Leïa ‡ I see Fire

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Voilà une année qui remplaçait une autre. Zoïa avait parfois du mal à réaliser qu'elle entamait désormais pour la septième fois sa rentrée à Cambridge. Force était de constater qu'elle avait tout de même évoluer depuis ses premiers pas dans la prestigieuse université. Et à son plus grand désarroi, dans le bon sens pour la norme communément admise. Encore légèrement emprunte des rayons de lumière du Mexique, elle évolue presque lointaine dans le tumulte des retours. Et en parlant de retrouvailles, il est désormais temps de laisser une chance à celles proposées par Halberstam quelques semaines plus tôt. Près de bars estudiantins, elle attend une cigarette aux lèvres que le Mather daigne pointer sa carcasse. Elle est bien décidée à voir ce qu'il a encore dans le ventre et si ils peuvent retrouver un goût de fête et de rivalité comme avant. Car bien est forcé d'avouer que cette amitié particulière lui manque. « Te voilà enfin. » hausse-t-elle de son sourcil narquois ses tendres paroles. « Fallait pas en attendre moins d'un Vert. La galanterie au vestiaire. » ajoute-t-elle désarmante avant de se feindre d'un rictus. Vieille habitude d'ancienne Eliot.

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Le temps était aux retrouvailles ce soir. Le jeune homme se préparait avec une certaine anxiété tout de même, il avait rendez-vous avec Zoïa, qu'il n'avait pas vu depuis bien longtemps. Il savait que la rouquine l'attendait au tournant et la situation avait fini par … chagriner Leo. Il avait toujours bien aimé la jeune femme, un peu fasciné par cette fille pas comme les autres et malgré la froideur de la Dunster, il avait su déceler un semblant d'amitié entre eux. Il passait outre les remarques de la rousse, il ignorait ses piques, jusqu'au jour où il ne l'avait plus fait. Elle lui avait reproché son aventure avec Calypso, puis plus clairement leur couple lorsqu'ils s'étaient affichés ensemble lors du voyage des Dunsters en Écosse. Leo estimait que la rouquine n'avait simplement pas le droit de juger comment il devait se comporter et surtout dans sa vie amoureuse. Peut-être bien qu'il était un peu aveuglé par ses sentiments envers sa blonde mais tout de même. Il en voyait pas en quoi cela concerné Zoïa. Néanmoins, il ne voulait pas que cela puisse interférer dans leur relation et il rejoignis la jeune femme. « Ancien vert, c'est bien trop conformiste d'appartenir à une confrérie, je suis trop vieux pour tout ça. » dit-il avec un fin sourire avant de commander un verre.

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Zoïa n'était plus la même que lorsqu'elle était arrivée sept ans plus tôt. C'était une certitude. Des hauteurs azurées, elle avait préféré le sol doré des Dunster, les valeurs plus cartésiennes et justes, de tout prestige se mérite, à la sueur du front et du travail acharné. Mais si cela valait pour elle, c'était également le cas de Léo à présent. Le Vert complètement immature des jours anciens avait laissé place à un homme solidement ancré dans ses choix. Et la vérité c'est que la Volcanique ne savait pas encore très bien si elle appréciait cela ou pas. Quelque part, une intime sensation en elle s'installait, celle de s'être fait doublée. Celle de ne jamais pouvoir rejoindre cette sérénité du temps qui passe, c'est dans ses certitudes de solitude qu'elle restait malheureusement profondément ancrée. Persuadée que son tourment ferait fuir le plus téméraire. « Tu deviens vraiment trop sage. Même si la Mather n'est définitivement pas la meilleure confrérie. » se moque-t-elle gentiment. Les deux étaient entrés et d'ailleurs Leo n'avait pas tardé à commander un verre. Elle s'était pliée au rituel et avait également commandé sa traditionnelle vodka avant d'y tremper des lèvres songeuses. C'était... étrange. « Alors, comment s'est passé ton été? » Amour gloire et beauté? Ou raison et sentiments? Sans doute une histoire bien lointaine de la sienne pour changer.

