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Mon nom est
Noah Arjen d'Aremberg
C'est le 7 Juillet 1994 à Amsterdam, que les membres de la famille d’Aremberg m'ont accueilli(e) dans leurs bras, ils m'ont prénommé(e) Noah Arjen. Je suis célibataire et fort heureusement, mais si vous voulez tout savoir je suis hétérosexuel et j'en suis fier. Je viens d'une classe sociale aisée. Sinon, dans la vie de tous les jours je fais des études de Relations Internationales et Droit depuis trois ans. Et pour terminer, je voudrais intégrer les Eliot ou les Winthrop .
Tell me some more about you
Eliot House
Noah est prédestiné à Harvard depuis sa plus tendre enfance. Cadet d'une fratrie de quatre enfants, il est dans la tradition familiale pour le deuxième né de poursuivre ses études à l'étranger afin d'intégrer à termes, les chancelleries les plus convoitées. La famille d'Aremberg est l'une des plus prestigieuses familles aristocratiques et princières d'Europe : héritière des grandes maisons du Saint-Empire Romain Germanique et affiliée aux monarchies de Belgique, d'Espagne, et d'Hollande, elle procède d'une lignée ininterrompue depuis le XIIème siècle. Influente, la maison d'Aremberg a notamment contribué au développement militaire et politique de l'Europe du Moyen-âge. Aujourd'hui, le titre de duc d'Aremberg, ainsi que les couleurs du blason, reste reconnu au père de Noah, et les relations millénaires l'incluent presque naturellement dans les sphères politico-diplomatiques internationales. Ainsi, c'est quasiment par voie de fait et sous la pression d'un père ambitieux que Noah cherche à intégrer l'Eliot House.
Noah est prédestiné à Harvard depuis sa plus tendre enfance. Cadet d'une fratrie de quatre enfants, il est dans la tradition familiale pour le deuxième né de poursuivre ses études à l'étranger afin d'intégrer à termes, les chancelleries les plus convoitées. La famille d'Aremberg est l'une des plus prestigieuses familles aristocratiques et princières d'Europe : héritière des grandes maisons du Saint-Empire Romain Germanique et affiliée aux monarchies de Belgique, d'Espagne, et d'Hollande, elle procède d'une lignée ininterrompue depuis le XIIème siècle. Influente, la maison d'Aremberg a notamment contribué au développement militaire et politique de l'Europe du Moyen-âge. Aujourd'hui, le titre de duc d'Aremberg, ainsi que les couleurs du blason, reste reconnu au père de Noah, et les relations millénaires l'incluent presque naturellement dans les sphères politico-diplomatiques internationales. Ainsi, c'est quasiment par voie de fait et sous la pression d'un père ambitieux que Noah cherche à intégrer l'Eliot House.
Winthrop House
S'il n'est pas accepté à la Eliot House, le père de Noah ne s'en remettrait pas. Autant alors, lui soumettre une seconde option proche de ses valeurs, qui permettrait à Noah d'arrondir les angles. Ainsi, la Winthrop House, en tant que maison des gentlemans et de la bienséance, est la plus à même de correspondre à ses critères. En tant qu'habitué des grandes cérémonies, bals et autres mondanités, Noah est largement entrainé aux codes du savoir-vivre. Il est un gentleman à l'Européenne. Son éducation stricte fait de lui un garçon plus mystérieux que réservé, très peu enclin à se détacher des convenances, notamment parce qu'il trouve un certain plaisir et réconfort à cacher son véritable visage derrière les apparences. La Winthrop House correspond alors aux valeurs acquises par Noah et lui permettrait sans doute de se dévoiler peu à peu.
S'il n'est pas accepté à la Eliot House, le père de Noah ne s'en remettrait pas. Autant alors, lui soumettre une seconde option proche de ses valeurs, qui permettrait à Noah d'arrondir les angles. Ainsi, la Winthrop House, en tant que maison des gentlemans et de la bienséance, est la plus à même de correspondre à ses critères. En tant qu'habitué des grandes cérémonies, bals et autres mondanités, Noah est largement entrainé aux codes du savoir-vivre. Il est un gentleman à l'Européenne. Son éducation stricte fait de lui un garçon plus mystérieux que réservé, très peu enclin à se détacher des convenances, notamment parce qu'il trouve un certain plaisir et réconfort à cacher son véritable visage derrière les apparences. La Winthrop House correspond alors aux valeurs acquises par Noah et lui permettrait sans doute de se dévoiler peu à peu.
APRÈS LA BOMBE.
En Janvier 2013, alors qu’il rentrait de cours, Noah s’est vu interpellé par sa mère. La télé était allumée, la chaine d’information publique passait des images assez terrifiantes d’un évènement tragique : une attaque à la bombe sur le site de l’Université d’Harvard. Tout ça était loin de Noah, loin de sa vie, loin de ses préoccupations, comme un scénario fictif qu’il avait du mal à réaliser. Mais inconsciemment, il ne pouvait s’empêcher de se sentir concerné. D’abord, parce qu’il était difficile pour lui d’imaginer l’ampleur de la souffrance que devait connaitre des jeunes de son âge ; ensuite, parce qu’il ne pouvait s’empêcher de penser : « et si ça avait été moi, et si ça avait été nous ? ». Les mois passant, l’événement se tarit dans les journaux néerlandais, et Noah n’y pensait plus. Seule la devanture des bâtiments lors de sa première visite lui rappelèrent ce moment.
En Janvier 2013, alors qu’il rentrait de cours, Noah s’est vu interpellé par sa mère. La télé était allumée, la chaine d’information publique passait des images assez terrifiantes d’un évènement tragique : une attaque à la bombe sur le site de l’Université d’Harvard. Tout ça était loin de Noah, loin de sa vie, loin de ses préoccupations, comme un scénario fictif qu’il avait du mal à réaliser. Mais inconsciemment, il ne pouvait s’empêcher de se sentir concerné. D’abord, parce qu’il était difficile pour lui d’imaginer l’ampleur de la souffrance que devait connaitre des jeunes de son âge ; ensuite, parce qu’il ne pouvait s’empêcher de penser : « et si ça avait été moi, et si ça avait été nous ? ». Les mois passant, l’événement se tarit dans les journaux néerlandais, et Noah n’y pensait plus. Seule la devanture des bâtiments lors de sa première visite lui rappelèrent ce moment.
