LIFE TEARS US APART ≠ ALESKA

Robyn était retournée avec sa mère pour la semaine et il était temps pour moi de faire le tri dans ma vie. Enfin, genre... ma mise en couple assez récente. C'était un move assez idiot quand on y pense, parce que je me rendais compte que mes sentiments n'étaient pas grandissant pour Olive, pas comme j'aurais voulu qu'ils soient. J'pensais bien trop à Alaska, me demandant si elle allait bien. J'avais eu des sms à son réveil et j'avais agi comme un con, et maintenant j'pouvais pas lui en envoyer un, sous risque de me faire envoyer chier. Bref, j'étais avec Olive maintenant et je devais cesser de penser à la Mather. Bien plus facile à dire qu'à faire. Quoiqu'il en soit, je sortais de ma chambre pour aller rejoindre des potes dehors mais j'avais la tête dans mon téléphone. C'était pour ça que je ne voyais pas la personne qui se trouvait face à moi... et dans laquelle je rentrais dedans. Le pire dans tout ça ? Elle était chargée comme un mulot et j'avais fait tout tomber. J'étais étonné de trouver un sabre laser tout droit issu de Star Wars et quand je relevais le regard pour découvrir qui c'était, mon sourire se dissipait presque aussitôt. Et meeeerde. « Désolé, j'ai... pas fait attention » Je voyais ses affaires étalées au sol et je me sentais mal d'un coup. « T'as besoin d'aide..? »

J'étais enfin sortie de l’hôpital. Un bonheur de mettre les pieds dehors et de sentir l'air frais. Au moins, quand on est dehors, les gens ne prennent pas cet air malheureux et désolé quand ils vous parlent. Même avec mon super bronzage, j'avais l'impression d'avoir le tint pale en plus des cernes qui se trouvaient sous mes yeux. Je n'avais pas très bien dormi à l’hôpital. Trop de bruit, trop de lumière. J'allais enfin pouvoir me reposer quelques jours avant de vraiment reprendre les cours pour une nouvelle année à Harvard. D'ailleurs, je faisais mon grand retour à la Mather house. J'avais pris une chambre en solo et je faisais quelques voyages avec Léonora pour ramener mes affaires dans cette petite chambre. Je ne savais pas encore comment j'allais réussir à tout caser, mais je restais positive là-dessus. Je marchais avec mon dernier carton dans les mains, tellement rempli que je ne voyais même pas où je mettais les pieds et pour une fille maladroite, c'était suicidaire. Je marchais à la hâte, pressée d'arriver à ma porte pour lâcher ce putain de carton rempli de bordel, quand soudain quelqu'un me percuta de plein fouet. Je lâchais un juron sur le coup de la surprise. Le carton tomba au sol, se vidant par la même occasion. Je regardais alors l'homme qui m'avait rentré dedans pour m’apercevoir que ce n'était autre qu'Alexander. Il ne manquait plus que ça. Je ne pus m'empêcher d'afficher une mine triste, je ne pouvais pas faire autrement à vrai dire. Il me manquait. Ses bras me manquaient. Ses lèvres... Je lâchais un soupir en le regardant, prenant une mine un peu plus énervée désormais. « Désolé, j'ai... pas fait attention » Bah tiens. C'est bien la première fois qu'il est désolé pour quelque chose. Je regarde mon sabre laser qu'il tient et je lui arrache des mains « Rends-moi ça ou j'te découpe en deux avec ! » m'exclamais-je énervée, les sourcils froncés. Je me baissais aussitôt pour remettre mon bazar dans le carton, j'avais envie que le sol s'ouvre sous mes pieds et m'engouffre. Ou plutôt lui. Je voulais que ça soit lui qui disparaisse. « T'as besoin d'aide..? » Je balançais les trucs à la hâte sans vraiment faire attention, j'étais super stressée d'un coup. « Depuis quand tu te soucies de ce dont j'ai besoin Strudwick ? » Puis, j'aurais dû l'appeler connard plutôt.

