prialone ✰ sauve moi

Tu savais pas tellement si ce rendez vous avec Priape était une bonne idée. Peut être parce qu'il te rappelait trop Valentin et que c'était pas la meilleure des solutions de passer du temps avec lui vu l'état dans lequel tu étais mais.. Au fond, t'en avais besoin. Il n'était pas que "Priape le meilleur ami de l'amour de ta vie" il était aussi Priape, le mec qui savait te faire rire, qui t'avais toujours soutenu et qui avait cherché à t'aider dans n'importe quelle circonstance. Alors ouais, peut être qu'au fond, ça te ferais du bien. Tu l'espérais du moins. Poussant un soupir, tu poussais la porte du paradis du cupcake cherchant le dunster dans la salle. Parfait, il était déjà là. Prenant une profonde inspiration, t'avançais jusqu'à la table où il était installé prenant place sur le fauteuil en face de lui. Et pourquoi est ce que maintenant tu avais cette envie de pleurer ? Fallait croire que c'était une habitude, tu pleurais toujours quand Priape était dans les parages. Désolée du retard. Tu l'étais pas tant que ça mais quand même un peu, faute d'avoir sous estimée la circulation jusqu'à Boston. Tu vas bien ? Question bateau, probablement. Mais c'était tout ce que tu avais trouvé.

Voir Babylone. Ca semblait simple, ça semblait logique. Naturel même. Depuis le temps qu’on se connaissait… Une rencontre avec la cabot n’avait rien de bizarre, pas vrai ? Mais ce n’était pas –voir Babylone- qui sonnait bizarrement dans ma tête, c’était le –voir Babylone maintenant que Val était parti-. La jeune femme, avant d’avoir le statut d’amie, avait quand même celui de meilleure amie de l’italien déserteur. D’où surement l’étrangeté de ce rendez vous. C’est donc un peu troublé que je pris le chemin du salon de thé où nous avions convenu de nous retrouver, avec ces réflexions en tête. J’étais le premier arrivé, je pris place et la demoiselle ne tarda pas à faire son apparition, s’excusant du retard. S’installant devant moi, me demandant si j’allais bien, comme pour donner l’illusion, comme si ces retrouvailles autour de pâtisseries n’allaient en rien raviver le goût amer que le déménagement de notre meilleur ami avait laissé en nous. « Mouais, ça va… » On était pas là pour se lamenter non ? Parce qu’entre le départ de mon meilleur pote, la naissance prématurée de ma fille, l’éloignement qui s’opérait gentiment entre Talya et moi, tout cela saupoudré du stress de la rentrée, mon –ça va- sonnait comme un gros mensonge. « Je me remets difficilement de la fin de mon faux couple avec toi… » ajoutai-je avec un petit sourire, petite justification humoristique pour le manque de conviction que j’avais mis dans ma première réponse. « Et toi, tu vas comment ? » fis-je, retrouvant mon sérieux. Parce que si le départ de Valentin était dur pour moi, ça devait être encore pire pour mon interlocutrice.

Faudrait probablement que tu apprennes à te détendre un peu mais.. Depuis le départ de Valentin, t'avais la sensation de n'être qu'une ombre. D'avoir perdu une partie de toi et c'était compliqué de vivre normalement quand une moitié de soi même avait été arraché d'un seul coup. Parce que c'était ça que tu ressentais, on t'avais enlevé une partie de ta personne et sans elle, tu pouvais plus agir normalement. Inspirant un grand coup, tu posais tes bras sur la table plongeant ton regard dans celui de Priape l'air un peu perdu. Pourquoi fallait-il que tout soit toujours aussi compliqué ? C'était comme si le destin avait choisit que peu importait les situations, ce serait toujours toi qui aurait des bâtons dans les roues, toi qui n'aurait rien, toi qui aurait mal à chaque fois. Et c'était fatiguant de souffrir continuellement, toi tu voulais juste un peu de bonheur. Un bonheur constant, pas un qu'on finirait par t'arracher soudainement. Mais peut être étais-ce parce que c'était Priape, il réussissait à t'arracher un sourire alors que tu finissais par secouer la tête. Que veux tu, j'savais bien que tu m'aimais trop pour me quitter. Tu souriais légèrement une nouvelle fois pensant à tout ce que le dunster avait fait pour toi. Il était typiquement le genre de personne que tu ne pourrais jamais assez remercier. Le genre de personne sur qui tu pourrais toujours compter. Joker. Pour la réponse à la question. Dire que t'allais mal, c'était la vérité mais ça enchaînait sur une conversation douloureuse. Dire que t'allais bien, c'était un mensonge. De l'hypocrisie. Le joker semblait un peu plus approprié. J'pourrais voir Mila bientôt ?

