BYE MY LOOOVE, BYE MY FRIEND ₪ APPLE

Et vouaaaaalàààà, c’était la fin. Un an et demi d’une vie qui s’achevait enfin. Cody venait enfin de dire au revoir à la Lowell House et de récupérer les dernières affaires qu’il avait laissées là-bas. C’était dur de se dire que c’était fini car mine de rien, sans la Lowell House sa vie à Harvard n’aurait pas été la même. On prenait souvent les violets pour les cas sociaux de Harvard – et franchement, ils n’en étaient pas loin – mais ça n’empêchait pas que, bordel, Cody les kiffait ces cas sociaux. Enfin, il avait besoin de changer, d’évoluer et il finirait bien par trouver le monde auquel il appartient, peut-être dans une autre confrérie. My goood, il se croirait dans Hercule, le Disney, vous savez quand il chante ’parmi les étoiles je cherche l’idéal, ce monde auquel j’appartieeeens qui est encore bien loooooiiiinnnn…’. D’ailleurs, il chantonna la chanson alors qu’il quittait la maison des mauves après un ultime au revoir, un carton rempli de babioles sous le bras. Il quitta la cour, puis se mit à marcher au travers du parc de Harvard, là où il aperçut une silhouette qui ne lui était pas totalement inconnue. Apple. Wow. Ça faisait un bail qu’il ne l’avait pas vu, puis il lui semblait qu’elle n’étudiait plus ici cette année. Grand sourire aux lèvres, il s’avança vers elle et la salua ; « Hey ! Tu ne retrouves plus ton chemin ? La cour des grands c’est plus loin. » Ben ouais, elle ne bossait pas chez Vogue maintenant ou Runway ou j’sais-pas-trop-quoi ? Cody avait pourtant stalké son profil Facebook pas plus tard que hier.

Au revoir Harvard, au revoir la vie d'étudiante et les maisons, et les bombes, les viols, les prises d'otage, etc. J'étais finalement graduée à la fin de l'année, je ressentais le calme et le besoin d'passer à autre chose, j'étais contente de ne plus être forcée de me rendre en cours chaque matin. Là, je vivais ma vie. Voyage d'affaires, réunions, runways, couture... Et j'étais rémunérée, très bien rémunérée. Mais cette fois ce n'était pas de l'argent de papa... !

Il me restait quelques affaires à compléter à Harvard, dont quelques professeurs que j'avais envie de remercier. J'étais du coup passé en vitesse à chaque maisons pour faire le bonjour aux élèves et aux professeurs responsables.

- Hey ! Tu ne retrouves plus ton chemin ? La cour des grands c’est plus loin.

Je me retournai et arrêtai de marcher pour constater que la voix venait de Cody, qui semblait déjà beaucoup mieux depuis la dernière fois que je l'avais vue. Mais j'avais entendu des histoires avec Dia' à son propos qui me laissait sans voix.

- Je sais, merci.
Je lui lançais un sourire un peu forcé, avant de lui dire : C'bon, t'as eu fini avec tes crottes de fromage ? C'était limite awkward, ce l'était toujours face à Cody. Ce gars-là me faisait perdre mes mots, je n'avais pas l'impression d'être moi-même quand il était là. C'est comme si, d'un côté, je le trouvais menaçant ou quoi... Mais pas parce qu'il me faisait peur, plutôt parce que j'avais l'impression qu'à tout moment il pouvait péter un câble.

Naturellement, lorsqu’il vit Apple, Cody n’hésita pas une seconde avant d’aller la saluer. Le second semestre de cette année avait vraiment été difficile pour lui, et par difficile, j’entends bien sûr qu’il avait regardé en boucle pendant des semaines entières toutes les telenovelas mexicaines qui passaient sur le câble. Et du coup, il parlait un peu espagnol, genre ’en nombre del amor te quiero mas que la papayeeee’. Breeeffff. Pour en revenir à Apple, elle l’avait un peu dans cette sombre période et lui devait une fière chandelle. Toutefois, elle le salua aussi chaleureusement qu’une porte de prison, ce qui fit grincer des dents le Canadien. Cependant, mettant sa parano au fond de son caleçon pour le moment – caleçon qu’il portait dans le bon sens, au cas où la Kovache ici présente se poserait la question – il se contenta de répondre avec un grand sourire ; « Ouais ouais, fallait que je passe à autre chose, c’était pas bon pour ma santé. Maintenant je suis plutôt bacon et œuf sur le plat au petit dej. Oh mais attends, c’est Anglais, ça, non ? T’as peut-être une recette à me filer ? » Attendez, il demandait vraiment à Apple Kovalevski de lui donner une recette de petit déjeuner ? Débile. « Tu vas bien ? » se rattrapa-t-il finalement.