APRÈS LES AGRESSIONS ET LA PRISE D'OTAGES.
Il est naturellement impensable de ne pas se sentir concerné par ce genre d’évènement ; de près ou de loin, ils touchent toujours une partie de nous. Chez Noah, cette partie était à la fois très enfouie, il avait énormément de mal à rester calme devant des allégations d’agressions sexuelles, et à la fois très prégnante. Sa petite sœur avait été confrontée à ce genre de situation, une agression sexuelle lorsqu’elle avait seize ans. Noah se souvient du sentiment d’impuissance, de la rage, de la haine qu’il éprouvait à l’égard des coupables, et de la peine qui l’accablait chaque fois qu’il trouvait sa sœur silencieuse assise dans un coin de sa chambre. Alors, un tel évènement, à une telle échelle, devait être impossible à supporter.
Il est naturellement impensable de ne pas se sentir concerné par ce genre d’évènement ; de près ou de loin, ils touchent toujours une partie de nous. Chez Noah, cette partie était à la fois très enfouie, il avait énormément de mal à rester calme devant des allégations d’agressions sexuelles, et à la fois très prégnante. Sa petite sœur avait été confrontée à ce genre de situation, une agression sexuelle lorsqu’elle avait seize ans. Noah se souvient du sentiment d’impuissance, de la rage, de la haine qu’il éprouvait à l’égard des coupables, et de la peine qui l’accablait chaque fois qu’il trouvait sa sœur silencieuse assise dans un coin de sa chambre. Alors, un tel évènement, à une telle échelle, devait être impossible à supporter.
ITEM LIBRE
Noah est à la fois très froid, très dur, et extrêmement sensible quand on apprend à le connaitre. Petit, ses parents pensaient qu’il était autiste : il n’a pas su parler avant ses six ans, du fait de sa nature introvertie. Ce qui lui a notamment appris à apprécier le calme, et à écouter tout ce qu’il se passe autour de lui. Fan inconditionnel du groupe Radiohead, il peut passer des heures à écumer leurs albums allongé sur son lit.
Noah a également une peur phobique du noir, il ne sait pas d’où ça lui vient, mais il a pris l’habitude de dormir les volets ouverts, de manière à pouvoir distinguer tout ce qu’il se passe dans la nuit.
Noah est à la fois très froid, très dur, et extrêmement sensible quand on apprend à le connaitre. Petit, ses parents pensaient qu’il était autiste : il n’a pas su parler avant ses six ans, du fait de sa nature introvertie. Ce qui lui a notamment appris à apprécier le calme, et à écouter tout ce qu’il se passe autour de lui. Fan inconditionnel du groupe Radiohead, il peut passer des heures à écumer leurs albums allongé sur son lit.
Noah a également une peur phobique du noir, il ne sait pas d’où ça lui vient, mais il a pris l’habitude de dormir les volets ouverts, de manière à pouvoir distinguer tout ce qu’il se passe dans la nuit.
Mon pseudo internet est
EME
Bonjour tout le monde ! Sur internet on m'appelle EME et j'ai 22 ans. Je suis française et j'ai connu le forum grâce à google.
, du moins je cherchais un RPG depuis un moment et celui-ci m'a paru tip-top ! J'utilise Josh Beech comme avatar, d'ailleurs les images ont été faites par moi-même. Je fais environ beaucoup de mots par RP et mon personnage est un personnage inventé crée par moi-même.
Mot de la fin ? J’espère passer du bon temps ici avec vous !
Je souhaite adhérer un flood d'intégration (?)
, du moins je cherchais un RPG depuis un moment et celui-ci m'a paru tip-top ! J'utilise Josh Beech comme avatar, d'ailleurs les images ont été faites par moi-même. Je fais environ beaucoup de mots par RP et mon personnage est un personnage inventé crée par moi-même.
Mot de la fin ? J’espère passer du bon temps ici avec vous !
Je souhaite adhérer un flood d'intégration (?)
It's all about...
once upon a time !
Une ambiance calme et austère. La lumière tamisée du soleil qui se couche baigne peu à peu le corps raide de Noah dans la pénombre. Allongé sur le tapis, au milieu de la pièce, il observe le plafond avec l’insistance qu’aurait porté un tueur à sa cible. Le plafond froid, vide, qui lui faisait ressentir l’incommensurable fragilité de sa condition : « Nous sommes si peu de chose, et de toutes ces choses, je suis la plus petite ». La rage bouillonnait dans son ventre, et pourtant il restait impassible, soumis à son impuissance, spectateur de son existence. Il arrivait souvent à Noah de se retrouver là, de loin une de ses activités favorites, loin du bruit et des éclats de rire de sa vie dorée. Et tandis qu’il lâchait du leste à sa mélancolie, ses poings serrés de part et d’autre de son corps laissaient entrevoir toute la colère qui l’animait. Noah était en colère. Aussi loin qu’il se souvenait, il avait toujours était en colère, sa solitude était colère, sa nourriture était colère, son énergie était colère.
La pièce dans laquelle il se trouvait ressemblait à une garçonnière des années trente. Sur le tapis, à ses pieds, une table basse avec un vieux tourne-disque, et un fauteuil en cuir juxtaposé. Contre le mur de droite, son lit, agrémenté au-dessus d’un poster de Faust. Contre le mur de gauche, une immense bibliothèque entourée de deux colonnes sur lesquels on pouvait distinguer le blason et la devise familiale : Christus protector meus.
Pour découvrir l’homme qu’il était, appréhender son histoire, s’accommoder de sa personnalité, il fallait plonger dans cette bibliothèque. Là, on trouvait la promesse d’une vie intérieure riche et dynamique : les livres qu’il lisait racontaient une part de lui, les musiques qu’il écoutait embrassaient une autre part de lui.