Je me contentais de ce faible sourire. C’était mieux que rien quand on savait la nouvelle que l’on venait d’encaisser, ce vide qu’on allait avoir à combler. J’en rajoutai un couche, portant la main sur mon torse, tel un homme au cœur brisé. « Je ne vais pas m’en remettre Baby, nos baisers vont trop me manquer… » Erm, notre baiser serait plus juste puisqu’il n’y avait eu qu’une seule mise en scène de notre pseudo amour… Mise en scène ratée car elle n’avait pas atteint son but soit dit en passant. J’y avais cru à leur couple. Mais en même temps, un mec qui foirait toutes ses histoires d’amour ne pouvait surement pas être bon dans le rôle de cupidon. Maintenant que j’y pensais, ça me paraissait évident. Heureusement que j’avais pas fait ce choix de carrière, je ne ferais définitivement pas un bon marieur. Babylone éluda ma question par un joker qui provoqua une petite grimace chez moi. Au moins, elle ne faisait pas semblant. Elle était surement encore plus blessée par le départ de Valou, moi à la rigueur je me consolais car j’avais des nouvelles, il m’avait déjà invité à lui rendre visite à Washington lors des prochaines vacances. Je savais que c’était pas quelques kilomètres entre nous qui sonneraient la fin de notre amitié. Je savais juste qu’il allait me manquer comme un dingue. Surtout que j’aurais voulu qu’il rencontre Mila, qu’il tienne une place de tonton d’adoption pour elle. Ce fut d’ailleurs le prénom de ma fille qui s’échappa des lèvres de la Cabot. « Bien sur tu pourras la voir, elle sort mercredi dé néonat mercredi normalement… » informai-je avec un sourire fier de papa gaga. « Par contre, je ne sais pas quand je l’aurais en garde. C’est compliqué avec Talya. » Elle n’avait pas pu avoir sa fille près d’elle durant ses vingt premiers jours de vie, je n’allais pas exiger qu’elle partage sur le champ la garde de la petite.

Autant parler de quelque chose beaucoup moins douloureux. Comme la venue au monde de la fille de Priape. T'avais l'impression d'être la pire amie au monde puisque tu avais mis un temps infini avant de venir aux nouvelles. Et même si c'était parce que tu n'étais pas dans ton assiette, ça faisait quand même de toi une égoïste de première. Disons que maintenant, tu te rattrapais comme tu pouvais même si c'était pas forcément le plus facile. Et puis, tu t'y intéressais vraiment et mine de rien, il te tardait de pouvoir la voir. Il n'y avait probablement rien de plus que l'innocence d'une enfant. T'aimerais pouvoir être encore une enfant par moment. N'avoir comme souci quotidien que la couleur du crayon que tu pourrais utiliser pour ton nouveau dessin. Ouais, ça te semblait beaucoup mieux. J'suis certaine que ça aurait pu marcher toi et moi, c'est vraiment dommage. Tu secouais la tête essayant d'imaginer ce qu'aurait pu donner un couple entre toi et Priape et.. Bah non, t'y arrivais juste pas. Peut être parce que ça ne t'avais jamais traversé l'esprit et que mine de rien, ça serait vachement étrange. Compliqué comment ? Que tu reprenais après sa réponse. Son histoire avec Talya était quand même vachement compliqué et fallait avouer que la plupart du temps, t'avais assez de mal à suivre. Peut être que là, t'avais raté tellement d'épisode qu'il serait possible d'en faire une mini série style : les feux de l'amour. Tu l'aimes encore ? J'veux dire.. Talya ? Tu l'aimes ? Au final, c'était ça le plus important. Et s'ils étaient amoureux l'un de l'autre, tu ne comprenais pas pourquoi est ce qu'il ne faisait pas table rase du passé une bonne fois pour toute histoire de se laisser une chance. Ils étaient parents merde.