J'avoue que si j'étais préoccupé par beaucoup de choses actuellement, que j'faisais pas forcément attention où je mettais les pieds. Et du coup, c'était évident que j'allais rentrer dans quelqu'un. Ce qui n'était pas évident, c'était que la personne en question, c'était Alaska. Je sentais mon coeur se resserrer à la vue de la jeune femme. Toutes ses affaires se retrouvaient au sol et c'était un peu de ma faute.. À vrai dire, j'avais l'impression que tout ce qui n'allait pas dans sa vie, c'était ma faute. Elle était tombée sous mon charme après lui avoir expressément dit de ne pas le faire, mais je l'incitais à rester à mes côtés durant tout l'été. Et quand elle voulait me rejoindre après sa soirée avec Jeisa, elle a eu un accident, le jour même de l'anniversaire de la mort d'Hendrix. Bref, j'étais mauvais pour elle et c'était mieux si on restait éloignés l'un de l'autre. Sauf que j'avais son sabre laser - très beau au passage - et elle me le réclamait. Je le lui tendais, silencieux afin qu'elle soit moins irritée qu'elle ne l'est déjà. Et puis elle s'occupait de tout ramasser et par habitude, je lui proposais mon aide. Stupide erreur. « Al.. » Répartie, 0. Non mais sérieux dude, reprends toi, tu as l'air d'être un abruti fini là. Faut dire que je la revoyais pour la première fois après mon passage à l'hôpital de Phoenix où elle a été rapatriée après son accident. Ça m'faisait du bien de savoir qu'elle allait bien médicalement parlant. Le reste par contre, j'avais eu l'effet d'un ouragan et je crois que ça n'a fait qu'empirer avec les jours.

Pourquoi fallait-il que ce soit lui qui me rentre dedans ? Pourquoi après avoir passé ma journée à amener mes affaires jusque dans ma chambre, c'est quand j’apporte mon DERNIER carton de la journée qu'il faut que je le croise dans les couloirs. Nan, mais en plus il tripote mes affaires et il me regarde avec son air désolé. Je m'étais vite dépêchée d'attraper tout ce qui était au sol, lui arrachant mon sabre laser des mains au passage. Il me proposa son aide que je refusais bien évidemment. Enfin, pas vraiment, mais il comprenait au ton de ma voix qu'il ne valait mieux pas me chercher. Je n'ai pas envie de le voir, je n'ai aucune envie d'affronter son regard et de sentir son odeur. Cela va me rappeler l'été passé à ses côtés et à quel point il me manque et que j'ai envie de le retrouver, de me nicher dans ses bras pendant des heures. Mais non, interdiction de penser à tout ça. « Al.. » Je me relevais comme une furie, le carton et mes affaires à mes pieds. « QUOI ? » lui demandais-je soudainement en lui faisant face. Il fallait que je me montre forte et sûre de moi, c'est Emma qui me l'avait dit. « Je ne vais te dire les choses qu'une seule fois Alexander. Je te déteste et je n'ai aucune envie de te voir ou même de te parler ! » Sur ce, j'attrapais le sable laser, trop grand pour entrer dans le carton et je lui tapais le torse avec, « VA TE FAIRE FOUTRE ALEXANDER STRUDWICK ! » m'exclamais-je entre chaque coup.

J'avais été connard quand j'ai appris qu'elle s'était réveillée de son coma. Genre... t'es pas importante, j'pourrai te caler demain pour venir te rendre visite. Et elle l'avait mal pris, évidemment. C'était le but, même si ça faisait mal. Et puis là, me retrouver face à elle, ça faisait plus mal que je le pensais. La dernière fois que j'avais posé mes yeux sur elle, c'était à l'hôpital, quand elle était encore branchée de partout. Et puis elle était paisible et trop au bord de la mort. Là, elle était en colère et bel et bien vivante. Alors que je lui avais rendu son sabre et qu'elle rangeait ses affaires dans le carton, je n'ai pas pu m'empêcher de lancer un "Al" qui cherchait à lui faire avoir un peu moins de haine envers moi. Mais c'était le mot de trop. Elle s'en prenait à moi violemment, finissant même par m'attaquer avec ce fameux sabre durant qu'elle me disait clairement d'aller me faire foutre. Et puis voilà que je me protégeais avec mon bras. « Tu m'détestes... à c'point là ? » Aoutch, ça faisait mal. Enfin, je devrais être content, c'était ce que j'voulais. Qu'elle m'déteste, qu'on s'évite et qu'elle trouve un homme qui lui convienne mieux. Mon opposé en somme.

J'étais totalement énervée contre lui. J'avais juste envie qu'il disparaisse. Je ne voulais ni le voir, ni lui parler. Pourtant, il était là face à moi et il était hors de question que je fonce dans ses bras comme j'avais pu le faire au summer camp après une dispute. Cette fois, c'était totalement différent et je le lui disais clairement. J'avais juste envie qu'il dégage et ne plus entendre parler de lui. Je sentais, juste en sachant que son regard était posé sur moi, le trou s'ouvrir dans ma poitrine. Comment j'ai pu être aussi stupide pour en arriver là ? Comme j'ai pu tomber amoureuse d'un connard comme lui ? Voilà que j'avais attrapé le sabre laser pour le frapper avant, j'étais totalement en train de me laisser aller et sérieusement, je préférais cela plutôt que de lever la main sur lui. Parce que ouais, j'avais clairement envie de lui coller une gifle. J'm'arrêtais alors et je remettais le sabre dans le carton, attrapant ensuite ce dernier. « Tu m'détestes... à c'point là ? » Putain mais ferme ta gueule. Je laissais échapper un soupir. « Félicitation pour ton couple ! Maintenant, laisse-moi crever en paix ! » Bah oui, parce qu'avec ses conneries, moi j'étais juste en train de mourir de l’intérieur et comme ça suffisait pas, mon corps aussi me lâchait. J'aurais aimé partir comme une dingue jusqu'à l'autre bout du couloir, mais nan, pas le choix que de me caler contre le mur pour attendre que ma baisse de tension passe. Les médecins me l'avaient dit, pas d'excitation.