The Doors – Riders on the storm
Noah a une quinzaine d’année. Il est assis sur un canapé au fond d’un bar, avec d’autres jeunes de son âge. Une fille, jolie fille blonde, joue au billard devant lui. Il la regarde de temps en temps tout en poursuivant la conversation avec ses compagnons. Noah n’a qu’une quinzaine d’année, il n’est pas autorisé à sortir, surtout pas à être ici. Pourtant, ce matin Mikhaïl l’a appelé, il lui a dit « j’ai obtenu de faux papiers, on peut sortir, brancher des filles plus vieilles ». Bien cadré dans son costume De Fursac noir, il reste calme, et ne laisse échapper aucun signe d’enthousiasme pour paraitre le plus naturel possible. Comme s’il avait l’habitude de ce genre de choses, de ce genre d’ambiance. La fille blonde met de la craie sur le bout de sa queue et s’installe pour tirer. La boule noire s’engouffre dans un des trous. La fille blonde se redresse, hausse les épaules, et sourit. Elle lance un clin d’œil à Noah, le regarde avec insistance, avant de s’éloigner. Noah se lève et la suit, tentant d’éviter la foule, et bousculant quelques personnes sur son passage. Il arrive dans un couloir étroit, sans doute l’arrière-boutique du bar. A deux pas de la fille blonde, tout à coup, une main lui agrippe le bras. Il se retourne instinctivement et sent une douleur fulgurante le frapper en plein visage. Le jeune homme du billard lui colle un coup de poing à lui en faire décoller les rétines. Par terre, et un peu sonné, il réussit à distinguer la voix fluette de la fille blonde qui dit : « fouille ses poches ». Noah se débat, tandis que le jeune homme du billard plonge ses mains sans grand tact dans les poches de son costume. Il en sort un portefeuille, quelques billets, et une montre à gousset en or. Il sourit en portant la montre à gousset à ses yeux, puis sourit à Noah : « et bien, et bien ». Il ouvre le portefeuille et lit machinalement « Noah Arjen d’Aremberg, né le … visiblement tu t’es perdu fiston, ce n’est pas un endroit assez fréquentable pour ton petit cul de bourgeois ». Le jeune s’approche du visage de Noah, et lui chuchote à l’oreille : « en plus, elle est trop vieille pour toi ». Il affiche un petit rictus en regardant tour à tour Noah et la jeune blonde. Il recule, et prend un air plus sérieux : « Voilà le deal. J’évite de dire au patron que des gamins sont entrés dans son bar avec de faux papiers - et crois moi, il ne sera pas content de s’être fait berné - ou alors, on sort tout les deux, tu retire tout ce que tu peux de ton compte, tu demande à tes petits copains de faire la même chose, et on se dit adieu en bon camarade ». Noah, qui contenait ses nerfs jusque là, commençe à sentir la rage animer ses membres. Il détestait l’idée d’être pris au piège, de s’être fait avoir comme un bleu. Dans un élan d’insouciance aveugle, il se redresse, s’élance sur le jeune homme qui avait baissé sa garde, se jette à sa taille, et le fait tomber par terre. Il grimpe à califourchon sur lui et le cogne, le cogne de toutes ses forces : de la droite, de la gauche, de la droite, de la gauche, en ne laissant aucun instant de répits.
Cette fois-là, Noah s’était senti trahis. Et de la pire manière qu’il soit, puisqu’il s’était senti trahis par lui-même. Il détestait ce qu’il avait été, ce chien qui accourt, ce chien qui ne sait pas se défendre. Il détestait sa naïveté, ce qu’il était, ce qu’il faisait. Et lorsqu’il cognait le jeune homme, c’est son propre visage qu’il voyait, c’était lui qu’il voulait tuer.
Saint – Exupéry, le Petit Prince : « On est responsable des choses qu’on a apprivoisé ».
Noah a cinq ans, il est allongé dans le lit, un nounours sous le bras, une sucette à la bouche. Sa mère le borde, attrape un livre sur la table de chevet : « Lorsque j’avais six ans, j’ai vu, une fois, une magnifique image… ». Elle commençait à lire le Petit Prince. Comme tous les soirs, Noah écoutait avec enthousiasme l’histoire qu’il connaissait déjà par cœur, et se laissait bercer par la voix de sa mère. Ses yeux se ferment, sa mère l’embrasse sur le front, éteint la veilleuse, et sort de la chambre. Quelques minutes plus tard, Noah, que Morphée n’avait pas encore réussit à attirer, ouvre les yeux, et cherche la voix de sa mère dans le crépuscule. Il descend du lit, son nounours sous le bras, sa tétine dans la bouche, marche dans le couloir, en direction du salon. Il voit des flashs de lumières, la télé est allumée, mais n’entend personne parler. Il s’avance vers le salon, et voit sa mère allongée sur le sol dans son tailleur Chanel, impeccablement coiffée, une boite de médicament jetée à coté de sa tête, et un verre de vin rouge renversé sur le tapis. Noah ne saisit pas la situation, mais comprends, à travers ses émotions, qu’il y a quelque chose de désagréable à vivre cela. Il a peur.
Ce jour-là, Noah se promet qu’il ne sera jamais le petit prince, qu’il ne sera jamais responsable de qui que ce soit, de quoique ce soit, qu’il n’apprivoisera jamais rien, et qu’il ne se laissera jamais apprivoisé.
