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« Norah, dépêche-toi un peu ! Ça va faire une heure qu’ils attendent leur bière là-bas ! »
Je me retins de justesse de coller mon poing dans la figure du patron. C’était une soirée de l’horreur au Lord Hobo, probablement à cause du temps qu’il faisait en dehors des murs. Avec cette pluie battante, les clients s’entassaient les uns sur les autres, arrivant en flot continu par l’entrée, de plus en plus imbibés d’eau avant de doucement s’imbiber d’alcool. Alors oui, j’avais du retard sur les commandes, mais comme ma collègue avait décidé de choisir ce jour pour se casser une cheville, je me retrouvais toute seule et faisais du mieux que je pouvais. Donc le patron et ses invectives pouvaient gentiment aller voir ailleurs si j’y étais. Surtout que Monsieur le grand manitou ne levait pas le petit doigt pour nous aider, le barman ou moi, mais qu’il se contentait de nous regarder crouler sous la foule assoiffée et de donner des ordres de loin, se gardant bien de dépenser la moindre goutte de sueur. Ce qui commençait à sérieusement me taper sur les nerfs. Maxwell étant déjà bien trop occupé, je passai derrière le bar afin de servir les deux bières manquantes, et les amenai à la table en question. Heureusement, ce furent des clients compréhensifs qui ne se plaignirent pas du retard, et semblèrent même compatir à mon calvaire, payant une bière de plus à l’addition. « Pour vous aider à tenir la soirée… » Je les remerciai d’un regard emplie de gratitude, avant de courir me servir ce verre salvateur, que je descendis légèrement trop vite, mais à ce niveau des choses, cela importait peu… Au moins, la fin de soirée passa plus vite, et avant même que la salle ne soit nettoyée, je quittai le bar, laissant le sale boulot au patron. Il fallait bien qu’il bosse un peu de temps en temps, non ? La pluie ne s’était pas calmée, loin de là. C’était un véritable déluge qui s’abattait dans la rue. Une arche remplie d’animaux aurait pu passer que je n’en aurais nullement été étonnée. Je pris le parti d’affronter l’orage, n’ayant de toute façon pas de voiture. Mais en moins d’une minute, j’étais déjà trempée jusqu’aux os. Par miracle, des phares attirèrent mon attention. Dans un élan désespéré, je tendis le pouce, et à mon grand étonnement, le véhicule s’arrêta. Sans me poser plus de question, sans même regarder le chauffeur, je me jetai sur le siège passager, et refermai précipitamment la porte derrière moi. Coup de bol, c’était une femme. « Infiniment merci, merci mille fois de vous être arrêtée. C’est l’horreur là dehors ! »
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