T'es sans doute plus beau dans l'eau (Eugerto)

eugene & umberto

Je marchais, seul, massé par la douce chaleur sur ma peau qui émanait des rayons du soleil. Je n'aimais pas la solitude, c'était quelque chose qui me semblais invivable. Perdu, j'étais perdu quand je n'avais personne à mes côtés. Je soufflais, lassé de la situation et me rendais au Lac Havasu. J'étais déterminé à faire du jet ski. Ce n'était pas la première fois que j'en faisais, bien au contraire mais je trouvais que la sensation du vent qui venait s'écraser au creux de mes traits était bien plus agréable que d'attendre allongé sur une serviette à ne rien faire, à laisser passer le temps, à regarder des aiguilles tourner. Je jetais un regard discret aux alentours, je cherchais des têtes, des identités qui m'inspiraient, qui convoquaient dans ma tête cette douce mélancolie. En vain, je ne reconnaissais personne, pas même une connaissance. Je ne ratais pas en revanche la tête de ce jeune homme dont la caravane était à quelques pas à peine de la mienne. Sa chevelure brune et son regard enjoué. Il m'arrivais assez souvent de le surprendre à me regarder, activité que je partageais à présent avec lui. Je l'observais, de loin comme de près. J'analysais chacun de ses traits et j'appréciais fortement l'image qu'il renvoyait. Il me plaisais, de toutes évidences il s'agissait du genre de silhouette qui m'attirais. J'espérais bien pouvoir en connaître un peu plus à son sujet avant la fin de l'été. C'était une sorte d'objectif que je m'étais donné mais pour le moment je traînais, je prenais mon temps, je profitais de la vue qu'il m'offrait.

Je posais mon regard sur sa nuque, puis le concerné se retournait et croisait mon regard, je déglutissais puis bloquais ma respiration. Je n'étais pas timide ou même gêné mais il me faisait tout de même cet effet, il avait cette chose qui me plaisais et je ne voulais pas imaginer une seule seconde qu'il m'était possible de le rater, il était ma proie, j'étais le chasseur et je ne voulais laisser partir mon gibier. Je lui lâchais un large sourire au loin de façon à être sûr qu'il avait remarqué ma présence.

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« Arrête, tu vas me faire boucler » râlait-il déjà en essayant de contenir la boule d'énergie qui lui servait de meilleure amie. Grace était intenable cet après-midi, pire qu'une gamine. Elle courrait partout, sautait, braillait, avait du bonheur à revendre. Eugene, lui, comme toujours, était du genre à rouspéter pour un oui ou pour un non, pour un changement de programme à la dernière minute ou pour une agression capillaire. « J't'ai dis arrête putain, déjà que c'est ton idée de venir ici avec ces cons, laisse-moi au moins avoir l'air sexy avant de tomber dans la flotte » rouspéta-t-il encore, toujours mécontent par naissance. Grace ne faisait que son job de copine après tout et il le savait. Cette adorable gamine faisait tout ce qui était en son pouvoir pour lui faire changer les idées, car il ne se sentait plus tellement bien depuis quelques temps, préférait rester enfermé le jour et se bourrer la gueule la nuit. Ainsi vivait-il ses pré-ruptures. Désespéré, il balaya la plage d'un coup d'oeil, sa nuque fit un grand tour circulaire. Il souriait quand même le jeune homme puisque le jet ski, au fond, c'était cool. Et puis, pendant ce tour d'horizon, il avait croisé le regard de leur voisin, à Grace et lui. Un peu gêné qu'il se sentait, pour peu qu'on pouvait l'être quand on s'amusait à surveiller les moindres faits et gestes de son voisin de camping, scrutant aussi bien ses sorties torse-nu que ses horaires de sorties. Grace l'avait déjà trouvé entrain de faire la vaisselle juste pour avoir une raison valable de scruter par la fenêtre sans émettre de soupçon. Tout comme Grace venait de remarquer aussi la présence du beau latino. Eugene remarqua le sourire de sa pote: cela n'annonçait rien de bon. Jusqu'à ce qu'elle lui propose de faire équipe avec l'inconnu, qu'elle se trouverait un autre partenaire. Au début réticent, faisant un moue des plus engageantes, il changea d'avis quand il fit un nouveau tour du monde avec ses yeux. « Ok ! » fit-il sans un remord, laissant déjà sa copine. Une main dans les cheveux faisant mine de les arranger, ses tongs dans l'autre main, il s'amusait vraiment à jouer à la fois le garçon embarrassé, qu'il n'était pas, tout en montrant son plus beau profil à l'inconnu. « Hey, t'as trouvé un partenaire de ski ? Ma pote m'a lâché et j'suis pas fan des has-been là-bas » l'aborda-t-il alors, se montrant rassurant, posé, normal quoi. « Au fait, moi c'est Eugene » ajouta-t-il enfin, un sourire sponsorisé Colgate sur le visage.

