FIRDAUS JUNAYD HEGAZY ► Matthew Noszka

C'était dans le début des années quatre-vingt-dix que le lien fut scellé officiellement. Hegazy et Sayoud ne formaient plus qu'un. L'ancien diplômé d'Oxford et l'avocate prodigue d'Alexandrie eurent pour eux une nuit extraordinaire qui laissait présager de belles choses. S'en suivirent neuf mois de douleur et de stress pendant lesquelles le couple hésita sur plusieurs détails. Tous deux étaient jeunes, pleins d'avenir, allaient-ils avoir le temps de gérer un enfant?

C'était en décembre que naquit Firdaus, portant comme second prénom Junayd, prénom qui sera utilisée lors de ses passages un peu partout à travers le pays et même lors de ses passages en Europe. Mais entre intimes, c'était Firdaus. Paradis, c'était la définition du mot Firdaus. Le couple tomba sur un enfant en santé, possédant cinq sens parfaits et des yeux percants. Le bébé allait être spécial, tous deux le savaient et ce n'était plus une question.

Mais le petit grandit dans une famille moyenne en Égypte, une famille qui voulaient néanmoins que leurs enfants réussissent. Et tous deux dans le domaine de la justice, leurs parents étaient à risque et se devaient de mettre leur argent en péril chaque fois que la porte sonnait. Enfant, le petit grandissait avec des cicatrices, des traces de ceinture qui finirent par s'effacer avec le temps. Mais ce n'était que l'extérieur, les cicatrices émotionnelles, elles, ne partaient pas.

À l'âge de huit ans, le petit Junayd se passionnait déjà pour le surf et pour la médecine. Il passa une enfance heureuse en dehors de chez lui, et ses professeurs aimaient voir en lui un enfant prodige qui ne pouvaient se retenir de répondre au plus de questions possibles. Amoureux de l'apprentissage, il ne pouvait laisser quelque chose lui échapper et posait plus de questions que n'importe qui dans chacune de ses classes. À l'âge de 12 ans, néanmoins, il eut une année mouvementée.

Les choses se compliquèrent, et le jeune mais très mature Junayd eut assez de savoir et de logique pour comprendre ce qui se passait. Papa et maman ne passait plus beaucoup de temps ensemble, eux qui avaient l'habitude et la réputation d'être un des couples les plus établis et les plus solides de Hurghada. Mais maman Amira eut à se désister, et laissa un homme fou amoureux d'elle pour aller rejoindre son amant, un américain dans la quarantaine qui était venu passer six mois en Égypte pour un contrat, avant de retourner aux États-Unis. Elle eut deux filles avec cet homme, mais les deux eurent à porter le nom Sayoud. Dieu seul savait pourquoi.

Le frère de Junayd, quant à lui, avait déjà dix-sept ans et avait recu une bourse pour l'Université du Caire. La rumeur disait qu'il avait refusé d'aller à Harvard car selon lui, les établissements des undergraduates n'étaient pas à son goût. Mais ce n'était qu'une rumeur. Il quitta donc Hurghuda, laissant Junayd et son père seuls ensemble pendant de longues années qui suivirent tandis que Junayd cumula les titres de sa catégorie en surf, jusqu'à l'âge de 16 ans où il eut à arrêter le surf compétitif pour une légère blessure qui l'éloignait des vagues. Il repris d'ailleurs le surf à son arrivée à Harvard.

Après avoir passé quelques mois de stage pendant un été en Angleterre dans un des plus grands hôpitals du pays, il passa sa dernière année d'études pré-universitaires en Égypte, gardant un GPA parfait et totalisant 2400 au SAT I. Il assista même l'un des plus grands neurologues du monde à l'Université John Hopkins pendant l'été avant Harvard, préférant un stage professionel au Summer Camp. Et en septembre, il fut officiellement interné sur le campus des confréries.