The Black Keys – Too afraid to love you
Noah a dix-huit ans. Il est à un gala de charité organisé par le compte de Bavière. Mikhaïl est avec lui, une assiette de petit four à la main : « il parait qu’il y a une soirée après le gala, Judith veut aller au Ritz, ça te dit ? ». Noah avait l’habitude des plans de Mikhaïl. Il aimait bien ce garçon qu’il connaissait depuis tout petit, mais n’avait pas les mêmes envies, ni les mêmes ambitions. Il lui arrivait souvent de le prendre de haut, lui, le garçon maladroit aux cheveux frisés qui, sans l’argent de ses parents, serait sans aucun doute la risée de tous les lycées public du Pays-Bas. « On verra », lance Noah en s’éloignant vers la terrasse. Là, il regarde les gens dans la salle fourmilier et apprécie le calme et le répit que lui procure cet instant solitaire. Une voix de fille brise le silence : « toi aussi, tu en as marre de ces faux-semblants ? Des – coucou on est très riche mais une fois par an on va penser aux autres pour ne pas se sentir coupable ? ». « Ouai, on peut dire ça », répond Noah. La jeune fille se lève du transat dans lequel elle était affalée et s’approche de Noah : « J’ai toujours su que tu étais différent Noah d’Aremberg, depuis la maternelle, quand au lieu de soulever ma jupe pour voir ma culotte comme les autres garçons, tu m’ignorais, et faisais comme ci je n’existais pas … ça me rendait folle ». « Tu vois, je regrette d’avoir grandit, j’aime bien le petit Noah, lui au moins il avait compris avant même de te connaitre, ce que tu valais. Et puis, la situation n’a pas tellement changé : tu continue de jouer les fausses vierges effarouchées en te laissant regarder la culotte, et moi tu vois, je m’en vais», ironise Noah avec amertume, avant de faire quelques pas en direction de la réception. « Combien de fois je vais devoir m’excuser Noah !», s’écrie la jeune fille. Noah se retourne précipitamment les yeux plein de rage : « Jusqu’à ce que tu apprennes à penser ce que tu dis Leïa. Fous moi la paix, j’en ai rien à faire de toi, de ta vie, de ce que tu fais, tu n’es rien. Tu critique l’hypocrisie de ce monde, mais tu fais partie de ce monde, et tu es hypocrite au moins autant que lui ! ». Plein de colère, Noah tourne les talons, et s’éloigne de Leïa, regagnant la réception.
Ce jour-là, c’était la dernière fois qu’il voyait Leïa. Il était tombé amoureux d’elle, mais tous les deux étaient comme deux chats sauvages, deux loups, prêt à mordre au moindre risque. Là où le commun des mortels cherchait l’amour, Noah et Leïa cultivait la haine, la rancœur, la jalousie. Si bien que Noah s’était résigné à l’idée : il n’était pas fait pour aimer.
John Knowles : « Destruction can be beautiful to some poeple. Don’t ask me why, it just is. And if they can’t find anything to destroy, they destroy themselves. »
Noah a dix-huit ans. Il est assis sur le bord de son lit, les poings liés sous le menton. On entend l’écho de l’eau qui coule – la douche est en marche, ce bruit le dérange, comme s’il s’agissait d’une avalanche d’insultes. Il se lève du lit, avance vers sa table basse, et met un vinyle de The Kills pour regagner le silence de son esprit. Il fait les cent pas, tourne en rond, est extrêmement perturbé. Il se laisse tomber sur son fauteuil, tend la tête en arrière et regarde le plafond. Son plafond, vide et froid, comme lui à ce moment-là. Une fille pousse la porte de la chambre, une serviette autour de la taille, les cheveux mouillés. Elle s’avance vers Noah et s’assoit sur ses genoux, avant de l’embrasser : « Bonjour mon beau brun ». Noah, mal à l’aise, ne répond que par un sourire, avant de plonger dans un profond mutisme.
Ce jour-là, une fois de plus, il s’était laissé aller au pire. Il n’aimait pas cette fille, il ne connaissait même pas son prénom. Il n’avait aucune raison de lui faire du mal, il ne la détestait pas. C’était lui qu’il détestait, lui qu’il voulait détruire, autant que faire se peut, en rendant sa vie fade et monotone, dénuée de toute émotion. Ainsi, il avait finit par s’enterrer à l’air libre, avant même de mourir.
Radiohead – 2+2=5
Noah a dix-sept ans. Il est dix-huit heures, il rentre du lycée. Le hall de la maison est vide, la maison toute entière semble vide. Il appelle « Père, Mère », pour voir si quelqu’un répond. Personne. Il monte à l’étage, pose ses affaires dans sa chambre, avant d’attraper une pile de CD vierges dans sa bibliothèque. Il envisage de se graver quelques jeux vidéos pour la soirée. Il se dirige alors à l’autre bout du couloir, vers le bureau de son père. Il pousse la porte, et laisse tomber la pile de CD sur le sol dans un bruit détonnant. Noah reste figé, face au spectacle qui s’offre devant lui. Son père était entrain de faire l’amour à une fille qui ne semblait pas plus âgée que lui. Elle s’habille péniblement, Noah l’ignore, et lance un regard accusateur à son père. « Fils, je … écoute-moi … je peux tout t’expliquer ». Noah le regarde avec rage, son père comprend qu’il serait mal venu de tester sa patience à ce moment précis. Il range sa chemise dans son pantalon, et prend un ton grave : « N’oublis pas Noah, nous sommes les d’Aremberg ». Noah ne dit rien, quoique son poing serré contre sa cuisse tente de se frayer un chemin vers la joue de son père. Mais pas le moindre mot. Il se retourne, et marche, comme un zombie, jusqu’à sa chambre.
Ce jour-là, Noah avait compris une chose. Il détestait son père. D’abord parce que son père représentait tout ce que Noah détestait le plus : la trahison, le mensonge, la suffisance, et le manque d’esprit. Ensuite, parce que son père était devenu comme n’importe quel autre homme : lâche, perfide et vil. Et Noah le détestait d’autant plus qu’il ne pouvait ni s’enfuir, ni échapper à son contrôle, ni même déroger aux convenances en le détestant librement et ouvertement. Il devait étouffer tout cela au fond de lui, au fond de son ventre, au cœur de sa bile. Noah ne voulait plus avoir de père, mais il ne pouvait empêchait son père d’avoir un fils. Et il était un d’Aremberg.
Goethe, Faust : « Je suis l’esprit qui toujours nie, et c’est avec justice, car rien n’existe en ce monde qui ne mérite d’être détruit ».