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eugene & umberto

Je regardais le jeune homme s'approcher de moi, une main dans les cheveux, l'autre tenant une pair de tongs. Il avait l'air embarrassé mais je doutais fortement que ce soit le cas, de ce que j'avais vu en l'observant durant plusieurs jours sans relâche. Je baissais légèrement le regard, l'analysant de la tête au pied. Bien qu'il se donnait cet air en une action, je remarquais que sa démarche était celle d'une personne assurée, il regardait droit devant lui, ses pas étaient directs, sans aucune hésitation. En quelques secondes à peine, il venait de réduire d'une façon considérable la distance qui nous séparait, il ne me restais plus qu'un pas à faire et je serais collé à lui, accroché, comme une moule à son rocher. Je me mordais la lèvre, me donnant un air enjoué « Pas vraiment, je suis venu seul. » soufflais-je avant de reprendre sur un ton un peu plus agréable « Tu pourrais venir avec moi du coup, ça serait vraiment cool ! Puis ça t'éviterais de devoir faire équipe avec ces has-been. » Je lui faisais alors un sourire en coin, assez discret mais tout de même visible. J'étais charmeur, j'aimais plaire et voir un homme aussi agréable à regarder que lui s'intéresser à moi n'était que bon pour le moral. « Oh, enchanté ! Moi c'est Umberto » répliquais-je tout en fixant le sourire qu'il m'offrait. Je passais une main par dessus son épaule et l'amenais avec moi en direction des jets-ski. Je ne le connaissais pas encore mais je n'étais pas quelqu'un de particulièrement gêné et je ne comptais pas me priver pour me débarrasser au plus vite des distances qui pourraient nous séparer. Puis merde, c'était les vacances et je voulais m'amuser, me détendre, prendre du bon temps, je ne pouvais pas rester face à lui immobile en attendant que tout se passe. Il ne me restait plus tant de temps que ça pour l'approcher, les vacances étaient déjà bien entamées. « Tu en as déjà fait ? » demandais-je curieux tout en tournant légèrement ma tête en sa direction avant qu'on atteigne le bord de l'eau. Je retirais mon bras de son épaule et me plaçais face à lui, puis tout en le regardant retirais mon haut que je déposais non loin. « Je préfère me mettre à l'aise, j'espère que ça ne te déranges pas. » Je doutais fortement que cela puisse le déranger mais je préférais rester courtois, histoire de me faire bien voir tout de même. Il devait sans doute déjà se dire que j'étais assez spécial pour avoir placé mon bras sur son épaule comme si il s'agissait de quelqu'un que je connaissais déjà, alors je devais sans doute me rattraper un minimum. Au meilleur des cas je me trompais complètement et il avait profité de cet instant. Je montais en premier sur le jet-ski qui m'étais déjà réservé et plaçais mes mains sur les poignées, je tournais la tête en sa direction et le regardais me rejoindre.

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Penser à faire demi-tour ? Evidemment qu'il y avait pensé. Il aurait directement volte-face s'il avait vu une pustule énorme sur le nez de son voisin, ou s'il aurait remarqué une odeur nauséabonde. N'allez pas croire qu'il se serait enfui par crainte de paraître, Eugene était sûr de lui, encore plus quand il s'agissait de nourrir sa curiosité. Après plusieurs regards lancés par la fenêtre pour observer le bel Apollon latino, il pouvait enfin mettre un nom sur le visage. Umberto. Tiens, comme le sexfriend de Grace. Un signe peut-être, deux latinos pour deux américains sans grande gêne. Néanmoins, Eugene se savait attiré par le garçon, le maintenant dénommé Umberto, mais il n'eut aucune idée qu'il serait si facile de s'incruster à ses côtés. L'espace d'un instant il se demanda si ce n'était pas Grace qui aurait tout organisé, histoire de faire un cadeau de fin de SC à son meilleur ami. Cette idée fut vite balayée de son esprit, c'était sans aucun doute sa belle gueule qui avait fait tout le travail. « Si ça te pose aucun soucis, parfait alors » conclut l'allemand, le sourire toujours aussi haut perché sur son visage. Ne pas penser était exactement ce que cherchait l'allemand lors de cette après-midi, alors si le voisin ne montrait aucune réticence, le fake allemand n'allait pas s'embrouiller les méninges pour refuser de monter avec lui. Et très naturellement s'entama une discussion et Eugene s'avouait vraiment surpris, il n'avait pas à faire à une statue grecque, bien foutue mais froide comme l'hiver. « Je t'avoue que ça fait un petit moment que j'en ai pas fait » avoua l'allemand, légèrement gêné. Ouais, en gros, il prévenait que s'il conduisait, ils risquaient de chavirer à tout moment. Ce qui serait d'ailleurs assez drôle, au Diable les bouclettes si c'était pour la bonne cause. Le Mather allait lui retourner la question quand ce dernier s'autorisa à se mettre torse nu, de quoi faire le faire beuguer. « Non, non t'en fais pas c'est beau .. BIEN, bien, c'est bien, ça me plaît .. VA, va, ça me va » essaya-t-il tant bien que mal de faire noyer le poisson. Satanés yeux qui n'avaient cessé de profiter de la vue, voilà que ces derniers le trahissaient au pire moment. Eugene lui préféra garder son marcel bleu et blanc, il voulait quand même éviter se faire passer pour un pervers auprès de cet inconnu, car au final c'est ce qu'il demeurait: un inconnu avec un nom assez bizarre même pour un latino et un corps savoureux mais un inconnu tout du moins. Sans plus attendre, il monta à l'arrière, posa ses mains sur son short. « Rassure-moi, tu as déjà conduit ce genre d'engin hein ? Car je te vois monter dessus très sûr de toi mais y'a pas de honte si tu sais pas » ricana-t-il, c'est bon, Eugene avait passé son malaise et reprenait du la bête pour taquiner de la sorte Bebert.

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