On plaisantait avec ironie sur notre faux couple, peut être pour éviter aussi de parler du vide qui allait véritablement nous gagner. Ce n’était pas cette mise en scène qui allait nous manquer, mais le spectateur pour qui on l’avait monté. Bref, on était en train de parler de Mila et invariablement, comme à chaque fois, ça dévia sur Talya. Je secouais tristement la tête quand elle demanda de clarifier le compliqué, si je l’aimais encore… « T’as bien vu au homecoming… » C’était compliqué ouais. On était séparés depuis le mois de mars et j’arrivais toujours pas à accepter l’idée de la savoir en train d’embrasser un autre. Et elle l’avait fait pourtant… « C’est quoi l’expression déjà ? Difficile d'oublier quelqu'un qui nous faisait tout oublier… » Ouais voilà, ça résumait bien la situation. Mais c’était pas très malin de citer ça, parce que ça allait renvoyer Baby au propre oubli que son esprit allait avoir à opérer. J’enchainai donc sur un tout autre sujet, abandonnant ma mine triste pour me lancer dans un sujet plus marrant. « Par contre Baby faut que je te dise, une de tes consoeurs me maltraite. Je vais porter plainte contre la Cabot je crois… » Menace en l’air. J’avais retrouvé mon sourire amusé, bien décidé à tirer des infos sur Brynn. En tant que présidente, la demoiselle en face de moi devait avoir des dossiers sous le coude.  

Quoi que de toute façon, ça ne te regardais pas. Après tout, t'avais déjà bien assez de tes problèmes pour pouvoir te mêler de ceux des autres et.. Priape était assez grand pour gérer lui même les choses. Puis il savait ce qu'il faisait, non ? Alors t'avais absolument pas ton mot à dire. Forcément que s'il n'était pas de nouveau ensemble, c'était parce que c'était beaucoup plus compliqué et que tu n'étais pas forcément au courant de tout. Ouais je vois.. Mais elle était encore là elle. Talya n'était pas partie et si elle faisait réellement partie des personnes capable de tout lui faire oublier, pourquoi ne pas lui donner une dernière chance ? Tenter le tout pour le tout ? Toi, t'aimerais bien que Valentin soit encore là. Juste pour lui dire que t'étais prête à recommencer à zéro, que tu ne voulais pas le perdre et que tu ferais n'importe quoi pour lui. Mais il n'était plus là et tu pouvais juste ruminer intérieurement à défaut de mieux. Toi ? Te faire maltraiter ? Un petit rire sortait de ta bouche alors que tu reprenais. Dis moi qui ose venir embêter le magnifique Priape ? Ouais, c'était peut être mieux de partir sur des sujets plus légers. Moins douloureux. Et peut être que pendant quelques secondes, t'aurais l'impression d'aller mieux. D'pas être complètement vide. Peut être que pour quelques secondes, Valentin n'existerait plus même s'il reviendrait en fanfare plus tard.

J’avais pas envie d’épiloguer sur Talya, sur mon incapacité à l’oublier, ou mon incapacité à lui pardonner, bref sur cette impasse dans laquelle je me trouvais avec mon ex. Surtout que Baby, elle, de son côté, elle avait sa propre impasse dont elle devait s’échapper. J’allais pas lui imposer de subir mes lamentations sur mon ancien couple alors même qu’elle, elle aurait tant aimé en former un avec mon meilleur ami déserteur. Donc, dans l’optique de changer de sujet pour nous dérider un peu, me voilà qui enchainais avec un certain humour, me plaignant d’une membre de la Cabot qui me maltraitait soit disant, et par là je pensais bien sûr à la blondinette que j’avais pas su me sortir de la tête depuis cet été, et ce malgré les nombreux vents qu’elle m’avait mis. « Brynn… L’ancienne VP. » répondis-je en essayant de garder ma mine sérieuse d’homme battu, malgré le rire qui s’était échappé de mes lèvres de mon interlocutrice. « En tant que toute nouvelle présidente, tu te dois de faire quelque chose… » réclamai-je avant de pouffer incapable de garder mon sérieux plus longtemps. J’allais pas vraiment réclamer de sentences contre sa consoeur non. Mais peut être que Baby allait pouvoir m’en dire plus sur la princesse après tout… «  C’est comment d’être présidente au fait ? » questionnai-je ensuite. « Enfin, je veux dire à part que tu te dois te coltiner les plaintes d’un pauvre dunster brimé… »