Cette phrase ne correspond pas à un moment précis de l’histoire de Noah. Elle en est le leit motiv, l’hymne, la mélodie de fond. Noah ne voulait pas tout détruire par simple esprit malsain ou machiavélique. Il voulait détruire parce qu’il était convaincu qu’on ne pouvait construire de beaux édifices que sur de belles surfaces planes, et non sur des ruines qui les auraient rendu bancales. Il était persuadé qu’il étai nécessaire de ne croire en rien, de détruire chaque chose, chaque idée, pour la discuter soi-même, et ne croire que ce que nous avions réussi à démontrer, par nos propres moyens, à notre esprit. En fait, Noah puisait la source de sa liberté dans la destruction de chaque idée reçu, de chaque chose mal construite. Il voulait faire de son monde un monde merveilleux, et voulait, pour cela, en effacer toutes les ruines, les maladresses, les mauvaises herbes.
Nouvelle Vague – In a manner of speacking
Noah a dix-neuf ans. Il est au bord d’un lac, avec Mikhaïl et deux autres garçons. Il tient sa canne à pèche bien tendue, pendant qu’un de ses camarades s’occupe d’un feu de bois. C’est l’été, et il fait beau. Noah n’a pas de détail sur ce souvenir, parce que ce souvenir se suffit à lui-même.
Ce jour-là n’était pas seul. Ils étaient « ces jours-là », les jours que l’esprit oublie de souligner, de raconter, et qui pourtant bien caché dans nos émotions et dans notre tête, nous rappelle que tout ceci en vaut la peine, et qu’il est merveilleux de vivre. Ce jour-là était tous les jours de simplicité, ou Noah s’était senti bien. Tellement bien, qu’il n’avait pas besoin de le raconter.
Shakespear, Roméo et Juliette : « Ne reste pas, va-t-en ; vis, et dis plus tard que la pitié d’un furieux t’a forcé de fuir ».
Noah a vingt ans. Des cris fusent à toute vitesse dans la salle à manger. Noah hurle contre son père : « Vous n’êtes qu’un lâche, qu’un espèce de gros lâche ». Son père lui répond en hurlant de plus belle : « Espèce d’ingrat, je vais t’apprendre ce qu’est le respect ». « Mais comment voulez-vous que je vous respecte, vous ne vous respectez pas vous-même ! ». « Taisez-vous », hurle la mère de Noah, qui tente de calmer les pleurs de ses deux plus jeunes enfants, « Taisez-vous, vous en avez assez fait ». Noah répond aux ordres de sa mère, et se tait. Son père se détend : « Regarde toi, tu auras beau m’insulter de tous les mots, tu es exactement comme moi. Tu es mon fils Noah, tu es mon fils ». A ces mots Noah sent une rage plus qu’électrique lui cramponner le ventre. Incapable d’obéir à son esprit, il laisse ses instincts le guider, et se retrouve debout, face à son père, une main sur le col de sa chemise, l’autre prête à donner le coup. Sa mère se redresse avec furie : « Noah ! Noah lâche le ! ». Noah sent les larmes lui monter aux yeux. Des larmes de colère, de peine, de haine, de lassitude. Il finit par lâcher son père, s’éloigne de quelques pas, tout tremblant, et regarde le sol en attendant de reprendre ses esprits. Son père se redresse à son tour, arrange sa chemise, puis brise le silence : « On mange à 20heures, ne soyez pas en retard », avant de sortir de la salle à manger et de se diriger vers la salle de bain. La mère de Noah embrasse ses deux derniers enfants sur le front, « ça va aller, ce n’est rien. Montez vous débarbouillez, je vous appelle quand le diner est prêt ». La petite sœur de Noah et son benjamin sortent de la salle à manger. Noah se retrouve seul face à sa mère, les mains encore tremblante. Elle s’approche de lui, et lui caresse la joue dans un signe de tendresse : « Mon fils, pardonne moi de t’avoir fait avec un aussi grand cœur. J’aurais aimé que tu sois comme ton père, je te regarderai moins souffrir ». « Mère, vous ne savez pas ce qui … », sa mère l’interrompt d’un signe de la tête. Puis, elle prend un air faussement enjoué, et ironise : « quoi ? Que mon mari me trompe depuis des années avec toutes les jeunes minettes qu’il rencontre lors de ses voyages ? Bien sure que si je le sais ». Noah regarde sa mère, les yeux écarquillés, mais quelque peu apaisé : ce n’est pas lui qui avait du le lui apprendre. « Mon garçon écoute », dit sa mère, avant de l’inviter à s’assoir à côté d’elle sur une chaise, « j’ai épousé ton père, pour le meilleur, et pour le pire, et il faut croire que j’aime ton père, je l’aime vraiment beaucoup. Et je l’aime d’autant plus qu’il n’est plus seulement mon mari, mais le père de mes enfants. Alors, ce qu’il fait …. Ce n’est pas grave, qu’il s’amuse. Tout ce qui compte aujourd’hui pour moi, c’est de vous voir grandir, toi et tes frères et sœurs. Je veux vous voir rire, je veux vous voir vous amusez, ne pas faire les erreurs que moi j’ai fait. Et pour cela, je veux que vous ayez toutes les chances de réussir. Alors, tu vas allez à Harvard. Pas pour faire plaisir à ton père, mais pour toi, et aussi un peu pour moi. Tu vas réussir, et tu deviendras quelqu’un de bien. Et je te verrais sourire, et je serais fière de toi, parce que ton père aura eu tord : tu ne seras pas lui, tu seras toi ».
Ce soir-là, Noah faisait ses valises pour les Etats-Unis.
La pièce dans laquelle il se trouvait ressemblait à une garçonnière des années trente. Sur le tapis, à ses pieds, une table basse avec un vieux tourne-disque, et un fauteuil en cuir juxtaposé. Contre le mur de droite, son lit, agrémenté au-dessus d’un poster de Faust. Contre le mur de gauche, une immense bibliothèque entourée de deux colonnes sur lesquels on pouvait distinguer le blason et la devise familiale : Christus protector meus.
