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J’avais reçu un peu plus tôt un sms de Talya qui m’avait aussitôt alarmé : la césarienne était avancée. Ce fut tout ce que mon esprit fut en mesure de retenir de ce message. Quelque chose clochait, quelque chose n’allait pas avec le bébé. On ne césarisait pas une patiente au milieu de la nuit pour le fun, c’était qu’il y avait une urgence. Le reste du message, la partie concernant Aby, fut complètement occulté par mes neurones qui tournaient à plein régime imaginant déjà le pire. J’avais bien sur tenté de joindre mon ex petite amie, mais personne ne décrochait. Forcément, les sages femmes devaient être en train de s’activer autour d’elle pour la préparer pour la césarienne… J’avais quitté Aby précipitamment pour rouler à vive allure jusqu’à l’hôpital, me garant de travers sur le parking, fonçant vers l’entrée, empruntant les escaliers, incapable de patienter à attendre l’ascenseur, pour monter jusque dans le service des grossesses patho où la jeune femme était hospitalisée, courant limite en arrivant devant sa chambre. Je poussai la porte, un peu essoufflé, pour la découvrir vide. Les draps étaient défaits et il planait dans la pièce une odeur iodée de bétadine. Je déglutis difficilement, une boule se formant dans ma gorge. Une soignante passa juste à ce moment, je l’interpellai : « Où est mademoiselle Blackburn ? Elle doit avoir une césarienne ? Pourquoi sa chambre est vide ? » Ma voix trahissait ma panique et on me répondit qu’elle était en chemin pour le bloc, sans m’en dire davantage sur son état ou sur celui du bébé. Ma course reprit donc. J’arrivai rapidement devant l’entrée du bloc et repérai aussitôt Talya, allongée sur un brancard, blouse de bloc, charlotte sur la tête, prête à pénétrer l’enceinte stérile pour passer sur le billard. Les soignants protestèrent que je n’avais pas le droit d’être ici, qu’il fallait que j’aille patienter dans le –salon des papas- avant de céder, devant mes protestations véhémentes, et m’accorder cinq minutes de tête à tête avec la jeune femme, avant qu’elle ne passe les portes du bloc. Je m’approchai donc du brancard, saisis la main non perfusée de Talya dans la mienne. « Qu’est-ce qui se passe pourquoi ils avancent la césar ? Le bébé ça va ? Toi ça va ? » lâchai-je dans un enchainement d'interrogations qui trahissait complètement mon angoisse.
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