J'avais totalement l'habitude de ce genre de remise au point, bien que d'habitude, si la personne ne me comprenait pas, je l'envoyais chier sans plus attendre. Mais Aaliyah n'était pas une personne lambda. Elle avait l'air de compter dans la vie de Jorden et je ne voulais pas me mettre à dos tout son entourage non plus, étant donné que moi et Phoenix, ce n'était pas le grand love et la plupart de ses potes me sortaient par tous les pores de la peau. Je voulais, qu'au moins, avec elle ça marche, surtout qu'en dehors du fait qu'elle ne piffre pas mon comportement, elle avait l'air plutôt le genre de personne que je pouvais apprécier. J'agitais mes jambes dans le vide, en l'écoutant. J'étais un peu moins stressée, plus à l'aise. Je lâchais un rire, manquant de réveiller les gens au dessus, lorsqu'elle m'expliqua pour sa cousine Oui, Apple. C'est ça ! Bouarf, je peux comprendre que tu l'ais mal pris par rapport à Dia. J'ai embrassé l'homme de sa vie et elle a pas apprécié. J'haussais les épaules, comme si c'était rien M'enfin c'était un pari entre nous. Rien de fou. Passons ce détail. J'avais pas envie de m'étendre sur une amitié passée et une fête dont je n'avais que des mauvais souvenirs. Elle m'enchaîna alors, dés que j'eus prononcés le mot "garçon manqué", le petit mot magiaque, le déclencheur d'un discours qui me fit sourire, sans moqueries aucunes. Je levais les yeux vers elle, replaçant une mèche rebelle derrière mon oreille (détail qui tue tout ok?) J'admire ton courage. Tu parles de moi mais je penses qu'au fond de toi, toi aussi ,t'as aucune limite. Tu te fiches du regard des gens, tu braves les interdits parce que tu trouves ça excitant, que ça te donne une liberté, que tu peux te comporter comme bon te semble ... Tu vois ça? C'est ma façon de penser. J'adore ça ! Je peux rire fort, je peux fumer autant que je veux, je peux mettre mes pieds sur la table, ne pas me coiffer, me droguer et baiser en même temps; Ca, c'est le pied, que j'ajoutais avec un petit sourire lascif. J'y pouvais rien. J'étais débauchée, libertine, illimitée dans la folie. Puis je me clashais sur mon corps de petite fille de 8 ans et elle eut pas l'air d'apprécier que je me rabaisse (bien que ce n'était qu'une constatation) devant elle. Je perdais mon sourire au fur et à masure où elle parlait. Je ne me sentais pas à l'aise, pas du tout même. Je détournais le regard, gênée par ce qu'elle me disait. Je ne voulais pas aller plus loin. Pourtant, je me sentais à avoir la langue déliée. A parler. Ca ne me libèrerait pas. Ca ne me ferait rien. Mais elle, elle pouvait bien le savoir, n'est-ce pas?
Je descendais du plan de travail et ouvrait une bouteille de vin, au hasard, comme toujours. Jorden me tuerait demain, peut-être mais je me fichais de ça, là. Je nous servais à toutes les deux un verre Tiens, t'en auras besoin pour ce que je vais dire. Je ne savais pas si elle le garderait pour elle mais elle n'avait pas l'air de cancaner, au contraire. Je buvais une gorgée de mon verre... Puis, je lâchais ma bombe En Ecosse, ma mère et mon père ont divorcés, je passais et repassais mon doigt sur le bord de mon verre, nerveuse, nauséeuse, puis ma mère s'est remariée. A un homme riche. Trop riche. Il avait un fils de 24 ans. Je la regardais soudain dans les yeux Il m'a attouchée sexuellement pendant deux ans. Ma mère n'a rien vu, j'ai rien dit. Puis elle nous a découvert, un jour. Il a pris perpet et depuis ... je déglutissais, envahit par le poids de mon aveu, depuis j'ai décidé que je devais vivre. Quitte à en gêner certains, à finir seule, enfermer ce bout de mon passé dans un coin de ma tête et l'oublier mais je devais vivre. Alors ouais, j'suis sans limite ... mais mes limites ont été brisées y a bien longtemps. Je lâchais un petit sourire avant de reprendre comme si de rien était J'veux pas de pitié et je compte sur toi pour ne rien dire à Jorden. Il est pas prêt et je pense pas qu'il ait à le savoir ... Pas maintenant. Et toi, Comment t'es devenue comme ça? J'crois que j'ai officiellement ouvert les confidences.