Pour découvrir l’homme qu’il était, appréhender son histoire, s’accommoder de sa personnalité, il fallait plonger dans cette bibliothèque. Là, on trouvait la promesse d’une vie intérieure riche et dynamique : les livres qu’il lisait racontaient une part de lui, les musiques qu’il écoutait embrassaient une autre part de lui.
The Doors – Riders on the storm
Noah a une quinzaine d’année. Il est assis sur un canapé au fond d’un bar, avec d’autres jeunes de son âge. Une fille, jolie fille blonde, joue au billard devant lui. Il la regarde de temps en temps tout en poursuivant la conversation avec ses compagnons. Noah n’a qu’une quinzaine d’année, il n’est pas autorisé à sortir, surtout pas à être ici. Pourtant, ce matin Mikhaïl l’a appelé, il lui a dit « j’ai obtenu de faux papiers, on peut sortir, brancher des filles plus vieilles ». Bien cadré dans son costume De Fursac noir, il reste calme, et ne laisse échapper aucun signe d’enthousiasme pour paraitre le plus naturel possible. Comme s’il avait l’habitude de ce genre de choses, de ce genre d’ambiance. La fille blonde met de la craie sur le bout de sa queue et s’installe pour tirer. La boule noire s’engouffre dans un des trous. La fille blonde se redresse, hausse les épaules, et sourit. Elle lance un clin d’œil à Noah, le regarde avec insistance, avant de s’éloigner. Noah se lève et la suit, tentant d’éviter la foule, et bousculant quelques personnes sur son passage. Il arrive dans un couloir étroit, sans doute l’arrière-boutique du bar. A deux pas de la fille blonde, tout à coup, une main lui agrippe le bras. Il se retourne instinctivement et sent une douleur fulgurante le frapper en plein visage. Le jeune homme du billard lui colle un coup de poing à lui en faire décoller les rétines. Par terre, et un peu sonné, il réussit à distinguer la voix fluette de la fille blonde qui dit : « fouille ses poches ». Noah se débat, tandis que le jeune homme du billard plonge ses mains sans grand tact dans les poches de son costume. Il en sort un portefeuille, quelques billets, et une montre à gousset en or. Il sourit en portant la montre à gousset à ses yeux, puis sourit à Noah : « et bien, et bien ». Il ouvre le portefeuille et lit machinalement « Noah Arjen d’Aremberg, né le … visiblement tu t’es perdu fiston, ce n’est pas un endroit assez fréquentable pour ton petit cul de bourgeois ». Le jeune s’approche du visage de Noah, et lui chuchote à l’oreille : « en plus, elle est trop vieille pour toi ». Il affiche un petit rictus en regardant tour à tour Noah et la jeune blonde. Il recule, et prend un air plus sérieux : « Voilà le deal. J’évite de dire au patron que des gamins sont entrés dans son bar avec de faux papiers - et crois moi, il ne sera pas content de s’être fait berné - ou alors, on sort tout les deux, tu retire tout ce que tu peux de ton compte, tu demande à tes petits copains de faire la même chose, et on se dit adieu en bon camarade ». Noah, qui contenait ses nerfs jusque là, commençe à sentir la rage animer ses membres. Il détestait l’idée d’être pris au piège, de s’être fait avoir comme un bleu. Dans un élan d’insouciance aveugle, il se redresse, s’élance sur le jeune homme qui avait baissé sa garde, se jette à sa taille, et le fait tomber par terre. Il grimpe à califourchon sur lui et le cogne, le cogne de toutes ses forces : de la droite, de la gauche, de la droite, de la gauche, en ne laissant aucun instant de répits.
Cette fois-là, Noah s’était senti trahis. Et de la pire manière qu’il soit, puisqu’il s’était senti trahis par lui-même. Il détestait ce qu’il avait été, ce chien qui accourt, ce chien qui ne sait pas se défendre. Il détestait sa naïveté, ce qu’il était, ce qu’il faisait. Et lorsqu’il cognait le jeune homme, c’est son propre visage qu’il voyait, c’était lui qu’il voulait tuer.
Saint – Exupéry, le Petit Prince : « On est responsable des choses qu’on a apprivoisé ».
Noah a cinq ans, il est allongé dans le lit, un nounours sous le bras, une sucette à la bouche. Sa mère le borde, attrape un livre sur la table de chevet : « Lorsque j’avais six ans, j’ai vu, une fois, une magnifique image… ». Elle commençait à lire le Petit Prince. Comme tous les soirs, Noah écoutait avec enthousiasme l’histoire qu’il connaissait déjà par cœur, et se laissait bercer par la voix de sa mère. Ses yeux se ferment, sa mère l’embrasse sur le front, éteint la veilleuse, et sort de la chambre. Quelques minutes plus tard, Noah, que Morphée n’avait pas encore réussit à attirer, ouvre les yeux, et cherche la voix de sa mère dans le crépuscule. Il descend du lit, son nounours sous le bras, sa tétine dans la bouche, marche dans le couloir, en direction du salon. Il voit des flashs de lumières, la télé est allumée, mais n’entend personne parler. Il s’avance vers le salon, et voit sa mère allongée sur le sol dans son tailleur Chanel, impeccablement coiffée, une boite de médicament jetée à coté de sa tête, et un verre de vin rouge renversé sur le tapis. Noah ne saisit pas la situation, mais comprends, à travers ses émotions, qu’il y a quelque chose de désagréable à vivre cela. Il a peur.
Ce jour-là, Noah se promet qu’il ne sera jamais le petit prince, qu’il ne sera jamais responsable de qui que ce soit, de quoique ce soit, qu’il n’apprivoisera jamais rien, et qu’il ne se laissera jamais apprivoisé.