T'aurais tellement aimé qu'il disparaisse tout simplement de ton esprit. Comme s'il n'avait jamais existé. Parce que ouais, peu importais à quel point tu pouvais tenir à lui, il te faisais tellement à cet instant présent que tu préférais le sortir totalement de ta tête. Comme si tu ne le connaissais pas, comme s'il n'avait aucune importance. Ce serait probablement mieux puisque lui, de son côté, avait tiré un trait sur toi sans même se retourner. Alors non, il ne méritait pas que tu souffre pour lui. Il ne méritait pas qu'une seule de tes pensées soit dirigé vers lui. Oh, Brynn. Tu souriais amusée. Tu ne la connaissais pas personnellement mais t'appréhendais beaucoup le fait de passer derrière elle en tant que "chef" des Cabots. Parce qu'elle et Maxine avait fait un très bon travail et qu'il était toujours difficile de rester à la hauteur. Promis, j'irais remonter les bretelles de la princesse. Mais tu sais qu'elle n'en fait qu'à sa tête ? Un petit rire sortait de ta bouche. De toute façon, t'étais pas vraiment là pour faire la police et t'étais quasi sûre que Brynn ne faisait que le taquiner légèrement. J'suis ton bureau des plaintes alors tu peux te lâcher. Ouais ouais, t'étais ouverte à n'importe quelle heure pour le dunster. Mh, c'est nouveau. Un peu stressant mais plutôt bien dans l'ensemble. J'espère pouvoir apporter ma pierre à l'édifice. Faire les choses bien pour qu'on se rappelle de toi comme une bonne présidente. Mais l'année venait à peine de commencer et tout était encore à faire. Assez parlé de moi. Tu l'aimes bien Brynn ? Que tu demandais assez curieuse pour le coup.

L'évocation de ma blonde tortionnaire sembla faire sourire Baby qui se détendit. Parfait. C’était le but : se changer les idées et ne pas sortir les mouchoirs en pensant à Valou non… La nouvelle présidente me promettait un remontage de bretelles avant d’ajouter qu’elle n’en faisait qu’à sa tête. « Ca ne m’étonne pas d’elle… » fis-je avec un petit sourire attendri malgré tout. Même si elle m’en faisait voir de toutes les couleurs, je commençais à m’attacher à la blondinette. En tout cas, mon amie savait surement que ma réclamation n’avait rien de sérieux, elle s’autoproclamait bureau des plaintes avec humour ce qui m’arracha un petit rire, avant de l’écouter me répondre plus sérieusement comment se passait sa prise de fonction. « Le homecoming c’était un bon début… Ca s’est bien passé et puis le stand a bien plu non ? » fis-je en repensant au weekend dernier. « En tout cas, j’ai trouvé que vous aviez bien géré moi. » approuvai-je. Mais si j’espérais pouvoir poursuivre la conversation l’air de rien, c’était mal connaître Baby pour qui l’évocation de Brynn et de ses méfaits était loin d’être un détail… Elle avait surement capté quelque chose, puisqu’elle reprit la parole à propos de la jolie blonde en me demandant cash si je l’aimais bien. « Comment ça je l’aime bien ? » repris-je sur un ton innocent. « Oui, quand elle ne me critique pas, ne m’engueule pas ou ne me frappe pas, oui je l’aime bien… » Jouons les victimes un peu plus et oublions que la plupart desfois où ça s’est produit les critiques, reproches et coups étaient un peu mérités et cherchés de ma part. « Et toi alors tu l’aimes bien Maxime ? » rétorquai-je sur le même ton curieux qu’elle avait employé pour me questionner sur Brynn. On avait surement l’air de deux ados en guette de ragots là, mais si ça pouvait lui changer les idées, j’étais prêt à me lancer dans les cancans.