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« Rappelez-vous que j’attends vos devoirs sur la découverte des pyramides sur mon bureau la semaine prochaine ! »
Ainsi se termina le premier cours d’archéologie de l’année. A peine arrivée que le professeur nous accablait déjà sous une masse de travail, comme ça, mine de rien. Quoique cela ne me dérangeait pas plus que ça. J’avais l’habitude de passer ma vie à la bibliothèque, de bosser non-stop comme une forcenée, et ce n’était pas parce que j’avais décidé d’avancer dans ma vie que j’allais changer mes habitudes du jour au lendemain. Si j’étais prête à devenir une femme plus gentille avec mon entourage, je comptais toujours devenir majeure de promo. Mais pour l’instant, il était temps de s’aérer un peu l’esprit. Je devais bosser au Lord Hobo ce soir-là, mais j’avais le temps de profiter du soleil qui s’était installé sur le campus. Je passais donc rapidement à la Lowell House pour poser mes affaires et prendre mon rechange. Heureusement qu’il y avait de quoi se changer au bar. Une fois mes talons bien au fond de mon sac, je sortis sous le soleil éclatant, laissant les rayons doucement réchauffer ma peau. C’était un temps parfait pour aller admirer le bord de mer. Je partis donc en direction du sud de la ville, à pied. Je prenais le service plus tard ce soir, j’avais donc largement le temps de me faire ce petit plaisir. Une fois arrivée sur la plage, je retirai mes chaussures pour sentir le sable chaud s’infiltrer entre mes orteils. Je fermai les yeux un instant, savourant la brise iodée qui me caressait le visage. Je me rapprochai de l’eau, retroussant le bas de mon jeans afin de pouvoir mettre les pieds dans l’eau. Elle était fraîche, mais si je l’avais pu, je me serais baignée quand même. J’ai toujours aimé l’eau, la mer, l’océan. Me laisser aller au gré des vagues, sans réfléchir… Je fus tirée de mes réflexions par un objet qui vint percuter ma jambe. Un ballon. Un ballon rose avec des licornes. Rien que ça. Je pris le projectile dans mes mains, prête à le rendre à son propriétaire, mais je fus arrêtée dans mon élan par la vue qui s’offrait à moi. Une jeune femme était en train de s’approcher de moi, à peine plus vielle que moi, accompagné d’un petit bout de fille pas encore tout à fait sûre de son pas. Je ne pus m’empêcher de m’imaginer soudain à sa place. Si je n’avais pas eu à avorter, mon enfant aurait eu environ sept ans. J’aurais pu être avec lui sur cette plage. Son père serait encore en vie à travers lui. Ou elle. Qui sait. Une larme roula le long de ma joue. Je l’essuyai rapidement, ce n’était pas le moment de craquer devant une parfaite inconnue. Qu’est-ce qu’il me prenait ? Je m’agenouillai, tendant le ballon à la petite fille. « Tiens, je crois que tu as perdu ça. »
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