The Black Keys – Too afraid to love you
Noah a dix-huit ans. Il est à un gala de charité organisé par le compte de Bavière. Mikhaïl est avec lui, une assiette de petit four à la main : « il parait qu’il y a une soirée après le gala, Judith veut aller au Ritz, ça te dit ? ». Noah avait l’habitude des plans de Mikhaïl. Il aimait bien ce garçon qu’il connaissait depuis tout petit, mais n’avait pas les mêmes envies, ni les mêmes ambitions. Il lui arrivait souvent de le prendre de haut, lui, le garçon maladroit aux cheveux frisés qui, sans l’argent de ses parents, serait sans aucun doute la risée de tous les lycées public du Pays-Bas. « On verra », lance Noah en s’éloignant vers la terrasse. Là, il regarde les gens dans la salle fourmilier et apprécie le calme et le répit que lui procure cet instant solitaire. Une voix de fille brise le silence : « toi aussi, tu en as marre de ces faux-semblants ? Des – coucou on est très riche mais une fois par an on va penser aux autres pour ne pas se sentir coupable ? ». « Ouai, on peut dire ça », répond Noah. La jeune fille se lève du transat dans lequel elle était affalée et s’approche de Noah : « J’ai toujours su que tu étais différent Noah d’Aremberg, depuis la maternelle, quand au lieu de soulever ma jupe pour voir ma culotte comme les autres garçons, tu m’ignorais, et faisais comme ci je n’existais pas … ça me rendait folle ». « Tu vois, je regrette d’avoir grandit, j’aime bien le petit Noah, lui au moins il avait compris avant même de te connaitre, ce que tu valais. Et puis, la situation n’a pas tellement changé : tu continue de jouer les fausses vierges effarouchées en te laissant regarder la culotte, et moi tu vois, je m’en vais», ironise Noah avec amertume, avant de faire quelques pas en direction de la réception. « Combien de fois je vais devoir m’excuser Noah !», s’écrie la jeune fille. Noah se retourne précipitamment les yeux plein de rage : « Jusqu’à ce que tu apprennes à penser ce que tu dis Leïa. Fous moi la paix, j’en ai rien à faire de toi, de ta vie, de ce que tu fais, tu n’es rien. Tu critique l’hypocrisie de ce monde, mais tu fais partie de ce monde, et tu es hypocrite au moins autant que lui ! ». Plein de colère, Noah tourne les talons, et s’éloigne de Leïa, regagnant la réception.
Ce jour-là, c’était la dernière fois qu’il voyait Leïa. Il était tombé amoureux d’elle, mais tous les deux étaient comme deux chats sauvages, deux loups, prêt à mordre au moindre risque. Là où le commun des mortels cherchait l’amour, Noah et Leïa cultivait la haine, la rancœur, la jalousie. Si bien que Noah s’était résigné à l’idée : il n’était pas fait pour aimer.
John Knowles : « Destruction can be beautiful to some poeple. Don’t ask me why, it just is. And if they can’t find anything to destroy, they destroy themselves. »
Noah a dix-huit ans. Il est assis sur le bord de son lit, les poings liés sous le menton. On entend l’écho de l’eau qui coule – la douche est en marche, ce bruit le dérange, comme s’il s’agissait d’une avalanche d’insultes. Il se lève du lit, avance vers sa table basse, et met un vinyle de The Kills pour regagner le silence de son esprit. Il fait les cent pas, tourne en rond, est extrêmement perturbé. Il se laisse tomber sur son fauteuil, tend la tête en arrière et regarde le plafond. Son plafond, vide et froid, comme lui à ce moment-là. Une fille pousse la porte de la chambre, une serviette autour de la taille, les cheveux mouillés. Elle s’avance vers Noah et s’assoit sur ses genoux, avant de l’embrasser : « Bonjour mon beau brun ». Noah, mal à l’aise, ne répond que par un sourire, avant de plonger dans un profond mutisme.
Ce jour-là, une fois de plus, il s’était laissé aller au pire. Il n’aimait pas cette fille, il ne connaissait même pas son prénom. Il n’avait aucune raison de lui faire du mal, il ne la détestait pas. C’était lui qu’il détestait, lui qu’il voulait détruire, autant que faire se peut, en rendant sa vie fade et monotone, dénuée de toute émotion. Ainsi, il avait finit par s’enterrer à l’air libre, avant même de mourir.
Radiohead – 2+2=5
Noah a dix-sept ans. Il est dix-huit heures, il rentre du lycée. Le hall de la maison est vide, la maison toute entière semble vide. Il appelle « Père, Mère », pour voir si quelqu’un répond. Personne. Il monte à l’étage, pose ses affaires dans sa chambre, avant d’attraper une pile de CD vierges dans sa bibliothèque. Il envisage de se graver quelques jeux vidéos pour la soirée. Il se dirige alors à l’autre bout du couloir, vers le bureau de son père. Il pousse la porte, et laisse tomber la pile de CD sur le sol dans un bruit détonnant. Noah reste figé, face au spectacle qui s’offre devant lui. Son père était entrain de faire l’amour à une fille qui ne semblait pas plus âgée que lui. Elle s’habille péniblement, Noah l’ignore, et lance un regard accusateur à son père. « Fils, je … écoute-moi … je peux tout t’expliquer ». Noah le regarde avec rage, son père comprend qu’il serait mal venu de tester sa patience à ce moment précis. Il range sa chemise dans son pantalon, et prend un ton grave : « N’oublis pas Noah, nous sommes les d’Aremberg ». Noah ne dit rien, quoique son poing serré contre sa cuisse tente de se frayer un chemin vers la joue de son père. Mais pas le moindre mot. Il se retourne, et marche, comme un zombie, jusqu’à sa chambre.
Ce jour-là, Noah avait compris une chose. Il détestait son père. D’abord parce que son père représentait tout ce que Noah détestait le plus : la trahison, le mensonge, la suffisance, et le manque d’esprit. Ensuite, parce que son père était devenu comme n’importe quel autre homme : lâche, perfide et vil. Et Noah le détestait d’autant plus qu’il ne pouvait ni s’enfuir, ni échapper à son contrôle, ni même déroger aux convenances en le détestant librement et ouvertement. Il devait étouffer tout cela au fond de lui, au fond de son ventre, au cœur de sa bile. Noah ne voulait plus avoir de père, mais il ne pouvait empêchait son père d’avoir un fils. Et il était un d’Aremberg.