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Leo devait-il vraiment répondre à cela ? Il se souvenait très bien que la rouquine lui avait reproché d'être devenu trop conventionnel à ses yeux, qu'elle était déçue de ce qu'il avait pu devenir depuis leur rencontre. Les sujets de conflit étaient nombreux entre eux et le jeune homme s'attendait à tout instant à lancer une phrase qui entraînerait inévitablement une dispute entre eux. Néanmoins il n'avait jamais été du genre à mâcher ses mots, encore moins avec la froide Dunster. « On dirait que je te donne raison, je suis peut-être en train de devenir ennuyant et niais. » lui répondit-il piquant, cependant un sourire aux lèvres faisait plus penser à une boutade qu'à une vraie provocation. La jeune femme le lança sur le sujet des vacances, elle lui avait confié par message être partie au Mexique pour un projet humanitaire, quant à Leo … Il commença sur de lui. « Haut en couleur ! J'ai passé une partie de l'été en solo … » Il avait envie de lui dire, à elle, oui oui alors qu'il savait pertinemment qu'elle ne portait pas Calypso dans son cœur, que c'était réciproque. Puis il se ravisa, souffla sur un ton peu confiant. « Et encore ma barbie m'a rejoint en Californie. » lança-t-il en riant, comme si de rien était, usant le surnom peu flatteur que Zoïa lui avait attribué avant de boire un peu. « Et toi ton été ? C'est beau le Mexique hein ? »

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Si pour sa propre personne on pouvait parler d'évolution, que dire de la personne en face? Leo n'avait plus grand chose à voir avec le gamin fêtard et plutôt crétin qu'elle avait connu lors de ses premières années. Il devenait un homme et il n'en était que plus respectable. Mais effectivement, quelque part cela rendait la Volcanique triste. Parce que tout le monde se rangeait et qu'elle se refusait à rentrer dans le moule du couple et des enfants. Sa solitude ne refaisait que d'autant plus surface. Toutefois, Leo n'y pouvait rien et elle avait bien conscience qu'il avait porté le fardeau de sa colère alors qu'il n'était pas le sien. Elle s'était promis d'essayer d'être plus gentille puisque malgré ses mots détestables, il avait choisi de revenir vers elle. Comme toujours. Et elle savait pas pourquoi finalement. « Tu deviens adulte quoi. » corrige-t-elle avec un sourire aux lèvres. Tu as quitté le pays imaginaire pour la planète terre tout simplement. « C'est toujours le grand amour alors? » demande-t-elle sincère cette fois-ci alors qu'il lui fait part de ses vacances. Faut croire que cette Calypso a bon goût finalement. « T'es déjà allé au Mexique? » demande une Zoïa intéressée avant qu'elle n'ajoute. « C'est un pays magnifique, authentique, pour peu qu'on s'éloigne des hôtels à touristes. Ça m'a vraiment plu. Pour dire j'ai eu du mal à le quitter. » Mais elle ne fuit plus son existence désormais, elle tente de l'affronter même si ce n'est pas toujours facile. « Même si je suis certaine que tu aurais pas tenu deux jours. » Devant la tristesse des situations parfois, la précarité des enfants. Elle ne savait pas vraiment si Leo était solide, mais elle ne le voyait pas partir dans l'humanitaire tout simplement.

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Oui il devenait adulte, la remarque de la rouquine le laissait songeur et le poussait à revenir quelques secondes sur son parcours depuis son arrivée à Harvard. Il avait toujours été un ado turbulent, intenable, qui faisait bien vite oublier ces quelques défauts en un sourire, il était arrivé avec la naïveté de croire que la fac signifiait le passage à l'âge adulte. Sa première année en avait été catastrophique. Aveuglé par la Mather, il s'était laissé allé à mille déboires, amoureux il avait cru que parce qu'il avait une copine à la fac, c'était la femme de sa vie et il s'était fiancé. Après les désillusions de la première année, les trois années suivantes avaient été une sorte de routine, entre les petites amies qui ne restaient jamais plus de trois mois, les amantes régulières, les soirées trop arrosées, les cours trop longs, l'attente de tel ou tel voyage. Cet été avait marqué un tournant, il le sentait bien, il avait fini un cursus, il complétait par un cursus de socio mais il se devait de chercher un travail pour combler les horaires vides de sa semaine, la vie active, une relation amoureuse sérieuse, la fin de la fac approchait, les responsabilités qui allaient avec aussi. « Toujours. » lança-t-il songeur. Puis il entama le sujet des vacances de la rousse avant de rire. « Bien sur que j'y suis déjà allé ! Ma famille maternelle est originaire du Mexique tu sais. » déclara-t-il fièrement, heureux de surprendre la Dunster. « C'est un pays superbe, tu as du passer des vacances bien loin de l'oisiveté de l'année dernière. » Il but une gorgée d'alcool, c'est certain qu'entre humanitaire et Summer Camp arrosé au rhum, c'était le grand écart. Il regarda un instant son verre, le faisant tourner lentement entre ses mains avant de lâcher doucement, sans éclat de voix, sur un ton posé. « Caly a un cancer. »