Je me doutais bien qu'elle devait avoir une certaine rancoeur à mon encontre. Mais bon je pensais pas que c'était si violent, au point qu'elle veuille me frapper avec une réplique de sabre laser tout en m'insultant à la même occasion. Certes, l'été que nous avions passé ensemble était quand même top et que la rentrée dénotait énormément, sauf que c'était plus violent que j'aurais pu croire. Alors quand elle s'était calmée, je venais la regarder, l'air désolé, cherchant à comprendre à quel point sa haine envers moi pouvait aller. Je soupirais en l'entendant parler de mon couple. Ouais, j'avais vu sur Twitter, Cambridge's Secrets n'y avait pas été de main morte. « Je... » Je la voyais ensuite se caler contre le mur et j'arrivais juste pas à paraitre froid et distant. C'était bien plus dur que je l'aurais cru en fait. « Alaska » Je lui retirais son carton des mains pour éviter qu'elle s'épuise de trop en le portant inutilement, ne lui laissant pas le choix. Je la regardais sans trop savoir quoi faire et l'envie de m'emparer de ses lèvres était de plus en plus pressante, et fallait que je résiste. Mais c'était dur, vraiment dur. Merde, arrête d'être égoïste Alex. Je me calais contre le mur tout en la regardant, laissant une distance de sécurité, tout en ayant une certaine proximité. « J'suis désolé.. »

Je m'étais énervée contre lui et putain ce que ça faisait du bien. Je m'en voulais d'être amoureuse de lui, d'avoir passé un si bon été en sa compagnie et de s'être servi de mon accident de voiture et de mon coma pour se débarrasser de moi. Je savais très bien qu'il avait fréquenté Olive pendant le summer camp et malgré qu'il se soit comporté comme un petit ami aurait pu le faire avec moi, il semblait qu'il ait été plus loin avec l'autre mather. C'était moche, de m'avoir fait croire à quel point je pouvais compter à ses yeux et me faire redescendre sur terre tout aussi rapidement. « Je... » Je voulais simplement qu'il me laisse tranquille, c'était trop dur à faire ? J'aurais aimé partir à toute vitesse, mais mon corps me rappelait à l'ordre. Trop d'agitation, trop d'émotion et ma vue se brouillait doucement. Je me calais alors contre le mur après avoir gentiment dit au jeune homme de me ficher la paix. Pourtant, il semblait toujours là. « Alaska » dit-il doucement en retirant le carton de ma main. Pourquoi il veut me voler mes affaires ? C'est le sabre c'est ça ? Une fois le carton posé au sol, il se pose en face de moi. Je déteste ça, la façon dont il se comporte alors que j'ai le cœur brisé, alors qu'il est en couple avec une autre. « J'suis désolé.. » Je ferme mes yeux pour ne pas le regarder, espérant vraiment que mon corps va se remettre en marche rapidement. Je déteste cette façon qu'il a de m'achever aussi facilement. Comment je suis supposée faire maintenant ? Comment je suis supposée oublier quelqu'un que j'aime ? Interdiction de pleurer. Je prends sur moi et j'ouvre à nouveau les yeux et je me mis à chanter doucement le refrain de la chanson de Lily Allen. « Fuck you, Fuck you very, very much cause we hate what you do and we hate your whole crew so please don't stay in touch. Fuck you, Fuck you very, very much. Cause your words don't translate and it's getting quite late so please don't stay in touch... » Ça aurait pu durer encore longtemps, mais fallait dire que je chantais pas non plus super super bien.

