It's been a long time • SETH

Priam s'était absenté et comme j'avais la flemme de me faire à manger je m'étais dirigée vers le pôle service du camping pour me fourrer dans la cantine. Après un rapide tour, les spaghettis bolognaises avaient remporté mon sufrage de grande gourmande. Alors que je me tentais à prendre un dessert, la tête en l'air, mes pensées éparpillées, je n'eus pas longtemps à réfléchir et je percutais quelqu'un. Mon assiette vola dans sa direction et la sauce s'étala sur son tee shirt blanc. J'étais vraiment un boulet, plus maladroite que moi tu meures. « Oh purée ! Je suis désolée... Vraiment... » Je suis rouge écarlate et je plonge vers le sol pour ramasser les morceaux d'assiette qui ont explosé sur le sol avant que quelqu'un se fasse mal, même si des gens qui sont payés pour ça arrivent rapidement. Quand je relève les yeux je reconnais Seth. Mon dieu, c'est mon jour de chance ou quoi aujourd'hui ? « Seth je... » Du coup quoi ? Je suis encore plus désolée ? C'est un peu maigre comme excuse pour avoir ruiné son tee shirt et ne pas lui avoir donné de nouvelles depuis le début du mois d'avril non ?

Oh purée j'ai grave la dalle. Mon estomac hurle afin que je le nourrisse et vu que je ne suis pas doué de mes dix doigts, je choisis la facilité, la cafétéria. Je me lève encore chancelant de la veille et enfile un simple tee shirt blanc immaculé et une paire de jean. Je me décide de courir jusqu'à la cantoche pour me réveiller. Je pénètre dans la grande salle et les odeurs chimiques de la nourriture me font déjà saliver. Je vais bien me faire péter la panse. Je marche le long des vitrines remplies de bouffe et tout à coup quelqu'un me rentre dedans de plein fouet. Un vacarme pas possible se produit et je remarque instantanément que mon tee shirt blanc a pris la couleur du sang. Putain ! Après avoir rapidement constaté les dégâts, je déporte mon attention sur la bestiole qui vient de pourrir ma journée. Euh, Joey-Lynn ? Je croyais qu'elle était au Valhalla celle là. On dirait que j'ai réussi à la déstabiliser encore plus. " Oui, c'est bien moi, celui que tu as complètement zappé du jour au lendemain " lançais-je en décollant mon tee shirt poisseux de mes abdominaux. Le hasard fait si bien les choses... Je ne sais pas si c'est approprié ou pas, mais je ne peux pas rester avec ce bout de tissus enduit de sauce tomate. Je le retire sous les yeux du petit comité présent dans la salle et le jette dans une poubelle non loin de là. " Alors Joey, quoi de neuf ? Tu as trouvé un autre type à foutre dans ton lit ? " balançais-je en jouant les détectives.

Le mec que j'ai crépis avec mon assiette de spaghettis et sa sauce bolognaise bien rouge n'est autre que Seth. J'ai la poisse ou quoi ? Pourquoi est ce que ça tombe sur lui ? Pourquoi est ce que ça tombe le jour où il a l'air de super mauvaise humeur, parce que oui là vu comment il grogne et envoie son tee shirt à la poubelle alors qu'il n'aurait eu qu'à le laver il est de mauvaise humeur. Je plante mon regard dans le sien, cherchant à comprendre son attitude, ce qu'il cherche à faire... Me ridiculiser devant tout le monde ? Me faire reconnaitre mon idiotie de ne pas avoir pris le temps de lui expliquer les choses devant tout le monde ? Impossible, ça ne regarde que lui et moi tout cela. « Pas ici Seth. » Je suis désolée de ce que j'ai fait mais mon ton est assez froid quand ces quelques mots sortent de ma bouche. Je n'ai pas envie de voir ma vie sexuelle s'étaler devant tout une cafétéria. « Je mange avec toi si tu veux et on parle de ça. » Enfin pour le moment il faut que j'aille me resservir car il n'y a plus rien sur mon plateau. J'essaye de trouver une solution pour le calmer et qu'il arrête de m'afficher en plein milieu de la cantine, j'espère qu'il l'acceptera plutôt que de laisser parler son orgueil d'homme blessé parler aussi fort dans un lieu public. Tout le monde n'a pas besoin de savoir qu'on a continué de coucher ensemble jusqu'à ce que je me mette avec Priam après qu'on se soit séparés si ?