Goethe, Faust : « Je suis l’esprit qui toujours nie, et c’est avec justice, car rien n’existe en ce monde qui ne mérite d’être détruit ».
Cette phrase ne correspond pas à un moment précis de l’histoire de Noah. Elle en est le leit motiv, l’hymne, la mélodie de fond. Noah ne voulait pas tout détruire par simple esprit malsain ou machiavélique. Il voulait détruire parce qu’il était convaincu qu’on ne pouvait construire de beaux édifices que sur de belles surfaces planes, et non sur des ruines qui les auraient rendu bancales. Il était persuadé qu’il étai nécessaire de ne croire en rien, de détruire chaque chose, chaque idée, pour la discuter soi-même, et ne croire que ce que nous avions réussi à démontrer, par nos propres moyens, à notre esprit. En fait, Noah puisait la source de sa liberté dans la destruction de chaque idée reçu, de chaque chose mal construite. Il voulait faire de son monde un monde merveilleux, et voulait, pour cela, en effacer toutes les ruines, les maladresses, les mauvaises herbes.
Nouvelle Vague – In a manner of speacking
Noah a dix-neuf ans. Il est au bord d’un lac, avec Mikhaïl et deux autres garçons. Il tient sa canne à pèche bien tendue, pendant qu’un de ses camarades s’occupe d’un feu de bois. C’est l’été, et il fait beau. Noah n’a pas de détail sur ce souvenir, parce que ce souvenir se suffit à lui-même.
Ce jour-là n’était pas seul. Ils étaient « ces jours-là », les jours que l’esprit oublie de souligner, de raconter, et qui pourtant bien caché dans nos émotions et dans notre tête, nous rappelle que tout ceci en vaut la peine, et qu’il est merveilleux de vivre. Ce jour-là était tous les jours de simplicité, ou Noah s’était senti bien. Tellement bien, qu’il n’avait pas besoin de le raconter.
Shakespear, Roméo et Juliette : « Ne reste pas, va-t-en ; vis, et dis plus tard que la pitié d’un furieux t’a forcé de fuir ».
Noah a vingt ans. Des cris fusent à toute vitesse dans la salle à manger. Noah hurle contre son père : « Vous n’êtes qu’un lâche, qu’un espèce de gros lâche ». Son père lui répond en hurlant de plus belle : « Espèce d’ingrat, je vais t’apprendre ce qu’est le respect ». « Mais comment voulez-vous que je vous respecte, vous ne vous respectez pas vous-même ! ». « Taisez-vous », hurle la mère de Noah, qui tente de calmer les pleurs de ses deux plus jeunes enfants, « Taisez-vous, vous en avez assez fait ». Noah répond aux ordres de sa mère, et se tait. Son père se détend : « Regarde toi, tu auras beau m’insulter de tous les mots, tu es exactement comme moi. Tu es mon fils Noah, tu es mon fils ». A ces mots Noah sent une rage plus qu’électrique lui cramponner le ventre. Incapable d’obéir à son esprit, il laisse ses instincts le guider, et se retrouve debout, face à son père, une main sur le col de sa chemise, l’autre prête à donner le coup. Sa mère se redresse avec furie : « Noah ! Noah lâche le ! ». Noah sent les larmes lui monter aux yeux. Des larmes de colère, de peine, de haine, de lassitude. Il finit par lâcher son père, s’éloigne de quelques pas, tout tremblant, et regarde le sol en attendant de reprendre ses esprits. Son père se redresse à son tour, arrange sa chemise, puis brise le silence : « On mange à 20heures, ne soyez pas en retard », avant de sortir de la salle à manger et de se diriger vers la salle de bain. La mère de Noah embrasse ses deux derniers enfants sur le front, « ça va aller, ce n’est rien. Montez vous débarbouillez, je vous appelle quand le diner est prêt ». La petite sœur de Noah et son benjamin sortent de la salle à manger. Noah se retrouve seul face à sa mère, les mains encore tremblante. Elle s’approche de lui, et lui caresse la joue dans un signe de tendresse : « Mon fils, pardonne moi de t’avoir fait avec un aussi grand cœur. J’aurais aimé que tu sois comme ton père, je te regarderai moins souffrir ». « Mère, vous ne savez pas ce qui … », sa mère l’interrompt d’un signe de la tête. Puis, elle prend un air faussement enjoué, et ironise : « quoi ? Que mon mari me trompe depuis des années avec toutes les jeunes minettes qu’il rencontre lors de ses voyages ? Bien sure que si je le sais ». Noah regarde sa mère, les yeux écarquillés, mais quelque peu apaisé : ce n’est pas lui qui avait du le lui apprendre. « Mon garçon écoute », dit sa mère, avant de l’inviter à s’assoir à côté d’elle sur une chaise, « j’ai épousé ton père, pour le meilleur, et pour le pire, et il faut croire que j’aime ton père, je l’aime vraiment beaucoup. Et je l’aime d’autant plus qu’il n’est plus seulement mon mari, mais le père de mes enfants. Alors, ce qu’il fait …. Ce n’est pas grave, qu’il s’amuse. Tout ce qui compte aujourd’hui pour moi, c’est de vous voir grandir, toi et tes frères et sœurs. Je veux vous voir rire, je veux vous voir vous amusez, ne pas faire les erreurs que moi j’ai fait. Et pour cela, je veux que vous ayez toutes les chances de réussir. Alors, tu vas allez à Harvard. Pas pour faire plaisir à ton père, mais pour toi, et aussi un peu pour moi. Tu vas réussir, et tu deviendras quelqu’un de bien. Et je te verrais sourire, et je serais fière de toi, parce que ton père aura eu tord : tu ne seras pas lui, tu seras toi ».
Ce soir-là, Noah faisait ses valises pour les Etats-Unis.
(Invité)