L'as de trèfle qui pique ton coeur ► Charlie & Camille

Assise à une table à la bibliothèque de l'université, je tentais de me concentrer sur le devoir de chinois que je devais finir pour le lendemain... mais sans grand succès. Un coup je jouais avec mon stylo, un coup j'allais me chercher un café... Ou alors c'était mes pensées qui vagabondaient vers tout et rien. Voilà quelques semaines que j'étais de retour à l'université et pourtant, j'avais l'impression que ça faisait déjà une éternité. J'avais revu Demyan, ma famille... et je ne savais plus vraiment quoi penser de tout ça. Comment se repérer dans son ancienne vie alors que tant de choses avaient changées ? La découverte de mon adoption avait été un véritable choc pour moi, comme le fait de savoir que j'avais une jumelle, et qu'il s'agissait en plus de ça d'une amie à moi de longue date. Je n'avais pas encore osé parler à Leevy, et à vrai dire je ne savais vraiment pas comment m'y prendre. Soupirant un coup, je retirais les écouteurs de mes oreilles en regardant autour de moi, restant stoïque face au silence qui régnait dans cet immense bâtiment, simplement entrecoupé par des messes basses et le bruit des pages qu'on tournait. Fallait que je me bouge les fesses là, ou sinon j'allais y passer toute ma soirée. Me redressant, je quittais mon siège en abandonnant mes affaires pour aller chercher des livres dans les rayons qui pourraient peut-être m'aider à mon concentrer. Ou pas. Flânant un peu n'importe où la tête ailleurs, je ne me rendais même pas compte que le rayon littérature chinoise était à l'opposé de là où j'étais, et c'est sans état d'âmes que j'attrapais un livre au hasard sur l'histoire de la Russie au 19ème siècle pour commencer à le feuilleter et regarder les images. Ce ne fut qu'au moment où je relevais les yeux que je vis un jeune homme de l'autre côté de l'étagère par le trou que j'avais créé en prenant le livre, et lorsque nos regards se croisèrent, mon coeur rata un battement. Je souriais l'air amusée en reconnaissant Charlie. On trouve de drôles de bouquins par ici murmurai-je pour ne pas déranger les autres étudiants. Je ne l'avais pas revu depuis mon départ, et de l'avoir là face à moi... ça me faisait tout bizarre.