ELYON HERONDALE ► leighton meester

19 ANS PLUS TÔT « Elyon, viens-là, viens voir ton petit frère, mon cœur » murmura Annie Herondale, encore allongée dans son lit à l'hôpital, l'air épuisée mais incroyablement apaisée. Elyon, âgée de cinq ans, se tenait à côté de son papa qui affichait un sourire béat. Voyant sa fille ne pas réagir, il se pencha et la souleva du sol, la calant dans ses bras. Un peu mal à l'aise sans trop savoir pour quoi, la petite Elyon se lova contre son père et resta contre lui tandis qu'il l'asseyait sur le lit d'hôpital avant de prendre place juste à côté d'elle. Elle ne put néanmoins pas retenir un regard en direction de sa mère est du minuscule bébé qu'elle tenait dans ses bras. « Viens, ma chérie. » Elyon s'exécuta, gentiment poussée par son papa et se retrouva suffisamment proche de sa mère sur le lit pour voir la toute petite bouille de son préféré. Elle n'était pas bien grande elle-même mais elle se souvient l'avoir trouvé absolument minuscule et puis tellement mignon. Les bébés, c'est à la fois mignon et pas mignon et parfois, les premières visions ne sont pas hyper ragoûtantes pour quiconque n'est pas déjà fou d'amour pour le petit bout. Elyon, elle, a trouvé son petit frère magnifique dès le premier regard. Ses yeux se sont mis à briller plus intensément encore que quelques mois plus tôt, lorsqu'elle avait eut une magnifique poupée pour son cinquième anniversaire. « Je présente ton petit frère, mon amour. Il s'appelle Kyle. » Kyle Jules August, plus précisément, mais bon, Kyle surtout. Elyon, du haut de ses cinq petites années d'existence, avait le souffle coupé. Au bout de quelques minutes où elle resta la bouche ouverte, ses grands yeux rivé sur le petit bout, sous les regards follement attendris de ses deux parents. « Oh, maman, tu es vraiment trop forte, il est super beau. » Lâcha enfin Elyon, ce qui fit glousser ses deux parents. Les rires parvenaient étouffés à la petite fille dont l'attention était totalement accaparée par son petit frère. Elle avait été très heureuse en apprenant que sa maman attendait un petit bébé et elle avait regardé grossir le ventre de sa mère avec une certaine fascination doublée d'une bonne grosse dose d'impatience et maintenant qu'il était là, c'était l'explosion dans sa tête. Elle l'aimait déjà tellement, cette toute toute petite crevette. « Tu veux lui faire un bisous ? » Lui demanda son papa qui avait enroulé ses bras autour d'elle, la serrant affectueusement contre lui. Toute forme de timidité envolée, Elyon acquiesça vivement de la tête. Ses parents échangèrent un regard et la laissèrent s'exécuter. Elle se pencha doucement vers sa maman et vers Kyle et déposa un gros baiser sur le front de son frère.