Est-ce qu'on pouvait vraiment dire que c'était grâce à moi qu'il était de retour sur pieds ? Je lui souriais, même si ce sourire était d'un brin trop forcé. Il faisait du mal à ma cousine...  Certes, ça n'était pas mes histoires et je me devais de rester en dehors, mais dans ma famille ça grouille de rumeurs et de mauvaises paroles contre lui, c'était difficile d'y faire abstraction quand on était face à lui.

- Ouais ouais, fallait que je passe à autre chose, c’était pas bon pour ma santé. Maintenant je suis plutôt bacon et œuf sur le plat au petit dej. Oh mais attends, c’est Anglais, ça, non ? T’as peut-être une recette à me filer ? Il se foutait de moi, ou il était lui aussi très mal à l'aise ? C'était limite pas cool comme situation, mais d'un côté... Ça me faisais rire, ça me donnait l'impression de sortir de ma routine où je croisais régulièrement des collègues de travail, ou des gens qui ne me font ni chaud ni froid, quoi. C't'ai pas trop l'cas avec Cody, qui me rendait tellement confuse sur ce que je ressentais en ce moment. Partagé entre l'amitié, le malaise, et la haine, la déception... Tu pourrais essayer d'te faire du thé avec hein ! Façon, j'suis pas très œuf bacon, déjà parce que j'suis végétarienne.


- Tu vas bien ? me demanda-t-il, tout bonnement. Sérieusement, il allait me faire la discussion ici, comme ça, pif paf ? J'hochai la tête. Ouais ça va. J'viens de déménager, j'ai un boulot qui me plait et voilà quoi. Bon, la routine allait finir par me tuer... De ce côté-là, Harvard me manquait beaucoup pour ses aventures folles. Toi ?

Vous connaissez la version anglaise de l’expression ’va te faire cuire un œuf’ quand tu veux envoyer bouler quelqu’un ? Et bien la voici avec Apple qui balança à Cody qu’il pourrait faire du thé. Peut-être qu’elle le disait sans mesquinerie (quoique …) mais le brunet le sentit comme si elle voulait fuir ses questions, voire carrément abréger la conversation. Toutefois, parce qu’il essayait de se convaincre qu’il n’y avait pas de malaise entre eux et qu’elle était complètement différentes des autres poules de la ferme Kovalevski, il joua le jeu et répliqua ; « Mais non, le thé et les biscuits secs c’est à cinq heures ! » Wesh, j’crois qu’ils pourraient peupler longtemps de vide cette conversation inintéressante à propos des manières de Britanniques. Anyway, il lui demanda si elle allait bien, et elle répondit assez succinctement. Mmmh … Il allait vraiment finir par croire qu’elle avait un problème avec lui. « ça va ça va. Je viens de quitter les Lowell. » Il se tourna vers la maison qu’on pouvait apercevoir de loin, et la salua comme un soldat à son général. « Au revoir ma vieille. » Puis reprit, sans prendre ne serait-ce qu’une fraction de seconde pour respirer ; « Je serais bientôt Winthrop inchallah et je vais emménager dans un appartement ave Devyn. Gale. Devyn Gale, un Lowell un peu réservé, qui sourit pas tout le temps … Un Anglais aussi. Tu devrais passer me voir, je te le présenterais, et vous ferez des trucs de gens de chez vous. Bon, ma mère est pas super heureuse, elle pense que la maison sera vide sans moi mais il faut bien que petit oiseau quitte son nid, hein… » Et il aurait pu continuer une heure à parler comme ça. Mais opta pour le silence. Peur de faire fuir Apple, quoi …

- Mais non, le thé et les biscuits secs c’est à cinq heures !

Le truc, c'est que je ne l'envoyais pas chier. J'n'étais rien que pas très douée en recette, encore moins au niveau des petits déjeuners anglais. J'veux dire... Ça fais sacrément longtemps que je n'avais pas bouffée à la maison ! Du coup, Cody me demanda comment j'allais, et je lui répondis honnêtement avant de lui retourner la question.

