TU AS VRAIMENT DES YEUX DE BITCH ~ BABYLONE

En vivant dans une colocation avec dix autres personnes, on s’attend toujours à une ambiance de ouf, de l’indie rock tout au long de la journée pour l’ambiance, des batailles de bouffe une fois par semaine, des séances fumettes dans le jardin, et puis on s’attend surtout à ce que Truc pécho Machin dans la chambre de Bidule pendant que ce dernier copule avec Chose dans le frigo BREFFFF dans la colocation de Martin, il n’y avait rien de tout ça. Pas d’ambiance, rien. Tu ne te poilais pas en étant dans la même pièce que Caly le squelette quoi, ça se comprend. Mais ce soir, ils avaient décidé d’organiser une super fête en invitant la moitié de Harvard quoi. Suppppeeeer. Martin, lui, avait juste supplié Babylone de venir, histoire qu’il ait au moins une alliée puisqu’il ne pourrait pas rester poireauter toute la nuit dans sa chambre, par peur que des gens viennent utiliser son lit pour faire un Scrabble tout nu. La soirée battait son plein et la musique n’était pas si mauvaise, mais Martin se faisait chier comme un rat mort. Il était déjà sorti la veille et l’opportunité de se payer une murge ce soir lui donnait au moins autant envie que de griller sa merguez sur un barbecue. En plus, il ne connaissait / reconnaissait personne, puisque ses colocataires étaient portés disparus dans la maison, au moins autant que mon menton dans mon cou. La libération fut quand il parvint jusqu’au salon et trouva sa grande complice de crime Babylone sur une des banquette. Martin se laissa tomber à côté d’elle et un long soupir venant du cœur s’échappa. « Que ceux qui se font chier lèvent la main. » lâcha-t-il d’une voix monocorde avant de lever immédiatement le bras.

Je ne savais plus vraiment si le temps étaient totalement déréglée ou bien si c'était moi. Quoi qu'à bien y réfléchir, c'était plutôt moi. Mais depuis que Valentin était partit, tout semblait tourner à une vitesse folle et il n'y avait que moi qui ne bougeait pas. Comme si je n'étais que l'actrice pitoyable d'un mauvais film et qu'un emmerdeur de première avait réussit à me bloquer sur pause pour des lustres. Et je savais qu'il fallait que je me ressaisisses, que je ne pouvais pas rester vautré comme un flan dans mon canapé jusqu'à la fin des temps. Tout ce que j'y gagnerais serais des kilos en trop et tout le monde savait qu'un coup d'aspirateur ne pouvait pas agir comme une liposuccion. Alors quand Martin avait supplié pendant des heures et des heures -ou en fait juste quelques secondes- que je me ramène à la super soirée mégatrocool de sa coloc, j'avais fini par céder. Ca ne pouvait pas me faire de mal et bien au contraire, j'allais pouvoir mettre mon bitchissime légendaire en action. Les fesses sur la banquette libre, je regardais autour de moi faisant des commentaires destinés à mon esprit. Moche, musique pourri, trop maquillé, un pétard dans les cheveux.. Il était peut être possible que j'ai un commentaire sur tout le monde tiens. Moi, moi, MOI ! D'un seul coup mon bras s'était tendu vers le plafond tandis que mes fesses rebondissaient légèrement sur les ressorts usagés. J'ai un jeu. Que je disais à l'attention de mon acolyte. Tu choisis une personne, moi une autre et on répertorie les défauts de chacun. Celui qu'en a le plus gagne et a le loisir de faire boire un mélange de n'importe quoi à l'autre.

Et voilààà, Martin venait de lancer le jeu-concours de la soirée *lancement de la musique style top 50* Est-ce que c’est quand même une belle soirée de merde ? – A. Oui. – B. Totalement Jean-Pierre. – C. Vous pouvez répéter la question ? – D. La réponse D. Envoie ta réponse au 8 52 22. *fin de la musique*. Bon, comme Babylone était à côté de lui, Martin avait privilégié le vote à main levée et, au moins sur ce point, ils étaient d’accord. Babylone plus que Martin d’ailleurs, elle avait cru que son canapé c’était un trampoline. Narmol. Il se laissa balancer inlassablement avant qu’elle n’arrête et propose un jeu. Pas des plus passionnants, mais ça les aiderait à passer le temps. « Oh ça tombe bien que tu proposes ça comme défi, j’ai envie de pisser tiens … » Ouaip, pour le mélange que le perdant devrait boire, you know. Bref, il lorgna toute la population avant de s’arrêter sur une plantureuse vietnamienne, genre Anggun avec dix ans de moins et le tour de poitrine d'une gamine de trois ans. « Elle, je la prends. » En tout bien tout honneur, ça allait sans dire. Rien qu’en la regardant vite-fait comme ça, il avait toute une liste de défaut qu’il se ferait un plaisir de citer les uns après les autres, tout en pensant au cocktail qu’il préparerait à sa partner in crime.

