GISELLE E. V. ROCKEFELLER ► Georgia May Jagger

UN.
L'Elite New-Yorkaise. Vous savez, ces gosses aussi candides que dédaigneux qui passent devant vous dans la rue avec des uniformes de créateur ? Qui n'ont encore rien fait de leur vie mais qui vivent déjà dans les plus beaux et plus luxieux appartements de la ville donnant sur Central Park ? Ceux qui perçoivent de leur parents un argent de poche mensuel bien plus élevé que votre salaire ? Et bien vous vous doutez qu'avec un nom pareil, je fasse partie de cette élite ! Je suis née d'une union entre une jeune aristocrate Française et un héritier New-Yorkais. Un mariage de convenance, bien entendu. Malgré celà, mes parents avaient appris à s'aimer à force de se soutenir mutuellement à bâtir des empires et fonder une famille. Ma mère, Eléanor de Marion-Brézillac, avait quitté son Paris natal pour Cambridge bien des années avant moi, où elle avait rencontré mon père. Elle Dunster, lui Eliot. Le couple parfait. Plus tard, ils se marièrent sans vraiment s'aimer passionément, mais liés malgré tout. Ma mère donna naissance à mon frère Clayton l'année 1989. Ayant deux ans de plus que moi, il a toujours su se montrer protecteur envers moi. Nous étions si proches et si complices ... Jusque l'adolescence.


DEUX.
"Gi ! Où croyais-tu sortir comme ça ? Tu comptes faire le tapin ?" me sortit Clayton d'un air interloqué. Je le regardais du coin de l'oeil avant de lever les yeux au ciel. Je me tournais vers le grand miroir de l'entrée afin d'ajuster ma robe Emilio Pucci.
"Exactement, pourquoi tu veux aussi que je te donne une commission ?"
Il me toisa d'un air glacial avant de prendre les escaliers. Je pris alors mon sac en attendant l'ascenseur afin qu'il me ramène au rez-de-chaussez, où m'attendait mon premier amour. Il était tellement beau. Grand brun avec de grands yeux sombres à faire tomber n'importe quelle jeune fille en fleur. Vêtu d'un costard Armani, il s'avança vers moi d'un pas assuré, un grand sourire au lèvres.
"Giselle ... Tu es ..." Je le fixa, levant les sourcils, souriant à mon tour.
" Je suis quoi ?" "Resplendissante".
Je pris ses deux mains tout en m'avançant vers lui pour l'embrasser. J'étais amoureuse ... et j'avais 16 ans. Voyez, à cet âge là, on se croit tellement invincible, immortel tout puissant ... Surtout lorsque l'on vient de ce milieu là. Il avait pris sa Porsche noire que son père lui avait offert pour sa majorité, je sautai dans la voiture toute heureuse à l'idée de passer ma soirée avec lui et mes meilleurs amis qui nous attendaient dans une immense villa dans le Connecticut. "Tu sais une surprise t'attends là bas..." me dit-il tout en démarrant la voiture, et me regardant amoureusement. Je lui rendit son regard, tout en souriant de bonheur, sans rien dire. J'étais juste heureuse.
Alors que nous avions déjà quitté Manhattan, la nuit était déjà bien tombée. Sans doute pressé d'arriver à destination, mon copain ne vit pas la voiture arriver sur la gauche, elle nous percutta."Clay...Clayton ?" Je peinais à ouvrir les yeux, mais une fois bien réveillée, je pris conscience d'où je me trouvais. Je regardais mon frère à mon chevet, qui avait un air désolé et compatissant. Tout à coup, je pensa à lui. Je fut prise de panique. "Il, Il est ..." "Il nous a quittés Gi. ... Je suis vraiment désolé."



TROIS.
12 Décembre 2014. Je fais mes bagages à toute vitesse. Ce coup de téléphone m'a perturbée et je n'ai pas tout à fait les idées claires, et même, je me sens toute drôle, mais il faut que je parte de suite, que je quitte Cambridge ... Harvard à contre coeur. Une fois ma valise bouclée, je rejoins Clayton dehors et prends la voiture pour rejoindre le jet de notre père, nous allons à Paris. Maman était dans un salsa état. Elle qui avait toujours été vivace, la voilà allongée sur le grand lit de sa chambre principale, le teint blafard, la peau sur les os. Elle me sourit, et me tend la main de ses dernières forces. Je la regarde les larmes aux yeux sur le seuil de la pièce et laisse tomber mon sac au sol. Je déteste Noël. Il m'a enlevée ma mère. Papa et Clayton me prennent dans leur bras, c'est décidé, je passe l'année à Paris.