15 ANS PLUS TÔT « C'est pas drôle ! C'est toujours toi la belle au bois dormant » Elyon, âgée de neuf ans, roula des yeux. « Tu sais que c'est ma princesse préférée et puis c'est mon anniversaire ! Tu pourras être Aurore quand tu auras neuf ans, mais là c'est moi » lança-t'elle, catégorique. Sa copine se mordit la lèvre, l'air boudeur et Elyon fit volte face, faisant se soulever les pans de la dernière robe achetée par sa maman, un joli modèle en soie verte. « Elyon, soit gentille tu veux, ne t'énerve pas » lança son père depuis l'autre bout de la pièce. Elyon était une gentille fille et une bonne amie, très souriante, même durant son enfance, mais durant son anniversaire, ça finissait toujours en crise sans que personne comprenne jamais vraiment pourquoi. C'était juste comme ça. Les anniversaires, ça ne lui réussissait pas. Elle finissait toujours par aller bouder dans sa chambre car quelque chose avait eut le malheur de lui déplaire au cours de cette journée si spéciale. Cet anniversaire ne fut pas une exception. Bien que son père ne lui ait pas aboyé dessus (il ne le faisait jamais, il était toujours diplomate avec ses enfants), elle se vexa considérablement d'avoir été rappelée à l'ordre. Son regard se fit plus vitreux, blessé et elle se rua dans sa chambre en grognant qu'elle se fichait de tout. Du grand Elyon Herondale fêtant son anniversaire. La base, vraiment. Elle entendit son père l'appeler, mais elle ne ralentit pas sa course, grimpant quatre à quatre de ses petites jambes bronzées dévoilées par sa robe verte les marches de l'escalier menant à l'étage. Elle ne ralentit à aucun moment, des larmes s'étant mises à perler sur ses joues. Elle pouvait être tellement irritable parfois, plus particulièrement ce jour-là en particulier. Elle ne savait pas pourquoi. Peut-être qu'elle avait trop d'attentes. Peut-être qu'elle visait trop la perfection, elle n'en savait rien. Mais elle finissait toujours tellement, tellement déçue. Ah la la. « Elyon ! Ne fais pas ta tête de mule, reviens ! » L'héla sa mère qui était jusque là en train de s'occuper du gâteau. L'intéressée l'ignora et se rua dans sa chambre. Ses parents vinrent la voir quelques minutes après et il fut décidé qu'il fallait couper court à la fête vu qu'Elyon était trop énervée pour cela. Ses parents poussèrent chacun un petit soupire avant de redescendre. Ils avaient l'habitude, m'enfin. Leur fille était une vraie teigne le vingt mars et ils devaient composer avec. Elyon alla se percher dans le cadran de sa fenêtre pour voir ses copines partir, des larmes de frustration roulant encore sur ses joues. Finalement, elle ne réussit à se détendre qu'en attrapant sa nouvelle boite de craies et en se mettant à dessiner, sortant un tout petit bout de sa langue, comme toujours lorsqu'elle était concentrée sur quelque chose.

7 ANS PLUS TÔT Elyon était euphorique, comme toujours à l'issu d'un spectacle ou d'un concours de danse. C'était toujours à la fois super stressant et super électrifiant. Elle se sentait toujours tellement vivante dans ce genre de moments. C'était peut-être la plus belle sensation du monde. Elyon avait démarré la danse, commençant par le classique, lorsqu'elle avait quatre ans et elle n'avait jamais cessé de pratiquer depuis. La pratique de ce sport lui avait apporté une gestuelle gracieuse et pas mal de souplesse, mais pas que. Ca lui apportait aussi beaucoup de joie. Elle se régalait, tout simplement. Elle venait de voir se terminer un concours interminable où elle exécutait une courte chorégraphie en solo, chorégraphie exactement identique à toutes celles des autres candidates. Un cours solo qui devait être exécuté à la perfection. Elyon s'était entrainée avec acharnement sous la supervision de sa prof de danse, une femme d'une quarantaine d'années qui avait une haleine de cheval mais qui croyait vraiment en elle, du coup la brunette lui pardonnait de snober les bonbons à la menthe. Enfin bref, elle avait donc dansé son solo avec une belle aisance et elle avait géré, même si elle n'avait logiquement pas cessé de douter de sa performance en voyant toutes les autres passer après elle (elle avait dansé parmi les premières, ce qui était à la fois bien et nul à son sens). Le concours venait de s'achever et Elyon avait fini... Première ! Elle était euphorique, incapable de cesser de sourire et elle se rua en coulisse pour y trouver ses parents, son frère et son petit copain de l'époque, Antoine (un frenchie qui l'avait totalement fait fondre). Les trois garçons avaient l'air un peu endormis. Bah, elle les comprenait. Ils étaient pas fans de danse et en plus, voir une soixante de filles faire la même petite chorégraphie les unes après les autres, c'était pas franchement passionnant quand vous étiez pas la personne qui danse. Elyon gloussa devant leur air un peu hébété et commença par se ruer dans les bras de sa mère, la seule personne du groupe qui semblait vraiment réveillée. « Félicitation, ma chérie, tu étais géniale ! » Elyon remercia sa mère, les joues toutes roses, le regard brillant. Elle étreignit ensuite son père et ébouriffa les cheveux bruns de son frère qui fit une petite grimace. Il détestait ça. « T'as bien dormi ? Fais gaffe, t'as une petite trace de bave là » plaisanta-t'elle en tendant une main vers sa joue. Il la repoussa avec la sienne en grognant un peu, même si un sourire naissait sur ses lèvres. « Même pas, arrêtes ! » Elyon rit et finit par se tourner vers son bel Antoine qui la regardait amoureusement. Bordel ce qu'elle pouvait le trouver beau. « T'as aimé ? » Lui souffla-t'elle, la voix vibrante d'affection. « Tu es formidable, Elyon. »

