avait été complètement stupide de ma part de laisser mes amis derrière moi et de traverser l’océan sans les prévenir. Après tout, ils avaient raison de m’en vouloir. A leur place, j’aurais sûrement réagis de la même façon. Alors pourquoi je n’arrivais-je pas à les comprendre ? Je veux dire, ils avaient le droit d’être en colère contre moi, mais aussi longtemps ? Vraiment ? Charlie ne m’avait toujours pas recontacté, il semblait bien décidé à ne plus jamais me parler, et je crois que c’était cela qui me dérangeait plus que tout. Charlie, le seul avec qui je retrouvais une part de celle que j’étais avant tout ce drame, avant toute cette histoire. Le seul qui m’avait connue avant Siméon, et qui réussissait à faire ressortir ce qu’il y avait de bon en moi. Parti, lui aussi. Pas de la même façon, certes, mais c’était tout comme. Et puis il y avait Jarod. Je n’arrivais pas à définir le lien qui nous unissait, quelle tournure prenait notre relation, et ç’avait le don de m’angoisser au possible. J’arrivai chez le glacier, et commandait trois – non, quatre boules de glace. « Chocolat, spéculoos, banane, et cookie s’il vous plait. Avec une bonne dose de chantilly. Et des copeaux de chocolat. » Il me fallait au moins tout ça. Alors que je prenais place près de la vitre, la clochette de l’entrée retentit. Par réflexe, je tournai la tête pour voir qui venait d’arriver. Lizzie. Depuis le Summer Camp, nous étions réconciliées – ou presque – mais j’avais toujours un peu de mal à me faire à cette idée. J’hésitai une seconde, elle ne m’avait pas encore vu. Puis je pensai à Charlie, et me dis que ce serait stupide de faire la même erreur deux fois. Je fis signe à ma jeune compatriote. « Lizzie ! Tu peux me rejoindre si tu veux. »

(Invité)