you're my hero (andriape)

14.09.15 ; J'ouvre les yeux et entendent des pas. Je souffle et grimace alors que ma main se porte à mes lèvres. " Qu'est-ce que... " Je suis à deux pas de l'hôpital et ma tête tourne. À genoux par terre, je tente de me relever. J'entends une voix familière -Phoenix- et met quelques secondes à comprendre ce qu'il vient de se passer. Je viens sérieusement de me faire tabasser ? Je grimace alors que je me relève, appuyée sur le jeune anglais. " Emmène moi à l'hôpital " Soufflais-je en grimaçant salement dès que je marche. J'ai peu de résistance à la douleur quand je ne suis pas habituée à avoir mal à un endroit précis. Je soupire et passe ma capuche quand j'entre dans l'hôpital par les urgences. Je largue Phoenix ici. Il faut que je me glisse jusqu'à la pédiatrie sans me faire voir de personne. Ça va pas être facile, c'est même impossible. Alors je vais aux vestiaires et bip Priape. 911, aux urgences. Je me lève et me colle à la porte. Je sais que je vais bientôt le voir débarquer à courir. Il va m'en vouloir. Je sors la tête et le vois arriver au loin. " Priape ! Par ici ! " Lançais-je quand il arrive à ma hauteur. J'ouvre la porte pour le laisser entrer et referme derrière moi. " J'ai besoin de ton aide " Je souffle difficilement avant de fermer la porte à clé et d'ouvrir le gilet à capuche que j'ai sur le dos. Je l'ouvre et l'enlève, dévoilant mon oeil gonflé par les coups, ma lèvre éclatée... Les côtes fêlées, c'est pour plus tard.

14.09.15 ; Je venais de finir mon tour du service. La pédia n’était pas encore pleine à craquer, mais la chute des températures avait quand même entraîné une recrudescence des pneumopathies bénignes chez les plus jeunes, plus sensibles à ce genre de variations thermiques. Je m’apprêtais à m’accorder une petite pause quand mon bip résonna. Je sortis l’appareil. Code d’urgence. Je le remis dans ma poche et pris précipitamment le chemin des urgences en courant. J’arrivais au bout du couloir essoufflé m’apprêtant à pousser la porte des urgences lorsqu’une voix m’interpella au niveau des vestiaires : Andrea m’appelait depuis cet endroit, je reconnus sa voix bien qu'elle soit cachée sous un gros gilet.  Je me faufilai à l’intérieur et la demoiselle referma aussitôt à clé derrière nous. Que de mystères… « C’est toi qui m’a bipé ? Qu’est-ce qui se pa… ? » Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase, la dunster était en train d'ôter son sweat, révélant alors son visage tuméfié et des ecchymoses bleutées sur sa peau. « Oh mon dieu, Andrea !!! Qu’est-ce qui t’est arrivé ? » m’inquiétai-je en m’approchant prudemment d’elle. Ma main se tendit vers son visage blessé, mes doigts effleurèrent un instant ses plaies. « Faut qu’on mette de la glace là dessus… » .

J'ai mal. Dès que je bouge, je grogne. J'ai l'impression que chacun de mes os est brisé. Je sers les dents mais essaye de ne pas trop me plaindre. J'ai pas envie de passer pour une chochotte face à Phoenix. Je pense pas qu'il dira quelque chose mais bon... Je l'abandonne à l'entrée de l'hôpital et me débrouille pour contacter quelqu'un, n'importe qui. Je sais que Sienna n'est pas encore là, j'ai clairement pas envie de voir Maxime - et je ne sais pas s'il est là - et il en est de même avec Talya. Il reste Priape. Il n'y a qu'avec lui que je suis bien ces derniers temps... Et dire que je l'ai bien attaqué et descendu en flèche il y a encore quelques semaines. Je m'en veux pas mal... Je ne réponds rien et ôte mon gilet à capuche pour lui montrer. Je sens ses doigts sur ma joue bien enflée et grimace. " Je... Rien, y a rien eu " Je suis tombée dans les escaliers. Ça aurait tellement pu être le genre de connerie que j'aurais pu sortir mais ces ce que les femmes battues disent en temps normal et ce n'est pas le cas. Enfin si, j'ai été battue mais pas par mon conjoint. Non, lui, je ne l'ai pas vu depuis une dizaine de jours. " On m'est tombé dessus en venant " Soufflais-je en déglutissant difficilement. " J'ai mal Priape.. " et pas qu'au visage, non non. Même pas au coeur. Je soulève mon tshirt. Je sais pas si c'est bleu, jaune, violet, si on voit quelque chose ou non mais j'ai mal dès que je bouge... Oh god... pourquoi moi.

