adrian ♦ la nuit est nôtre

Il n'était ni tôt, ni tard. Les Eliots commençaient à rejoindre leurs amis, ou à aller se coucher. La nuit était encore nouvelle, déjà fraîche, mais Grenade n'avait aucune idée de la raison pour laquelle elle avait revêtu un pull crop top et une jupe moulante longue. Elle s'était habillée comme si elle comptait sortir quelque part, comme si un ange allait se pointer et l'inviter à prendre un verre. Elle se leva pour se dégourdir les jambes et décida de regagner sa chambre avant de se griller une énième cigarette sur les marches du perron. Ses doigts étaient glacés aussi elle tira sur ses manches et ce faisant buta contre un jeune blond. Grenade fronça les sourcils d'un air de dire "Putain t'es qui ?" mais sa voix était trop enrouée par la solitude pour pouvoir parler. Néanmoins elle resta plantée devant lui comme si elle comptait engager une quelconque discussion. Finalement elle finit par sourire, et cela signifiait "Salut", bien entendu.




@Adrian Ekström

Je venais de finir une traduction de document de 60 pages du suédois à l’anglais. J’étais épuisé, mais je n’avais pas envie d’aller dormir immédiatement. Je devais décompresser un peu, question de faire sortir toute la pression et la tension que ce projet m’avait causé. Je n’étais pas un fumeur régulier, mais j’avais toujours un paquet de clope cacher dans ma chambre. Je le prenais que quand je sortais en boîte ou avec des amis. On appelle ça un fumeur social quoi ? Je me mis un pullover et enfila mes jeans, car il faisait frais à l’extérieur. L’automne arrivait à grand pas sur la Nouvelle-Angleterre. Une fois à l’extérieur, je mis la cigarette à ma bouche et cherchai mon briquet. Putain, je l’avais oublié à l’intérieur. Au même moment, je me butai contre une jeune fille.  Très jolie, la demoiselle, pourquoi pas parlé un peu avec elle. Elle me sourit et je fis de même. «Désolé, je t’ai fait mal ?» Je retirai la cigarette d’entre me lèvre, car ce n’était pas charmant. « As-tu du feu ?». Je m’asseyais aussi sur les marches du perron espérant qu’elle ferait de même et qu’elle aille aussi du feu.  

Spoiler:

Ses mots étaient mâchés par la clope entre ses lèvres, Grenade retint un petit rire mais il était remarquable dans ses yeux. Elle rassura le jeune homme en agitant sa tête de droite à gauche, évidemment qu'il ne lui avait fait aucun mal, mais c'était agréable de demander. Aussi elle le remercia, et l'invita à s'asseoir dehors pour fumer. Elle était dans une bonne humeur pour parler, oui. En lui tendant le briquet, elle lui demanda d'une voix douce son nom, en indiquant le sien au passage. Il était mignon, et sa blondeur poussée à l'extrême lui apportait un petit quelque chose. Dans la nuit il faisait presque tâche, c'était étrange et surtout étrangement beau.

Je venais de frapper une jeune femme par inattention et je lui avais demandé un peu nerveusement si je lui avais fait mal. C’était sa beauté qui me rendait nerveux. Je devenait souvent un peu timide et stressé quand je rencontrais des personnes qui m’attirait. Elle m’invita à m’asseoir, ce que je ne refusai pas. J’avais oublié mon briquet et lui demanda si elle en avait un. Technique de drague vous direz, mais je l’avais vraiment oublié. «Enchanté Grenade» Je ne savais pas comment interprété son nom. Espérons qu’elle était comme le fruit et non pas comme l’arme. «Moi c’est Adrian !» J’allumai ma cigarette et pris une pouffée. Je savais qu’elle était américaine juste à cause de son accent aussi mélodieux. J’adorais l’accent américain. Espérons que mon accent la ferait craquer aussi. «Ça va ? Tu faisais quoi de bon de ta soirée ?» 

Spoiler:

Adrian. Seulement mentalement prononcé et déjà si sensuel. Elle adorait déjà ce prénom.
Pourquoi était-elle d'humeur si horny cette nuit ? Peut-être était-ce l'air frais qui l'excitait. En tout cas, lorsqu'il lui demanda ce qu'elle faisait de bon de sa soirée, elle faillit rire. Écoute, je passe actuellement une soirée merveilleuse avec mon fiancé. La gouvernante a gardé notre fils pour le week-end, il nous reste le chat mais nous sommes très tranquilles. Grenade, vingt ans, étudiante en chimie et neurosciences n'avait rien d'autre à foutre le samedi soir que de s'inventer une vie. Elle était désespérée. Ou plutôt désespérante ? Probablement les deux. Elle avait sans doute choqué Adrian. Ah les Eliots, bloqués dans leurs manières. Mais qu'avait-elle ce soir, à passer du tout au néant ? De l'excitation à la colère ? Injustifiée de plus, puisqu'elle admire leurs manières d'autant plus qu'elle les partage. Elle avait vraiment besoin d'un verre. Elle ne demanda pas la permission à Adrian, lui saisit la main, ne vérifia pas si elle contenait sa clope ou non, n'ayant cure de se brûler. Elle le releva, se planta devant lui, et annonça d'une voix ferme, comme si elle était sa petite amie depuis des lustres. Ce soir, on sort.
Ainsi les deux fumeurs solitaires devinrent un on complet.