HAROLD MACEVANS ► charlie winzar

Harold, on aurait pu choisir un peu plus sexy comme prénom, à croire que ses parents avaient pas envie qu'il ait une scolarité en toute tranquillité. Pourtant, Ronnie vient pas d'une famille de cassos, c'est même plutôt le contraire. Sa famille vient de Chicago, et ils vivent assez confortablement dans une maison de banlieue. Tous les deux profs à la fac de Chicago, sa mère en ethnologie et son père en zoologie, autant dire que c'était coloré niveau culturel chez les MacEvans. D'ailleurs ce nom, il vient des racines irlandaises de Ronnie (tout comme les reflets roux dans la barbe et l'amour inconditionnel pour la Guinness), mais tout ça c'est loin, à plus de cinq générations de celle de ses grand-parents. Quand il a 5 ans, sa mère lui annonce qu'il n'ira pas à l'école comme tous les petits garçons de son âge. Ils partent faire le tour du monde pendant un an, voilà le programme. C'est que bien plus tard que Ronnie a pu comprendre la chance qu'il a eu d'avoir des parents aussi géniaux et ouverts, curieux à toutes les nouveautés qu'ils peuvent trouver. Finalement, le voyage aura duré presque deux ans. Personne aurait pu prévoir que Madame MacEvans tomberait enceinte entre le Vietnam et le Laos et accoucherait 9 mois plus tard d'une petite tête blonde en Italie. A la naissance de Magdalena (vraiment, ils avaient pas envie que leurs enfants soient tranquilles à l'école), ils restent encore un moment sur place, dans le Sud italien avant de reprendre la route.

Le retour aux Etats-Unis a été une sacrée douche froide pour Ronnie. Tout comme l'école. Fini les devoirs dans l'avion ou dans le camping-car et bonjour les profs et les cours rasoir de sujets qui ne l'intéressent même pas. Pourtant, il a de bonnes notes, et puis il n'a pas de soucis à se faire des amis, toujours prêt à ramener son humour décalé pour détendre l'atmosphère et s'imposer dans les groupes. La vie de Ronnie, elle aurait pu continuer comme ça, le long d'un fleuve tranquille sans vague. Mais à la fin du lycée, alors qu'on lui offre une bourse d'études pour la fac, il choisit de laisser tout ça et de faire son tour du monde à lui. Ses parents le soutiennent, difficile de croire le contraire vu la façon dont ils ont élevé leurs enfants. Son père a même versé une petite larme quand son petit garçon a pris l'avion pour la Colombie, tout seul comme un grand. Ces trois ans, il les a savouré, chaque seconde, chaque étape. Il a ramené pas mal de souvenirs dans sa valise, surtout des photos et huit carnets de voyage, où il a décrit ses moments les plus parfaits, dessins et aquarelles pour illustrer le tout. Mais ça, il préfère les garder pour lui. Et pour Magda, mais c'est sa petite soeur et il saurait pas lui dire non de toute façon.

A son retour, il a postulé pour Harvard, maintenant qu'il avait vécu ses expériences persos, prêt à rentrer dans une vie plus rangée et à faire en sorte de trouver un job qu'il aime et qui l'obligerait pas à rester enfermé dans un bureau. Ses parents ont fait un peu joué leurs connaissances pour qu'on ferme les yeux sur ses trois ans de voyage, parce que finalement c'est aussi ça qui fait la richesse de Ronnie et rares sont les gens qui peuvent se vanter d'avoir vu et vécu des choses pareilles. Des trésors d'humanité et de souvenirs comme on peut même pas se l'imaginer. Et Ronnie, il est plus qu'heureux d'avoir cette chance de faire autre chose de sa vie. Il rencontre Cassandre le premier jour de cours. Y a bien des bruits qui courent sur eux et sur leur amitié trop fusionnelle, pourtant il s'est jamais rien passé entre eux. Mais pour les autres, c'est plus facile de penser qu'un gars et une fille peuvent pas avoir de complicité sans sexe derrière. Pourtant, il dirait pas qu'il y a jamais pensé. Elle est belle Cassandre, et son sourire, ça le fait sourire aussi. Mais c'est comme ça, elle est intouchable et il reste à sa place.

Après la bombe, il a mis des mois à se remettre du choc. Parce que Cassandre, elle était sous les gravas et qu'elle a pas eu sa chance à lui. Alors il garde des reliques d'elle, par peur de l'oublier définitivement. Des photos, des films débiles qu'ils faisaient le soir, quand ils avaient trop bu et le bracelet brésilien à son poignet, celui qu'il est obligé de réparer tous les mois avec un nouveau bout de corde. Il a même plus de couleur ce machin avec le temps mais Ronnie, il est pas prêt de s'en séparer pour l'instant, c'est trop tôt. Et puis la vie a repris son cours, avec d'autres événements difficiles. Mais il a sorti la tête de l'eau aujourd'hui, il rit de nouveau, et si il a la chance de vivre aujourd'hui, il veut profiter pour deux et jamais regretter quoique ce soit.