- Ça va ça va. Je viens de quitter les Lowell. Ah ? J'arquai un sourcil, ne comprenant pas trop. Normal, si tu chantes aussi mal que la fois où tu m'as chanté HSM, ils ne doivent pas voir l'intérêt que t'y reste. Je tirais la langue, bien sûr, j'le taquinais... (même s'il y avait un fond de vérité tout de même.)
- Au revoir ma vieille. il parlait à la maison là ? Je secouais la tête, comme pour me réveiller d'un rêve.

- Je serais bientôt Winthrop inchallah et je vais emménager dans un appartement ave Devyn. Gale. Devyn Gale, un Lowell un peu réservé, qui sourit pas tout le temps … Un Anglais aussi. Tu devrais passer me voir, je te le présenterais, et vous ferez des trucs de gens de chez vous. Bon, ma mère est pas super heureuse, elle pense que la maison sera vide sans moi mais il faut bien que petit oiseau quitte son nid, hein… Alors là, c'était raciste. C'est moi qu'est dingue ou... ? Enfin, je fronçais les sourcils avant de me mettre à rire. C'pas parce qu'il a l'même accent que moi qu'on va forcément s'entendre... Je soupirais. Plus je lui parlais, plus je trouvais ça lourd de faire semblant de rien.

- J'suis désolée... j'y arrive pas. J'comprends juste pas comment tu fais... ? Pour me parler comme ça, comme si rien n'était... Il se passe quoi entre Dia et toi ? Pourquoi est-ce que tout le monde parle de toi comme un trou du cul chez moi ? J'veux dire, Cody est clairement un peu idiot (bon okay, beaucoup quand même)... Mais il n'avait pas l'air du type enfoiré qui trompe ses copines itout, non ? J'voulais juste pas que ma Diamantika soit triste, et pour le coup, je ne comprenais pas du tout ce qui se passait entre eux et ça me tiquait.

Quoi ? Apple osait vraiment retourner la fois où il avait chanté HSM sous sa fenêtre comme ça, au travers de sa figure ? Pas sympa. C’était mesquin. Mais Cody pouffa de rire en se mordant la lèvre pour ne pas faire dans la démesure, parce que mine de rien, ça avait été une situation un peu cocasse. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’avait jamais rencontré qui que ce soit d’une manière aussi folle qu’il avait rencontré Apple. « C’est petit ça, très petit. Je suis sûr qu’au fond tu as adoré en plus. » Dans sa vie, combien de mecs ont eu les cojones de lui chanter la sérénade, hein ? Même si ça ne lui était pas destiné à la base, mais osef. Alors que Cody racontait sa vie, son emménagement, envisageant même de présenter son colocataire à la belle Kovalevski, v’là qu’elle lui lança un seau d’eau à la figure. C’était une image, bien sûr qu’elle ne l’arrosa pas hein, c’était Cody Bleeker, pas un géranium. Alors là, sa mine changea du tout au tout à l’évocation de ce que pensaient les Kovaches de lui. Il n’y pouvait rien lui, si elles se braquaient toutes contre une personne juste parce que cette dernière a fait pleurer la petite protégée une fois. Enfin plus d’une fois. Et il éait aussi également responsable du fait qu’elle ait perdu son bébé, blablablablablaaaaa … On peut changer de sujet ? Cody, sur la défensive, grimaça ; « J’en sais rien, commence par dire ce qu’on t’a raconté ? Les Kovach…… » Sa langue avait fourché. Il reprit après un soupir d’exaspération contre lui-même ; « Les Kovalevski ne me supportent pas. Je soupçonne la grande duchesse Elia d’avoir raconté des conneries sur moi. Avec Dia, c’est terminé. On n’est plus ensemble. Va falloir que je m’excuse combien de fois pour ça ? » Et même si la relation demeurait un peu ambiguë, il avait l’impression qu’il en payait toujours le prix. Merde, c’était quand même elle la première à partir, non ?

Oui oui, j'osais reparler de sa chanson à ma fenêtre, qui ne m'était d'ailleurs pas dédié. Ce pauvre Leo, je n'ose imaginer la douleur qu'il aurait pu ressentir en ayant du HSM qui sort de la bouche de Cody à sa porte. Mais ça me faisais rire, c'est vrai que j'avais kiffé dans la mesure où c'était une rencontre assez particulière que je n'étais pas prête d'oublier. Puis bon, tout le monde kiffe regarder quelqu'un fait un fou de lui !

- C’est petit ça, très petit. Je suis sûr qu’au fond tu as adoré en plus. J'arquai un sourcil en souriant. Sourire très léger, mais sourire qui lui donnait raison en fait.