Elle essaya d’abord de minimiser la chose. Rien. Oh mais ce n’était pas rien. Ma main effleurait toujours prudemment son visage, l’air inquiet, mes yeux inspectant les lésions pour essayer d’en mesurer la gravité. L’œil de l’apprenti médecin quoi. Andrea était étudiante en médecine elle aussi, elle savait que ce n’était pas rien, qu’elle allait devoir passer des radios et tout le tintouin. « On t’est tombé dessus ? Qui a fait ça Andrea ? Tu le connaissais ? » m’inquiétai-je, les doigts de ma main libre se resserrant de colère un instant alors que je serrais les dents. Je ne comprenais pas comment on pouvait s’en prendre comme ça à une femme, sans raison, pour le plaisir de la casser, de la blesser. « Il t’a rien fait d’autre ? » m’inquiétai-je alors, mon esprit imaginant le pire, me rappelant encore des agressions qui avaient sévi sur le campus l’an dernier. Elle grimaçait, elle avait mal. Elle releva son haut pour dévoiler de nouvelles ecchymoses sur sa peau. Mes doigts voyagèrent sur son ventre, ses côtes tout doucement. « Faut qu’on t’emmène en radio y’a pas le choix… » D’ailleurs j’allais passer un sms à Maxime pour le prévenir. Je savais pas trop d’où ils en étaient eux deux mais le mather devait être mis au courant. « Une fois qu’on a fait les radios je te filerais un truc. » Des antalgiques pour dompter un peu la douleur… Je sortis un instant des vestiaires, envoyai un message pour prévenir son petit ami et revins auprès d’elle avec un fauteuil roulant pour qu’elle ait moins de mouvement à faire pour se rendre dans le service d’imagerie.

" Non je le connaissais pas... Enfin, j'en sais rien à vrai dire. Il m'est tombé dessus par derrière ... Je dis il mais ça peut très bien être elle " Ouai, les femmes peuvent être très agressives mais je n'avais fais de mal à personne, absolument personne... Et c'est pas comme si une femme voulait me faire du mal à cause de Max. Ça avait pas intérêt à être ça parce que là, ce serait la goutte d'eau qui fait déborder le vase... " Non rien... Je crois qu'il voulait plus me faire peur qu'autre chose... Parce qu'il aurait pu me faire mille fois plus mal " Je pouvais marcher sans problèmes. Bon, pas vraiment à vrai dire... Je soupire et baisse le visage. J'ai honte. J'ai honte de m'être fait tapper dessus et de ne pas avoir été capable de répondre, de me défendre. " Non j'veux rien pour la douleur Priape, ça va passer " Et je suis tellement pas bien en ce moment que ça pourrait vite me faire tomber accro. La fille blessée, brisée, qui commence à se droguer parce que rien ne va dans sa vie. Je ne veux pas de ça, non... " C'est obligé le fauteuil ? " J'ai pas envie qu'on s'intéresse plus que ça à moi... Je lui fais les plus beaux yeux qui existent sur la planète mais ça ne marche pas. Alors je me pose sur le fauteuil et soupire fortement. " J'en ai marre Priape... Ça va se terminer quand ? J'ai le droit d'être heureuse et bien cinq minutes dans le mois tu crois ? " Je sais pas, je pense pas... Souffrir. Ça c'est pour moi. Génial.

Je l’écoutais me raconter son agression, les jointures de mes poings blanchirent tandis que mes doigts se crispaient de plus en plus. Si j’avais pu avoir sous la main le type qui lui avait fait cela... « Fais pas ça Andrea… T’as le droit d’avoir mal, t’as le droit de craquer aussi… » fis-je avec douceur alors que la jeune femme baissait les yeux et refusait les antalgiques que je lui promettais après la radio. Le traumatisme de l’agression était suffisant sans qu’elle ne s’inflige en plus de supporter la douleur de ses blessures en serrant les dents et en refusant toute aide médicamenteuse. Mais la demoiselle était une coriace. Elle tenta même de se dérober au fauteuil quand je revins avec ce dernier. « C’est ça où je te porte sur mon dos, mais je suis pas sûr que ça soit confortable… » Surtout avec les ecchymoses qui parsemaient son corps. L’option fauteuil était plus raisonnable, elle s’y résigna d’ailleurs finalement et alors qu’on avançait, moi la poussant jusqu’au service d’imagerie, mon amie soupira et manifesta son raz le bol. Quand est-ce que tout cela allait se terminer ? « Y’a un diction qui dit qu’il faut toucher le fond pour pouvoir ensuite taper du pied et remonter à la surface. » L’une de mes mains se détacha des poignées pour venir se poser avec douceur sur son épaule en un petit geste de soutien. « Ca va aller mieux… » Parce que là elle devait pas être loin d’avoir touché le fond, avec toutes les galères qu’elle venait d’enchainer. La remontée n’allait pas tarder à se produire. Du moins, je l’espérais. Et lorsqu’on arriva devant l’appareil de radio, j’ajoutai : « Je t’aurais bien offert cinq minutes de bonheur dans mes bras avec un petit calin, mais je suis pas sûr qu’une accolade soit la bienvenue pour le moment. » fis-je avec un petit sourire. « Je préfère vérifier l’état de tes côtes avant. »