Je me rendais bien compte que, malgré que je sois avec Olive maintenant, ça ne changeait rien du tout. Mais alors rien du tout. J'avais des putains de sentiments pour Alaska et ça devenait évident de jour en jour. Là, je la voyais calée contre le mur à reprendre doucement des forces et tout ce que je voulais, c'était la prendre dans mes bras et m'occuper d'elle. Mais je pouvais pas bordel. De par mon couple et puis parce que ça ne la faisait que souffrir d'avantage. Et je savais qu'être proche d'elle c'était lui infliger une douleur qu'elle ne voulait pas.. mais c'était plus fort que moi. J'étais accro et il me fallait une dose d'Alaska. Je m'excusais alors, pour la globalité de la situation, et elle se mit à fermer les yeux. L'envie de poser ma main sur sa joue, la caresser... je la réprimais assez rapidement, pour ne pas qu'on se déchire encore. Enfin.. ça allait être le cas là, parce qu'elle avait rouvert les yeux et elle se mit à chanter. Pas n'importe quelle chanson, non. Une qui voulait dire qu'elle en avait marre et que je devais disparaitre, en somme. Quoiqu'il en soit, je comprenais le message clairement. "Please don't stay in touch". Putain ça faisait mal. Alors je me reculais doucement avant de lui dire « Je n'serai qu'un étranger à partir de maintenant, si c'est vraiment c'que tu veux » Et je sais que c'est pas ce qu'elle veut, ni ce que je veux d'ailleurs. Mais comment arranger une situation comme celle-là ? J'en avais pas la moindre idée.. je me suis fourré dans de beaux draps.

Craquage complet, voilà que je me mettais à chanter du Lily Allen. Faut dire que je suis épuisée mentalement et physiquement, que je ne m'étais en aucun cas attendu à le voir ici et que j'étais clean depuis deux semaines. Ouais, fallait prendre en compte cette dernière chose, je n'avais pas consommé de drogue depuis mon accident de voiture. Habituellement, j'étais la mather la plus sensible du campus, mais là, j'étais à cran, à fleur de peau. Calée contre le mur le temps que mon corps reprenne des forces, je n'ai d'autres choix que de regarder Alexander dans les yeux. J'étais fière de mettre défouler contre lui, de lui avoir dit d'aller se faire foutre et de lui avoir chanté cette chanson pour lui dire de m'oublier. Emma allait être fière de moi, j'avais réussi à lui tenir tête et c'était un grand pas pour moi. Mais... qu'en était-il du reste ? Au fond, ça me ressemblait pas. J'étais la fille sentimentale qui avait vécu beaucoup trop de choses et qui avait tout de même gardé son âme d'enfant. J'étais douée pour faire rire, remonter le moral ou faire exploser ma violence envers quelqu'un que je haïssais... mais, il est clair qu'Alexander n'entrait dans aucune de ses cases. Peut-être que je le détestais pour ce qu'il m'avait fait, mais au fond, je savais très bien que j'étais une petite chose trop faible pour lui tourner le dos une bonne fois pour toutes... Je vois bien que ma petite chanson le dérange, je le vois à sa façon qu'il a de me regarder et de reculer. Je ne peux m'empêcher d'afficher un faible sourire, au fond, contente de pouvoir atteindre Alexander Strudwick. « Je n'serai qu'un étranger à partir de maintenant, si c'est vraiment c'que tu veux » Je laissais échapper un long soupir, me redressant par la même occasion. Il est temps pour moi de prendre le taureau par les cornes, de l'affronter à ma manière. « Tu penses vraiment savoir ce que je veux ou ce qu'il me faut ? Je suis désolée pour l'accident de voiture. Je peux m'excuser pour ça... pour avoir été stupide avec Jeisa, pour avoir autant picolé et d'avoir pris la route ensuite en pensant qu'on était invincible. Mais... je ne m'excuserais pour rien d'autres... Je ne vais pas m'excuser d'être amoureuse de toi, parce que je t'avais averti que ça arriverait. Je ne vais pas m'excuser de t'avoir frappé avec mon super sabre laser, parce que tu le méritais amplement à mon sens. Je ne vais pas m'excuser pour mes propos, qu'ils te plaisent ou non. » J'eus un léger haussement d'épaules en le regardant dans les yeux. Je parlais calmement, toujours appuyé contre le mur. « Avant tout cela... nous étions amis, tu étais celui qui me protégeait. Depuis qu'on a couché ensemble, tu n'as plus autant de respect pour moi. Je t'en veux de t'être accroché à moi et de m'avoir abandonné au moment où j'avais le plus besoin de ta présence. Tu n'as pas été assez intelligent pour comprendre que j'étais bien avec toi et que ça me ferait terriblement mal si tu partais... Là, tu ne me demandes pas mon avis pour savoir si tu n'es qu'un simple étranger... tu profites de ce moment pour en parler vaguement pour te donner bonne conscience. Tu as choisi de disparaitre au moment où j'ai eu mon accident... pour des bonnes raisons apparemment, puisque tu es en couple. Alors ne remets pas la question de ta présence dans ma vie sur mon dos, prends tes couilles à deux mains et choisis tout seul comme un grand garçon. Pour information, je voulais que nous soyons ensemble toi et moi, désormais, j'attends que tu te décides... si tu dégages, t'en fais pas pour moi, j'arriverais bien à passer à autre chose avec le temps. » C'était simple non ? Enfin, il allait peut-être pas comprendre mon message, mais on verra bien. En attendant moi, j'étais fatiguée, je voulais juste rejoindre ma chambre, manger et dormir.