Lorsque j’avais évoqué ma maladie avec Talya, je me doutais bien qu’elle irait le dire à Priape et je ne lui en voulais pas, c’était sûrement plus simple comme ça. J’avais eu la force de le dire à Leo parce que c’était lui, que je devais le faire pour notre couple et parce qu’il ne méritait pas le silence. En revanche à présent je n’avais plus la force de l’annoncer à beaucoup de monde et encore moins à Priape. J’avais l’impression de lui faire du mal encore et toujours avec mes problèmes alors qu’il avait de quoi faire de son côté, je ne voulais pas être le boulet d’ex qui l’appelait à la rescousse dès qu’il y avait quelque chose qui déconnait dans sa vie. C’était ce que j’avais fait pourtant, pour la prison ainsi que pour la syphilis, alors aujourd’hui j’apprenais à gérer les choses comme une grande. Puis, comment lui avouer que je refusais une opération qui pouvait me sauver la vie comme me tuer ? Il n’allait pas comprendre, il faisait des études de médecine et c’était sûrement ça que je craignais le plus au fond. Suite à son message j’avais donc proposé de me rendre chez lui, apparemment il avait déménagé de la dunster et c’était sûrement mieux pour l’arrivée du bébé. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’étais heureuse pour lui, il allait devenir papa, il avançait même si ce n’était pas voulu au final c’était un mal pour un bien. Ça me réconfortait de me dire que dans un an, lorsque je serais en train de mourir, il aura de quoi s’occuper au lieu de pleurer sur ma tombe. Je voulais qu’il soit heureux, qu’importe si j’étais encore dans ce monde ou pas, il le méritait tellement. J’arrivais donc puis je frappais à la porte, assez rapidement je découvrais Priape. Il était en train de me dévisager et j’étais mal à l’aise, oui j’étais maigre et fatiguée. J’étais malade, j’avais un cancer et ça crevait les yeux. Je détournais le regard un dixième de seconde, ne sachant pas trop quoi faire. J’entrais, toujours gênée avant de lui répondre. Salut dis-je avec un sourire. Non ça va t’inquiète pas, je vais bien… enfin disons que même si ça ne se voit pas, j’ai quand même la pêche. Alors c’est ton nouveau chez toi ? Tu me montres ? Je repoussais le moment où j’allais devoir évoquer ma maladie, c’était si étrange.
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La révélation que m’avait faite Talya m’avait un peu secoué. Bien sûr, la jeune femme ne s’était pas étendue sur le sujet, ne voulant pas trop m’en dire, elle savait que ce n’était pas à elle de m’en parler normalement et en rentrant de l’hôpital, je n’avais pas pu me retenir de contacter la principale intéressée. Caly. Je ne pouvais pas croire que le destin s’acharnait encore comme cela sur la jeune femme. Comme si déjà toutes les galères auxquelles elle avait fait face ne suffisaient pas. J’avais, plus ou moins volontairement, mis un peu de distance entre elle et moi cet été. Il y avait eu mon taf, puis les complications avec la grossesse… Je n’avais donc pas reparlé avec elle depuis le bal, ce petit moment où l’on s’était retrouvés et où elle m’avait confié les soucis qu’elle rencontrait avec sa sœur, j’avais ensuite appris qu’elle était en couple avec Léo et je l’avais imaginée passant son été à roucouler, raison qui m’avait également conduit à ne pas trop la contacter, pour ne pas passer pour l’ex envahissant, le coup de poing que j’avais réservé à Léo lors de notre première rencontre devant surement rester en travers de la gorge du garçon. Mais là, je n’avais pas pu me réduire au silence. C’était Caly : la savoir loin et heureuse c’était une idée à laquelle je m’étais habitué, presque résigné même. Mais la savoir malade et mourante, non, ça je ne pouvais m’y résoudre. Lorsqu’elle toqua à ma porte, je ne mis pas de temps à aller lui ouvrir. Je découvris alors mon ex petite amie, amaigrie, presque méconnaissable : son visage était creusé, ses yeux cernés, ses clavicules saillantes. Mes prunelles s’arrêtèrent un instant sur ses poignets osseux mais je m’obligeai à les reposer sur son regard fatigué, histoire de ne pas la détailler de manière trop insistante. Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise, elle devait bien se rendre compte qu’elle avait perdu énormément de poids et que son apparence avait complètement changé. « Hey… » la saluai-je en me poussant de l’entrée pour la laisser passer. «T’avais jamais visité chez moi alors je me suis dit que c’était l’occasion, mais t’aurais du me dire si t’étais trop crevée je serais venu te voir. » ajoutai-je en refermant finalement la porte derrière elle.