- J’en sais rien, commence par dire ce qu’on t’a raconté ? Les Kovach…… Les Kovaches ? Il m'avait déjà appelé comme ça, tiens. Mais je n'avais pas idée qu'il continuait de traiter mon nom comme ça. Les Kovalevski ne me supportent pas. Je soupçonne la grande duchesse Elia d’avoir raconté des conneries sur moi. Avec Dia, c’est terminé. On n’est plus ensemble. Va falloir que je m’excuse combien de fois pour ça ? Oui eh bien, Elia avait de l'influence pas mal sur la famille, c'est vrai. Mais je ne pense pas qu'elle serait du genre à raconter de la merde... Elle a dû le faire pour protéger Diamantika. Enfin bref. Je sais que vous n'êtes plus ensemble. C'n'était pas trop ce que je voulais savoir en fait... Mais plutôt ce qui s'est passé pour qu'il soit la vedette des ragots.

Je soupirais, puis m'approchai de lui pour prendre le carton qu'il tenait dans ses bras. Viens, j't'aide à déménager ! J'étais probablement trop gentille, ou trop naïve, nommez-les. Mais Cody était un ami, j'tenais quand même à lui donner le bénéfice du doute. Je me suis mise avec lui en route vers la maison des Winthrops que je connaissais très bien depuis le temps. Elle est où ta chambre ? Je marchais à travers le hall pour chercher les chambres.

Si Apple savait que sa cousine et Cody n’étaient plus ensemble, de quoi parlait-elle ? Et là, les articles de CS publiés durant le Summer Camp lui revinrent en tête, vous savez, ceux qui faisaient passer Cody Bleeker pour un tombeur, le genre à enchaîner les conquêtes aussi vite qu’une usine Ford construisait ses voitures au début du siècle. Maiiiissssss c’était des conneries. Enfin … Oui et non, il y avait un peu de conneries mais c’est comme tout, un peu de vrai aussi. Mais puisqu’Apple ne lui posa pas de questions, il évita de balancer le sujet. Il n’avait plus assez d’arguments pour se justifier à ce sujet et il préférait éviter la dispute avec Apple. T’façon, ce fut elle qui changea de sujet en lui arrachant le carton des mains et se dirigeant vers la maison des Rouges ; « Mais, euh, c’est, que … » Elle ne lui laissait même pas le temps de s’exprimer que v’là, ils étaient dans le hall de la Winthrop House. « Je suppose qu’elle est par là … » Il pointa du doigt l’exacte direction où l’ancienne étudiante allait. Bon, il lui dirait quand qu’il n’a pas de chambre ici mais un appartement en ville ? C’est qu’elle avait l’air tellement décidée qu’il n’osait pas la contredire … Et avouez que la situation était plutôt drôle en fait.

Je savais qu'ils n'étaient plus ensemble, et ça depuis le début de l'été au moins. Mais je ne savais pas pourquoi ils ne l'étaient plus, et le genre d'embrouille qu'il pouvait y avoir. Tout ce que j'ai, ce sont des rumeurs. Et encore là... j'en ai tellement que je ne sais plus les assimiler dans ma tête, qui a dit quoi et comment, pourquoi.

- Mais, euh, c’est, que…
Il semblait étonné que je veuille l'aider, mais j'avais du temps à perdre et je n'avais pas encore passé à la Winthrop house pour dire au revoir. Mais non aller laisse-moi ! il ne m'avait pas dit non pourtant, j'étais loin de me douter qu'il aurait voulu me dire qu'il n'habitait pas en dortoir.

- Je suppose qu’elle est par là… je suivais les indications et entra dans la chambre qu'il m'avait pointé. Il n'y avait personne, et la chambre semblait plutôt vide. Je déposais donc la boîte, et me tournai vers lui. Le silence s'installa, puis j'haussais les épaules. Tu ne ressens vraiment rien ? je me pinçais les lèvres. T'es là, tu traines avec moi, j't'aide à déménager, j'suis la cousine de Diamantika quoi... Et proche, en plus. Mais j'n'arrivais pas trop à comprendre pourquoi ça me faisais ni chaud ni froid aussi. 'fin j'sais pas, dit quelque chose ? C'était limite pas très loyale envers Dia de trainer avec son ex, puis Cody passait la majorité d'son temps à m'dire des trucs très peu flatteur... Alors franchement, je ne voyais pas trop l'intérêt d'perdre du temps avec lui, mais c'est comme si j'étais scotché, en attendant d'savoir ce qu'il allait dire de plus. Hey, peut-être que sa voix m'hypnotise ? Ça se peut hein !