Le mélange était peut être une mauvaise idée. Premièrement parce que j'avais toujours aimé comparer Martin à un espèce de sorcier complètement barré dans sa tête et deuxièmement parce qu'en tout bon sorcier qui se respecte, il pouvait être du genre à mettre bave de crapaud, oeil de singe et ongle de troll dans la même boisson. Tout ça pour dire que si jamais je venais à perdre, je pourrais très amèrement le regretter. C'était donc le bon moment pour choisir la personne la plus critiquable de la soirée. Et mieux valait pour moi de ne pas faire preuve d'une seule once de compassion. Est ce que tu crois être capable de pisser dans une canette ni vu ni connu sans faire tomber la moindre goutte à côté ? Histoire de mettre à jour cette fameuse théorie de John Green dans son livre Paper Town. Mais c'était pas le sujet du jour et j'finissais par me concentrer sur la population présente cherchant la victime qui s'ferait rhabiller pour l'hiver. Et paf, en plein dans le mille. En même temps, vu celle que Martin venait de prendre, j'avais plutôt intérêt à être du niveau et m'semblait que j'étais plutôt bien partit pour la peine. J'réserve le pseudo footballeur là. Celui avec les oreilles énormes.

Wow, avec Babylone, c’était défi sur défi quoi. Déjà, le concours de critiques – qu’il remporterait haut-la-main, j’vois même pas pourquoi ils nouent sérieusement, si Martin était un personnage de Super Mario, il serait la Princesse Bitch – et maintenant elle le soupçonnait de ne pas être capable de pisser dans une cannette. Histoire d’illustrer ses paroles, il attrapa une cannette vide abandonnée et laissée pour compte sur la tablette à côté du canapé, et analysa la circonférence du trou. « Je ne te cache pas que ce serait super facile si j’avais un micro-pénis … » Minute je-me-lance-des-fleurs. «  … Mais je maîtrise parfaitement ce qu’il y a en-dessous, et tu le constateras une fois que j’aurais gagné. » Pression, ciblage, plus rien n’avait de secret pour lui. Sur ce, je vais clore le chapitre pipi-caca du RP, un peu de classe quoi, j’veux pas que ce RP soit dans le même état que la culotte de Jendy OUUUUPSSSSSSS pardon, t’as raison, j’aurais fini par t’afficher. Alors, une fois que chacun eut choisi son cobaye, Martin détailla de haut en bas sa Anggun bas-de-gamme et tira la première balle ; « Elle a les narines tellement grande que je parie qu’elle évite de faire ses joggings au bord de la route, sinon elle prend le risque d’aspirer des moustiques par le nez. » Ouais bon, pas top, il s’échauffait.

Sans aucun doute, c'était une personne de choix pour une séance de bitchage improvisé. Tout simplement parce que d'un simple coup d'oeil, j'pouvais énumérer tout un tas de défauts et probablement qu'en cherchant un peu, y en avait encore pas mal à citer. Ouais, j'étais confiante pour le coup, du mois, j'savais que j'avais pas mal de chance de remporter le petit jeu mais.. Martin était mon adversaire et dieu seul savait à quel point il pouvait être redoutable dans ce domaine. Je ne crois que ce que je vois et pour le moment, tu prouves rien du tout. Alors ouais, j'avais aucune certitude qu'il maîtrisait son service trois pièce et qu'il puisse remplir la canette sans imprégner ce qui s'trouvait à côté. Bref, je demandais à voir mais y avait fort à parier que Martin matin soit aussi timbré que la joueuse derrière qui s'amuse à m'afficher dans un rp ce qui comme sentence fait qu'elle n'aura pas le "petit Jendy" de dédicacé. Bien joué. Et c'était maintenant à mon tour, un petit instant de réflexion et je me lançais. Ses oreilles sont tellement développés que s'il participait à un saut il n'aurait pas besoin de parachute pour planer pendant des heures. Ouh, c'était bas ça.