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Le calme qui se dégageait de l'Ancien Mather contrastait avec tout ce qu'elle avait pu connaître de lui. Force était de constater que cette assurance la désarmait quelque peu. Effectivement, la Demoiselle s'était toujours sentie supérieure au jeune homme, plus forte, plus lointaine. Et elle s'étonnait presque désormais de ressentir comme un renversement de situation. Elle hausse un sourcil et amorce un sourire en coin lorsqu'il avoue vivre toujours le grand amour, mais la suite l'étonne davantage pour qu'elle s'attarde sur cela. Pour la simple et bonne raison que Zoïa toute absorbée par son égoïsme habituel n'avait jamais réfléchi aux origines de son acolyte. Elle se sentit quelque peu stupide de ne pas avoir envisager cette possibilité. Sur chaque chose, sur chaque relation, elle s'efforçait de garder le contrôle et sans même le vouloir il avait fait mouche. « De quel coin? » demande-t-elle sans se démonter. « Oui rien à voir. Et ça te surprendrait sans doute de savoir que j'ai préféré celles de cette année. » Parce que celles de l'année dernière marquaient son retour en plein chaos, son ancien visage se martelant avec force au nouveau, et la bataille qu'elle avait du mener pour regagner les siens. Cette année avait été plus paisible bien que plus réaliste et plus confrontante aux choses difficiles, elle s'était sentie à sa place et c'est ce qui avait été important. Elle s'apprêtait d'ailleurs à demander plus de détails sur celles de Leo lorsque celui-ci lui confia le malheur qui le frappait. Les prunelles délavées se relèvent avec surprise sur le visage autrefois insouciant. Comme comprenant ce soudain changement dans son comportement. Voilà pourquoi il fallait fuir tout ça. « Quel genre de cancer? » demande-t-elle en bonne future médecin qu'elle est.

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Cela semblait étonner Zoïa que le jeune homme présente quelques origines mexicaines. À croire que ça finissait toujours par agacer la rouquine qu'ils aient des points communs, mais elle ne pouvait pas lutter contre ça. D'un côté ça faisait plaisir à Leo de parler de sa famille, il était proche de celle-ci et tout simplement il était content de partager ça avec la rousse, surtout qu'elle était une connaisseuse. « Ma grand-mère vit à Mazatlan, ma mère y a vécu aussi plus jeune mais ils ont émigré lorsque ma mère était ado à Fresno et voilà. » Puis il eut besoin de vider son sac, il gardait souvent le secret sur la maladie de sa copine, par respect pour elle, c'était à elle de choisir à qui elle le disait, mais aussi parce qu'il n'aimait tout simplement pas en parler. La jeune femme le question sur le type de cancer auquel Caly devait faire face. C'était étrange, il trouvait presque du réconfort auprès de la Dunster, l'autre personne qui lui avait permis d'être aussi serein depuis cet été – outre sa blonde évidemment – c'était Priape. Bref, le jeune homme ne savait pas pourquoi mais c'était comme ça. « Lobe temporal. » annonça-t-il calmement, avec le même flegme qui le faisait habituellement désormais.

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En fait, elle ne savait pas grand chose de Leo et il ne savait pas grand chose d'elle. Pourtant, ils se connaissaient depuis des années maintenant, mais leur amitié était disons singulière. C'était étrange de l'observer prendre un tour plus classique. « D'accord, j'étais pas loin de Guadalajara moi. » Elle hausse les sourcils, amusée du formel de leur conversation. « C'est un beau pays celui duquel tu viens Halberstam, mais ton nom n'a rien de très mexicain. » Cela n'empêchait pas leurs deux parents d'avoir des origines différentes néanmoins. C'était bien son propre cas avec un père américain et une mère ukrainienne. Toutefois, le sujet qui était revenu sur le tapis n'était pas celui des origines mais bien cette chère Calypso. La pauvre avait un cancer et ça lui faisait presque de la peine pour Leo. Les humains ont cette facheuse tendance à croire qu'ils ne meurent pas. Alors quand ils s’aperçoivent de l'inverse, c'est naturellement tout un drame. La tumeur était toutefois mal localisée. Le cerveau ça ne plaisantait pas et les lobes frontaux-temporaux étaient bien trop importants pour oser y toucher. Du moins pour la plupart des chirurgiens. « Elle a pris plusieurs avis? C'est opérable? » Parce que souvent ça ne l'était pas, mais sait-on jamais. Zoïa qui se surprend à croire aux miracles, on aura tout vu.

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