Ah les femmes, elles ne savent jamais ce qu'elles veulent. Maintenant que j'ai Joey en face de moi, je dois impérativement régler mes comptes, qu'elle le veuille ou non. Sa proposition fait monter ma colère. Comment je pourrais avoir envie de manger en l'écoutant me bassiner qu'elle a refait sa vie en me foutant au placard ? En parfait provocateur et idiot, je me met à hurler comme King Kong tout en tapant des poings sur ma poitrine. " Oyé, oyé, cette femme juste là a arrêté de coucher avec moi, qui veut sa place ? " annonçais-je aux personnes en train de manger. Je n'ai aucune honte, de toute façon, quel est le pourcentage de chance que je les revois. Me donner en spectacle fait partie intégrante de ma vie. Et puis, je peux au moins me venger dans cette situation précise. " Enfin bref, j'ai faim alors allons continuer ça autour d'un plat si tu en as toujours le cran " déclarais-je posément après mon numéro de cirque. Sans chercher midi à quatorze heure, je tourne les talons et me dirige vers une pile de plateau. J'en prend un et le place sur l'espèce de glissière en inox. Je glisse et marche en face des compartiments et quand quelque chose me plaît, je le dépose sur mon plateau en plastique. Arrivé en fin de parcours, je paie la somme exorbitante pour si peu et m'assois à une table, espérant tout de même que la radieuse Joey à qui j'ai foutu la honte me rejoigne.

Je le laisse faire son numéro de cirque pour me ridiculiser devant tout le monde. Est ce qu'il a fini maintenant ? Ah oui à première vue il en a terminé avec ça et veut bien se contenter de manger ensemble. Mais vraiment est ce que c'est nécessaire ? A quoi bon le faire ? Je sens que je peux avoir envie de lui écraser mon assiette dans la figure en le faisant exprès cette fois. Je reprends une assiette, une pomme et une bouteille d'eau et je vais le rejoindre. « T'as fini tes conneries c'est bon ? C'est toi qui a des reproches à faire je te rappelle, si je mange avec toi c'est pour en parler pas pour que tu me rabaisses devant tout le monde. » Après tout cela fait plusieurs mois que je ne l'ai plus dans ma vie et je n'ai pas eu l'air d'être déséquilibré alors c'est lui qui a à gagner si on parle, pas moi. Et puis c'est lui qui a l'air d'avoir des choses à dire, à me reprocher non ? « Ca te fait tant d'effet que ça que je sorte de ta vie ? » Après tout notre histoire à tous les deux n'avait pas marché, il n'y a que le sexe qui se passait bien entre nous, alors vraiment je pense qu'il pouvait largement trouver quelqu'un pour me remplacer en toute facilité ! D'ailleurs, les filles de la pièce n'attendaient peut être que mon départ pour venir poser leur candidature.

Bon, j'y suis allé un peu fort, nous n'avions pas signé de contrat d'exclusivité à l'époque, je dois me reprendre. Je commence à me jeter sur la nourriture comme un mort de faim quand Joey vient me rejoindre. Je ne m'y attendais pas forcément après ce que je viens de lui faire subir, elle a du courage. Elle joue d'abord à la maman qui me passe un sermon, je grimace pendant son speech tout en arrachant sauvagement un bout de mon pain. Joey finis par me poser une question qui me fait réfléchir. C'est vrai, pourquoi j'agis comme un con, c'est bien parce que sa disparition m'a touché. Mais est-ce qu'elle doit forcément le savoir ? Franchement, je n'ai pas envie qu'elle puisse encore se foutre de moi. " Oh c'est bon, fais pas la rabat-joie ! Ça veut plutôt dire que je suis content de te voir " avouais-je en fuyant son regard afin d'éviter qu'elle perçoive mon mensonge. J'attrape mes couverts et m'attaque au plat comme un ogre tout en poursuivant la discussion " Alors pourquoi tu as disparu du jour au lendemain, tu me dois bien une explication quand même " je sais que l'on ne doit pas parler la bouche pleine mais j'ai trop la dalle. Je crois que j'ai craché un morceau sans le vouloir sur Joey ça lui apprendra.

« J'ai connu de meilleures manières de montrer que t'étais content de me voir... » Je plante mon regard dans le sien. Ben oui parce que là, avec ce qu'il vient de faire, j'ai surtout envie de me venger, de lui mettre mes pâtes dans la figure, mais je me retiens. Puis surtout je me reprends, parce que très clairement je me rends compte que ma phrase est quand même assez ambigue. « Enfin t'as compris, c'était pas de ça dont je voulais parler. » Je ne parlais pas de nos parties de jambes en l'air pour montrer qu'il était content, je disais juste qu'il était plus agréable parfois, en même temps, difficile de faire pires retrouvailles que ce qu'il vient de faire. C'est un homme, aucun tact. Mais je ne me suis pas dégonflée, je suis en face de lui là maintenant après tout. « J'ai pas disparu, ou j'ai pas voulu disparaitre, j'ai juste pas pris le temps de t'écrire et de t'expliquer. » Et c'est bien différent parce qu'en sachant ça il serait peut être un peu moins sur la défensive avec moi. En effet, ce n'est pas parce que j'ai un mec que je ne peux pas garder contact avec un ami, parce que oui il aurait été obligé d'être relégué au rang de simples amis. « T'aurais accepté d'être un simple ami ? Plus une coucherie ? Plus un geste déplacé ? »