EN MAI DERNIER Elyon n'avait même pas prit le temps de se changer lorsqu'elle avait été appelée par sa mère qui semblait au bord de la crise de nerfs. La respiration haletante, elle lui avait apprit que son petit frère avait eut un accident. Elyon avait sentit l'angoisse dans la voix de sa mère et sachant ses parents sans doute à peine rentrés au pays, (ils revenaient d'un voyage) elle s'était dit que  il n'y avait pas pire nouvelle à entendre. Alors elle avait arrêté son cours de danse (elle enseignait à des petites filles dans son école de danse durant l'été) et elle était partie comme une dératée jusqu'à l'hôpital. Elle ne savait alors pas que c'était déjà foutu. Qu'il n'était déjà plus de ce monde. Comment aurait-elle put seulement l'envisager ? Kyle ne POUVAIT PAS mourir. Non, impossible. Elle ne perdrait pas son petit frère qui n'était plus si petit que ça (il la dépassait déjà d'une tête) Elle avait hélé un taxi, le coeur au bord des lèvres et elle s'était engouffré dedans devant l'air sidéré du chauffeur. Elle était en collant et justaucorps, le tout recouvert à la va-vite par un manteau verre émeraude aux boutons en or et elle était blanche comme de la craie. Elle avait indiqué l'hôpital au chauffeur tout en lui annonçant, comme si c'était pas déjà assez évident, qu'elle devait s'y rendre au plus vite et qu'elle était prête à le payer plus grassement pour qu'il appuie sur le champignon. Il fallait bien que ça serve aussi dans les situations très importantes, l'argent. Parfois, il y a des urgences bien plus urgentes que la nécessité d'une séance shopping pour alimenter un dressing déjà rempli à craquer. Le chauffeur, motivé par l'argent, la conduisit à l'hôpital en un temps record et elle sauta presque du taxi avant qu'il ne s'arrête devant le bâtiment après avoir filé quelques billets au chauffeur. Elle se rua ensuite dans l'hôpital, le souffle court, l'air au bord de la crise cardiaque. Elle voulait juste voir Kyle. Elle voulait voir son frère et entendre qu'il allait bien. Entendre qu'il y avait plus de peur que de mal. Entendre qu'il était fatigué et blasé car il allait devoir se ménager cet été, mais qu'il était en vie. Elle voulait juste le savoir en vie. « Je veux voir Kyle Herondale ! » Beugla-t'elle presque en passant les grandes portes de l'hôpital qui s'étaient ouvertes en la voyant approcher. « Elyon ! » L'adolescente tourna vivement la tête et découvrit ses parents, qui étaient en compagnie de plusieurs hommes, parmi lesquels des flics et des médecins, qui affichaient tous un air profondément désolé. Elyon vit rapidement que sa mère était en pleurs. Le coeur de la jeune fille se serra d'un coup sec et elle se sentit défaillir. Son petit frère n'était plus de ce monde.

ET MAINTENANT Il a été décrété par ses parents (et Elyon a obtempéré) qu'elle avait besoin de quitter un peu New York. New York qui était remplit du fantôme de son frère. Elle devait prendre de la distance, elle devait continuer à vivre, même si ça lui semblait dingue d'y parvenir avec un petit frère décédé. Kyle n'était plus là. Cette simple idée relevait encore purement et simplement de la folie; Bon sang, il n'était pas sensé mourir. Pas Kyle. Et pourtant il n'était plus là. Elle avait vu son corps était plongé sous terre et elle n'avait pas put s'empêcher de fondre en larmes, moulée dans une robe en dentelle noire dans laquelle elle peinait à respirer tant elle se sentait oppressée. Elle avait passé tout l'été dans une sorte de brouillard et ses parents avaient prit la décision avec elle de la faire transférer dans une autre université pour cette année au moins. Elle fut acceptée à Harvard, étant une excellente élève. Elle allait étudier l'art et la danse, mais pas dans cette ville où son frère avait disparu et où son monde s'était effondré. Elle allait vivre un peu ailleurs, dans l'espoir de respirer mieux. Elle allait prendre un peu de distance, entamer un nouveau chapitre. C'était limite vital.